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Isabelle Reinharez (Traducteur)
EAN : 9782869301849
185 pages
Payot et Rivages (01/10/1988)
3.56/5   48 notes
Résumé :

15 000 dollars ! Voilà ce qu'il devait trouver avant la fin de la journée. Sinon, c'en était fait de sa maison de cure. Il restait pourtant une solution au Docteur Murphy : le cas de la chambre n°4.

Pourri de fric, alcoolique et, depuis peu, crétin, grâce à la simple section de quelques fibres nerveuses entre l'encéphale et les lobes frontaux.

Sa famille voulait l'enterrer, ici, loin des feux indiscrets de la rampe , ici, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Avec Les Alcooliques, Thompson ne nous sert pas la cuvée spéciale du patron...

Bienvenue à El Healtho, petit établissement de caractère pour alcooliques notoires.
Aux manettes, Doc Murphy. Entouré de sa fine équipe de doux dingues, qui a cependant de la bouteille, tout devrait concourir à vous faire passer le meilleur séjour qui soit, encore une fois...
Faut dire que les tarifs sont imbattables puisque leur règlement se trouve conditionné par la bonne volonté des clients et en la matière, on peut émettre quelques doutes quant à l'honnêteté de la faune qui transite régulièrement en ces lieux. D'où ce petit souci de trésorerie bien embêtant. Oh trois fois rien, 15000 dollars à trouver fissa! A vot' bon coeur m'sieurs-dames, tickets resto, actions bygmalion, du liquide devrait même faire l'affaire, c'est dire l'urgence de la situation.
Ah si, y aurait bien ce client si énigmatique de la chambre quatre que l'on cache aux yeux de tous. Célèbre, blindé et totalement incapable de lacer ses pompes tout seul, il pourrait être la solution idéale à cette vilaine gueule de bois que Murphy trimballe depuis des mois...

Le verbe de Thompson reste toujours haut mais n'entraine, dans le cas présent, aucune ivresse de lecture, ni addiction d'aucune sorte.
Les personnages loufoques et truculents font le job. Une infirmière gaulée de la mort au zozotement prononcé, une cuisto hystérique, des clients, véritables menteurs pathologiques, qui feraient passer le phobique Thévenoud pour un jeune communiant... Bref,une dizaine de numéros qui interagissent tant bien que mal et à qui l'on s'attache très rapidement. Faut dire que Thompson ne juge pas, préférant relater avec une certaine tendresse plutôt qu'incriminer facilement. A croire que ces établissements n'avaient aucun petit secret pour lui ce qui n'étonnera personne connaissant a minima le parcours chaotique du bonhomme et notamment son alcoolisme chronique.
Un huis-clos sympathique et touchant, mettant le doigt sur un fléau toujours d'actualité, voilà ce à quoi vous convie l'auteur. A noter l'énorme foutage de gueule en 4e de couv' aiguillant le futur lecteur sur des rails qui ne seront empruntés que sur les vingt dernières pages. Je m'excuse mais merde, je m'excuse!

Aussi tendres qu'effrayants, ces Alcooliques, à l'haleine aussi chargée que les nouvelles feuilles d'imposition, n'incitent peut-être pas à la tournée générale mais étanchent suffisamment la soif pour redonner envie de s'abreuver à la source Thompson.

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Rhabille le p'tit, Jim !

Toujours bien décidé à finaliser ma verticale de Jim Thompson, voilà donc Les alcooliques, traduit par Isabelle Reinharez, petit opus resserré de moins de deux cents pages, tout en loufoquerie, sarcasme, et tendresse.

Loufoquerie, parce qu'ils sont bien déjantés, ces patients et soignants de la clinique de cure pour alcooliques du dicteur Murphy. Une bande de bras cassés qui va de la star déprimée au général en retraite rédigeant ses mémoires, encadrés par une infirmière zozoteuse et un aide-soignant souvent dépassé. Tous viennent pour arrêter. Tous ne cessent de boire en loucedé.

Sarcasme car Thompson se lâche dans le traitement sans pitié de ce microcosme à haute tension qui ignore tout du drame du jour : à la limite de la faillite, il ne reste qu'une journée à Murphy pour trouver la somme qui lui évitera le soir même de fermer ce havre de paix – relative – qu'est sa clinique. La tension monte au fil des pages ; Murphy se lâche peu à peu, et la plume de Jim aussi.

Tendresse enfin, car si Thompson place ses malades devant leur pathologie et leur difficulté à l'admettre ou à la combattre, il ne les juge pas et pose sur eux un regard compréhensif, voire confraternel, lui qui passa par les mêmes affres de la bouteille.

