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Camille Polack (Traducteur)
EAN : 9782070364589
215 pages
Gallimard (30/09/2001)
3.73/5   20 notes
Résumé :

- Pouvez-vous vous figurer cela, lui dit-elle un soir, ils prétendent que je vous aime. - Ils disent cela de tous les gens de sexes différents, qui sont amis. - Croyez-vous qu'il puisse y avoir de l'amitié entre un homme et une femme? - Oui, j'en suis sûr, répondit-il. - Merci, dit-elle en lui tendant la main. Comment moi, qui ai le double de votre âge, qui suis laide et malade, pourrais-je être amoureuse de vous? et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je connais mal Strindberg. Peut-être ai-je vu autrefois une représentation de Mademoiselle Julie, mais sans même que je me souvienne pourquoi, je ne me rappelle de rien.

Peut-être que, comme pour Mulukuku il y a quelques jours, le boulevard qui m'est laissé en l'absence de précédente critique, l'ivresse d'être le premier rédacteur (je blague), me pousse à me lancer. J'y vais !

Je connais donc mal August Strindberg, mais je connais mieux désormais le jeune Strindberg, car c'est lui le fils de la servante dont il raconte les 18 premières années (1849-1867) à la troisième personne, choix singulier qui ajoute une distance dans le récit de ses souffrances et de ses frustrations, écho au sentiment d'étrangeté qu'il éprouve et de la solitude qu'il subit et subira : "Sa sympathie pour les hommes ne devait pas être payée de retour."

Le personnage, le sujet du livre, est donc le fils de la servante d'un bourgeois obtus, père taciturne remarié à la mort de la mère avec la gouvernante. "Toute sa vie, il aura ce regret de sa mère, il se sentira seul."

Le père est un obstacle avant de n'être plus rien, incapable de compréhension et plus encore d'amour pour son fils ainé, de surcroît accablé d'un petit frère. "Il resta comme le gui, qui ne peut pousser sans être soutenu par un arbre : il devint une plante grimpante qui devait se chercher un tuteur."

J'ai été impressionné par la puissance de ce personnage, ce qu'il parvient à devenir quand tout paraît devoir l'entraver, la famille, la société suédoise puritaine qui réprouve "son instinct sexuel", la religion qu'il affronte avec orgueil : "Sa chair était trop jeune et trop saine pour avoir le désir d'être cloué la croix."

Nous sommes encore sous les Lumières, au moment d'un compromis social profitable à la bourgeoisie qui "maintient une certaine apparence démocratique". Mais Strindberg n'est pas dupe et, dans sa solitude, il rêve avec confiance à l'avènement d'un monde heureux. Sa critique sociale est pleine d'espoir.

Mais ça c'est le jeune Strindberg, le fils de la servante. Plus tard il changera, abandonnera ses idéaux démocratiques, et l'éternel persécuté sera aussi victime du délire de la persécution. Mais ça, c'est une autre histoire.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Affamé et effrayé, il avait peur du noir, des fessées, de déranger tout le monde. Il avait peur de tomber et de se blesser, peur d'être dans le passage. Peur d'être frappé par ses frères, giflé par les domestiques, grondé par sa grand-mère, mis en boîte par son père et fouetté par sa mère... Il ne pouvait rien faire sans mal faire, dire un mot sans gêner quelqu'un. Finalement, le plus sûr était simplement de ne pas bouger. Sa plus grande vertu était de rester assis sur une chaise et de se tenir tranquille. On lui avait efficacement fait entrer dans la tête qu'il n'avait pas le droit d'exister.
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Celui qui agit instantanément est un insensé et un égoïste, un naïf, un inconscient ; ce sont ces gens-là qui font leur chemin dans la vie, car ils n'ont pas égard aux inconvénients que leurs actions peuvent avoir pour d'autres, ils ne voient que les avantages qu'ils en peuvent tirer.
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La société obéit à la loi d'Archimède sur l'équilibre des liquides dans les vases communicants. Les deux surfaces tendent à venir au même niveau. Mais l'équilibre ne peut se produire que si la surface la plus élevée s'abaisse pendant que la plus basse monte. C'est à quoi tend l'effort social moderne. Et l'on aboutira ! Certainement ! Et après, la paix régnera.
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Celui qui exige de la reconnaissance est pire qu'un créancier, car il commence par donner un cadeau dont il se vante, et ensuite il envoie un compte qui ne peut jamais être payé, car un service en retour ne paraît pas effacer la dette de la reconnaissance ; c'est une hypothèque sur l'âme humaine, une dette qui est impayable et persiste jusqu'au-delà de la vie.
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Sa sympathie pour les hommes ne devait pas être payée de retour, puisque leurs pensées n'étaient pas au diapason des siennes, et ensuite il irait à la ronde offrir son cœur au premier venu, personne ne l'accepterait, car il était étranger à tout le monde, et alors il se replierait sur lui-même, blessé, mortifié, inaperçu, oublié.
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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