Prête-moi ta mort

Prête-moi ta mort est tombé entre mes mains un peu par hasard en flânant sur les réseaux sociaux. le pitch d'une descente aux enfers à cause de la résurgence d'un passé honteux avait de quoi m'intriguer.

Le prologue était déroutant. La narratrice s'insurge sur la vision que les gens ont de la maladie d'Alzheimer, car son état est dans l'exact opposé : un corps inerte avec un esprit sain. On veut savoir direct ce qui l'a provoqué. C'est une accroche efficace, bien que troublante avec l'utilisation soudaine du « nous » pour raconter sa vie en prenant un ton cynique digne des caricatures du XIXe siècle. Étant donné que je suis une lectrice active, j'ai de suite élaboré des théories en rapport avec les choix de la narration. Des suppositions qui ne sont pas révélées correctes. Je ne suis pas fan de la fin même si celle-ci n'est pas illogique. Elle trouve ses bases dans le prologue, mais uniquement dans celui-ci en fait. Ainsi, ça m'a fait l'effet du magicien qui sort un pauvre lapin en peluche de son haut-de-forme au lieu de m'émerveiller. Et ce n'est pas le seul élément qui m'a déplu dans cette lecture.

Nous suivons deux lignes temporelles : l'époque de l'adolescence et de l'adulte. Célia a fui sa région natale et ses parents pour monter les échelons à Paris en commençant par le plus bas de l'échelle vu qu'elle devient Madame Pipi. Pleine d'optimistes et d'entrain, on a un véritable décalage entre son image passée et actuelle. J'ai adoré la subtilité avec laquelle l'auteur nous manipule. On perçoit une différence, cependant je n'ai pas réussi à mettre le doigt sur l'origine de ce décalage. Une maîtrise de la psychologie que j'aurai apprécié voir chez les autres personnages.

Le temps de l'indépendance nous sculpte une ambiance entre feel good et romance en projetant Célia dans les bras de Calix. Un moment qui dure plus de 200 pages et qui m'a lassée, car je le rappelle le genre annoncé est celui du Thriller. Aucun élément croustillant ne vient risquer le bonheur de Célia (18 ans) pendant des chapitres et des chapitres. Les ombres restent bien tapies dans les recoins au lieu d'être menaçantes. le temps de l'adolescence apporte un peu de malaise.

Calix est bien trop parfait, galant et bourré d'humour. Il a bien quelques sautes d'humeur, mais rien qui peut entraîner la méfiance. Seul un épisode nous amène à douter de sa bienveillance, mais c'est tellement gros qu'on sent que cette scène a été élaborée pour montrer un défaut, un côté obscur chez le monsieur. Comme dit plus haut, j'aurais préféré quelque chose de plus subtile, quelque chose qui relève plus de l'anecdotique, mais qui une fois l'intrigue bien avancée m'aurait surprise en m'en souvenant.

Un second ressort qui m'a chiffonnée est le développement de la relation entre Célia et ses parents. Mis à part les propos de l'adolescente qui expose un problème avec eux, nous n'avons aucune scène à nous mettre sous la dent pour témoigner de l'importance de la situation décrite comme monstrueuse. Alors, quand Joeffrey Sinet balaye le noeud en un clin d'oeil pour amener ce beau monde là où il doit être dans son intrigue, j'ai trouvé ça incohérent. La fille fuit ses parents, on perçoit une tension relationnelle extrême qui dépasse la simple rébellion d'une adolescente et c'est mis sur le côté avec des sourires grâce à un mot magique ? Je n'ai pas été convaincue par ces choix. D'autant plus, que je pense à différents sentiers pour arriver au résultat qu'il souhaitait.

Vous vous demandez après cet étalage majoritairement négatif pourquoi ai-je continué ma lecture ? Déjà pour la plume. Célia parle avec poésie, métaphore et une franchise crue dans la narration. On ressent la désillusion teintée son optimisme lorsqu'elle débarque à Paris pour rebondir. Son cynisme dresse le portrait peu amène de la société. On dirait presque du Zola dans ses descriptions, même quand elle utilise les excréments pour dépeindre les humains. Vous ne verrez plus votre intimité dans les toilettes publiques de la manière par la suite. J

La deuxième raison pour laquelle j'ai poursuivi ma lecture tient de mon côté morbide. Je voulais savoir si la violence allait la submerger enfin et surtout avoir les réponses aux questions que je m'étais posées à la lecture du prologue. J'aime les puzzles et même si l'ombre a mis une éternité à arriver, j'avais pêché trop de curieux poissons pour lâcher le filet et bien dormir sans voir de mes propres yeux le requin abominable.

