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EAN : 9782234083264
144 pages
Stock (10/05/2017)
3.5/5   24 notes
Résumé :
« Je souris, j'y pense, tu te voyais peut-être l'héroïne de mon roman, le roman de ma vie... En voici une version. C'est ton cadeau. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot maman. On partage. Mon sujet ce n'est pas toi, c'est nous. Nous deux. »
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre de Nathalie Rykiel me sort très nettement de ma zone de confort. D'ordinaire, je fuis comme la peste les témoignages, en particulier ceux qui évoquent les relations au sein des familles. Je considère, peut-être à tort, qu'il n'y a pas là matière à littérature. Plus simplement, ils me mettent mal à l'aise, surtout quand certaines personnes évoquées ne sont plus en état de répliquer.

Ici, Sonia Rykiel n'est plus en mesure de répondre à sa fille, elle vient de décéder. Cette P de P (Putain de Parkinson) a eu raison de sa silhouette altière et de sa flamboyante crinière. Nathalie écrit pour continuer à faire exister encore un peu cette mère adorée, pour poursuivre le fil de la conversation qui n'avait jamais été coupé entre elles deux.

On sent à travers les pages une urgence. Noter noir sur blanc tous les souvenirs de Sonia pour ne pas en perdre en miette. Griffonner des mots velours ou urticants, des mots destinés à celle qui fut sa mère et que la maladie transforma en son enfant. La photo illustre à merveille leur relation, je dirais même leur fusion. Elles étaient la "cream team", une sorte de couple étonnant où la créatrice jouait le rôle de la dominante. Nathalie Rikyel évoque avec justesse la question d'exister au côté d'une femme devenue icone, d'un génie fantasque et souvent tyrannique, d'une mère que l'on déteste parfois mais qui vous rattrape toujours par le bout du coeur.

Etre la fille de Sonia Rykiel, celle qui a inventé un style encore plus qu'une marque ne permet pas une existence en dehors du monde de la création. de simple mannequin à directrice de la maison de couture, Nathalie aide, épaule, se fait voler ses idées, puis se voit contrainte d'écarter sa mère, trop affaiblie par la maladie, des défilés. Bien malgré elle, mais certaines victimes sont consentantes, elle ne quittera jamais l'orbite de sa mère. Elle tentera bien de s'éloigner. Inexorablement, elle reviendra près de Sonia jusqu'à habiter l'appartement en dessous du sien.

De sa mère, Nathalie raconte les heures de gloire, la démesure, l'excès et aussi l'incroyable talent.De sa mère, Nathalie raconte la maladie, la souffrance et la déchéance. Ensemble, elles auront tout vécu, le plus beau et le plus sordide. Ce livre est un moyen de lui parler encore, avant de la laisser rejoindre les morts.

Une lecture en apnée
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Une fille qui raconte sa mère, voilà un sujet devenu bien banal en littérature. Mais quand la mère s'appelle Sonia Rykiel et quand la fille Nathalie est écrivain, cela donne un très beau récit.

Une fille qui dit "Être ta fille. La grande aventure de ma vie..." et qui va nous dévoiler ici la relation fusionnelle qu'elles ont eue toute leur vie car ces deux-là n'ont pas passé un jour sans démarrer leur journée par un coup de téléphone et seulement 19 marches séparaient leurs deux appartements..."Mon sujet ce n'est pas toi, c'est nous. Nous deux. Ce que tu as fait de moi. Ce que je t'ai laissé faire de moi."

Nathalie nous raconte dans ce livre les débuts de sa mère, l'élément déclencheur, le drame "une sentence qui a déclenché le gong d'une autre vie pour Sonia" qui l'a faite se lancer. C'est le succès immédiat et Sonia devient la Reine du tricot.
Nathalie décrit une femme éminemment libre qui n'écoute que son désir "Ta plus grande intelligence c'était ta liberté" auprès de qui elle dit avoir tout appris rien qu'en la regardant, une femme qui la fait défiler à 20 ans, un "cadeau empoisonné", un moyen de la garder auprès d'elle le reste de sa vie... Puis Sonia charge sa fille de l'organisation des défilés. Nathalie a travaillé dans la mode alors que cela ne l'intéressait pas particulièrement, un "hasard ombilical" mais elle a tellement aimé faire équipe avec Sonia...
Sonia est une mère qui garde toujours les commandes, qui contrôle tout et se montre étouffante "Tu ne me laisseras jamais partir. Horrible et tellement rassurant". Elle modèle sa fille à son image. Nathalie a eu les mêmes goûts que Sonia et reconnait ne pas avoir eu d'existence propre pendant longtemps . Comment exister auprès d'une telle femme, d'une telle mère? qui lui prend tout "Non maman, c'est moi qui ai mal à la tête, tu ne peux pas tout prendre, tu ne peux pas tout avoir, moi et mon mal de tête, laisse-moi au moins ça."

