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Gilles Morris-Dumoulin (Traducteur)
EAN : 9782749113425
448 pages
Le Cherche midi (12/03/2009)
3.52/5   27 notes
Résumé :
Plus de soixante ans après la mort d’Hitler, on pouvait croire que tout avait été écrit à son sujet. Personne cependant ne s’était jamais intéressé à ses lectures, à ce qu’elles dévoilaient de l’homme, tant il est vrai, comme l’a écrit Walter Benjamin, qu’« une bibliothèque est toujours le témoin privilégié du caractère de son propriétaire ». Au terme d’une longue investigation, Timothy Ryback est parvenu à réunir une partie de la bibliothèque privée d’Hitler, près ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dis-moi ce que tu lis je te dirai qui tu es.
Je ne sais pas si cet adage se vérifie. Néanmoins, Timothy Ryback a eu l'idée d'étudier le fond de la bibliothèque privée d'Hitler et d'essayer de voir et comprendre en quoi ses lectures ont pu l'influencer.
Hitler était un grand lecteur. Il souffrait pourtant d'un complexe d'infériorité du à sa courte scolarité. Autodidacte, il se forme par les livres. Mais loin de vouloir accumuler des connaissances, il se cherche surtout des appuis, des modèles intellectuels capables d'alimenter et enrichir ses propres idées. En farfouillant ainsi dans les ouvrages qu'a possédé le dictateur, c'est l'origine de l'idéologie nazie que l'on aperçoit.

La bibliothèque d'Hitler n'est pas consultable dans son intégralité. A l'époque, elle était dispersée en plusieurs lieux régulièrement fréquentés par Hitler. Une bonne partie qui était entreposée au bunker est à présent éparpillée aux quatre coins du monde. Heureusement, de nombreux volumes sont aujourd'hui conservés à la bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis. C'est ce fond documentaire que Timothy Ryback a étudié.

Le seul examen de ce fond manquerait d'intérêt si Timothy Ryback n'avait pas enrichi son travail en l'inscrivant dans l'histoire personnelle d'Hitler et celle du parti nazi. de même, il fait régulièrement intervenir dans son texte les propos du philosophe et critique littéraire Walter Benjamin afin d'éclairer le comportement d'Hitler en tant que lecteur.

Les premiers chapitres de l'ouvrage de Timothy Ryback traitent de la vie au front d'Hitler pendant la première guerre. L'auteur évoque ses quelques lectures ( des guides touristiques et des ouvrages d'architecture ) mais surtout sa vie et sa personnalité. Son premier et principal mentor, Dietrich Eckart, est également évoqué à travers les lectures qu'il a offertes à Hitler ainsi qu'en lui faisant part de ses idées antisémites. C'est l'époque où Hitler harangue les foules à la brasserie de Munich. Timothy Ryback revient alors sur les querelles qui ont présidé au choix de celui qui serait à la tête du parti, notamment sur celle qui opposa Hitler à Otto Dickel, intellectuel affirmé et auteur de Résurgence de l'Occident. Cet ouvrage, pendant optimiste du Déclin de l'Occident d'Oswald Spengler, affirme qu'un nationalisme exacerbé associé à un antisémitisme déclaré permettrait à l'Europe de remonter la pente.
On apprend également qu'Hitler était un grand admirateur de Shakespeare. Bien que sa bibliothèque contint très peu de romans fictions, on compte parmi ses préférés essentiellement des romans d'aventure comme celle de Robinson Crusoé, des romans de Fenimore Cooper et de Karl May. A côté de ces quelques fictions, Hitler possédait également les grands classiques de la littérature de guerre : l'ouvrage de Clausewitz, des récits de guerre dont celui de Lüdendorff, des manuels d'histoire, des biographies de grands dirigeants ( Alexandre le Grand, Pierre le Grand, Jules César …). On a également pu retrouver un document rassemblant les titres empruntés par Hitler à la bibliothèque d'un institut d'extrême-droite de Munich. Les lectures choisies sont très éclectiques : oeuvres historiques ( sur les révolutions russes par exemple), oeuvres sur la religion et la mythologie, oeuvres philosophiques ( Kant, Fichte, Rousseau, Machiavel …). Tous les ouvrages antisémites y sont passés et notamment le tristement célèbre Juif international : le problème du monde d'Henri Ford et bien d'autres encore.
Timothy Ryback nous épate aussi en nous montrant la liste des lectures recommandés à tout bon nazi digne de ce nom, liste d'ouvrages qui était remise à tout nouveau membre du parti. On y trouve bien sûr les livres d'Henri Ford, de Dietrich Eckart …

