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EAN : 9782253143178
219 pages
Le Livre de Poche (07/12/2005)
4.07/5   47 notes
Résumé :

Ses camarades de classe le surnommaient le petit saint. Si on le battait, il ne ripostait pas et refusait de désigner le coupable. Il ne paraissait pas malheureux et se contentait d'observer les choses et les gens. A la maison, dans la promiscuité et la misère de la rue Mouffetard, il aidait sa mère, marchande de quatre-saisons, et la suivait, émerveillé, sur le carreau des Halles.

Plus tard, devenu l'un des peintres les plus célèbres de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Une autrice dont j'ai oublie le nom avait inscrit ce roman dans une courte liste de polars qu'elle conseillait. Je m'en suis rappele quand je l'ai croise par hasard, alors je l'ai pris. Je ne me suis jamais fait trop prier pour lire un Simenon.


Ca a ete une surprise. C'est tres different des autres romans durs de Simenon que j'ai lus. Je ne suis meme pas sur qu'on puisse l'inclure dans cette categorie. Noir? Pas vraiment. Polar? Surement pas. Tout simplement un roman, qu'il n'est pas besoin de caracteriser autrement. Un roman ou brillent les qualites litteraires de l'auteur. Il excelle, comme toujours, a plonger le lecteur dans l'ambiance d'une ville, d'un quartier, d'une rue; a rendre vivants ses personnages, leur allure, leurs gestes; et leurs pensees, leurs reactions, leurs paroles, non seulement plausibles mais veraces.

Le petit saint c'est Louis (comme Saint Louis, oui), un peintre fameux, ne dans une famille pauvre a Paris vers la fin du XIXe siecle. Il y a quelques pages sur la peinture et la creation artistique qui indiquent peut-etre ce que Simenon pense de son propre metier, mais ce n'est ni le plus important ni le meilleur du livre a mes yeux. L'epanouissement d'un peintre dans une ville qui change sous nos yeux de lecteur est assez bien rendu mais j'ai surtout apprecie le croquis de la vie des petites gens en ce Paris de la fin du XIXe siecle.

Paris. Rue Mouffetard. Quelques commercants ont pignon sur rue et une situation confortable. Des rentiers possedent les maisons du quartier et louent des appartements etriques a des ouvriers et des artisans qui peinent a finir le mois, pauvres mais fiers, qui s'entraident, sans chercher ni accepter un quelconque secours exterieur, contrairement aux quelques indigents, qui vivent de charite, aumones, dons ou autres oboles.

Rue Mouffetard et aux alentours, des marchandes de quatre saisons interpellent les passants, vantent leurs legumes, leurs fruits, nous interpellent (Simenon a l'art de nous faire vivre ses decors). Une grand-mere derriere sa charrette, une mere derriere la sienne. Une mere qui vit dans une mansarde avec une ribambelle d'enfants. Chacun d'un pere different. Chacun d'un amant de passage qui laisse son souvenir-temoin et part. le petit dernier c'est Louis, un enfant aux grands yeux observateurs, aux oreilles toujours ouvertes, sensible et innocent, extremement petit de taille, ce qui lui vaudra d'etre une cible ideale, victime facile des abus de tout son entourage, freres ou condisciples, sans que jamais il ne rouspete ni meme s'en formalise. Il sera donc etiquette “ le petit saint".

Louis aime aider sa mere, a pousser la charrette, a choisir la merchandise, ce qui permettra au lecteur de gagner une visite guidee aux halles d'antan. Il trouvera du travail dans ces memes halles et il depensera son argent chez des “marchands se couleurs" car il aime dessiner ou plutot colorier ses reves, des scenes d'une realite totalement subjective. On l'aura compris: sans meme s'en rendre compte, sans y attacher une quelconque importance ou une quelconque fierte, gardant l'innocence qui l'a toujours caracterise, le petit Louis deviendra un grand peintre.