Une grande partie du récit est consacrée aux dernières années de Sonia atteinte depuis 20 ans de la maladie de Parkinson. Nathalie doit un jour l'empêcher d'aller saluer à la fin des défilés. Ensuite ce sont les cinq dernières années quand Sonia finit diminuée et dépendante, quand les rôles s'inversent avec Sonia qui appelle Nathalie "maman", "Tu m'appartiens maintenant, à moi qui t'ai si longtemps appartenu." Nathalie découvre alors une autre femme dans son grand âge, c'est une période où Nathalie est angoissée par l'après, où elle finit par décider d'arrêter d'attendre qu'elle meure, d'arrêter de se préparer à sa mort, d'arrêter de se demander comment ce sera quand sa mère ne sera plus là.

"J'ai perdu ma mère ma moitié ma crème et ma frayeur, ma beauté et ma douleur. Avec toi j'ai vécu le plus beau, j'ai connu le plus dur."

J'ai beaucoup aimé ce témoignage sur une relation hors norme, sur une éducation où il y avait "une sorte de ligne de conduite mais pas tellement de recettes", j'ai aimé cette immersion dans le monde de la mode, j'ai aimé le portrait de Sonia, femme libre et séductrice, grande bâtisseuse, une pionnière qui a fondé un empire et qui ne craignait pas de s'auto-proclamer Reine du monde;
Mêlant le "je" et le "elle" pour tenter de mettre distance, Nathalie nous livre le très beau témoignage d'une fille qui a toujours cherché à protéger sa mère et qui a compris que la réparation était un élément fondateur de leur relation.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Un roman, comme une lettre, jetée d'un seul jet. Parce que le temps presse. Il faut écrire avant que ce qui lie une fille à sa mère ne s'échappe, ne s'endorme à jamais. Un roman comme une déclaration d'amour absolu d'une fille à sa mère, qui ne serait rien sans l'amour réciproque de la mère à sa fille. Une mère pourtant parfois envahissante, qui dit tout, sait tout.Mais une mère qui a su aussi égrainer le désir d'indépendance chez sa fille, comme pour s'assurer que lorsqu'elle, la mère ne sera plus là, la fille restera debout, parce qu'elle sera devenue un peu de sa mère. Des vases communicants. Des vases emplis d'amour.
SP
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J'ai eu la chance de rencontrer Nathalie Rykiel et de lire les épreuves de son livre qui vient de paraître chez Stock, Écoute-moi bien (mais ça vous le savez déjà si vous me suivez sur Instagram ^^). Un livre intime et très personnel sur les relations qu'elle entretenait avec sa mère. Un livre aussi sur ce que c'est que trouver sa place (surtout quand on vous la désigne). Un livre sur les relations mère-fille, sur ce que c'est que grandir et faire sa vie avec une mère si "dingue, dévorante, fascinante" que l'était est Sonia Rykiel.

J'ai beaucoup aimé la rencontre avec Nathalie Rykiel, ce qu'elle a dit du livre, d'elle, de sa façon d'écrire, de dire, de raconter. Un style que j'ai retrouvé avec plaisir à la lecture; mention spéciale pour le rythme, particulier, et son écriture parlée.

Le livre s'ouvre sur les funérailles de Sonia Rykiel. Puis laisse place aux flash-backs, à des bribes de souvenirs, de toutes les époques, à la maladie aussi. 20 ans de Parkinson dont 5 ans de "cauchemar". Nathalie raconte Sonia, et moi je revois mon grand-père.

Nathalie Rykiel se livre sur l'avant, le maintenant et l'après, sur les coulisses de leur relation, cette relation envahissante qui ne laisse pas beaucoup de place, pas beaucoup d'air. "Ma mère c'était mon enfant, elle m'appelait maman".

Et le récit ne serait pas complet sans évoquer le monde de la mode, la création des collections un peu, la gestion de la maison Rykiel aussi. Et du chemin pour "devenir Nathalie". Elle qui se retrouve dans la mode par un "hasard ombilical", elle qui a "adoré [sa] vie dans la mode sans aimer la mode".

Je connaissais peu Sonia Rykiel et je la découvre vraiment à travers ce livre, à travers les yeux de sa fille. Une icône, une femme de pouvoir, égoïste mais tellement généreuse, qui donne et qui prend tout.

J'ai été touchée et fascinée par cette relation mère-fille qui se raconte au delà de ce que l'on connaît / croit connaître de la mère, du couple mère-fille, de l'image publique. C'est simplement l'histoire d'une mère et d'une fille, vue par la fille après le départ de la mère. L'histoire du lien très fort qui les unit et les sépare aussi. Elles s'appellent tous les jours, déjeunent ensemble, habitent dans le même immeuble, juste au dessus l'une de l'autre (Sonia au dessus de Nathalie, comme un rappel doux et violent, permanent. Sonia au dessus de Nathalie, comme sur la photo de couverture du livre).