Après le calme, la tempête gronde. Les douces couleurs crépusculaires de la couverture disparaissent sous les nuages obscurs qui crachent leur tumulte sur les personnages. Je ne peux citer les aspects qui sont exposés dans ce roman sans divulgâcher, mais si vous avez des difficultés avec les ignominies perpétrées par le genre humain, évitez de lire Prête-moi ta mort. Evitez cette torture qui nous montre jusqu'où l'amour et son inverse, son absence, peut mener. Les obsessions que ce concept peut développer au-delà du simple mal être.

En bref, Prête-moi ta mort est un roman déséquilibré. Présenté comme un thriller, il a une la partie solaire bien trop importante par rapport à la descente aux enfers promise dans le résumé. Si les indices pour aiguiller vers la révélation majeure ont été parsemés de manière subtile et judicieuse, il n'en est malheureusement pas de même pour le traitement des personnages qui gravitent autour de Célia, cette âme marquée par le manque affectif, dont on ressent le regard désabusé sur le monde alors qu'elle tentait de se reconstruire une autre vie.
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😊 A la découverte de 😊
Prête-moi ta mort de Joffrey Sinet
Auto-édition

Merci à l'auteur de m'avoir proposé de découvrir ce livre sorti en août 2020.

Célia débarque à Paris et inaugure sa nouvelle vie en décrochant son premier boulot à tout juste 18 ans: dame pipi.
On va suivre parallèlement sa vie et son idylle parisienne avec Calix et ses premières amours de jeunesse avec Alphonse. On découvre ce personnage haut en couleur qui semble cacher des failles intérieures derrière un masque de bonne humeur.
Mais le passé et le présent vont finir par se télescoper, les secrets du passé sont prêts à refaire surface et à être révélés.

Dès le début du livre, j'ai beaucoup apprécié la plume pleine d'humour de l'auteur. On est embarqué dans ce récit plein de petites anecdotes plutôt sympa même si le livre laisse deviner qu'une certaine noirceur se cache derrière.
Pourtant on attendra tout de même plus de la moitié du roman pour basculer de cette ambiance décontractée et romantique à un roman totalement noir et terrifiant. le passage est abrupt et la surprise totale!
À partir de ce moment, le ton est radicalement différent et les révélations vont s'enchaîner.
J'avoue que j'aurais apprécié que cette seconde partie commence un peu plus tôt. Si cela permet de poser les personnages et l'intrigue à venir, c'est tout de même un peu long et pas cohérent avec le genre annoncé du livre.

Mais j'avoue que ce livre m'a vraiment étonné. D'abords par ce changement de style et de rythme brutal en cours de roman. Ensuite parce que toutes mes hypothèses ont volé en éclat les unes après les autres. L'auteur a su construire une intrigue complexe avec de multiples possibilités qu'il exploite toutes, même celles que l'on n'aurait jamais imaginées.
Et arrivée au final, j'ai encore été surprise par une conclusion et un épilogue inattendu.
Si je dois mettre en avant le point fort de ce livre, c'est cette capacité à surprendre le lecteur.

J'ai aussi apprécié d'avoir sous les yeux des personnages complexes et ambivalents. On doute souvent de ce que l'on a compris, de qui a tort ou raison, de où se situe le mal ou le bien dans ce roman.
Je trouve ça intéressant de se triturer les méninges pour tenter d'analyser ces êtres avec leurs qualités et leurs failles, leurs erreurs pour savoir si finalement le méchant est bien celui mis en avant.
C'est pour moi le second point fort, des personnalités complexes qui portent l'intrigue. L'histoire se construit autour des ces personnages riches et intéressants à suivre.

J'ai aussi été séduite par la plume de l'auteur qui nous entraîne dans son univers très facilement. Même pour la partie un peu plus longue du début, je n'ai pas vu défiler les pages car j'aimais beaucoup l'écriture.

