Première incursion chez
W.R. Burnett et il y en aura d'autres !
Celui que
Bertrand Tavernier qualifie de « meilleur écrivain américain » dans sa postface de
Mi Amigo – traduit par
Fabienne Duvigneau – a un sacré talent de conteur et de portraitiste, dans une épure d'emphase et de mots qui font tout le charme de ce roman western qu'on aurait bien vu augmenté de 200 pages.
Comme le laisse entendre son titre évocateur,
Mi Amigo est une histoire d'amitié, une histoire d'hommes. Celle qui lie John Desportes, le Sergent, sous-officier auréolé de gloire désormais affecté à la garnison de Mesa Encantada, à Jamie Wiggan dit Bud, un gamin sorti de nulle part qui débarque dans sa vie. Et celle qui lie John à Natty, vieux compagnon d'armes qui regarde avec méfiance cette nouvelle relation.
Car si dans ce territoire du Nouveau Mexique qui fut autrefois le coeur des grandes guerres indiennes, l'heure est à la pacification, à la colonisation et à la conquête des richesses, c'est aussi celle de la chasse aux bandes locales qui volent le bétail des barons locaux pour faire porter le chapeau aux indiens et raviver la guerre. Et Jamie/Bud ne semble pas complètement étranger à ces exactions meurtrières…
Dans une intrigue simple mais parfaitement tenue,
Mi Amigo explore les contours de ce qui fait l'amitié, la vraie : le temps, la séparation et les retrouvailles, la confiance, la trahison, la compréhension mutuelle, et cette forme d'amour entre hommes qui ne dit pas son nom.
L'ambiance western est d'un classicisme qui te replonge direct dans les westerns de la Dernière séance et la galerie de personnages, avec mention spéciale pour le Commandant et sa femme, est tout simplement fabuleuse. Un grand et simple plaisir de lecture donc, qui va me conduire sans attendre vers d'autres Burnett.