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EAN : 9782755508536
80 pages
1001 Nuits (23/08/2023)
3.83/5   9 notes
Résumé :
« La majeure partie des livres est mauvaise, et on n’aurait pas dû les écrire. »
Avec toute la rigueur du philosophe et son humour assassin, Arthur Schopenhauer s’insurge contre les auteurs, les traducteurs, les journalistes de son époque, ceux qui
parlent pour ne rien dire, imposent le prêt-à-penser.
Une plaidoirie implacable et une leçon de style mordante.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« S'il existait, au contraire, un journal littéraire comme celui que je réclame, la menace du pilori, qui attend infailliblement leur bousillage, paralyserait les doigts, qui lui démangent, de chaque mauvais écrivain, de chaque compilateur sans esprit, de chaque plagiaire des livres d'autrui, de chaque philosophastre creux, incapable et famélique, de chaque poétastre enflé de vanité; et ce serait vraiment pour le salut de la littérature, où le mauvais n'est pas seulement inutile, mais est positivement pernicieux. Or, la majeure partie des livres est mauvaise, et on n'aurait pas dû les écrire. »

La ruine de la littérature, Arthur Schopenhauer @editions1001nuits

Quel essai d'un cynisme jouissif! C'est drôle, amer, censé, sans filtre et sans langue de bois!

J'ai adoré la franchise de l'auteur qui s'érige contre la médiocrité littéraire des auteurs allemands de son temps!

« Sans le moindre égard pour la grammaire, l'usage, le sens et l'intelligence humaine, chaque fou écrit ce qui lui passe par la tête. Plus c'est insensé, et meilleur c'est! »

Tout y passe: les écrivaillons, les éditeurs, les critiques qui se cachent derrière des pseudonymes…

« L'anonymat est une gredinerie littéraire à laquelle il faut aussitôt crier: « Si tu ne veux pas, coquin, endosser ce que tu dis contre les autres, alors tais ta langue de vipère! » »

Car, pour Schopenhauer, la littérature doit élever l'âme et l'esprit vers d'autres sphères, et mieux vaut la qualité peu nombreuse que la vulgaire banalité multipliée, sans intérêt ni fondement!

« Scribendi recte sapere est et principium et fons.
(Le principe et la source des bons ouvrages, c'est la raison). »

La raison, la mesure, la qualité… mais que dirait ce sage philosophe de nos jours? La question reste ouverte…
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« On peut dire qu'il y a trois sortes d'auteurs (...). Celui-là seul qui prend dans sa propre tête la matière dans laquelle il écrit, mérite d'être lu. Mais faiseurs de livres, compilateurs, historiens ordinaires, etc., prennent la matière indirectement dans les livres ; elle passe de ceux-ci à leurs doigts, sans avoir subi dans leur tête même un droit de transit et une visite, à plus forte raison, une élaboration. »

&#xNaN Schopenhauer et son humour assassin pour amorcer septembre de bon pied. Merci aux Éditions 1001 nuits de nous faire partager ces savoureux extraits de Parerga et Parapolimena, initialement publié en 1851 (!).
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Livre intéressant. Maintenant passons au règlement de comptes (Forcément injuste, Schopenhauer n'est plus en mesure de répliquer 😉.):
- Un écrivain "mercenaire" n'est pas forcément pire (ou meilleur) qu'un écrivain guidé par l'amour de la littérature.
- Il serait injuste que seules des personnes hautement qualifiées puissent émettre des critiques. Comment définit-on le niveau à atteindre ?
- Les critères établis par Schoppenhauer négligent un élément : tous les goûts sont dans la nature.
- L'anonymat de certaines critiques est un mal nécessaire. Outre une protection relative contre les trolls qui peuplent la toile, il permet aux timides de faire entendre leur voix. Schoppenhauer étant le produit de son époque il aurait probablement eu du mal à entendre une critique émise par une personne autre que "homme blanc ayant des revenus suffisants pour poursuivre de longues études universitaires".
- En ce qui concerne le massacre de la langue, merci de lire Les Linguistes atterré.es : ce qui vaut pour le français d'aujourd'hui peut être décliné dans n'importe quelle langue à n'importe quelle époque.
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Il faut d'abord dire que le texte dans l'édition 1001 nuits est incomplet, puisqu'il est amputé d'une partie de son développement sur la grammaire allemande.
Pour ce qui reste du texte, Schopenhauer s'y montre aussi méprisable qu'il est méprisant.
Ce petit livre présente toutefois un intérêt pour les dissertations de lettres et de philosophie : Schopenhauer y exprime une position très simple, pour ne pas dire caricaturale, sur l'importance de la préservation de la langue par le respect absolu de ses règles. Position totalement dynamitée notamment par Victor Hugo dans sa préface de Cromwell, qui montre qu'une langue figée est une langue morte.
On pourra également s'amuser des prétentions d'un Schopenhauer qui s'imagine convaincant lorsqu'il affirme que Schelling, Fichte et Hegel n'ont rien à dire d'intéressant en philosophie, au prétexte que leurs textes seraient d'un abord difficile. Une audace qui confine à la stupidité.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les journaux littéraires devraient être la digue opposée au gribouillage sans conscience de notre temps et au déluge de plus en plus envahissant des livres inutiles et mauvais. Grâce à un jugement incorruptible, juste et sévère, ils flagelleraient sans pitié chaque bousillage d'un intrus, chaque griffonnage à l'aide duquel le cerveau vide veut venir au secours de la bourse vide, c'est-à-dire au moins les neuf dixièmes des livres, et se mettraient ainsi en travers de l'ecrivaillerie et de la filouterie, au lieu de les favoriser par leur infâme tolérance, qui pactise avec l'auteur et l'éditeur, pour voler au public son temps et son argent. En règle générale, les écrivains sont des professeurs ou des littérateurs qui, gagnant peu et étant mal payés, écrivent par besoin d'argent. Or, poursuivant un but commun, ils ont un intérêt commun à s'unir, à se soutenir réciproquement, et chacun chante à l'autre la même chanson. C'est la source de tous les comptes rendus élogieux de mauvais livres qui remplissent les journaux littéraires.
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on peut dire qu'il y a trois sortes d'auteurs.