Pour découvrir ce livre, c'est par ici: https://lire.amazon.fr/kp/embed?asin=B08GS19R3G&preview

"𝐽𝑒 𝑛'𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑠 𝑒𝑛 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑞𝑢'𝑢𝑛𝑒 𝑡𝑖𝑚𝑜𝑟𝑒́𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑎𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑓𝑓𝑟𝑖𝑟 𝑜𝑢 𝑝𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑠𝑜𝑢𝑓𝑓𝑟𝑖𝑟, 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑠𝑎𝑣𝑎𝑖𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑒𝑛𝑡𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠, 𝑏𝑜𝑛𝑠 𝑜𝑢 𝑚𝑎𝑢𝑣𝑎𝑖𝑠, 𝑓𝑖𝑛𝑖𝑠𝑠𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑐𝑎𝑛𝑐𝑒𝑟."

J'ai ouvert cette histoire, un peu comme j'ouvre une boîte de chocolat de différents goûts, c'est-à-dire un peu à l'aveugle pour le coup. J'ai toujours une petite appréhension lorsque je découvre la plume d'un auteur. Et bien, je n'avais pas de raison d'appréhender.

Nous sommes, dès le début de l'histoire, emmené dans ce roman. Célia s'ouvre à nous comme à son journal intime et on se sent alors privilégié. Cependant, elle ne s'ouvre qu'à demi à nous. Tout au long de cette histoire, nous apprenons à connaître et découvrir Célia en partageant son présent, mais surtout, lors de révélations sur son passé. Il y a des secrets qui ne peuvent rester enfoui plus longtemps sous terre.

Joffrey nous tient en apnée grâce à sa plume si enivrante, et ce, dès le début du roman. Ce fut un réel problème que d'aller dormir le soir tellement je voulais savoir ce que l'auteur nous réserver. Et que ne fut pas ma surprise lors de cette fin. J'en tombée sur le cul (devrais-je dire fesses plutôt, pardon). J'aime imaginer ce qu'il va se passer lors de lecture, essayer de connaître le fin mot de l'histoire avant le point final apposé par l'auteur, mais là, impossible de savoir. Je ne m'attendais vraiment pas à cette fin, quelle stupéfaction et sublime coup de coup de théâtre.

Les personnages sont attachants, les questions affluent au fur et à mesure de l'histoire ne nous laissant aucun répit. Une plume exaltante !

Et vous, qu'attendez-vous pour plonger dans cette histoire ? Vous y êtes-vous déjà plongé à corps perdu ? Qu'en avez-vous pensé ?

Je connaissais déjà la plume de l'auteur pour avoir lu Intrication. J'avais beaucoup apprécié son style fluide et non dénué d'humour et le retrouver dans un nouveau roman est un vrai plaisir. L'image de couverte, superbe, et le titre m'ont également attirée comme des aimants.
Le livre s'ouvre sur un prologue très intrigant dans lequel il est question d'une jeune femme, surnommée Alice. Tout ce que l'on sait c'est qu'elle dans l'incapacité de bouger et de parler, seul son cerveau fonctionne, comme dans un cas de syndrome d'enfermement. Alors, pour ne pas devenir folle et faire passer le temps, elle va se (nous) raconter sa vie…
Puis c'est le premier chapitre qui s'ouvre. Un premier chapitre déconcertant. La narratrice, Alice du prologue, n'emploie pas le « je » mais le « nous ». C'est inhabituel et désarçonnant. Heureusement, cela ne dure que quelques pages, le temps de comprendre que son enfance n'a pas été heureuse et qu'elle s'appelle Célia.
La narration reprend alors à la 1ère personne du singulier. Les chapitres qui suivent vont alterner entre présent (Célia a 18 ans) et passé (elle a 14 ans). Comme la jeune femme est très discrète sur cette partie de sa vie, ces retours en arrière permettent de la cerner.
L'histoire débute comme une romance. La jeune Célia, qui n'a pas eu une enfance heureuse, monte à Paris pour changer de vie, laissant tout derrière elle. Elle trouve très vite un travail, elle sera « dame-pipi » (l'occasion de sourire avec quelques anecdotes qu'elle raconte !). Elle se lie d'amitié avec Sylvanie, sa collègue à l'accent chantant, et va rencontrer Callix dont elle tombe amoureuse.
Tout parait idyllique, oui mais …. Une phrase sur le mur des toilettes dont elle s'occupe va tout faire basculer. À partir de ce moment, difficile de lâcher le livre. Vers quoi l'auteur va-t-il nous emmener ? Quels sont les secrets que cache Célia ? Qu'a-t-il bien se passer ? L'ambiance, qui jusque là était plutôt au romantisme et au feel-good, devient de plus en plus lourde et noire. La tension s'installe jusqu'au final que vous ne verrez pas venir. Joffrey sait très bien jouer avec les nerfs et les émotions de ses lecteurs…
En bref : Ne vous fiez pas aux premières pages, ne vous fiez pas non plus au « visage d'ange » de l'auteur, il est machiavélique et vous entraine là où vous ne pensiez pas aller… Un roman et un auteur que je ne peux que conseiller aux amateurs de thrillers.