Si le portrait du gosse, du petit Louis, est touchant, j'ai plus goute celui de sa mere, Gabrielle. Une femme forte, qui ne rechigne pas a la tache, qui accepte la vie comme elle vient, sans jamais se plaindre, savourant les meilleurs moments et ne s'arretant pas a se lamenter sur les plus durs, qui se repait de ses amants autant qu'ils profitent d'elle, qui aime et se preoccupe de ses enfants, essaye de les guider tout en leur laissant leur liberte. Une surprise pour moi. Surprise parce que j'ai l'impression que Simenon a fait peu de portraits centraux de femmes, mais je laisserai de plus experts que moi se prononcer sur cette question.


Il reste que c'est le livre qui a ete une surprise. Pas ce a quoi je m'attendais chez Simenon. Ni un roman dur ni un polar. Aucune intrigue a resoudre. Un roman, tout simplement. le roman d'une vie, a Paris, en un changement de siecle. Un beau roman.
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Georges Simenon est un écrivain belge francophone (1903-1989). L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une oeuvre beaucoup plus riche. Simenon est en effet un romancier d'une fécondité exceptionnelle, on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs oeuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes.
Le Petit Saint, roman paru en 1965, est une biographie fictive d'un peintre, Louis Cuchas, qui s'étend des dernières années du XIXème siècle à l'aube des années soixante, de la pauvreté de son enfance au succès de l'âge mûr.
Gabrielle, la mère, marchande de quatre-saisons, élève seule ses enfants issus de différents pères envolés. Quand le roman s'ouvre, Vladimir, l'aîné a douze ans, Alice neuf, les jumeaux deux ans de moins, Louis a quatre ans et il y a encore Emilie, bébé de six mois. Tout ce petit monde vit entassé dans une grande pièce, séparée en deux par un rideau, rue Mouffetard, quartier populeux de Paris. Les amants défilent dans le lit de la mère, Vladimir impose des rapports sexuels incestueux à Alice, les jumeaux traînassent à droite et à gauche, Emilie manque être violée par un amant de sa mère, le bébé vagit dans son berceau et au coeur de cette misère, il y a Louis. Un petit garçon introverti, calme et posé, gentil par nature, au point de ne jamais se rebiffer à l'école contre ceux qui le tabassent par jeu ou lui volent ses billes et ont fini par le surnommer « le petit saint ». Peu bavard, il observe, il écoute, emmagasine des images mentalement et avec le temps celles-ci vont chercher à ressurgir, le poussant inexorablement vers l'unique passion de sa vie, sa raison de vivre, la peinture.
Quel magnifique roman, d'ailleurs Simenon le tenait lui-même en haute estime et fût assez déçu par son tiède accueil public et critique à l'époque. Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, mais moi j'ai adoré car il ne manque pas d'atouts pour me plaire. Atouts personnels, ce Paris du début du XXème siècle en pleine mutation, n'est guère éloigné de ce que j'ai connu enfant dans les années cinquante, les marchandes des quatre-saisons de la rue Mouffetard du roman sont celles que j'ai connues rue Cadet, les Halles où Gabrielle se ravitaille, je les ai vues mourir au milieu des années soixante et ce quartier m'est très familier… Atouts littéraires, ces décors ne peuvent qu'évoquer le Zola du Ventre de Paris
Alors que tout se prêterait à un roman très noir, pauvreté, promiscuité avec son cortège de délinquance et misère sexuelle, Simenon estompe ces horreurs pour en tirer un récit d'une grande beauté, où l'amour existe néanmoins, non conventionnel, comme ces petites fleurs qu'on voit parfois poindre entre les pavés. Gabrielle n'est pas une dépravée, une simple femme en quête d'amour, dur à la tâche pour élever sa marmaille, aimant profondément ses enfants et ceux-ci, finalement et à leur manière, le lui rendent. Il y a des passages superbes, comme celui où Gabrielle propose à Louis, encore enfant, de sortir avec elle « Tu veux que je m'habille ? Il n'osait répondre ni oui ni non. Elle s'habilla avec autant de soin que pour ses sorties amoureuses, mit le même parfum à base d'oeillet, la poudre rosée, du rouge sur ses lèvres. « Tu ne me trouves pas trop vieille ? - Oh ! non », s'écria-t-il avec ferveur. »
Quant à Louis, sorte de doux rêveur, il traversera son époque riche en évènements sans jamais se plaindre, la Grande Guerre, l'arrivée de l'électricité, la construction du métro…, en témoin muet, éloigné des contingences de la vie (l'argent, les femmes…), mais animé d'une volonté farouche pour son art. Un regard optimiste sur les milieux défavorisés, oui, il y a toujours moyen de s'en sortir.
Un excellent roman, qui plus est pas bien long !
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Le récit débute à la fin des années 1800 à Paris, rue Mouffetard. Gabrielle élève seule ses six enfants : Vladimir, Alice, les jumeaux Guy et Olivier, Louis, et Émilie la petite dernière. La tribu cohabite dans une seule pièce, la chambre de Gabrielle n'étant séparée de celle des petits que par un drap.
Gabrielle est marchande des quatre-saisons. Simenon nous décrit tout un monde de petites gens qui survivent dans le quartier des halles, avec pour unique but de subvenir aux besoins essentiels de leur famille.

