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Kilien Stengel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782710330738
200 pages
La Table ronde (11/09/2008)
5/5   3 notes
Résumé :
Si de nombreux poètes ont célébré les plaisirs de la table, il n'existait pas encore d'anthologie de la poésie gastronomique. De Gace de La Bigne à Boris Vian en passant par Théodore de Banville, Charles Monselet ou encore Raymond Radiguet, ce recueil réunit près de quatre-vingts auteurs qui ont su magnifier la bonne chère en mettant la littérature à son service. Avec esprit et gaieté, ils célèbrent la bisque et la bouillabaisse, le gigot et l'asperge, le pont-l'évê... >Voir plus
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Une anthologie de la bonne chère et du bon goût où les poètes, des plus obscurs au plus connus, célèbrent le bien manger et le bon vin. Entre recettes rimées et souvenirs grivois autour d'une bonne table, nous voici traversant les siècles d'Eustache Deschamps à Boris Vian en passant par Villon, Ronsard, Hugo et Rostand. Et si le melon, les fraises à la crème, le gigot et les haricots sont des valeurs sûres, les huîtres, la bouille-à-baise, la potée et le pot-au-feu ne sont pas oubliés.

Ainsi quel plaisir de partager l'amour de la gastronomie avec les mots qui sonnent si justes du français d'antan de Gace de la Bigne (mort en 1384) :

« Si tu veux que du pasté taste
Fay mettre des oeufs en la paste »

Et pour le côté chantant, pourquoi pas en patois régional pour vanter le travail du pain comme l'a si bien écrit Georges Blanchard (1902-1976) :

« Fé l'pain, c'est pas d'la p'tite ovrage ;
C'est pas du travail dé gamin !
Ca d'mande un grous apprentissage
Et faut avouér' lé tour dé main ! »

Et quand on mêle l'amour du brie avec son coup de coeur, on trouve cette petite brève de Charles d'Orléans (1394-1465) à son aimée :

« Mon doux coeur, je vous envoie,
Soigneusement choisi par moi,
Le brie de Meaux délicieux
Il vous dira que malheureux
Par votre absence je languis
Au point d'en perdre l'appétit
Et c'est pourquoi je vous l'envoie
Quel sacrifice c'est pour moi ! »

Et l'on ne parle pas que des bonnes choses, on aborde ici aussi les radins de bouche qu'il faut fuir comme la peste ainsi que le rapporte si bien Clément Marot (1496-1544) dans sa litanie des Bons Compagnons :

« De petit dîner et mal cuit,
De mal soupper et male nuit,
Et de boire du vin tourné,
Libera nos Domine ! »

Et les chansons et les hymnes et les complaintes rimées à boire ne manquent pas ainsi l'Orgye de Saint-Amant (1594-1661) qui devait être repris en choeur par les ivrognes de son temps :

« Sus, sus, enfants ! Qu'on empoigne la couppe !
Je suis crevé de manger de la soupe.
Du vin ! du vin ! Cependant qu'il est frais,
Verse, garçon, verse jusqu'aux bords,
Car je veux chiffler à longs traits
A la santé des vivans et des morts. »

On ne peut passer outre Alexandre Dumas (1802-1870) ce gourmand, gourmet, gastronome et cuisinier qui parfois en peu de mots résument tout un plat :

« L'huître est un hasard, un éclair
Qui passe avec les mois en R. »

La cuisine et l'amour partagent les mêmes fantasmes, les mêmes mots pour décrire la beauté et la perfection ainsi Victor Hugo (1802-1885) ne manque clairement pas de poésie pour nous décrire un simple fruit :

« D'attraits ravissants pourvue,
Seule, elle réunit tout ;
Ses appas charment la vue,
Et chacun vante son goût.
Sa peau, velouté et fraîche,
Joint toujours la rose au lis :
Ce pourrait être Phyllis,
Si ce n'était une pêche. »

Et parfois, au détour d'un sonnet, on découvre l'esprit critique et journalistique d'un Raoul Ponchon (1848-1937) qui ne manque pas d'humour pour nous parler de sa dinde aux marrons qui deviendra bien vite une oie truffée :

« Pour faire une dinde aux marrons,
Prenez de préférence une oie.
La dinde est une pauvre proie
Même pour les estomacs prompts. »

Mais revenons au vin, cette boisson des Dieux déjà bien chantée du temps des grecs et des romains et que l'on retrouve magnifiée encore par Jules Lemaître (1853-1914) :

« Ouvre, ô vin disert, les âmes des sages !
Qu'est l'argent poli ? Miroir des visages.
Et le vin vermeil ? Miroir des esprits.
(La comparaison est de source grecque.)
Sois frais au gosier comme une pastèque,
Et plus chaud au coeur qu'un baiser surpris ! »

Et je ne peux m'empêcher de terminer ce repas par une citation tirée de Truandailles d'Emile Verhaeren (1855-1916), un poète bien de chez nous qui n'hésite pas à utiliser le vocabulaire gourmand pour parler d'amour charnel et de passion :

« Chacun avait là deux brasiers,
Deux yeux allumés, deux prunelles,
Bûchers de voluptés charnelles,
Où rôtir des amours entiers. »

Une lecture délice que l'on termine l'estomac ronronnant, l'eau à la bouche, le sourire aux lèvres et le cerveau frétillant de tant de recettes à faire ou à refaire :-)
Et voilà, l'item « Une oeuvre écrite en vers » a ainsi trouvé son oeuvre, et j'en sors ravie et bizarrement bien affamée ;-)
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Si de nombreux poètes ont célébré les plaisirs de la table, il n'existait pas encore d'anthologie de la poésie gastronomique. ce recueil réunit près de quatre-vingts auteurs qui ont su magnifier la bonne chère en mettant la littérature à son service. Avec esprit et gaieté, ils célèbrent la bisque et la bouillabaisse, le gigot et l'asperge, le pont-l'évêque ou encore le brie de Meaux. Un ouvrage dédié à la fois aux gourmets et aux lettrés.
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Vidéo de Kilien Stengel
Carte Blanche à l'Institut européen d'histoire et des cultures de l'alimentation
Modération: Kilien STENGEL, enseignant-chercheur, chargé de mission à l'IEHCA
Intervenantes Céline GEFFROY, anthropologue, Lou KERMARREC, anthropologue et postdoctorante au Musée du Quai Branly, Catherine LE GRAND-SEBILLE, maîtresse de conférences à la faculté de médecine de Lille 2
Envisager une lecture anthropologique des ritualisations de l'acte de boire ou de manger avec un mort, individuellement et collectivement, dans un contexte festif ou non, dans une situation funéraire ou non, reste un champ fascinant. Qu'il s'agisse de la temporalité des moments partagés, du type de repas, du lieu de pratique du rituel, chaque temps, chaque espace, chaque produit, chaque convive, contiennent tout un monde de significations. L'imaginaire que provoquent ces moments de partages favorise diverses formes de mise en relation avec le monde animé environnant et avec les morts. C'est à travers ces boissons et ces mets partagés que les hommes font entendre leurs requêtes auprès d'entités non-humaines, pour dialoguer avec les morts et les faire apparaitre en alter ego. L'univers du boire et manger avec les morts se retrouve comme un moyen de consolider le lien social, de renforcer l'identité de groupe et de se rapprocher du sacré.
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