En premier lieu, ceux qui écrivent sans penser. Ils écrivent de mémoire, par réminiscence ou même directement avec les livres d'autrui. Cette classe est la plus nombreuse.

En second lieu, ceux qui pensent tandis qu'ils écrivent. Ils pensent en vue d'écrire. Cas très fréquent.

En troisième lieu, ceux qui ont pensé avant de se mettre à l'œuvre. Ceux-ci n'écrivent que parce qu'ils ont pensé. Cas rare.
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On peut dire qu'il y a trois sortes d'auteurs (...). Celui-là seul qui prend dans sa propre tête la matière dans laquelle il écrit, mérite d'être lu. Mais faiseurs de livres, compilateurs, historiens ordinaires, etc., prennent la matière indirectement dans les livres ; elle passe de ceux-ci à leurs doigts, sans avoir subi dans leur tête même un droit de transit et une visite, à plus forte raison, une élaboration.
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Un grand nombre de méchants écrivains ne tirent leur subsistance que de la sottise du public, qui ne veut lire que le produit du jour même. Il s'agit des journalistes. Ils sont dénommés à merveille !
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Il faut parler également ici des traducteurs, qui corrigent et remanient à la fois leur auteur : procédé qui me paraît toujours impertinent. Écrivez-vous même des livres qui méritent d'être traduits, et laissez les œuvres des autres comme elles sont.
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Videos de Arthur Schopenhauer (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arthur Schopenhauer
« […] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […] » (Roland Jaccard.)
0:00 - Vauvenargues 0:10 - Georges Perros 0:19 - Anatole France 0:29 - Prince de Ligne 0:40 - Jules Renard 0:49 - Blaise Pascal 1:13 - André Ruellan 1:23 - Jean Rostand 1:35 - Georg Christoph Lichtenberg 1:45 - Michel de Montaigne 2:08 - Marc Sautet 2:29 - Cardinal de Retz 2:40 - Montesquieu 2:54 - William Blake 3:05 - Emil Cioran 3:23 - Arthur Schopenhauer 3:57 - Alphonse Esquiros 4:11 - La Rochefoucauld 4:23 - Alexander Mitscherlich 4:34 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Vauvenargues : https://www.buchfreund.de/de/d/p/101785299/luc-de-clapiers-marquis-vauvenargues-1715-1747#&gid=1&pid=1 Georges Perros : https://editionsfario.fr/auteur/georges-perros/ Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jpg Prince de Ligne : https://tresorsdelacademie.be/fr/patrimoine-artistique/buste-de-charles-joseph-prince-de-ligne#object-images Jules Renard : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Jules_Renard_-_photo_Henri_Manuel.jpg Blaise Pascal : https://www.posterazzi.com/blaise-pascal-french-polymath-poster-print-by-science-source-item-varscibp3374/ André Ruellan : https://www.babelio.com/auteur/
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