Voici l'une des rares oeuvres de
Joe Sacco à côté de laquelle j'étais passée.
Dans celle-ci, deux récits se situant à la fin du conflit en ex-Yougoslavie.
L'un qui raconte l'improbable aventure de trois journalistes, dont l'auteur, pour obtenir une interview de Radovan Karadzic, chef serbo-bosniaque mis en cause dans le massacre de Sebrenica, seulement arrêté en 2008 - après publication, donc -, et condamné à perpétuité en 2019. de cette aventure, le journaliste tirera non seulement une description de la mise en place, encore balbutiante, du processus de paix, mais aussi un portrait d'un des responsables du plus grand massacre du conflit.
L'autre qui revient, plus longuement, sur la vie de Soba, artiste multiforme, avec une certaine notoriété, devenu soldat spécialisé dans les mines - installation comme désamorçage -, sur ses difficultés de retour à la vie post-conflit, alors que la paix est aux portes de la Bosnie, et aussi, plus généralement, sur les vies, et aussi les nuits, de tous ces bientôt anciens soldats, comme Soba, pour certains mutilés physiquement, pour beaucoup traumatisés psychiquement.
Comme à son habitude,
Joe Sacco met en valeur les récits qu'il rédige ou recueille par l'intermédiaire d'une impartialité bien journalistique, bien que la sortie de ce cadre soit existante à travers la rencontre d'avec Radovan Karadzic, seul moment où l'homme s'exprime à la place du journaliste.
Et comme à son habitude,
Joe Sacco met en valeur la précision de ces récits/témoignages par des décors qui le sont tout autant, des personnages, certes plus sommaires, mais qui prennent toute leur place au milieu des vignettes et/ou des planches, et le choix du noir et blanc qui permet d'insister, plus encore, sur les faits racontés et transmis, et rien qu'eux, finalement.
Avec Derniers jours de guerre, l'on lit et regarde du
Joe Sacco, indéniablement, et c'est tant mieux.