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EAN : 9782246835806
176 pages
Grasset (06/03/2024)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Contactée pour animer des ateliers d’écriture en milieu psychiatrique, Nathalie Skowronek, qui n’en a jamais dispensé, se demande bien ce qu’elle pourrait apporter à des gens atteints de troubles psychiques. Pourtant, sans en comprendre les raisons, elle accepte. Autour de la table, entre exercices d’écriture et confidences lâchées avec une sincérité qui la désarme, elle découvre une humanité en souffrance, digne, sans fard, sans complaisance sur son état de perte, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Je ne connaissais pas le centre, je n'ai jamais donné d'ateliers d'écriture, je n'en avais suivi (…)»

Je connaissais le sujet du livre mais j'avoue que je ne m'attendais pas à cette phrase dés la deuxième page.
Je suis resté ébahi une bonne minute. Bon, par après on se rendra compte que l'expérience de l'autrice en faisait une personne de choix et c'est cela qu'ont sans doute cerné ses deux examinateurs à l'entretien d'embauche.

« Alors que je m'interroge sur ma légitimité à écrire une histoire (« quoi que je tente, je n'écrirai jamais qu'un ersatz d'une réalité que je ne peux appréhender »), je vois aussi, et la sensation ne me laisse pas en paix, comme j'en fais mon miel. »

Au début, on pourrait croire qu'elle s'inscrit dans une fausse modestie, une compassion formalisée, échelonnée, ou dans une instrumentalisation des vécus mais, rapidement, on la voit douter, parler de ses failles, oser dire ce que les membres de l'atelier lui apportent, accepter ce qui donne et défait aussitôt. On se rend compte qu'on est au-delà d'un énième témoignage sur la différence ou la thérapie par l'art, mais dans ce qui devait être écrit. C'est un livre qui renforce la proposition de Nancy Huston, nous ne sommes faits que d'histoires.

« Se détache de l'ensemble (de croquis) la merveilleuse silhouette d'une femme-arbre. Des branches poussent de son torse, sa tête est relevée d'une épaisse couronne de feuilles. Je m'y arrête. Lina commente pudiquement : C'est pour me tirer vers le haut, pas toujours vers le bas. »

« Je leur dis: Ce qui m'intéresse, c'est ce qui vient ensuite. Et aussi : À partir de là c'est à vous de jouer. (…) Mathias, d'ordinaire peu revendicatif, assène : « Avant est une grosse baudruche qui se dégonfle. » »

D'ailleurs, quand même une critique à mes yeux, mettre en titre la voix même si l'autrice s'inscrit en témoin est présomptueux je pense, cela s'inscrit peut-être encore dans une forme de masque, de protection. Vu qu'elle n'hésite pas à mettre des textes des membres de l'atelier, parler de leurs créations ou donner un peu de leurs vécus, le titre aurait pu être : « Les voix des Saules ».

« On développe son écoute comme, en musique, on travaille sa justesse. »

L'autrice le dira souvent mais ce qui frappe c'est la qualité d'écoute des textes des participants aux ateliers. Tous aux Saules ont développé une oreille affutée, qui entend des gammes d'ordinaire silencieuses. Comme si la faiblesse, les contraintes, faisaient émerger les qualités, de nouveaux espaces intérieurs.

Je crois que la réussite du livre est qu'il fera quasi inévitablement remuer le lecteur, l'inclura dans la danse de la vie, le mènera doucement vers ce chemin qu'il a oublié ou s'est efforcé d'oublier. Tout le long, le livre ne dépeint qu'une chose : notre droit à exister, à ressentir sans pour autant que cela nous définisse.
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lu après une rencontre avec l'autrice, j'ai gagné ce livre au tirage au sort des Escales des lettres. Il me faisait très envie. Nathalie Skowronek est invitée à animer un atelier d'écriture pour des patients en hôpital de jour psychiatrique: les Saules. Elle hésite mais accepte tout en ne se sentant aucune légitimité pour une activité dont elle n'a aucune expérience.
Elle va raconter sa mise en oeuvre d'atelier d'écriture et son entrée en contact avec les participants. Peu à peu des liens se tissent malgré quelques maladresses; elle utilise des textes comme objets transitoires, elle évite ainsi les relations duelles ; peu à peu chacun écrit: les textes sont mis en commun.
Nathalie apprécie atelier et participants mais elle sombre elle-même à cause d'une séparation. Cette fois, c'est le groupe qui l'aide: elle est comme eux et ressent la complexité du normal et du pathologique. Elle a besoin de repos et de guérison et doit interrompre son travail; les adieux sont émouvants.
Beaucoup de sensibilité chez cette autrice et d'empathie en ce qui me concerne car elle a lu comme moi Les mots pour le dire de Marie Cardinal et Face aux ténèbres de William Styron pour se sortir de sa dépression.
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La voix des Saules aurait pu prendre pour titre : "La voix des Seules." Un jour on fait appel à l'écrivaine - elle-même se demande pourquoi - afin qu'elle anime un atelier d'écriture dans un établissement psychiatrique. Au fait, comment anime-t-on un atelier d'écriture  ?

