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EAN : 9782847243345
220 pages
Jacob-Duvernet (13/01/2011)
3.86/5   7 notes
Résumé :
“Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l’a capté à son profit”

J’ai 42 ans, je suis fils d’ouvrier passé au moule de l’ENA, je suis ni de droite ni de gauche. Et je me pose cette question : que s’est-il passé pour que nous régressions à ce point collectivement ? Où est passée la France dont je rêvais enfant ? Aujourd’hui, elle ne se ressemble plus. Elle me met au bord de... >Voir plus
Que lire après Jusqu'ici, tout va bien ! 'Enarque, membre du Medef, président de l'Apec, je jette l'éponge !'Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un bijou écrit par un belge, ex-haut fonctionnaire et énarque!

Mais qui est Eric Verhaeghe?
Né en 1968, à Liège, en Belgique, fils d'ouvrier, arrivé à Paris en 1986 seulement, une maîtrise de philosophie et un DEA d'histoire obtenus à l'université Paris-I, il va réussir à intégrer l'ENA en 1999 et dirigé l'APEC en 2008. Quel parcours atypique !

« Comme beaucoup d'énarques, je ne suis ni de droite ni de gauche, mais avant tout du côté de l'intérêt général. Il me semble qu'aujourd'hui celui-ci court un si grand danger que prendre la parole pour le défendre est devenu un devoir. »

Voilà les premières lignes de ce ovni littéraire dissertant sur le fonctionnement de la France d'en haut. Cet ouvrage vous ouvre les portes d'un monde difficile à atteindre normalement et à appréhender pour le quidam moyen.
Un livre que j'ai acheté dès sa parution, et très difficile à trouver à l'époque...

Il est rare de trouver un ouvrage aussi bien écrit lorsqu'il s'agit des domaines économiques et politiques. Je vous incite à lire les courts extraits postés pour vous faire une idée. J'ai lu cet essai d'une seule traite. Néanmoins, les différents chapitres étant relativement indépendants les uns des autres, vous pouvez éclipser un sujet si il vous parait trop ardu, sur les produits financiers notamment.

L'auteur aborde beaucoup de sujets tabous sur la politique, les syndicats, les liens entre hauts fonctionnaires et entreprises privées. La démocratie et la république sont bien sûr au coeur du livre et la critique du pouvoir absolu de nos élites est sans concession. Beaucoup d'anecdotes sont distillées et développées tout au long du livre.

Je l'ai prêté dans mon entourage et celui-ci a été plébiscité à l'unanimité.
Un ouvrage à lire et relire que je conseille très, très, fortement.

Enfin, après ce réel coup de coeur, pour cet essai magnifique, j'ai lu son deuxième ouvrage "Faut-il quitter la France" que j'ai malheureusement beaucoup moins apprécié, tant sur le contenu que dans la forme.
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Jusqu'ici tout va bien ! est une analyse politique étonnante. Elle l'est parce que, en premier lieu, j'ai pioché ce titre dans une liste de préparation à un concours interne de l'Etat (et ce n'était pas l'ENA). Surprenant de promouvoir un essai qui critique notre gouvernance. Ce livre est également étonnant car il soulève des questionnements, mais il ne fait que ça malheureusement.

Son objectif est de dénoncer la mainmise sur les affaires politico-financières par ceux que l'auteur nomme l'aristocratie républicaine. Mais là, rien de nouveau. La France, pays de paradoxe, a abattu les privilèges aristocratiques lors de la Révolution pour que le Français, avec son naturel vaniteux, en invente de nouveaux ultérieurement.

Alors, oui, une élite, une caste, nous gouverne. Elles/Ils sont tous « filles et fils de ». Qu'ils soient de droite ou de gauche, ils se remplacent ou se placent au gré des alternances gouvernementales. Cette consanguinité intellectuelle ne peut amener à un renouvellement des paradigmes et apporter des idées nouvelles qui puissent adapter le pays aux évolutions actuelles. Alors, pour se rassurer, sachons que ce phénomène n'est pas que français et nous le retrouvons dans nombre de pays occidentaux.

L'unique intérêt de l'ouvrage de Verhaeghe est de souligner les contradictions françaises sur l'impôt, l'emploi, la finance, l'éducation et l'insécurité. Ce sont des thèmes récurrents des campagnes électorales nationales.