Louis, qui a six ans au début du roman, est un contemplatif. Avare de mots, rien ne lui échappe de ce qui se passe autour de lui. Il ressent intensément ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il sent. Sa petite taille fait vite de lui la cible des plus grands à l'école. Et comme il ne se rebiffe pas et ne dénonce personne, il devient « le petit saint ».

L'histoire, qui évoque surtout les jeunes années de Louis, s'étend sur une partie du 20e siècle et ses épisodes marquants. Pour Louis, comme une évidence, son avenir se fera dans la peinture, même s'il ne se considère jamais lui-même comme un peintre, travaillant longtemps pour un petit négociant malgré ses aptitudes intellectuelles.

Ce roman de Georges Simenon m'a littéralement enchanté. L'écriture est tout simplement magnifique. Toutes les descriptions, souvent à travers le regard de Louis, sont d'une grande beauté. J'ai lu que c'était le roman préféré du célèbre auteur Belge. Je n'ai pas été étonné par cette affirmation, tant on ressent toute l'affection qu'il porte à ses superbes personnages.

Parmi toutes les oeuvres de Simenon, qui m'a souvent régalé avec ses atmosphères et ses analyses psychologiques, j'avoue que celle-ci tient pour moi une place à part. Rarement la magie des mots n'a été aussi grande, et l'émotion, jamais envahissante, aussi intense.
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Etonnant ,ce roman de Simenon que je viens de découvrir (d'après lui l'un de ses préférés) . Ici pas d'atmosphère glauque , pas de "ciel bas et lourd " pesant "comme un couvercle. On n'est pas chez les Bisounours ,certes non, la vie est dure , la société impitoyable : mère isolée nantie d'une tribu d'enfants , vendeuse de fruits et légumes dans la rue . La maladie , la guerre qui tuent les enfants . Et Louis ,"le petit saint" , paisible et serein observant tout cela avec sa bienveillance angélique et , peu à peu , après une longue maturation rendant hommage dans son art à ce milieu qui l'a enfanté. Combien de romanciers anciens ou actuels devraient prendre exemple sur ce roman pour éviter l'excès de pathos , décrire la misère sans misérabilisme . Simenon est un grand .
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"Au lieu d'un cercle délimité de lumière entouré d'une zone d'ombre, les deux pièces recevaient dans leurs recoins la même clarté blanche qui en révélait les plaies."

Lire Simenon, c'est soudain recouvrir ses fenêtres d'un badigeon de grisaille, d'une détrempe opaque qui ne laisse plus passer les rayons du soleil et baigne votre âme d'une angoisse cendrée. Aussi c'est avec surprise que l'on découvre ce roman assez inédit dans la production pléthorique de l'écrivain, puisqu'il semble s'y être laissé aller à gratter l'enduit qui d'ordinaire escamote toute lumière.

Non pas que le Petit Saint soit un récit solaire mais il baigne dans une lueur diaphane avec ça et là des lueurs chamarrées, ce qui est suffisant pour nous surprendre. Comme un roman naturaliste illuminé par la palette de Chagall.

Le personnage éponyme est effectivement un bienheureux : Louis Cuchas, que nous suivons de la prime enfance jusqu'à un âge avancé, s'il est absent au monde (comme la plupart des héros simenoniens), s'enchante de toutes les sensations qui le criblent. Observateur mutique, il s'éblouit, malgré son enfance misérable, de perceptions -sons, odeurs, coloris...- qui chatoient en lui comme autant de trésors précieux.