Timothy Ryback revient aussi, dans les chapitres suivants, sur la période d'emprisonnement d'Hitler, ses conditions de détention, ses lectures de l'époque mais principalement sur la rédaction de Mein Kampf, relevant, à l'aide des manuscrits originaux, les hésitations et les corrections apportées au texte par Hitler au fur et à mesure de la rédaction. Il apporte aussi un éclairage intéressant sur la rédaction de ce texte en expliquant quelles lectures faites par Hitler à cette époque ont influencé les idées contenues dans Mein Kampf à l'image de Typologie raciale du peuple allemand de Hans F. K. Günther.
Timothy Ryback s'attarde également sur les difficultés de publication, la réception et l'accueil réservé à Mein Kampf lors de sa sortie puis comment il est devenu un « best-seller ».
On apprend également que Mein Kampf comportait deux autres volumes dont un n'a jamais été édité et dont on a jamais retrouvé le manuscrit.

Ma plus grosse surprise à la lecture de cet ouvrage fut de découvrir qu'Hitler avait emprunté ses idées eugénistes aux américains ! En effet, l'eugénisme est une idéologie qui existait chez les américains bien avant les nazis. le représentant de ce courant, Madison Grant, a écrit La fin de la grande race en 1916 dans lequel il met en garde le peuple américain contre les dangers de l'immigration et le risque d'extinction de la race blanche, préconisant la stérilisation des éléments inférieurs de la société et autres horreurs du même genre. Timothy Ryback rapporte d'ailleurs que Hitler était entré en relation directe avec Leon Whitney de la société américaine d'eugénisme pour lui réclamer des ouvrages sur la stérilisation etc…

Autres faits évoqués, c'est cette guerre des livres et la tentative d'un ecclésiastique pour diviser les nazis qui m'ont particulièrement intéressée. En effet, en 1933, le chef idéologue du parti nazi Alfred Rosenberg rédige un ouvrage le mythe du XXème siècle qui déclenche la colère de l'Eglise. Apologie de la polygamie et de la stérilisation forcée, le livre est porté sur les listes d'ouvrages recommandés de l'éducation nationale. le livre de Rosenberg est mis à l'Index. Enorme publicité ! le livre explose les records de vente. C'est alors qu'un évêque autrichien a une idée. Remarquant la division des nazis au sujet du livre de Rosenberg, il profite de l'occasion pour tenter de provoquer une véritable scission. Alois Hudal rédige alors Fondements du national-socialisme préconisant d'unir les idéologies nazie et catholique contre un ennemi commun : le bolchevisme. L'effet désiré est obtenu, les nazis sont divisés, la majorité penche en faveur d'Hudal mais les heurts entre les deux factions sont de plus en plus violents et s'étalent publiquement. Hitler doit intervenir et affirmer définitivement sa position.

Plus qu'une simple analyse de l'influence des lectures d'Hitler sur l'idéologie nazie, Dans la bibliothèque privée d'Hitler, c'est aussi l'histoire du parti nazi à travers les livres. La démarche est originale et intelligente et le résultat passionnant. Se basant sur la présence, l'absence, la nature des traces et annotations écrites d'Hitler sur ses livres, Timothy Ryback est à même de proposer une autre histoire de cette époque. Bien qu'il soit souvent contraint à la conjecture plus qu'à l'affirmation, il nous apprend énormément de choses et invite, grâce au renfort de Walter Benjamin, à réfléchir à l'utilité de la littérature. Un ouvrage à découvrir !






