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EAN : 9782746702639
204 pages
Autrement (27/09/2002)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Barbier, Touvier, Papon : ces trois noms évoquent une rencontre majeure entre justice et histoire au cours des deux dernières décennies. Rarement l'histoire judiciaire nous a donné l'occasion de vivre un tel évènement. A aucun autre moment peut être depuis la Libération, notre pays a été confronté d'une telle façon à l'histoire de ses années sombres et aux blessures de sa mémoire, au carrefour des vérités historiques et judiciaires, des responsabilités individuelles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Il s'agit des actes d'un colloque organisé par l'École Nationale de la Magistrature (ENM) autour des procès pour crime contre l'humanité, dont les principaux, en France, ont été ceux de Barbie, Touvier et Papon.

En effet, suite à une loi approuvée en 1964 les crimes contre l'humanité sont devenus imprescriptibles. Et c'est ça qui a ouvert la voie, en France, à des procès tels ceux de Klaus Barbie, Touvier ou Maurice Papon.

Alors, comment doivent se dérouler ces procès qui sortent complètement de l'ordinaire de la justice, parfois plus de 50 ans après les faits ? A la vérité juridique peut parfois s'opposer l'idée de paix sociale. Sous cet aspect, juger un étranger en fuite (Klaus Barbie) n'a pas le même impact que juger un citoyen français, haut fonctionnaire (Maurice Papon), dont la famille vit toujours en France.

De même, Les magistrats n'étaient pas plus que des enfants lors des faits: une génération qui juge des faits d'une autre génération. Et puis, les témoins, sont-ils encore capables de se rappeler objectivement des faits ? Quel rôle attacher aux historiens : des témoins ou des experts, alors que les codes de procédure pénal ne les accepte pas en tans que experts. Et le rôle de la presse et la pression de la société... Et tout cela sans parler des manoeuvres de procédure déclenchées par la défense.

Bref, un tas de situations, où des cas de figure, qui n'ont pas été prévus dans le code de procédure pénal en vigueur dans le fonctionnement courant de la justice.

Il n'est pas inutile de rappeler la démarche attendue d'un historien (on ne parle pas dans ce livre), sur trois points, maintes fois rappelée par Johann Chapoutot : collecter les faits, les placer chronologiquement dans le temps et dans leur contexte, identifier les explications et, surtout, résister à toute tentation de porter un jugement. Cette démarche n'est pas suivie par tous les historiens et ce livre donne un exemple d'un historien qui a négligé certains faits et a nié le génocide arménien.

Il y a un chapitre aussi intéressant : "Comment les Allemands ont-ils jugé les crimes du nazisme ?". On apprend que, à l'exception de ceux jugés en Nuremberg, les criminels de premier plan, quasiment tous, n'ont pas été punis. D'une part parce que leurs crimes ont été perpétrés à l'étranger et d'autre part parce que la constitution allemande interdisait l'extradition de ses ressortissants pour être jugés à l'étranger. Cette dernière clause n'a été abolie que peu de temps avant la sortie de ce livre (2002). Les autres, quand condamnés, n'ont été qu'a des peines dérisoires, parfois juste quelques mois.

Livre intéressant qui va plaire surtout aux professionnels du droit.

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Sous son titre réducteur, ce recueil de 170 pages livre les réflexions d'hommes de droit ou (et) d'hommes de de lettres sur les crimes contre l'humanité.

Juges, avocats, journalistes, procureurs, écrivains, historiens, professeurs en droit ou en politique, les intervenants ont été les acteurs des procès cités, et d'autres procès internationaux.

Leur profession donne à chacun un éclairage parfaitement dirigé qui le positionne par rapport aux autres et qui constitue tout l'intérêt du document qui n'en manque pas. Il se pose comme une grande réflexion sur le droit et les difficultés à juger ses semblables.

Enrichissant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(p. 22)
Mais il est une autre rencontre entre le juge et l'historien : celle à laquelle ont donné lieu les procès de Barbie, Touvier et Papon. Rencontre doublement paradoxale au demeurant. L'historien est désorienté dans un procès qui le soumet à des normes, à des questionnements et à un rituel qui lui est étranger. Lui pour qui l'archive judiciaire est un objet d'étude se trouve placé en position d'acteur du procès. Il découvre une mémoire qui veux, comme lui et parfois contre lui, obtenir sa part de vérité historique. Mais le juge n'est pas moins dérouté. Il est placé hors de son temps par le jeu de l'imprescriptibilité. Malgré cela, il doit juger, sans droit à l'erreur, des actes commis dans un monde révolu. Pour préserver sa pertinence, son jugement passe nécessairement par le regard des historiens. Largement étrangères l'une à l'autre, les deux approches se retrouvent indissolublement liées dans le procès.
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On oublie trop souvent que deux conventions internationales, une convention de l'ONU en 1968 et une convention européenne en 1975, ont proclamé l'imprescriptibilité des crimes de guerre. Mais la France n'en a ratifié aucune, désireuse de ne pas prendre le risque de voir d'éventuels crimes de guerre commis pendant la période de la décolonisation dénoncés devant des cours d'assises françaises.
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L'excision des femmes, par exemple, ne pourra jamais être admise au nom de telle ou telle tradition culturelle. Il est essentiel que les difficultés de l'accès au vrai et au juste, tâche plus lourde encore pour les juges que pour les historiens, et les tâtonnements que cet effort implique ne conduisent pas à douter de l'existence d'un absolu du vrai et du juste.
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Il est un temps où les sociétés sont sourdes et aveugles à certaines réalités avant que ne vienne celui de la prise de conscience, de la découverte de l'inacceptable jusque-là refoulé, volontairement ou non.
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Le procès cinquante ans plus tard ne comportait-il alors pas le risque qu'une génération juge une autre génération ?
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Videos de Denis Salas (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Salas
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


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