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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782259191791
364 pages
Plon (20/04/2000)
4.11/5   33 notes
Résumé :
Isabelle vit une vie plutôt morne entre son travail et sa fille, Amy, une adolescente. Lorsqu'Amy s'ouvre à l'amour dans les bras de son professeur, Isabelle le prend très mal, son honneur est bafoué et cette relation fait resurgir sa propre histoire. D'une relation conflictuelle va se dénouer une relation mère-fille où l'égalité sera reine.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Whouah la claque littéraire!
*
Mère et fille, c'est compliqué
*
Cette auteure, cette mme Strout, encore un roman brillamment écrit!
J'avais tellement apprécié @olive kitteridge (qui a eu le prix Pulitzer d'ailleurs) qu' à la très bonne critique lue de @kloliane , j'ai ouvert celui-ci sans réfléchir.
J'ai pris 5 longs jours à le lire, le déguster, le digérer, l'analyser.....
*
Une histoire intime et pudique de deux femmes. Une maman et sa fille.
(ça me parle, tiens!)
Un récit polyphonique où se croisent essentiellement des figures féminines, qui gravitent autour de ce tandem.
Dans une bourgade (fictive) de l'état du Maine, Shirley Falls, un fleuve serpentant autour de forêts de conifères.
Des petits et grands évènements que l'auteure met en lumière dans un été caniculaire. Une période comme suspendue dans la trame du temps.
*
Des évènements qui vont transformer la vie (à tout jamais) d' Isabelle la mère et d'Amy sa fille de 16 ans.
De premiers émois en chagrin d'amour, Amy en verra de toutes les couleurs. Elle n'arrivera pas à raconter, à se confier à sa mère.
Isabelle, mère célibataire, renfrognée et aigrie, ne pensera qu'à son propre malheur si douloureux.
*
Un panel intéressant aussi par les personnages secondaires. Des petits détails du quotidien qui rendent ce récit si vivant, si "vrai". (par exemple la météo qui est présente tel un écho à l'humeur des protagonistes)
Isabelle devra prendre des décisions difficiles et assumer les conséquences. Se libérer, se "dépouiller de sa sombre guenille qui lui avait enserré le corps depuis de nombreuses années".
Je me rappellerais longtemps de ce petit bijou.
*
PS: Pour avoir les 2 chroniques complètes (dont celle de ma fille de 15 ans, rendez-vous sur notre blog mère & fille:
https://red2read.wordpress.com/2018/04/06/amy-and-isabelle-delizabeth-strout/

Lien : https://red2read.wordpress.c..
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Elizabeth Strout n'a pas son pareil pour offrir une fabrique du quotidien qui marque l'imaginaire. Les petits détails qui prennent toute la place, l'impression de faire partie du décor, d'avoir de nouveaux amis (es), de vivre dans la galerie de personnages du roman; l'auteure nous sert une soupe dans laquelle on bouillonne à son rythme.
Cette fois-ci, elle présente l'éveil à la sensualité d'une jeune adolescente Amy, fille unique d'Isabelle, elle-même fille unique.
Amy vient d'avoir 16 ans et tout l'ennui, en particulier sa mère qui lui apparaît terne et autoritaire. Elle flirte avec le nouveau professeur de maths qui profite de la situation et lui donne confiance en elle, même si cela l'oblige à mentir à sa mère, ce qu'elle n'a jamais fait. Amy découvre l'amour.
Le lien mère-fille s'effrite.
Isabelle découvre que sa fille a fauté et qu'elle a failli comme mère.
On ne connaît jamais vraiment son enfant pense-t-elle.

« La découverte de la vérité était vraiment quelque chose d'effrayant pour elle. Non seulement tous les souvenirs de ce printemps heureux devenaient pernicieux, à mesure qu'elle imaginait les scènes qui avaient réellement eu lieux, mais celles-ci la poursuivaient partout. »

La chaleur est un acteur principal, celui qui active les passions. La découverte du lien d'Amy avec le professeur ramène Isabelle à son propre passé et au fait qu'elle a elle aussi fauté, par amour, et la conséquence en fût sa fille.

« Nos actes ont de l'importance, se disait-elle indéfiniment, comme si elle découvrait enfin, à son âge, cette vérité. »

Isabelle, grâce à ses amies du travail, accepte de s'offrir une nouvelle chance dans la vie et rétablit les liens affaiblis avec sa fille.