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C'est un véritable ouvrage d'histoire et non une bibliographie pure que nous offre le travail de Timothy Ryback.

On suit le cheminement politique et on découvre les livres qui apparaissent au fil du temps dans l'environnement du dirigeant nazi .

Dés sa préface, l'auteur cite Walter Benjamin, critique allemand et bibliophile : étrange et funeste rapprochement avec Adolf Hitler : l' un a fait fuir l'autre, en abandonnant ses chers ouvrages, et précipité son décès .

Les deux hommes avaient une attirance pour l'écrit et l'accumulation de livres, chacun pour des raisons particulières. Ils ont aussi chacun donné naissance à des oeuvres littéraires de portée et qualité différentes mais qui ont marqué leur époque.
Benjamin avait une culture savante et une véritable passion pour les beaux livres, Hitler, qui souffrait de la brièveté et de la faiblesse de ses études et connaissances, cherchait surtout à approfondir et étayer sa doctrine raciale et expansionniste puis plus tard parfaire l'art de la guerre afin de soumettre les peuples ennemis de la grande Allemagne dont il rêvait depuis longtemps. Il possédait aux dernières estimations plus de seize mille ouvrages .

Tous les dignitaires du régime allemand et beaucoup de capitaines d'industrie ont offert des livres avec des reliures riches et ouvragées à Hitler ( beaucoup pour conserver les faveurs du leader, ce qui pouvait se comprendre car leur vie et leur pouvoir dépendait de son humeur ) .

L'intérêt du recensement, fait par Ryback, est de connaitre les acquisitions d'Hitler et les dons de livres qu'il reçoit, en parallèle avec sa vie politique, sa quête du pouvoir et sa folie guerrière jusqu' à sa mort.

Berlin de Max Osborn , ouvrage d'architecture sur la capitale allemande, est le premier livre acheté en 1915 à Fournes en France sur le Front de l'Ouest par Hitler caporal de 26 ans.

Henri Ford, célèbre constructeur américain, apparait dans cette bibliothèque ( comme de nombreux autres auteurs non allemands) avec son pamphlet antisémite “ le Juif International “ où Hitler a trouvé des prolongements à ces idées racistes et antisémites.
Marx, Romain Rolland, Houston Chamberlain, William Shakespeare, Cervantès, Goethe, des auteurs de l' Eglise Catholique et bien d'autres y ont également une place, à côté d'ouvrages ésotériques , mystiques ou pseudo-religieux. Les Ecritures Saintes sont aussi présentes.

Hitler possédait également un traité technique sur les effets mortels du Zyklon B, triste substance dont le nom fait encore frémir aujourd'hui …

Des longueurs parfois dans le texte, surtout quand l'auteur détaille ( un peu trop ) les livres et les thèmes des soi-disant philosophes ou scientifiques, ségrégationnistes et racistes présents dans les différentes bibliothèques du chef nazi .

Etrange destin de cette accumulation d' ouvrages dont la majeure partie a traversé l' Atlantique pour finir sur les rayonnages des prestigieuses bibliothèque publiques et universitaires américaines ( certains pensent qu'il en reste encore dans les familles d' anciens soldats alliés arrivés les premiers sur les lieux de vie du dirigeant allemand en avril 1945 ).