Un livre "très difficile à écrire", comme l'a dit Nathalie Rykiel lors de la rencontre. "Je l'écrirais dans 2 ans, je n'écrirai pas la même chose; je l'aurais écrit il y a 3 ans, je n'aurai pas pu l'écrire. Mais à l'instant T, il est ce que je voulais dire". La mouvance des sentiments et la question de la vérité. Une vision que je partage.

Une vérité très personnelle comme elle l'a également rappelé. "Ma relation avec ma mère, je n'en donne qu'une version, la mienne, et à l'instant T." Aussi "c'est impossible que tout le monde y trouve son compte".

Et j'avoue être toujours impressionnée par ce genre de récits, très personnels, où les auteurs se livrent beaucoup, racontent l'intime, consciente de tout ce qui se joue, de tout ce qu'on expose, offre au regard du monde, à la critique. Et du courage qu'il faut pour s'affranchir de tout ça. Un témoignage d'amour franc, aux propos inattendus parfois, politiquement incorrects peut-être aussi, mais authentiques.

Un livre pour ceux qui aiment la maison Rykiel et sa créatrice, ou qui voudraient en savoir plus, pour les amateurs de mode, et surtout pour toutes les mères et les filles, sur ces relations que l'on sait si complexes.

En ce qui me concerne, ce n'est certainement pas le dernier livre de Nathalie Rykiel que je lirai !

Bonne lecture ! (Psst les premières pages du livre sont disponibles en lecture ici (lien sur le blog) !)

Un grand merci aux Éditions Stock d'avoir organisé cette rencontre et pour cette lecture en avant-première
Lien : http://formally-informal.com..
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Nathalie Rykiel publie ici un bel hymne à Sonia Rykiel, cette mère avec qui elle a vécu un amour fusionnel, et qu'elle a accompagné dans les belles années comme dans celles plus terribles de la maladie. Cette maladie qui rend démunies même les plus forts, qui vous fait devenir dépendant, enfant, soumis, alors que vous étiez si rebelle, indépendante, magnifique.
Les années de jeunesse, puis les années du succès, de la créativité, enfin les années où cette P de P (Parkinson) vient tout détruire. Il y a tellement d'amour, de reconnaissance, de fidélité à cette mère unique et flamboyante dans ces pages, un très beau récit qui ne peut que nous toucher.
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critiques presse (1)
Telerama
24 mai 2017
Une lettre d'amour, qui prend aussi des airs de tragédie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Et le commencement ?
C’est sur son lit – j’ai quatre ans –, elle est allongée elle n’a pas le droit de bouger – grossesse difficile –, c’est sur son lit à côté d’elle que je m’installe au retour de l’école maternelle, c’est là qu’elle m’apprend à lire. Sa chambre est rose dans l’appartement bleu ciel, je crois que j’ai un pain au chocolat dans une main, ça fait des miettes sur les draps mais ça lui est égal, ce qu’elle veut c’est que je couse les syllabes les unes aux autres, je crois que c’est là que tout a commencé.
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Moi je ne t'ai jamais trouvé belle, je te trouvais incroyable, hallucinante, dérangeante. Ma façon de ne pas te vivre écrasante sans doute, je me disais, on est tellement différentes, le jour et la nuit. Le jour passait son temps à rassurer la nuit, à dire et te répéter que tu était belle....
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J’ai perdu ma mère ma moitié ma crème et ma frayeur, ma beauté et ma douleur. Avec toi j’ai vécu le plus beau, j’ai connu le plus dur.

J’ai été ta fille ta meilleure amie ta confidente ta partenaire ton bouclier ton double ton jour et ta nuit, ta nurse et ta mère, et toi pareillement pour moi.
Trop ? Non, juste assez pour nous.

Et (vidée de toi) je suis pleine, pleine à ras bord de toi.
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" Dis, moi non plus je ne sais pas, à combien de mois d'années d'heures de la mort sommes-nous maman ? Je voudrais savoir. De la vie on sait. Mais de la mort - à combien de temps de la mort sommes-nous ? Que nous reste-t-il, que nous reste-t-il ensemble ? Ca fera mal, après. Je voudrais me préparer, me protéger, mettre quelque chose autour de nous, si je pouvais au moins mettre quelque chose autour de moi ... "
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Dis, moi non plus je ne sais pas, à combien de moi d’années d’heures de la mort sommes-nous maman ? Je voudrais savoir. De la vie on sait. Mais de la mort – à combien de temps de la mort sommes-nous ? Que nous reste-t-il, que nous reste-t-il ensemble ? Ca fera mal, après, je voudrais me préparer, me protéger, mettre quelque chose autour de nous, si je pouvais au moins mettre quelque chose autour de moi…
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Videos de Nathalie Rykiel (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Rykiel
Talisman à l'usage des mères et des filles de Nathalie Rykiel et Sonia Rykiel aux éditions Flammarion https://www.lagriffenoire.com/1082151-beaux-livres-talisman-a-l-usage-des-meres-et-des-filles.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsflammarion
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