Nathalie Skowronek, qui ne se reconnaît pas en "spécialiste", est comme toutes les personnes qui n'ont pas confiance en elles et ne le supportent pas ; elle s'oblige avec l'expérience menée aux Saules à être doublement, voire triplement créative, passant avec une grande réactivité, ses techniques et ses déclencheurs d'écriture au tamis des réactions de son groupe de pensionnaires des Saules.

Elle passe aussi son art, au crible de sa vérité d'écrivaine thérapeute avec une capacité rare à prendre soin de l'autre et à l'écouter avec une profonde sensibilité. Comme notre écrivaine mène son récit à la première personne, c'est avec elle, et de l'intérieur, que le lecteur navigue à vue dans ses échanges heureux ou malheureux avec les membres du groupe. On se figure chacun, chacune rien qu'à entendre les voix que l'écrivaine nous fait reconnaître avec talent : on devine Pedro, on donne un visage à Josée, la fausse vieille dame. Et puis à la manière d'un conte, on surprend Nathalie Skorownek à devenir elle-même l'une de ces personnes abîmées, troublées, souffrantes.

Pourquoi ? Comment ? Il faut bien entendu lire le livre pour le savoir. le récit aurait pu d'ailleurs se tordre et se laisser transformer en une longue nouvelle, en une sorte de fiction fantastique, mais notre écrivaine a trop de respect pour la vérité et trop de respect tout court pour les gens dont elle a pris soin pour capter indûment la lumière sur elle, après coup. Un texte court, faussement simple, d'une grande richesse humaine et d'une vraie qualité d'écriture qui interroge notre humanité en 2024.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
11 juin 2024
Ce récit de l'autrice belge est bouleversant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
12 avril 2024
L'autrice se souvient des ateliers d'écriture qu'elle a animés en milieu psychiatrique. Les gens en souffrance s'y révèlent. Nathalie Skowronek aussi.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je leur explique que j’aime beaucoup le principe des énumérations. Il permet d’aller vers le plus singulier en dépassant les stéréotypes. Par exemple, en proposant de décrire un lieu, une situation, un état mental en douze points différents, on se donne la possibilité de sortir des sentiers battus. Les premières vignettes sont souvent communes à l’ensemble du groupe mais, plus on creuse, plus on doit aller chercher loin. Cela crée une profondeur de champ, de la durée (on s’attarde donc on prend le temps d’éprouver).
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Je me suis rappelé qu’écrire, c’était un mot après l’autre, puis un paragraphe après l’autre. Comme dans un mouvement de brasse coulée, on prend l’air et on plonge. Au bout de la longueur, on se retourne et on recommence. On n’a pas une vision claire de la distance parcourue, encore moins de ce qui nous attend, chaque séquence étant un monde en soi. Qui mobilise nos forces, prolonge nos efforts, nous emmène plus loin.
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T’as vu qu’il pleut ? Je ne sais pas, j’ai pas mon téléphone. 
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La question de la réception n’est jamais simple. Il y a l’accueil du « milieu littéraire », celui des lecteurs anonymes et, plus sensible, celui des proches. J’avais peur de ce qu’ils liraient entre les lignes, interpréteraient, extrapoleraient. Chaque publication est pour moi l’heure des rapprochements et des malentendus. Seront-ils d’accord avec ma version de l’histoire ? Froissés ? Faudra-t-il que je me justifie, argumente, serre les poings ? Je suis à la fois l’écrivain de la famille et celle qui en livre une vision trop personnelle, la tension entre les deux m’entraîne vers des montagnes russes émotionnelles qui m’épuisent sans qu’il soit question d’y renoncer.
Je connais aussi le sentiment de désœuvrement dans lequel nous plonge la fin d’un manuscrit. On se sent vidé, on tourne en rond, on se demande si la grâce de l’écriture reviendra, si l’on n’est pas arrivé au bout de ce qu’on peut faire, dire, porter (reste-t-il encore suffisamment de tissu ? se demande Ossip Mandelstam, le poète russe). De sorte qu’au moment de recevoir le message dans ma boîte mail, j’étais fébrile, inquiète, je ne me croyais disponible pour rien ni personne.
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Videos de Nathalie Skowronek (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathalie Skowronek
Présentation de l'EUPL,Prix Littéraire de l'Union Européenne, et interview de la lauréate belge 2020, Nathalie Skowronek, pour son roman "La carte des regrets", publié chez Grasset.
Musique et sound design : Gampopa
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