Ainsi, sous l'acidité du trait, transparaît l'empathie, et dans quelques digressions, le vécu. « L'état dépressif, chez l'alcoolique, l'écartèle entre des forces contraires. Tout en le poussant à accomplir de hauts faits pour prouver sa valeur, il l'en empêche insidieusement. Il lui souffle à la fois qu'il le faut, et qu'il en est incapable. Qu'il court à l'échec mais qu'il doit réussir ».

Au final, reste un livre barré, construit comme un drame théâtral antique (temps, lieu, action, toussa, toussa…). Les fans trouveront le livre un peu atypique dans l'oeuvre tandis que les néo-lecteurs auront du mal à l'apprécier.

Allez, au suivant. Rhabille le p'tit, Jim !
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Un grand roman !! Même s'il ne fait que 186 pages. Mais les amateurs de polars en sont pour leur argent, c'est certain. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de meurtre, pas de cambriolages, pas d'enquête. non rien de de ce qui fait un polar, un vrai. Un thriller alors ? Bah ! Un peu plus. en effet, jusqu'à la fin, le lecteur est en attente. Que va-t-il se passer ? Comment tout ça va finir ? Un meurtre ? Des comas éthyliques ? Des viols peut-être ? Non plus. Non. Décidément, n'en déplaisent à certains, ce roman n'a rien d'un polar. Il reste toute fois un grand roman noir. Très glauque.

Une maison de santé pour alcooliques... loin d'être repentis. Un lobotomisé, que plus personnage de veut voir, même pas en photo. Une infirmière obsédée, on ne sait pas trop par quoi. Un homme à tout faire un tantinet dangereux à vouloir réellement tout faire. Une cuisinière pleine de ressource. Et un médecin, patron de l'établissement, au bout du rouleau.

Jim Thompson était, parait-il, alcoolique. Et est-ce une cure de désintoxication qui lui a donné l'idée de ce roman ? Voire, comme le laisse entendre le chapitre final, l'a-t-il rédigé à la demande du patron de la maison de repos qui l'accueilli ? Bonne question. En tous cas, si les personnages ont un côté excessif qui en fait de parfaits personnages de film ou de roman, ils sont tous attachants. Et on aimerait savoir ce qui leur arrive après la dernière page. Vont-ils réellement s'en sortir ? Tous ? Même le lobotomisé ?

En bref : Même si ce n'est pas un polar au sens strict du terme, le côté roman noir est bien là et en fait un grand roman. Il ne peut que m'amener à continuer à lire les oeuvres de Jim Thompson, ce grand écrivain que l'alcoolisme a bien failli rejeter dans l'anonymat.
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Drôle de livre, drôle de perspective. Celle d'un médecin à la fois désabusé et pourtant rempli d'une mission. Dans un lieu créé par lui et qui ne ressemble à aucun autre.
Tout comme "les alcooliques" qui s'y trouvent, dont chacun reste éminemment singulier. Et limite incurable.
Car : que soigne-t-on.
Ce cher médecin lutte pour trouver de quoi continuer son oeuvre et son travail, essentiellement financièrement, mais la motivation doit aussi être trouvée, et retrouvée sans cesse.
Le personnel du lieu est tout aussi déjanté que les patients. Tout aussi manipulateur, manipulé et manipulatoire.
Bossant dans un service de postcure alcoolique, il est évident que je connais bien le sujet et que je vois en quoi la création de Jim Thompson consiste. On valse de plus en plus dans de l'asepsie, dans des méthodes de plus en plus réglées, plutôt douces. On n'oserait plus. On n'ose plus. Une telle implication.
L'intérêt aussi tient dans le fait qu'il y a ou que je fais un amalgame entre le personnage principal du dr Murphy et Jim Thompson, écrivain alcoolique notoire et connaissant son sujet pour avoir vécu des expériences d'hospitalisations et de cures. Ecrire pour se soigner. Ecrire pour mettre à distance ou au contraire pour mieux se plonger. Jouer tous les rôles. Pour mieux cerner et comprendre.
L'écriture comporte beaucoup de dialogues enlevés, remplis d'argots et qui sont "écrits comme on parle". Ca donne vigueur et rythme.
Vigueur et rythme, la juste vigueur et le juste rythme, c'est ce à quoi on aspire tous, probablement. Alcooliques compris. Ca ou disparaître de la carte.
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Le Docteur Murphy gère sa maison de cure, comme un président normal gère la crise mondiale, mollement...

Toutefois, le Dr Murphy est un philanthrope, ce qui n'est pas le cas de tout le monde....

Mais si il avait lu "Les pensées de San Antonio" il aurait adoré ce que Fréderic Dard y écrit : " Tout n'est pas cirrhose dans la vie, comme dit l'alcoolique. "

En effet, si il ne trouve pas, au moins, 15 000 $, il fermera la boutique..