J'ai senti chez l'auteur, non pas un dégout, mais une révolte qui m'a fait penser à des prémices des manifestions des gilets jaunes qui viendront ensuite. le livre date de 2011. L'auteur annonce le ras-le-bol des Français qui, pris entre deux eaux, n'appartiennent ni vraiment à la France d'en bas, ni à celle du haut, qui se lèvent tôt ou qui traversent la rue pour trouver un emploi, qui ne supportent plus les décisions gouvernementales et législatives, françaises et européennes, et qui va se retrouver sur des ronds-points, avant que le mouvement ne soit récupéré politiquement.

En dehors de ces éléments, j'avoue avoir perdu parfois le fil des démonstrations économiques. En dehors de son intérêt d'annoncer le mouvement gilets jaunes, cet essai n'apporte pas d'idées novatrices. C'est uniquement un coup de gueule.
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Sortie en 2011, cette critique du capitalisme financiarisé me semble intéressante ; mais j'ai des réserves. Par exemple au chapitre Dette publique et mondialisation, l'auteur montre que la progression du chômage n'est pas liée à la mondialisation – il ne m'a pas convaincue sur ce sujet.
Mon regret réside surtout dans l'écriture. J'aurais aimé plus de rigueur, autrement dit de la suite dans les idées et plus de structure. Exemple : le chapitre L'Etat comme instrument de domination aurait gagné s'il avait été structuré avec des sous-titres. L'essayiste évoque au fil des pages les impôts, l'éducation, le poids du Sénat, les partis comme point de départ de la carrière politique, l'affaire du Crédit Lyonnais (1993), la connivence entre élite financière et acteurs de l'Etat. Verhaeghe aurait dû rester plus cohérent dans son argumentation, ne pas perdre le fil conducteur, élaguer, renvoyer en bas de page pour les détails …. tout cela pour que je vois rapidement où il veut en venir. Mais je demande trop, il a fait l'ENA.
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Je dois avouer que ce livre m'a totalement captivée pendant plusieurs heures. J'ai approché quelques mécanismes de l'économie qu'on dit mondialisée et les répercussions sur notre quotidien, notre vie, nos difficultés, les répercussions sur les choix politiques de nos "dirigeants" qu'ils soient élus du peuple ou chefs de grandes entreprises. Si vous êtes (en quelque sorte) révolté par le discours qu'on nous offre quotidiennement par le biais des média, si vous êtes inquiet par la marchandisation galopante qui envahit notre environnement, il est alors important d'écouter d'autres discours, d'autres analyses, d'autres propositions. Il nous parle de la façon très organisée que les élites ont instaurée pour que le pouvoir et l'argent restent en leurs mains sans que nous n'y trouvions rien à redire (ou presque). Certes, ce livre ne fera pas de moi une connaisseuse de la chose économique (car mes lacunes sont immenses) mais il a répondu à certaines de mes interrogations.: subprimes, entreprises "too big to fail", etc... Eric Verhaeghe offre en conclusion de son livre des pistes qui méritent d'être entendues.
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Ce qui rend ce livre tout à fait remarquable, c'est son auteur.
Ancien président de l'APEC, ex-membre du MEDEF, ce monsieur ne peut pas être soupçonné d'accointance avec Mélenchon ou d'autres politiques de ce bord. Pourtant, sur le fond, ce qu'il nous décrit de l'intérieur, par le détail et des exemples, est une confirmation que le système financier est bien, hélas, celui que l'on connait.
Qui veut comprendre les raisons du déficit abyssal de la France, qui veut comprendre dans quelles poches sont allées les milliards d'euros d'allégement de charges patronales qui n'ont jamais créé d'emploi, qui veut comprendre pourquoi on connaît de telles réductions d'impôts pour les plus riches dans ce pays, et tant d'autres choses encore, n'a qu'à lire ce livre.
On peut être méfiant, si on est droite, envers la rhétorique d'une certaine gauche, ça se comprend, mais on ne peut pas non plus rester ignorant toute sa vie sous ce seul prétexte. Ce livre devrait être lu en priorité par tous les gens qui sont manipulés et qui ont été convaincus qu'ils avaient vécu au dessus de leur moyen depuis 35 ans et que maintenant ils allaient le payer.
Rien de mieux qu'un (ex)représentant du MEDEF pour ouvrir les yeux, n'est-ce pas ?
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l’a capté à son profit. Le discours favorable à l’économie de marché a surtout servi à nous subordonner à ces aristocrates, pour qui les citoyens ne sont que des contribuables, des assujettis à l’impôt, comme on dit en finances publiques, ce qui ressemble fort aux sujets de l’Ancien Régime.

