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EAN : 9782226423924
Albin Michel (29/03/2017)
3.7/5   22 notes
Résumé :
Dans un recoin des archives secrètes de la bibliothèque vaticane, Nick Tosches découvre un codex vieux de deux mille ans qui relate les mémoires d'un aristocrate romain : Gaius Fulvius Falconius. Orateur de talent chargé d'écrire les discours de l'empereur Tibère, il tombe un jour en disgrâce et doit s'exiler en Judée. Il y fait la connaissance d'un jeune vagabond juif sans foi ni loi, obsédé par l'argent et le sexe, qui le fascine littéralement. Lui vient alors une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Nick Toshes prend plaisir à déchirer le sacré : il imagine la découverte d'un manuscrit du Ier siècle qui confirme l'existence de Jésus, mais un Messie auquel il ôte volontiers sa Sainte Couronne. Il en fait un voleur minable qui, sous l'impulsion d'un aristocrate romain en disgrâce, joue les faux prédicateurs en utilisant habilement les prophéties de l'Ancien Testament pour collecter de l'argent le jour et faire la fête la nuit.
L'auteur prend donc beaucoup de liberté avec l'histoire enseignée dans les Évangiles, mais son fantasme me plait bien. D'abord parce que le récit prend la forme d'une confession crépusculaire voire testamentaire du créateur de la supercherie. L'occasion pour l'ancien maître d'art oratoire de se débarrasser de tous les oripeaux et les faux-semblants pour apparaître nu face au lecteur et dévoiler tous les ressorts naturels de la croyance et son exploitation par un binôme habile doté d'une acuité psychologique mordante et d'une clairvoyance intellectuelle.


Ce n'est donc pas une enquête, l'auteur ne cherche pas à traquer la trajectoire du Christ. Ce n'est pas non plus un texte halluciné, l'écrivain balayant d'un revers de la main toute dimension spirituelle. C'est un pur exercice d'écrivain, divertissant, avec l'ambition de montrer le pouvoir des histoires que l'on raconte et que l'on se raconte. Son tranchant subversif jaillit à l'occasion lorsqu'il s'agit de pointer la duplicité de l'être humain, mais ça se lit comme une sucrerie que l'on s'autorise parfois.
La lecture est d'autant plus enthousiasmante que Nick Toshes parvient non seulement à adopter le ton épique romain, langue sophistiquée et triviale, mais à écarter également la narration contemporaine avec sa psychologisation moderne des personnages qui nuirait à « l'authenticité » de la confession. Alors ce choix affecte certainement l'intensité des événements rapportés mais le plaisir se retrouve dans les dialogues où se manifeste le jeu subtil de l'auteur entre provocation lyrique et vérité maquillée.
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L'inventivité des écrivains est sans limite, c'est bien connu mais celle de Nick Tosches est particulièrement inspirée. Disons le tout net l'écrivain américain est un iconoclaste qui porte constamment son écriture aux limites de l'irrévérence. Il se met lui même en scène au coeur de la bibliothèque vaticane. Tandis qu'il consulte des manuscrits dans le cadre d'une recherche qu'il effectue pour un prochain roman, il découvre un codex qui semble avoir été ignoré jusque là. Ce sont les mémoires d'un vieil homme, un aristocrate romain, Gaius Fulvius Falconius.
“sub Tibério”, sous Tibère, sont les premiers mots qui apparaissent sur une zone usée du parchemin qui date du premier siècle. le texte prouve avec certitude l'existence de Jésus de Nazareth.
C'est précisément sur ce point que Tosches donne toute sa mesure, alors même qu'il disparait du récit pour laisser la place au manuscrit lui même dans une extraordinaire mise en abyme. Ce que dévoile le récit de Falconius n'est rien d'autre qu'une incroyable mise en scène qui va déboucher sur un incroyable malentendu historique et religieux. Gaius Fulvius Falconius était ce qu'on appellerait aujourd'hui le chef de cabinet de Tibère. C'est lui qui écrit ses discours et à ce titre il est au coeur de la vie politique romaine mais quand il tombe en disgrâce - ce qui est soit dit en passant une antienne de la vie politique romaine - il doit rapidement s'exiler en Judée. C'est là qu'il rencontre un jeune vagabond juif, parfait obsédé sexuel à la langue bien pendue. Il se nomme Jésus, son goût de l'argent et son absence de moralité en fond un personnage assez nauséabond mais fortement charismatique. Falconius décide alors de glisser le petit malin dans les habits du Messie tant attendu par les juifs et l'opération réussi bien au-delà de ses espérances.
Avec Nick Tosches le religieux en prend pour son grade et la morale ressemble plus à un instrument de pouvoir qu'un ensemble de principes pour vivre en société. L'érudition de l'écrivain est impressionnante mais c'est surtout son sens de la dérision et sa capacité à jouer avec les clichés de la religion chrétienne qui laissent pantois. On s'amuse beaucoup et on referme ce roman avec enthousiasme, trois cent cinquante pages qui filent si vite qu'on aurait aimé en avoir le double à lire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)

