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EAN : 9782954516356
SIGNES BALISES (05/11/2017)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Mars 1941. Victor Serge doit fuir la France occupée et le Mexique est le seul pays à lui accorder un visa. Il quitte Marseille sur le navire Capitaine Paul-Lemerle, laissant sur le quai sa compagne, Laurette Séjourné. Le voyage est éprouvant : il lui faudra six mois pour gagner Mexico, via Saint-Domingue et Cuba. Les persécutions administratives sont innombrables, l’attente, insoutenable. Laurette ne parvient à le rejoindre qu’un an plus tard. Voici les lettres, in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je pourrais dire, comme une publicité pour une boisson alcoolisée, Un Victor Serge sinon rien. Mon voeux a été exaucé lors de la dernière opération masse critique où j'avais porté mon dévolu sur ce livre de correspondance entre Victor Serge et sa compagne Laurette Séjourné.
Avant tout je dois rendre hommage au travail éditorial des Éditions Signes et Balises que je découvrais à cette occasion. Tout est fait pour que le lecteur prenne du plaisir : une belle couverture au titre rouge sang sur fond vert Véronèse qui séduit l'oeil, un format parfaitement adapté à la longueur du texte, un papier doux au toucher et surtout des notes, non pas en bas de page comme cela se fait le plus souvent, mais en marge du texte afin de rendre la lecture plus fluide. En fin d'ouvrage un glossaire des différents protagonistes facilite une meilleure compréhension.
Pour débuter, une préface d'Adolfo Gilly "Victor Serge au Mexique : le dernier exil" permet d'avoir toutes les clés pour entamer sereinement la lecture de cette correspondance.
Victor Serge, révolutionnaire opposant à Staline, exclu du parti communiste, interné dans un camp avec sa famille, puis expulsé en 1936 vers la France grâce à l'action de quelques intellectuels.
Déclaration de guerre entre l'Allemagne nazie et la France qui est vaincue. Victor Serge se réfugie alors à Marseille, en zone libre, pour échapper aux Allemands mais aussi aux agents de Staline (Trotsky est assassiné le 21 août 1940). Il sait qu'il va devoir faire vite, que son salut réside dans la fuite au-delà des mers. Aussi, dès qu'il obtient un visa pour le Mexique, il embarque avec son fils aîné, laissant derrière lui sa compagne Laurette Séjourné, sa fille, son jeune fils, qui n'ont pas encore les documents pour fuir.
Une longue correspondance va débuter. Au début, ils sont tous les deux optimistes, pensant que la séparation sera de courte durée. Mais rapidement ils vont s'apercevoir que les retards s'accumulent, que les promesses s'envolent.
"Les ennuis, les difficultés, les obstacles ont plu de façon diluvienne" écrit Victor Serge de Mexico où il est arrivé en septembre 1941. En vain il active tous ses réseaux, démarche à tout va sans succès tangibles.
Il voudrait serrer de nouveau Laurette dans ses bras, la sentir, la caresser. le désespoir le gagne, le doute le ronge quand il reste de longues semaines sans nouvelles : Est-elle encore aimante ? A-t-elle encore la volonté de le rejoindre ? Ses lettres à lui sont de plus en plus pressantes, répétant sans cesse les mêmes recommandations : " Chérie, fais le plus vite possible que tu peux, ne perds pas un jour, acharne-toi à simplifier les questions, c'est très important, c'est vital". "tu sembles ne pas concevoir les difficultés, malgré cette attente de visa qui aura pris presque un an".
Mais Laurette ne peut concevoir de partir sans les enfants. C'est son coeur qui parle alors que Victor est plus pragmatique et tente de la persuader de venir seule, qu'il sera plus facile de faire venir les enfants, après.
À la vérité, je pense qu'il a peur de se retrouver seul au Mexique et que la porte du salut se referme définitivement pour Laurette.
La dernière lettre de Victor Serge est datée du 3 janvier 1942.
Laurette ne partira qu'en février pour le Mexique avec la fille de Serge. le garçon restera chez sa grand-mère en Italie.
La lecture de cette correspondance a été pleine de tensions, d'interrogations. Pourquoi tant de difficultés administratives quand des destinées sont en jeu ?