Ouvrage passionnant à lire, qui permet d'avoir quelques éclaircissements sur la personnalité de l' homme qui a semé la terreur et engendré la guerre sur le monde entier .
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Dans la Bibliothèque Privée d'Hitler de Timothy W. Ryback (le cherche midi, 2009) est un livre fascinant qui se lit comme un thriller. Et on comprend qu'il ait été élu « meilleur livre de l'année 2008 » par le Washington Post car l'exercice qui nous est proposé est un véritable tour de force. Il ne s'agit pas d'un commentaire de la dite bibliothèque, avec tout le fastidieux que comporte cet exercice, mais plutôt d'une biographie d'Hitler au travers de ses lectures. Il a été retrouvé une partie de la bibliothèque du Führer, dont l'essentiel (environ 2000 ouvrages sur une estimation de 6000) est conservée à la Bibliothèque du Congrès à Washington et à la Bibliothèque John Hay de la Brown University à Providence (mais oui, l'Université de Miskatonic !). Et on découvre un ensemble assez hétéroclite d'ouvrages rassemblés par un inculte qui voulait avec rage se faire passer pour un intellectuel. Mais un intellectuel très particulier. L'histoire de l'Allemagne, certes, le passionnait. L'histoire militaire, également, était une véritable source d'inspiration. Artiste qui ne voulait pas s'avouer de raté, il entassait aussi les ouvrages d'architecture, surtout germanique. Mais les théories raciales étaient son véritable miel. Dietrich Eckart sera son premier maître à penser, avec ses développements sur la grandeur de la race allemande, empreinte d'occultisme et d'un violent antisémitisme. Et la grande révélation, sous ce registre, sera le Mythe du XX ème siècle de Rosenberg.
« Les livres retrouvés dans la bibliothèque d'Hitler traitant de spiritualité et d'occultisme se comptent par douzaines et sont peut être les témoins les plus bavards des préoccupations les plus profondes de leur propriétaire ». Plusieurs de ces ouvrages le suivront partout, jusqu'au « bunker final ». le Führer était toujours en interrogation sur Dieu et restait très marqué par ses origines catholiques. Quant aux sciences occultes, même si elles se confondaient souvent avec des préoccupations germaniques, elles étaient étudiées avec un grand éclectisme, mais aussi avec une grande curiosité pour tout ce qui touche à la mort et la vie au-delà.
L'ouvrage comprend également un fort intéressant chapitre sur la rédaction de Mein Kampf, qui, à l'origine, ne devait être qu'un simple pamphlet politique. Pris au jeu, Hitler se transforme progressivement en un « grand écrivain », multipliant les versions chaque fois un peu plus lourdes. Fort de cette « ivresse littéraire », il écrira du reste un second ouvrage (La Cible 589) sur ses souvenirs de guerre, livre qui ne sera jamais publié.

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Peut-on mieux saisir la personnalité d'un homme à travers ses lectures ? C'est le pari de Ryback quand il se lance à la découverte de la bibliothèque d'Adolf Hitler.
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Nous en apprenons plus sur la vie et les actions d'Hitler dans ses choix de lecture.
Thimothy W. Ryback nous livre ainsi les livres qu'Hitler lisait durant ses séjours au Berghof ou dans son bunker.
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critiques presse (1)
LesEchos
14 décembre 2011
Avec l'investigation, particulièrement fouillée, de Ryback, le lecteur pénètre dans certains aspects de la vie quotidienne mais aussi dans les fondements idéologiques de la pensée d'Adolf Hitler.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce que le monde du XXe siècle trouve de plus fascinant
dans la capitale du Reich allemand tient à des choses
qui n’ont rien à voir avec la beauté de ses monuments
historiques ou de son riche héritage culturel.
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Bien que le désespoir et la terreur eussent été certainement les causes les plus immédiates du suicide de Benjamin, Hannah Arendt soupçonna par la suite une crise existentielle provoquée par la perte de ses livres. Se tenant devant la frontière désolée du littoral , il percevait un avenir à la fois sombre et menaçant , sachant que ses derniers livres - son refuge , sa demeure, sa subsistance - étaient passés en bloc dans les mains de la Gestapo parisienne .
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Benjamin proposait qu'une bibliothèque privée servît de témoin crédible et permanent sur le collectionneur, sa vie , son œuvre. S'appuyant, en l’occurrence, sur ce concept philosophique : on collectionne des livres avec l'impression de les préserver quand c'est eux, au contraire, qui préservent leur collectionneur.
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Vidéo de Thimothy W. Ryback
Timothy W. Ryback - Les premières victimes de Hitler .Timothy W. Ryback vous présente son ouvrage "Les premières victimes de Hitler" aux éditions des Equateurs. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/ryback-timothy-les-premieres-victimes-hitler-quete-justice-9782849904145.html Notes de Musique : Garbled Hitler by F/i. Free Music Archive. www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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