Mais, quand la famille "bienveillante" du patient de la chambre 4, lui propose de faire passer à trépas le vieux en lui garantissant la continuité de son activité, il se trouve face à bien des dilemmes..

Comme disait Courteline : " L'alcool tue lentement. On s'en fout. On n'est pas pressés."...oui mais parfois on peut aider le processus, non ?

Jim Thompson, alcoolique reconnu, et hélàs ce qui lui sera fatal, semblerait, selon la petite histoire, s'être inspiré d'une de ses cures de désintox pour poser les bases de ce roman, truffé de personnages hauts en couleur et d'une infirmière à la blouse bien étroite, zozotant et pompant sur la cigarette comme les résidants sur le bourbon....

Thompson aurait apprécié, comme un bon bourbon du Kentucky, la citation de Winston Churchill : « J'ai retiré plus de choses de l'alcool que l'alcool ne m'en a retirées. ».
Il lui laissera, cependant la vie...
Et de beaux romans...

"Les alcooliques" est un peu comme les effluves de l'alcool... on s'égare un peu, on perd le fil de l'histoire, on rit, et une fois dégrisé, une fois le livre fermé on se demande ce qu'on a bien pu y trouver.... mais on est heureux de l'avoir lu...

« Pour savoir qu'un verre était de trop, encore faut-il l'avoir bu. » Courteline



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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
- Je n'ai pas bien saisi son nom, docteur. Mais il bafouillait des trucs comme quoi il était écrivain.
- Bon, nous allons lui purifier le sang, et le renvoyer à son travail au plus vite. C'est ce qu'il leur fait, à ces énergumènes. Quelque chose qui les garde... Attrape-le !
Ils empoignèrent chacun de leur côté la pauvre épave souillée de vomi qui, roulant des yeux de fous, arrivait soudain en titubant dans le couloir. Le type se débattit un instant, puis se laissa aller dans leur bras en sanglotant désespérément.
- Sales mirons, pleurnicha-t-il. Les ordures dix mètres de haut et... et pis... dix-huit queues, et... et...
- Oui ? dit le docteur Murphy.
- ... Et pis des huîtres à la place des yeux.
Le docteur Murphy eut un petit rire fâché.
- Oui, monsieur , déclara-t-il, nous allons le sonner, le remettre à neuf, et le renvoyer au travail. j'ai un boulot tout trouvé pour ce type-là.
- Un boulot ? Je ne...
- M... mirons sanglota l'écrivain. Et puis tous des sopranes lyriques...
Le docteur Murphy le considéra avec tendresse.
- Un dingue de première, conclut-il. Un tapé qui travaille de l'alambic. Exactement le type qu'il me faut pour écrire un livre sur cette maison.
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Si tous ces putains d’alcooliques du monde entier tombaient raides morts demain, je serai aux anges. C’est vrai, bon Dieu ! Il n’y en a pas un que je puisse voir en peinture !
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Aucun d'eux ne pensait à se plaindre auprès du docteur Murphy de la brutalité de l'infirmière Baker. El Healtho était beaucoup plus agréable que toutes les ribambelles des maisons de cure qu'ils avaient déjà fréquentées. Miss Baker, malgré ses soins parfois brutaux, était bien plus agréable que toutes les infirmières des autres établissements. Enfin, mais c'était le plus important, les alcooliques savent se montrer moins difficiles encore que les clochards ; ils semblent jouir d'une tolérance immense et innée à l'égard des défauts d'autrui, qui ne fait d'ailleurs que croître et embellir. Il le faut bien.
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Le docteur Murphy mangeait toujours avec ses patients, ceux, du moins, qui pouvaient venir jusqu’à la salle à manger. C’était une habitude souvent assommante, une épreuve pour les nerfs et une grosse perte de temps. Mais il y voyait une nécessité qui valait cet effort. On pouvait découvrir beaucoup de choses sur l’état d’un malade suivant qu’il avait bon ou mauvais appétit, ou simplement en le regardant manger. Et puis, en prenant ses repas avec eux, il mettait un frein à la suspicion maladive des alcooliques : non, il ne les méprisait pas et n’était pas mieux servi qu’eux.
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Doc les regarda un par un, les soupesa mentalement et les trouva hideux et minables, Il baissa les yeux sur les bouts éraflés de ses chaussures qui contrastait de façon ridicule avec le parquet de chêne ciré. Pas étonnant qu'ils se croient tout permis. Et miss Baker comme eux. Il les accueillait dans un vrai palais ; il les traitait comme des rois - non mieux encore, comme des amis. Pour eux il vivait comme un clodo, alors à qui la faute s'ils le traitaient comme un clodo ?
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Vidéo de Jim Thompson
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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