«Tout l'amour du monde ne pouvait empêcher cette terrible vérité : on transmet ce qu'on est. »

Ce roman offre une fine psychologie d'une relation jamais simple, celle d'une mère avec sa fille. Des non-dits pour protéger l'autre, du quotidien qui prend toute la place au risque d'empiéter sur l'amour. Je suis encore remplie de cette ville américaine typique, du rôle important de la religion et du bien paraître qu'il impose. de la nature incolore, ou du moins pas colorées, de la nomenclature des fleurs, de la renaissance de la nature au printemps, de la vie quoi! Ce roman est intelligent et sensible, vraiment.
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Alors qu'une canicule touche la petite ville et pèse sur sa population, l'intérieur de la maison d'Isabelle est glaciale et oppressant. Lorsque son regard se pose sur fille, elle ne peut pas s'empêcher de ressentir de l'amertume et de la colère face à « sa faute ». Quant à Amy, elle-même a des ressentis envers sa mère qui ne semble pas la comprendre. L'ambiance est bien pesante et chacune aimerait pouvoir être loin de l'autre pour échapper à cette tension. Mais partageant le même toit et Amy travaillant cet été dans le même bureau qu'Isabelle, il ne semble pas avoir d'échappatoire… Pourtant, cet été va s'avérer, être pour la mère et la fille, une transition importante pour l'avenir de chacune…

La dynamique de ce roman se passe à travers la relation entre Amy et Isabelle:
– Isabelle est une femme qui, habitée par le poids d'un passé qu'elle veut dissimuler, a peu de vie sociale. Elle rêve surtout d'avoir un foyer plus chaleureux auprès d'un mari aimant et transpose cette image idyllique sur son patron. Elle continue à voir Amy comme une petite fille.
– Amy, quant à elle, est une adolescente timide qui a aussi du mal à s'intégrer et se sent à l'écart des autres élèves pensant qu'ils la trouvent étrange. Elle a pour seule amie Stacy, une camarade avec qui elle fume en cachette et écoute avec envie ses sorties, sa relation familiale bien plus vivante et ses histoires d'amour.

Dès les premières pages, l'autrice nous impose cette ambiance pesante. Puis nous avons un retour au passé qui nous dévoile la cause de cette situation qui s'est déroulée sur plusieurs mois. La relation entre la mère et la fille avait déjà quelques fissures, mais celle-ci explose durant ce fameux été. L'amour va alors se mêler à la haine. Pour Amy, sa mère l'étouffe et ne la comprend pas, quant à Isabelle, elle ne reconnaît plus sa petite fille dans cette adolescente qui devient femme et éprouve une certaine jalousie à son égard.
Autour d'elles, plusieurs autres figures féminines vont marquer leur présence dans la vie de nos deux protagonistes. Elles ont aussi leurs petits secrets, des chagrins qui perdurent et quelques amertumes. Certes, ce sont quelques touches de drame rajoutées dans ce récit, mais bien plus encore, elles montrent, à travers certaines, la force du soutien entre femmes.

Pour ce qui est des personnages masculins, le peu que nous voyons, ils n'ont guère le beau rôle au point que je suis venue à ressentir une certaine animosité à leurs égards… Surtout lorsque je pense à ce Mr Robertson dont je pense que vous aurez aussi envie de massacrer. Et je pèse mes mots. Bref ! On pourrait penser à un parti pris de la part de l'autrice. Mais ce n'est pas le cas, car tous les personnages féminins ne sont pas toutes positives. Il est plutôt à souligner qu'il y'a un large éventail de personnalités pour celles-ci.

Ce roman est loin d'être une simple histoire sur une relation entre une mère et sa fille adolescente comme on a l'habitude le voir, car elle est bien plus profonde avec d'autres thèmes qui s'y mêlent parfaitement :
– Il y'a cette distance entre la classe « ouvrière » et celle des « cols blancs » ;
– le fossé entre deux générations: à la fin des années 60 et débuts des années 70, la société américaine connaît des bouleversements avec, pour exemple, le mouvement des Droits Civiques, celui des hippies, les groupes féministes etc… Ceux-ci prennent écho auprès des adolescents américains de cette époque
– Il y ‘a l'appropriation de son corps après une lourde opération chirurgicale…
Et bien d'autres thèmes qui enrichissent ce récit et son thème et dont je vous laisse le plaisir de découvrir.