Il collige toutes ces étincelles sensitives qui le traversent : la cloison de drap blanc qui partage la pièce minable où il vit avec sa mère, ses frères et ses soeurs, le bleu d'une bille offerte, la chair d'une mandarine sous sa délicate collerette de papier de soie, le jaune érotique d'un canapé... Louis devient peintre parce qu'il ne peut en être autrement.

Les souvenirs du Petit Saint, sporadiques comme la mémoire, se baladent de la rue Mouffetard à la rue de l'Abbé-de-l'Épée et racontent la misère sociale et sexuelle d'un milieu, les duretés d'une vie de labeur mais aussi l'amour simple d'un fils pour sa mère, la tendresse d'une première étreinte, l'art comme sanctuaire.

Un roman surprenant qui laisse, derrière lui, une impression de douce quiétude, une auréole radieuse... Un Simenon apaisé.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Curieusement, c’était au gaz qu’il en voulait. Il lui semblait que, depuis qu’on avait installé cette lumière blanche et dure dans les deux pièces, leur vie avait changé et qu’une partie de leur intimité, de la chaleur du terrier, s’était dissipée. Même le dieu-poêle, trop éclairé, n’avait plus son aspect d’animal débonnaire et c’est à peine si on distinguait le scintillement des cendres qui tombaient de temps en temps en pluie fine à travers la grille. Est-ce cela qui le rapprocha de sa mère, le poussa à aller plus souvent aux Halles avec elle, à passer un moment près de sa charrette quand il sortait de l’école ? Pendant les années qui suivirent, il y eut, entre eux, des liens qui n’existaient pas auparavant.
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Pour lui, c’étaient les arbres de la cour qui marquaient le cours du temps. Les troncs devenaient moins noirs, paraissaient moins rugueux ; puis des bourgeons durs apparaissaient à l’extrémité des branches. Les moineaux piaillaient davantage et on apercevait bientôt d’autres oiseaux inconnus.
– Que faites-vous, Cuchas ?
L’habitude était prise de prononcer son nom avec une emphase qui le rendait comique.
– Je regarde.
– Puis-je vous demander ce que vous regardez avec autant d’attention ?
– Le nuage.
Un nuage léger, blanc et rose, qui restait suspendu, juste au-dessus d’un des marronniers, dans le ciel bleu pâle.
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Il avait repéré le magasin, dans le bas de la rue de Richelieu, non loin de la Bibliothèque nationale. C’était une papeterie importante, à deux vitrines, occupant dix employés rien que dans le magasin, et dont un rayon entier était réservé aux peintures pour artistes. […]
– Qu’est-ce que vous désirez, jeune homme ?
À cause de sa taille, tout le monde lui donnait moins que son âge et les gens prenaient avec lui un air protecteur, presque attendri.
– Je voudrais des couleurs, monsieur.
– Des crayons de couleur ?
– Non. J’en ai déjà. […]
– De l’aquarelle ? De la gouache ?
– Je ne sais pas.
Il osait à peine exprimer son désir, craignant qu’on ne se moque de lui.
– Les couleurs les plus brillantes.
Et, après une hésitation, un coup d’œil furtif aux merveilles que contenaient les rayons, il ajouta :
– Des couleurs pures.
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Il avait entre quatre et cinq ans lorsque le monde commença à vivre autour de lui, lorsqu'il prit conscience d'une vraie scène se jouant entre des êtres humains qu'il était capable de distinguer les uns des autres, de situer dans l'espace, dans un décor déterminé. Il n'aurait pas pu préciser, plus tard, si c'était en été ou en hiver, bien qu'il eût déjà le sens des saisons. Probablement en automne, car une légère buée ternissait la fenêtre sans rideau et la lumière du bec de gaz d'en face, seule à éclairer la chambre, jaunâtre, semblait humide.
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Au lieu d’étendre les couleurs avec soin, comme sur un mur ou sur une porte, il choisissait un pinceau fin et déposait sur le carton de petites touches de tons purs. Car il restait hanté par les couleurs pures. Elles n’étaient jamais assez claires, assez vibrantes à son gré. Il aurait voulu les voir frétiller.
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Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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