Je vous ai présenté cet auteur le mois dernier avec son excellent « Intrication ».
Et bien, il réitère une nouvelle fois dans l'excellence (et j'ai comme l'impression qu'il va s'y installer) avec son dernier thriller qui est surprenant à plus d'un niveau.

*****
Résumé :
« Célia, dix-huit ans, totalement déjantée et sans le sou, débarque à Paris après avoir fui l'Hérault et tous les souvenirs qui s'y rapportent.
Comme une héroïne de Zola, elle se pose à La Goutte d'Or, et se met aussitôt en quête d'un emploi. Après tout, il n'y a pas de sot métier… et Dame-Pipi fera aussi bien l'affaire pour démarrer sa nouvelle vie ! En plein coeur de Montmartre, au pied du Sacré-Coeur, elle se lie d'amitié avec sa collègue à l'accent chantant et rencontre un beau Grec au regard ténébreux. L'avenir semble lui sourire, enfin !
Pourtant, ce qui débutait comme un feel-good plutôt cocasse se teinte peu à peu d'une ombre maléfique… le passé ne se laisse pas si facilement enterrer, et lorsque les secrets enfouis refont surface, c'est un cauchemar qui commence.
Car, un jour ou l'autre, il faut affronter la vérité. Aussi abyssale soit-elle. »

*****
Je ne développe pas davantage ce résumé au risque de spoiler et ce serait fort dommage !

Le prologue nous explique l'idée de base de ce livre qui est un tant soit peu originale , et je vous assure qu'en terme d'originalité, l'auteur en connait un rayon.
Une nouvelle fois, il va vous épater avec son intrigue plus que travaillée et fort bien menée.
Pourtant, dès les premières pages, il met le doute dans mon esprit et je ne sais pas vers quoi il veut me mener.
J'ai le sentiment d'être dans une romance. Je découvre Célia 19 ans qui est dotée d'un fort caractère et qui fuit quelqu'un ? Quelque chose ?

Pour expliquer le cheminement de son histoire, l'auteur alterne le passé et le présent. Vous jonglez donc entre une Célia de 14 ans, mal dans sa peau, et une Célia 19 ans, fraîchement débarquée dans la capitale.
Vous allez donc la suivre dans son début de carrière en tant que dame pipi et je peux vous dire que l'auteur s'est fait plaisir en jouant sur les mots, en épiçant les situations avec des doses d'humour. Car oui, Joffrey excelle dans l'art de jongler avec les mots, l'art de manier les phrases imagées même lorsqu'il s'agit de parler de nos besoins primaires.
Je suis morte de rire à plusieurs reprises tant je trouve ma lecture cocasse !

Mais ne vous y trompez pas, tout cela n'est qu'un leurre, il s'agit bien ici d'un thriller et lorsque vous vous en apercevrez, il sera déjà trop tard !
Ces petits détails qui ont été disséminés dans le récit vont prendre tout leur sens au moment de LA révélation qui fait froid dans le dos.
Vous vous retrouverez au coeur de cette intrigue qui est machiavélique. Et là, vous n'aurez plus envie de rire !
La tension sera bien présente et vous retiendrez votre respiration car nul échappatoire se profile à l'horizon pour les personnages.
Comment vont-ils pouvoir s'en sortir dans ce cas ?
Sachez en tout cas que ma bonne humeur liée à la première partie s'est vite dissipée et c'est avec beaucoup d'angoisse que j'ai tourné les pages tant cette seconde partie est aux antipodes de la première.
Mais je ne vous en dis pas plus.

Quoiqu'il en soit, Joffrey Sinet à une très belle écriture, fluide, qui vous embarque illico dans le récit.
Ses histoires sont rafraîchissantes et les intrigues sont extrêmement bien travaillées.
On sent qu'il y met tout son coeur et fait en sorte de vous proposer une intrigue complète.

Je ne peux que vous conseiller cet auteur qu'il va falloir suivre avec beaucoup d'intérêt.
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