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EAN : 9782072658341
160 pages
Gallimard (01/02/2018)
3.82/5   116 notes
Résumé :
La punition raconte l'arbitraire, celui des 19 mois de détention, sous le règne de Hassan II, de 94 étudiants, à la suite de manifestations pacifiques dans les rues des grandes villes du Maroc en 1965. Envoyés dans des casernes sous couvert de service militaire, ces jeunes gens se retrouvèrent condamnés à une peine de détention illimitée, encadrés par des gradés dévoués au général Oufkir qui leur firent subir vexations, mauvais traitements, manoeuvres militaires imp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a des livres qui nous touchent parce qu'ils nous parlent, parce qu'ils nous laissent l'impression de nous donner la parole, le sentiment de dire ce que nous avons toujours eu envie de dire sans savoir l'exprimer.
Il y a des livres qui nous touchent parce qu'ils font ressurgir des souvenirs, bons ou moins bons.
Il y a des livres qui nous touchent parce que le style de l'écriture répond à nos attentes.
Il y a des livres qui nous touchent pour autant de raisons qu'il existe de livres.
La punition de Tahar Ben Jelloun m'a touché principalement pour les trois raisons citées plus haut.
Le fond du sujet, les souvenirs et l'écriture de Ben Jelloun.

La liberté de parole et de pensée au Maroc au milieu des années 60, et nous voila partis pour un conte défait ou un compte de faits sous le règne merveilleux d'Hassan II.
Tahar Ben Jelloun aura mit cinquante ans pour se libérer en témoignant à travers ce livre, d'un pan d'histoire ayant mené au premier coup d'état militaire contre le roi du Maroc le 10 juillet 1971.
La punition est celle subie par l'auteur et 93 autres jeunes ayant participés à une manifestation étudiante. Manifestation pacifique réprimée dans le sang par une armée aux pleins pouvoirs pour rétablir « l'ordre ». Ils vont être contraints à un service militaire très particulier. Un service qui ne sera dans un premier temps qu'un prétexte pour faire un exemple avant que les psychopathes chargés de les « rééduquer » n'essayent de les utiliser à des fins politiques.

Touché aussi à cause de souvenirs qui, s'ils n'ont pas duré 19 mois comme la punition, m'ont replongé dans l'absurdité qu'était l'armée des appelés (c'est con c'cri). Ce temps où l'on faisait baisser le chiffre du chômage en enlevant les jeunes pendant un temps donné (un an pour ce qui me con cerne, et j'étais vraiment cerné…)
Touché parce qu'en moins pire, c'était un endroit où là encore, quelques psychopathes plus que zélés avaient carte blanche pour inculquer à la jeunesse tout le contraire de ce que la plupart des parents avaient essayé d'apprendre à leurs fils. Surtout ne pas réfléchir, abandonner son libre arbitre, se complaire dans la saleté morale, physique, psychologique, baisser la tête, obéir bêtement, remercier après les tentatives d'humiliation, devenir une chose, leur chose.
C'est comme ça con devient un homme. Ca donnait envie.
Comme si le fait d'avoir été victime d'une sorte de tentative de lavage de cerveau (ou plutôt serf veau parce que pour le cerveau tous les sérial connards de sergents n'étaient pas équipés…) préparait à un futur conflit au cas où. Genre, c'est comme le vélo ça ne s'oublie pas, bref…
Souvenirs d'un camp semi disciplinaire à Montlhéry (me demandez pas pourquoi, j'ai jamais su) qui restent softs comparés à « la punition », il reste que certaines similitudes m'ont rendues quelques pages compliquées.

Touché aussi parce que je crois que Tahar Ben Jelloun pourrait écrire un article dans le chasseur français, dans auto plus ou mode et travaux, il arriverait à m'intéresser, à me captiver, à me toucher. Ca ne s'explique pas, c'est comme ça.
Ce livre n'est pas anti militariste, il n'est que le témoignage de faits, pas une charge contre l'armée dans son ensemble.
Une armée de métier oui, c'est comme la police, on en a malheureusement besoin et souvent bien heureux qu'ils soient là mais d'un autre coté comme disait Coluche :
Les gardiens de la paix au lieu de nous la garder ils feraient mieux de nous la foutre.
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Au cours d'une manifestation pacifique au milieu des années 60, l'auteur est ramassé par la police marocaine.
Peu de temps après, il est amené dans un camp militaire et son matricule , sous la forme 10xxx ne laisse aucun doute : Il est puni par le roi.