Cela ne signifie nullement que l’économie de marché est inexorablement vouée à se transformer en système aristocratique. Mieux réglementée, mieux organisée, elle garantirait une prospérité raisonnable à tous.

En revanche, les évolutions connues et choisies dans le monde industriel durant les trois dernières décennies sont allées dans un autre sens. Elles ont assis le pouvoir d’une élite financière sur l’ensemble de nos systèmes démocratiques, de telle sorte que cette élite s’enrichit massivement en phase de croissance positive, et fait rembourser ses pertes aux citoyens assujettis en phase de récession.
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Il m’a semblé important de tendre la main à ceux qui, aujourd’hui, n’osent pas forcément avouer leur dissidence avec un système dominé par une chape de plomb idéologique: que ceux-là comprennent que leur parcours fut le mien. Jour après jour, nous engrangeons tous des constats, des réflexions, qui nous conduisent à penser que quelque chose ne tourne pas rond dans nos régimes. Avoir le courage de l’avouer, puis de le dire, ne coule pas de source. Cette étape nous condamne souvent à endosser le regard réprobateur de l’opinion.

Je le redis, ce courage-là est important, à mon sens, pour l’avenir de notre système républicain.
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P146: "La cupidité est devenue une règle générale au sein de nos sociétés, et les valeurs collectives sortent ruinées de cette évolution. L'appât du gain justifie toutes les transgressions, surtout quand l'exemple des pires truanderies est donné par l'élite elle-même." "L'ordre qui se construit autour de ces vices est de moins en moins accepté, de plus en plus contesté, en partie parce qu'il renforce des rentes de situation dans les couches supérieures de la société, et qu'il réduit les perspectives d'amélioration des conditions de vie par le travail.
L'inflation législative est une réponse à ce malaise dans la société. L'État légifère pour maintenir un semblant de cohésion et d'ordre dans une société de plus en plus contestée, dont les rapports se judiciarisent chaque jour un peu plus."

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Je connais peu de Français qui se retrouvent dans le fonctionnement actuel de notre société. Chacun perçoit, même obscurément, que la république de notre enfance n’est plus faite pour tous, qu’elle obéit moins que jamais à des objectifs d’intérêt général. Son sens s’est perdu pour servir d’autres intérêts que ceux du peuple.

C’est précisément contre les risques d’une perception obscure de tout cela qu’il m’a paru indispensable d’écrire ce livre. De toutes parts, même dans des milieux aisés traditionnellement attachés à notre ordre social, j’entends se murmurer un fond de «Tous pourris!» qui est extrêmement dangereux pour la démocratie. Il existe aujourd’hui une montée de l’antiparlementarisme et une désaffection pour la république telle qu’elle est devenue.
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P143: Média et consentement du peuple
"Le fait que l'aristocratie investisse massivement dans la presse est une preuve forte que sa stratégie repose sur le consentement. Tous les grands quotidiens français sont aujourd'hui la propriété de membres de cette élite, qui ont besoin de ces organes légitimes pour diffuser leurs opinions et travailler jour après jour les esprits afin de les convaincre de la fatalité de l'ordre qu'ils imposent à tous. Que l'économie de marché est rationnelle, que la mondialisation oblige à réduire les coûts du travail, que le bouclier fiscal se justifie par des raisons scientifiques, toutes ces vérités sont assénées explicitement ou non, répétées inlassablement par des médias aux ordres de propriétaires qui ont intérêt à l'érection de ces opinions en vérités indépassables. Par cette propagation idéologique extrêmement organisée, l'homme de la rue est ainsi encadré pour ne décoder son environnement social autrement que par le prisme des intérêts aristocratiques."
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