On vit véritablement l'attente avec Victor Serge dont l'inquiétude monte crescendo.On tremble avec lui, on s'impatiente.
Un très bon moment de lecture qui va m'inciter à lire son livre écrit pendant cette période : L'Affaire Toulaev.
Un grand Merci pour Babelio et Anne-Laure Brisac des Éditions Signes et Balises pour l'envoi de ce document passionnant.
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Merci à l'opération "Masse Critique" de Babelio ainsi qu'à la maison d'édition " Signes et Balises" de m'avoir permis de découvrir ce très beau livre.
Précisons toutefois que celui-ci ne pourra vraiment intéresser que celles et ceux qui connaissent déjà Victor Serge de par son oeuvre littéraire et/ou son parcours de "révolutionnaire".
LE CONTEXTE :
Après l'invasion de la France en mai-juin 1940, Victor Serge (VS) se réfugie à Marseille avec sa nouvelle compagne (depuis 1937) Laurette Séjourné (LS) (de 20 ans sa cadette). Ils séjournent, entre autres, à la fameuse villa "Air Bel" : conseil de lecture sur cette période historique spécifique : Transit d'Anna Seghers et surtout Planète sans visa de Jean Malaquais dans lequel VS est très clairement identifiable. Grâce à l'organisation états-unienne CAS (Comité Américain de Secours), il obtient un visa pour le Mexique et quitte Marseille le 24/03/41 à bord du cargo "Capitaine Paul Lemerle" accompagné de son seul fils Vladimir (20 ans) ainsi que d'André Breton et son épouse, Claude Lévi-Strauss, Wifredo Lam,... Commence alors une abondante et erratique correspondance entre VS et LS (du 29/03/41 au 03/01/42).
UN PETIT REGRET :
Hormis cinq lettres (du 01/04/41 au 30/08/41), plus rien ne nous est proposé de la correspondance ultérieure de LS à VS (VS en aurait-il sciemment décidé la destruction ?).
APPRÉCIATION GLOBALE :
Acteur et témoin de tragédies historiques et intimes accablantes, Victor Serge se trouve à nouveau isolé, humble fétu de paille, minuscule particule humaine, à affronter toutes les adversités avec pour unique objectif : retrouver à ses côtés (au Mexique) sa seule raison d'être, de vivre encore - Laurette Séjourné.
ANALYSE PLUS APPROFONDIE :
1) Pour peu que l'on puisse valablement en juger, les cinq lettres, à l'écriture fort élégante, de LS à VS nous révèlent une jeune femme (30 ans) d'une grande sensibilité :
a) très fins portraits du microcosme de la villa Air Bel (Max Ernst, Jean Malaquais, Jacques Hérold, Consuelo de Saint-Exupéry,...) avec son lot d'intrigues amoureuses, de dépressions contenues, de création artistique et intellectuelle plus ou moins en rade, de jalousies et connivences propres à un monde clos par la force des choses ;
b) propos amoureux très pudiques mais ardents ;
c) attention toute "maternelle" et manifestement sincère envers les enfants de VS ( Vlady - 20 ans - qui est parti avec lui et Jeannine - 6 ans - qui est restée avec elle en France) sans oublier son fils (d'un premier mariage) René - 6 ans qu'elle souhaite ardemment emmener avec elle.
2) le courrier de VS à LS, au style de plus en plus basique, administratif voire télégraphique (à la notable exception des descriptions des paysages qu'il découvre dont la beauté le fascine), témoigne crescendo de menus détails de la vie quotidienne, des démarches aussi improductives qu'épuisantes relatives à l'obtention des visas (de sortie, de transit, ...), de son cafard, de son anxiété à être perpétuellement en butte à une bureaucratie inhumaine et tatillonne, de ses doutes, de sa culpabilité d'avoir abandonné Laurette et Jeannine et donc des affres de la séparation, de l'éloignement.
Sa phraséologie "sentimentale" est, quant à elle, peu inspirée, ultra répétitive et fait généralement peu de cas des enfants : le sien (Jeannine) et celui de Laurette (René). Les allusions à son fils Vlady sont de plus en plus laconiques. Une distance, que VS n'explicite pas, s'est manifestement creusée entre le père et le fils (ce dernier, 21 ans, se mariant au Mexique sans même lui en avoir parlé au préalable !).
Par ailleurs (censure oblige ?), il est fort peu question de considérations politiques, philosophiques ou idéologiques, simplement quelques évocations d'activités d'écriture plus ou moins intenses en fonction de son moral ou état physique.