Bienvenue au pays de l'arbitraire, de l'absurde , de l'humiliation et de l'éducation à coup de trique .

Livre édifiant mais qui pourrait s'appliquer à beaucoup de pays malheureusement. On va t'élever , petit con , et te faire quitter tes idées d'idéalistes et de mecs qui lit des livres . On va te faire pousser les poils et tu vas bouffer des cailloux. Voilà un peu résumé la mentalité des militaires locaux.

Construire un mur pour le déconstruire immédiatement, s'habiller, se déshabiller , rester debout sous le soleil ou dans le gel pendant des heures.
Bon , il y a plein d'exemples dans ces 150 pages.
On y apprend que l'auteur a trouvé sa vocation durant cette période .
Enfin , dans la misère physique et intellectuelle , il a trouvé refuge dans une sourate, lui , peu inhibé par la foi. Une très belle utilisation de la religion!
Un livre finalement sans surprise mais où la résilience s'oppose à l'absurdité d'abrutis qui n'ont que la force et l'autorité pour pouvoir exister.
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« Pour avoir manifesté calmement, pacifiquement, pour un peu de démocratie, j'ai été puni. Pendant des mois, je n'ai plus été qu'un matricule, le matricule 10 366. Un jour, alors que je ne m'y attendais plus, j'ai retrouvé la liberté. J'ai pu enfin, comme je le rêvais, aimer, voyager, écrire, publier de nombreux livres. Mais pour écrire La Punition, pour oser revenir à cette histoire, en trouver les mots, il m'aura fallu près de cinquante ans. » ainsi se termine le récit d'un enfermement, d'une humiliation, d'une détresse. Qui a-t-il de pire pour un étudiant en philosophie que de se retrouver privé de ce qui lui est essentiel : la liberté. Mais ce sont dans ces circonstances que, pour un prisonnier, la poésie prend tout son sens et laisse dégager une odeur de liberté. Ecrire, penser, créer, c'est être libre, c'est se libérer, c'est donner à être libre. Grâce à sa mémoire, l'aidant à se souvenir des auteurs qu'il a lus, il survit à la pire des punitions. Tahar Ben Jelloun raconte ici sa propre « réclusion solitaire ». Il passe du camp d'El Hajeb à celui d'Erhmoumou en gardant l'espoir de sortir bientôt de cet enfer.
 
Au Maroc, les années noires de l'époque Hassan II ont fait couler bien plus de sang et de larmes que d'encre. Ces années de plomb et de répression à partir de 1963 ne diminueront qu'à la mort du roi en 1999. Les figures emblématiques de cette terreur sont le général Oufkir (le militaire) et Driss Basri (le commissaire). Ce dernier s'installera bien plus tard au ministère de l'intérieur en maintenant une politique dictatoriale dans le pays.
Pendant les dix-huit mois de captivité, Tahar Ben Jelloun a affaire au commandant Ababou et à son homme de main Aqqa (il s'agit en réalité de l'adjudant-chef Harrouch Akka). Ababou et Aqqa préparaient le putsch de Skhirat du 10 juillet 1971 contre le roi Hassan II. Il s'en sortira vivant et exécutera les militaires, dont Ababou. C'est alors que la répression contre les opposants politiques se durcit. Une nouvelle prison voit le jour pour les prisonniers politiques et tous ceux qui gênent le pouvoir royal: Tazmamart.
 
Dans ce livre écrit avec beaucoup d'émotions, Tahar Ben Jelloun apporte son témoignage sur une période du Maroc qu'il ne pourra jamais oublier, comme le poète Abdellatif Laâbi ou d'autres écrivains et intellectuels marocains obligés de s'exiler pour survivre. On se souvient du livre de Gilles Perrault, Notre ami le Roi (Gallimard, 1990). Ce journaliste avait retracé la trajectoire du roi Hassan II et dénoncé la corruption galopante, la cruauté du régime et l'absence totale des droits de l'Homme au Maroc.
 