Conclusion:
« Amy et Isabelle » a été une de mes belles surprises de ces dernières semaines.
D'une plume agréable, l'autrice arrive à nous faire partager les sentiments de ses personnages, oppressés par la chaleur qui met leurs nerfs à fleur de peau, mais aussi le poids de leurs secrets. de plus, elle arrive finement à entrelacer une touche de mélancolie, avec une pointe d'humour pour enfin finir sur une touche d'espoir.

Le thème de la « transition » a été richement traité que ce soit à travers la mère et la fille, au sein de l'usine, auprès des collègues, les saisons qui passent, même la météo… Bref ! Tous les éléments présents renvoient subtilement à cette thématique.
Si vous appréciez les romans contemporains avec une grande galerie de personnages féminins et que vous ayez l'occasion de le lire, n'hésitez pas !
Lien : https://klolianebooks.wordpr..
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Un début difficile… mais une fin des plus magnifiques !

Un livre qui n'a pas plus d'une fois fini de me surprendre ! Si le début était long à entrer dans l'histoire, l'intrigue a fini par s'installer: un milieu du récit fort en émotions, une fin tragique néanmoins intéressante à exploiter selon divers points de vue.

Certains passages étaient parfois de trop: ils laissaient à désirer.

Je trouve que la description de certains personnages était pesante. Trop de détails inutiles. La narrateur devrait d'avantage se concentrer sur nos principales héroïnes.

De plus, plus de passages sur Amy aurait été la bienvenue. Il y a eu une trop grande partie de l'histoire centrée sur Isabelle. de mon point de vue, Amy serait le personnage principal.

Le personnage d'Isabelle m'a beaucoup déplu: une mère froide, distante avec sa fille qui ne lui pas donné suffisamment d'amour. Elle m'a déçue d'un point de vue psychologique. Isabelle a rendue sa fille peureuse, en manque de confiance en elle et renfermée sur elle même. Elle ne l'a pas ouverte au monde et ne lui a pas inculqué les dangers de la vie. Ainsi, Amy n'a pas été guidée dans son adolescence et ses amours : elle a fait confiance à un homme qui l'a utilisé pour ses propres besoins sexuels. Elle a donc menti à sa mère pour préserver sa vie amoureuse. Une erreur grave, qui a malheureusement mal tourné pour Amy.

Elle a infligé à sa fille la pire torture au monde pour les femmes: elle lui rasé sa précieuse chevelure aux belles nuances de blond. Une faute impardonnable de la part d'Isabelle.

Isabelle était jalouse de sa fille: elle même n'a pas pu connaître l'amour et les plaisirs sexuels.

(Alerte spoil ) : Cela a fait ressurgir sa propre histoire, déchirante et difficile à accepter pour Isabelle. Égoïste, ne voulant pas que sa fille fasse la même erreur qu'elle quand elle était jeune, candide, et pleine d'espoir, elle a interdit à sa fille de revoir son professeur de mathématiques. Elle a demandé au professeur de sa fille de quitter la ville et ne plus entretenir aucun contact avec Amy. Une menace directe de la part d' Isabelle. Mais qui a malheureusement atteint Amy : elle n'a jamais pu pardonner à sa mère, et ne le fera sans doute jamais.

Une relation mère-fille rafraîchissante, émouvante. Difficile d'élever sa fille seule n'étant encore qu'une jeune fille. Difficile de faire face à un quotidien répétitif, avec un boulot des plus décevants et fatiguant. Un train-train , une routine éprouvante. Heureusement qu'Isabelle peut compter sur leurs amies-collègues: Bev (« bouboule »), Dottie et Stacy.

Mon personnage préféré est bien sûr celui d'Amy: je me suis identifiée à elle, je m'entrevoyais en elle. Je l'ai comprise à 100 pourcents. Je l'ai suivie dans ses hauts et ses bas dans l'histoire. J'ai ressenti son chagrin quand elle s'est fait couper les cheveux par sa mère. Une haine et une tristesse profonde envers sa mère. J'ai compris son envie de liberté et d'entrevoir une lueur d'espoir pour elle et sa mère. Elle m'a fait entrevoir et des bouts de sa vie en me décrivant son quotidien et ses malheurs. Je la soutiens, au dessus des lignes. Ce qu'elle a dû endurer dans sa vie d'adolescente. Elle ne s'est jamais sentie à sa place. Perdue, elle ne savait pas ce que signifiait l'amour et a ouvert son coeur à la mauvaise personne. Elle ne s'est pas protégée.