Les lettres en provenance de France se faisant plus rares (trop aux yeux de VS : 3 en un mois), la tonalité du courrier à LS se transforme peu à peu à compter de début 10/41 jusqu'au dernier envoi du 03/01/42.
Je cite, en vrac, quelques éléments révélateurs :
- récurrences multiples à la possession, au profond désir d'aimer un être conforme à ses attentes, à ses besoins, à sa nécessité vitale ;
- exprime fréquemment la crainte que la séparation prolongée n'émousse les sentiments de LS à son égard, ne la détache de lui ;
- certaines lettres sont mêmes clairement culpabilisantes pour LS (03/10/41). Ses injonctions, ses directives se font de plus en plus pressantes, exigeantes, incisives ;
- apitoiement sur son sort, son état (terriblement fatigué, nerveusement usé, besoin de reprendre haleine, exaspéré, consterné, angoissé,...) ;
- propos très durs sur l'indifférence (présumée ?) d'André Breton à son égard.
Tout cela crée un certain malaise.
S'il est tout à fait légitime de penser que cette insupportable attente induise un état sans doute proche d'une profonde dépression nerveuse (paniques de solitude), il est, par ailleurs, tout aussi pertinent de s'interroger sur la nature profonde de cette relation.
Je ne suis ni psychiatre, ni psychologue mais cette stratégie infantilisante, cette façon de s'adresser à LS (quand même trentenaire) comme à une femme-enfant, me donnent à voir un VS excessivement possessif, ne pensant qu'à sa petite personne, paraissant, qui plus est, peu réceptif (ses arguments "raisonnables" ne m'ont pas entièrement convaincu) à la volonté acharnée de LS d'emmener également avec elle son fils René (6 ans) qu'elle devra laisser, in fine, chez ses grands-parents en Italie. Pour la petite histoire, le contact avec lui ne sera rétabli, par courrier, qu'en 1946.
Comme vous avez pu le constater, je croyais bien connaître Victor Serge, ayant beaucoup lu de et sur lui.
Force est de reconnaître que tel n'était pas le cas, ce qui ne diminue en rien le profond respect intellectuel et politique que j'éprouve pour lui.
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J'ai lu ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique et je remercie les Editions Signes et Balises de m'avoir permis de découvrir la correspondance de Victor Serge à sa compagne. Pour ceux qui se demanderaient: "Mais qui est Victor Serge?", je répondrai qu'il fut d'abord un anarchiste avant de devenir un fervent partisan de la Révolution russe. Mais après la mort de Lénine, il n' a eu de cesse de dénoncer le totalitarisme de Staline, ce qui lui a valu quelques années au Goulag avant d'être expulsé de l'URSS. Il s'installe en France mais, au moment de l'occupation allemande dans le pays, il s'exile au Mexique. La correspondance que j'ai lue se déroule sur une période courte entre 1941 et début 1942 entre Victor Serge et sa compagne Laurette Séjourné, restée en France. Je dois dire honnêtement que je n'ai pas été particulièrement emballée par cette correspondance intime entre deux amants pressés de se retrouver. Enfin surtout de la part de Victor Serge qui écrit dans toutes ses lettres qu'il l'attend. De plus, nous n'avons quasiment pas de lettres de Laurette, sans doute ont-elles été perdues, présenter donc cet ouvrage comme une correspondance de ce couple n'est pas tout à fait exact. On entend surtout la voix de Victor Serge qui se répète beaucoup sur les démarches à suivre pour que sa Laurette le rejoigne, sur l'absence de celle-ci qui lui pèse. De temps en temps, il évoque la beauté du Mexique: ses paysages, ses habitants mais pas assez pour que nous puissions être touchés. Pour ceux qui connaissent Victor Serge, je ne crois pas que cette correspondance apportera grand chose, et pour ceux qui ne le connaissent pas, commencer par cette correspondance dessert, à mon avis, l'écrivain qu'il a été.
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Ce petit livre par son format mais fort tout de même de 237 pages est sous-titré « Correspondance inédite 1941-1942 ». Il s'agit d'un recueil de lettres échangées entre Victor SERGE, alors en exil et en partance pour le Mexique, et sa très chère Laurette SÉJOURNÉ, qui elle est restée en France, du côté de Marseille, aux heures sombres de la deuxième guerre mondiale.