Depuis, le Maroc a certes bien changé. Mais la pauvreté, l'illettrisme, l'analphabétisme, les inégalités et la corruption font encore de cette nation un pays qui peine à sortir du Tiers-monde.
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Juillet 1966, des mains salent qui arrachent à une mère son fils qui n’a pas vingt ans, c’est l’époque où des jeunes gens disparaissent, où l’on vit dans la peur, où les murs retiennent les phrases prononcées contre le régime et contre le roi Hassan II. Son crime ? Avoir participé à une manifestation étudiante pacifique qui a été réprimée dans le sang. Une convocation militaire, il est tondu comme un mouton et emprisonné dans un camp isolé du monde pour le remettre sur le droit chemin. Ici, il n’existe plus, c’est un numéro de matricule.

Comme dans tous les pays, quand on est jeune on veut lutter contre les injustices, la répression, le manque de liberté. Mais au Maroc la monarchie a donné carte blanche aux militaires et au sinistre général Oufkir, pour rétablir l’ordre par tous les moyens. Un système où tout est sous contrôle.

Tahar Ben Jelloun nous raconte une histoire, son histoire, dix-neuf mois d’emprisonnement dans un camp de redressement pour avoir manifesté. Sous les ordres de soldats analphabètes, il va subir les humiliations, devoir faire des travaux inutiles comme la construction d’un mur, au milieu des champs, dont personne n’a besoin et qui sera ensuite détruit. Heureusement, il y a la poésie, son seul refuge, point de départ de sa carrière de poète et d’écrivain.

Un récit poignant sur un royaume qui dans les années 60 se maintenait uniquement grâce à la terreur. L’auteur raconte simplement, son quotidien, partagé avec ses quatre-vingt-treize camarades fait de vexations et de mauvais traitements. Aujourd’hui, le Maroc est devenu selon les dires de Tahar ben Jelloun, un pays de modernité et il a pu même y présenter son livre.