Lien : http://www.culture-chronique..
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Cette uchronie fantaisiste n'est certainement pas destinée aux grenouilles de bénitier ou aux orthodoxes. Sous Tibère propose une brillante et cynique version de l'apparition sur le territoire d'Israël d'un homme simple prénommé Jésus et de sa fulgurante montée en tant que Messie venu sauver l'humanité. On connaît tous cette histoire... Nick Tosches démonte un à un les boulons du christianisme et démontre qu'avec un peu de manipulation et de perversité intellectuelle, le premier venu éloquent peut créer sa propre religion et entraîner avec lui des gens assez crédules pour s'oublier eux-mêmes. Et je n'ai pu m'empêcher d'y voir un lien avec le sérieux essai d'Emmanuel Carrère, le royaume, même si Sous Tibère ne se situe absolument pas dans le même registre. Bref, une lecture que j'ai grandement appréciée.
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Et si ?

Et si Jésus n'avait été qu'une espèce de petit bandit minable manipulé qui se serait retrouvé pris à son propre jeu ?

Rigolo, avec des longueurs et quelques bonnes tranches impies de grasseries blasphématoires.
Lien : http://noid.ch/sous-tibere/
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Nick Tosches est un romancier américain de premier ordre, dont j'avais adoré la biographie romancée de Dean Martin ("Dino", Rivages/noir, 2003) ; c'est avec beaucoup d'entrain que je me suis précipité en librairie le mois dernier pour découvrir son nouveau bouquin : une bio décapante d'un imposteur sous le règne de Tibère, qui n'est autre que Jésus ! J'ai trouvé ça courageux, dans la mesure ou la liberté d'expression se réduit comme peau de chagrin, chaque jour davantage. Je suis plongé corps et âme dans cette lecture revigorante, dont je ferai une analyse plus poussée quand j'aurai terminé la lecture de ce foisonnant roman, à la fois historique, parodique, et d'anticipation ! Qui ouvre grand sur un imaginaire chauffé à blanc. Un régal.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Nul besoin de perdre son temps à apprendre l'histoire politique de notre monde. C'est toujours la même chose qui se répète sans cesse. D'autres noms, d'autres visages, mais toujours la même broderie, où seuls varient les détails superflus. Il suffit d' apprendre une brève période, et de la bien connaître, pour comprendre l'éternité. Car éternelle est la nature de la tromperie, de la cupidité et de la faim bestiale de pouvoir qui, sous des dehors plus raffinés, constitue l'essence et la somme de la politique.
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Là où l'on trouve du malheur, il y aura de l'espoir et là où l'on trouve de l'espoir, il y aura du malheur. Les forts ont leur paradis dans cette vie. Et, malgré toute sa cupidité, toute sa corruption, toute sa vilenie, son injustice et sa bassesse, ce monde est tout ce que nous connaîtrons jamais du paradis.
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Les hommes se plaignent lorsqu'ils sont démunis. Les hommes se plaignent lorsqu'ils sont riches. Telle est la définition de l'homme. C'est une créature qui se plaint. Un être fini habité d'une infinité de doléances.
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Mais il n'est pas non plus dans la nature de toutes choses d'être comprises. Par les brises éternelles, peut-être, mais pas par nous; pas par nous qui naissons et mourons et dont la somme des envies, des désirs, des inspirations, des voyages, des soupirs et de l'or se réduit au parfum du romarin brûlé.
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Votre Dieu est un professeur, un porte-parole mercenaire à la solde des intérêts personnels d'hommes apeurés qui l'ont créé de façon à pouvoir se cacher derrière lui. Ses inventeurs ont été oubliés, mais pas lui, et l'imaginé est devenu plus grand que ceux qui l'ont imaginé.
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François Guérif nous parle de l'arrivée de Nick Tosches au sein de la collection noir.
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