En mars 1941, le cargo Capitaine Paul-Lemerle appareille de Marseille avec à son bord environ 300 passagers fuyant l'Europe. Parmi eux, l'écrivain et journaliste politique Victor SERGE (de son vrai nom Viktor KIBALTCHITCH) qui doit quitter la France devenue trop dangereuse pour ses activités. Il laisse sur le quai sa promise, Laurette SÉJOURNÉ. Une correspondance s'amorce et s'étend de mars 1941 à janvier 1942.

Correspondance est peut-être un bien grand mot car dans ce recueil, ce sont surtout les lettres de SERGE qui sont publiées, des missives enflammées d'un amour intense pour la femme qu'il vient de quitter bien malgré lui, mais un Victor SERGE se faisant par moments visionnaire : « Ce sera la guerre la plus atroce, avec des victimes sans nombre – la défaite, l'effondrement, la résurrection dans la souffrance, nous voici acheminés vers les plus grands dénouements, beaucoup plus vite qu'on ne s'y attendait » (juin 1941). Dans ces lettres, Victor SERGE décrit les paysages, loin de la guerre en Europe, et évoque les souvenirs communs avec Laurette, lorsqu'ils étaient encore physiquement unis.

Sans nouvelles de Laurette depuis plusieurs semaines, Victor SERGE s'inquiète, supplie, insiste sur le fait que malgré le silence, en retour il continuera néanmoins à écrire. Son but est d'organiser le voyage pour Laurette, pour qu'elle puisse le retrouver, mais tout n'est pas si simple. Entre la guerre, les nombreuses difficultés administratives, les possibilités de voyage paraissent lointaines, évoluent sans cesse sans toutefois progresser de manière conséquente.

Dans les lieux où SERGE stationne aléatoirement, les réfugiés de guerre sont ostracisés, dénigrés. Pour tenir le coup, il imagine dans ses errances une Laurette à ses côtés, découvrant avec lui les paysages et les coutumes, l'architecture. Il faiblit, trouve ses forces dans cette ombre invisible près de lui : « Et toi, toi qui es le meilleur de moi, ma seule joie, mon seul espoir de vivre pleinement, mon amour inexprimable, à chaque instant, je te parle, je te montre les choses que tu aimerais voir, les colliers de coquillages, les ouvrages indiens, les piles de fruits inconnus, je te dis : regarde, ma Laurette, et c'est comme si tu étais à côté de moi et je suis près d'en pleurer de joie et de déchirement ». Victor SERGE détaille à sa bien-aimée les allures des autochtones qu'il rencontre, énumère ce qu'il voit, tout ce qui le rend heureux, triste ou songeur.

Six mois d'un voyage éreintant, et SERGE parvient enfin au Mexique en septembre 1941. Dans ses lettres, et sans toujours suffisamment de nouvelles de Laurette, il devient nerveux, se fait directif, ordonne de manière péremptoire. Est-il possessif, jaloux ? Tout le laisse penser. Il se dresse contre une rencontre que Laurette envisage avec un homme pouvant l'aider, il est bouleversé, souffre, se fait misanthrope. C'est un homme en perdition qui écrit certaines des missives, s'assombrit tant et plus au fil d'une correspondance presque à sens unique.

C'est la guerre en Europe, il est fort probable que les lettres sont lues par les autorités, aussi il doit surveiller ses mots, ses phrases, ne pas trop en dire, de peur d'être frappé par la censure ou de mettre Laurette en danger. Il se débat avec lui-même pour trouver une issue à des retrouvailles. Car elle DOIT le rejoindre, il ne peut vivre sans cet espoir. Il se répète, semble perdre pied, épuisé par cette situation. Plus on avance dans cette lecture, plus il paraît évident que SERGE, dans le ton, dans les admonestations, dans la pression qu'il provoque, en a presque oublié que Laurette est en proie à la guerre qui ravage la France. Jamais ou presque il n'y fait allusion. La censure, peut-être, mais aussi un être bouleversé par le destin, vivant mal l'éloignement et la relative solitude, perdant pied et ses repères.