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Que Ben Jelloun ait attendu cinquante ans pour nous livrer ce récit n'est pas l'un des moindres attraits de son livre. On savait le régime alaouite peu amène (le mot est faible) sur le sort réservés à ses opposants. L'auteur nous en apporte une preuve supplémentaire en décrivant les humiliations subies par une troupe d'étudiants, enrôlés après une manifestation pacifique dans un pseudo service militaire. On imagine le traumatisme, resté bien présent après plusieurs décennies. le style est clair, clinique, les phrases sont composées "à l'os", ce qui ajoute à la force du témoignage. Un document nécessaire, à coup sûr.
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critiques presse (4)
LActualite
06 août 2018
Au-delà de la teneur politique du récit, il est surtout question de la naissance d’un écrivain, d’indignation et de résilience.
Lire la critique sur le site : LActualite
LaPresse
11 avril 2018
Cinquante ans après les faits, Tahar Ben Jelloun raconte dans La punition l'épreuve qu'il a subie dans les années 60 avec 93 autres jeunes Marocains, emprisonnés un an et demi dans une caserne pour avoir participé à une manifestation pacifique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
19 mars 2018
Tahar Ben Jelloun raconte « La Punition » qu'ont été ses dix-neuf mois de détention dans un camp militaire, au temps du sinistre général Oufkir.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
14 février 2018
A la toute fin de La Punition, un récit poignant, Tahar Ben Jelloun confie qu'il lui aura fallu près de cinquante ans pour trouver les mots pour raconter cette histoire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Un autre lieutenant arrive. "Balkoum!" Il nous explique que nous allons participer à des manœuvres. Nous sommes le groupe vert. Il faut battre le groupe rouge. La guerre sera rude. "Préparez vous à de vraies batailles. Cette fois il n'y a pas de balles à blanc, il n'y en avait pas au magasin, alors faites en sorte de les éviter! Ce n'est pas un jeu. C'est du sérieux. C'est comme ça qu'on devient un homme." Ils en savent des choses sur ce qu'est un homme et ce que n'est pas un homme.
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Le 16 juillet 1966 est un de ces matins que ma mère a mis de côté dans un coin de sa mémoire pour, comme elle dit, en rendre compte à son fossoyeur. Un matin sombre avec un ciel blanc et sans pitié.
De ce jour-là, les mots se sont absentés. Seuls restent des regards vides et des yeux qui se baissent. Des mains sales arrachent à une mère un fils qui n’a pas encore vingt ans. Des ordres fusent, des insultes du genre «on va l’éduquer ce fils de pute». Le moteur de la jeep militaire crache une fumée insupportable. Ma mère voit tout en noir et résiste pour ne pas tomber par terre. C’est l’époque où des jeunes gens disparaissent, où l’on vit dans la peur, où l’on parle à voix basse en soupçonnant les murs de retenir les phrases prononcées contre le régime, contre le roi et ses hommes de main – des militaires prêts à tout et des policiers en civil dont la brutalité se cache derrière des formules creuses. Avant de repartir, l’un des deux soldats dit à mon père: «Demain ton rejeton doit se présenter au camp d’El Hajeb, ordre du général. Voici le billet de train, en troisième classe. Il a intérêt à ne pas se débiner.»
La jeep lâche un ultime paquet de fumée et s’en va en faisant crisser ses pneus. Je savais que j’étais sur la liste. Ils étaient passés hier chez Moncef qui m’avait prévenu que nous étions punis. Apparemment quelqu’un l’avait informé, peut-être son père qui avait un cousin à l’État-Major. Sur une vieille carte du Maroc je cherche El Hajeb. Mon père me dit : «C’est à côté de Meknès, c’est un village où il n’y a que des militaires.»
Le lendemain matin, je suis dans le train avec mon frère aîné. Il a tenu à m’accompagner jusque là-bas. Nous n’avons aucune information. Juste une convocation sèche.
Mon crime ? Avoir participé le 23 mars 1965 à une manifestation étudiante pacifique qui a été réprimée dans le sang.
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Je lis la quatrième de couverture: c'est une histoire qui se passe durant une journée à Dublin, le 16 juin 1904. Leopold Bloom et Dedalus se promènent dans la ville... Je me demande quel est le rapport avec L'Odyssée. Je plonge le soir même dans le pavé. Je me sens perdu, en même temps heureux d'avoir un ami, un nouveau compagnon. Je ne comprends pas la finalité du roman, mais je le lis lentement comme s'il avait été écrit pour un amoureux de littérature privé de sa liberté. Quand je repense aujourd'hui à ce livre, je me souviens des émotions de la lecture volée, clandestine, et de la jouissance qu'elle me procure. Je me moquais pas mal de comprendre ou non ce que je lisais.
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Les informations de la semaine qui consistent à rendre compte exclusivement de la vie de la cour royale. Quand dans un reportage il n'y a pas le roi, les images sont en noir et blanc. Dès qu'il s'agit de la famille royale, tout est filmé avec des couleurs vives.
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Mon père a horreur de l’injustice. Toute sa vie il l’a dénoncée, l’a combattue comme il a pu. Il sait que dans ce pays lutter contre les injustices peut très mal se terminer. L’arrestation puis l’emprisonnement de son neveu, qui avait osé dire en public : « La corruption dans ce pays commence par le haut et descend jusqu’au porteur », l’avaient traumatisé. Trois jours après être allé le voir en prison, il reçoit la visite de deux hommes qui le bombardent de questions. À un moment, l’un d’eux lui dit : « Tu as deux enfants, deux garçons, n’est-ce pas ? » Là, mon père comprend instantanément qu’il faut faire profil bas. Il en était malade. Le soir, il eut de la fièvre et s’endormit sans dire un mot.
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Tahar Ben Jelloun vous présente son ouvrage "Les amants de Casablanca" aux éditions Gallimard. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2755520/tahar-ben-jelloun-les-amants-de-casablanca
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