Un ouvrage qui dépasse nettement le cadre des passions qui font l'objet du titre.
Y sont également convoqués pour passage au crible des hormones et autres synapses: le désir, le plaisir, l'amour!
Simple juxtaposition? Evidemment non! Ainsi JD Vincent avance par exemple que "peut être n'y a t-il pas très loin du désir à ce que d'autres appellent l'amour" ( tout en précisant plus loin " . Ou via
Bossuet: " ôtez l'amour, il n' y a plus de passion, reposez l'amour, vous les faites toutes naître."
Mais sans surprise l'essentiel est consacré à la "chimie" comme en témoignent plusieurs sou titres:
- la chimie des passions
- la chimie du plaisir....
Avec cet extrait comme illustration: "il suffit de l'injection dans une région déterminée de l'encéphale, d'une infinitésimale quantité d'un certain peptide pour déclencher chez l'animal la séquence complète de son comportement amoureux depuis les travaux d'approche jusqu'à la consommation de l'acte".
Revenons aux passions:réduites un moment au rôle de simple rappel à la norme, de rétablissement d'un équilibre antérieur, selon les principes de l'homéostasie, elles voient leur rôle étendu plus loin en celui d'un régisseur des rapports de l'être avec le monde, ayant pour dénominateur commun le désir et le couple plaisir / aversion. Elles assurent la gestion de la vie et la survie de l'espèce".
Les parallèles avec les expériences sur les animaux sont nombreuses... et peu flatteuses pour l'ego humain... qui voit sa spécificité réduite à quelques exceptions dans l'explication de nos comportements.
L'intérêt de ce livre réside aussi dans la forme du questionnement et de sa discussion, de propositions qui viennent se compléter même si elles peuvent parfois si ce n'est se contredire, du moins mitiger le principe que l'on croyait établi quelques lignes avant.
Enfin l'auteur,
Jean Didier Vincent prend du recul et ne cherche pas à nous proposer une thèse expliquant les passions par la neurobiologie. Certes il montre des proximités étonnantes.. et qui suscitent la réflexion, mais à maintes reprises il montre aussi les limites voire les erreurs et contresens que provoqueraient des explications exclusivement neurobiologiques. Et souvent avec humour, ce qui rend la lecture ... plus facile!