En bref : une histoire touchante qui m'a marquée en tant que lectrice ET adolescente.

Il ne fait pas partie de mes lectures préférées, mais reste un beau livre à lire pour découvrir la vie quotidienne dans une ville de la Nouvelle-Angleterre.
Lien : https://red2read.wordpress.c..
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Dans les années 60, dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre, Isabelle vit seule avec sa fille adolescente, Amy.
Très soucieuse du qu'en-dira-t-on et du respect des bonnes manières, Isabelle va être mise face à ses contradictions lorsque sa fille va connaître ses premiers émois de jeune fille.
Ce roman est celui d'une relation mère-fille qui mêle dans la souffrance déni et amour fusionnel, introversion et fantasmes.
Elizabeth Strout a le chic pour décrire les subtilités de ces liens si spéciaux qui emmêlent parfois jusqu'à l'étouffement les mères et leurs filles.
De très beaux portraits également des personnages secondaires et d'un état d'esprit de province.
Le très beau premier roman d'une auteure qui a reçu par la suite le Prix Pulitzer.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Comment savait-il qu’elle avait appris par cœur depuis des années les poèmes d’Edna St Vincent Millay, que, par des matins d’automne elle était partie à l’école pleine d’espérance — Ô mondes, je ne peux t’éteindre assez fort! —, et que le soir elle était rentrée lasse et découragée, en trainant les pieds au rythme d’autres vers — Telle une pluie incessante, la peine me fouette le cœur. Comment pouvait-il le savoir?
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Du moins, c’était ainsi que le percevait sa fi lle, Amy,
laquelle venait d’avoir seize ans et, depuis peu, s’était mise
à détester la vue du cou de sa mère (à détester la vue de sa
mère, à vrai dire) ; d’ailleurs, elle se fi chait bien du cygne.
Amy ne ressemblait guère à Isabelle. Autant celle-ci avait
des cheveux maigres et ternes, autant ceux d’Amy étaient
épais et d’un blond illuminé de mèches plus claires. Même
courts, tels qu’ils étaient coupés à présent, tailladés sous
l’oreille, ils éclataient de santé et de vigueur. En outre,
Amy était tout en longueur. Elle avait de longues mains,
de longs pieds. Mais ses yeux, plus grands que ceux de
sa mère, avaient souvent la même expression de surprise
hésitante, capable de mettre légèrement mal à l’aise la
personne qu’ils fi xaient
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Le ciel avait pris des airs farouches et poignants, envahi de nuées sombres, et le soleil hivernal, doré à cette heure du jour, semblait avoir rassemblé ses forces depuis le matin pour illuminer à présent l’amoncellement de nuages à l’ouest, si bien que leur masse sombre était bordée d’une lumière presque électrique.
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Tandis que les autres femmes avaient tendance à beaucoup
soupirer, ou à multiplier les allées et venues entre
leur place et le distributeur de boissons gazeuses, qu’elles
se plaignaient d’avoir mal au dos et les pieds enfl és et se
déconseillaient les unes aux autres d’enlever leurs chaussures
parce qu’après on n’arrivait plus à les remettre,
Isabelle Goodrow bronchait à peine. Les genoux joints,
assise toute droite devant sa machine à écrire, elle tapait
sans relâche. Elle avait un cou assez particulier. Il paraissait
d’une longueur anormale par rapport à sa petite taille
et ressemblait à celui du cygne apparu cet été-là sur le
fl euve inerte, fl ottant dans une immobilité parfaite près
des rives frangées d’écume.
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À ses yeux, c’était un jalon qui marquait les jours sans fin de l’enfance solitaire d’Amy, et les jours sans fin de ce terrible été caniculaire. Tout ce qui avait paru sans fin serait alors terminé, et Isabelle, en divers lieux et divers moments, les années suivantes, serait parfois assaillie par le silence et ne trouverait en elle que ces deux syllabes répétées, « Amy ». « Amy, Amy ! » Car telle était la demande de son cœur, telle était sa prière.
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