Dans cet espace-temps de près d'une année, il ne reçoit que quatre lettres de Laurette (ainsi que des télégrammes, non publiés ici). Aussi cette correspondance peut se lire comme une suite épistolaire presque à sens unique avec un expéditeur déclinant qui perd ses dernières forces, qui doute et endure. Laurette va finir par rejoindre son homme. Victor SERGE ne reverra jamais l'Europe, il s'éteint en 1947 au Mexique.

Ce recueil paru en 2017 aux éditions Signes et Balises est un moyen original de découvrir un Victor SERGE très différent de l'image qui lui est généralement attribué. C'est aussi pour le lectorat une occasion de lire les impressions d'un intellectuel loin de la guerre alors que celle-ci s'étend dans le pays qu'il vient de quitter. Correspondance précédée d'une préface intitulée « Victor Serge au Mexique : le dernier exil » d'Adolfo GILLY et compilée par Françoise BIENFAIT et Tessa BRISAC.

« Ne te nourris pas d'illusions, dis-toi que nous sommes des demi-noyés, qui avons besoin d'un âpre réalisme et d'une grande dureté envers nous-mêmes pour nous en tirer ».

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Max Ernst est arrivé et pense partir dans un jour ou deux pour Lisbonne. Encore un être extraordinaire : une sorte de magicien qu'on ne peut pas approcher comme ça, comme on approche un être humain. (Je n'exagère pas, je suis sûre que toi-même tu sentirais tout ce qui se dégage de lui de magique). Il a montré tous les tableaux qu'il a faits pendant la dernière année : une vingtaine. C'est inimaginablement beau. Au bout d'un quart d'heure, nous étions en plein merveilleux, mais un merveilleux concret, qui vous enveloppe entièrement. C'est ce que j'ai vu de plus beau. Et lui qui semblait sortir d'un de ces paysages qui vous enlèvent le souffle...
(Marseille 1-04-1941).
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Victor aimé, je reçois seulement aujourd'hui tes lettres d'Oran. Je viens de les lire d'une traite, assoiffée que j'étais de toi. Tout ce que tu me dis est si beau que j'en suis tout émue. Je ne comprendrai jamais le miracle qui t'a fait m'aimer. Quand je pense que tu aurais pu ne pas exister dans ma vie, j'en suis effrayée, c'est comme si j'étais venue au monde aveugle et sourde.
(Marseille 1-04-1941).
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[......] Victor Serge naviguait vers le Mexique. A bord du même cargo se trouvaient aussi André et Jacqueline Breton, Wilfredo Lam, Claude Lévi-Strauss, André Masson et Vladimir Kibaltchitch, le fils adolescent de Serge.
Derrière eux, en Europe, Victor Serge laissait Laurette Séjourné, sa compagne, et avec elle sa fille, la petite Jeannine Kibaltchitch, ainsi que Liouba Roussakova, son épouse russe expulsée de Russie avec lui et leurs deux enfants en 1935 et internée dans une clinique psychiatrique en France, victime d'un effondrement mental dont elle ne se remit jamais.
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J'ai vu en route les consuls américains déployer partout une malveillance tellement ingénieuse à l'égard des gens qui frappent à leur porte, que de ce côté aussi je voudrais bien être rassuré.
(Ciudad-Trujillo,14 juin 41).
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Une découverte que j'ai faite : le lit sans toi n'a plus d'attrait. Je dors très peu, je me réveille la nuit et je me couche sans envie, comme une corvée. C'est si triste de se retrouver seule dans un lit. Et il fait froid, je n'arrive à me réchauffer qu'au matin, bien que j'ai réquisitionné tous les manteaux de la maison. J'écrirai encore après-demain, par le prochain avion, j'espère que la lettre arrivera avant votre départ.
Je suis à toi, je t'aime, je t'embrasse
Laurette
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Marc Quaghebeur évoque l'auteur révolutionnaire Victor Serge.
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