The Breaker /
Lame de Fond
Alors qu'ils se promènent sur le bateau de leurs parents, deux adolescents (14/15 ans pour l'aîné et 10/12 ans pour le cadet) croient tout à coup apercevoir, étendue sur un rocher, au loin, prenant le soleil mais alors là de manière intégrale , une baigneuse des plus charmantes. L'aîné s'empare immédiatement des jumelles et commence à se comporter comme un petit mâle se comporte toujours en ce genre de circonstances, lorsque l'héroïne de son fantasme est une femme faite. Un peu dépité peut-être mais jugeant surtout l'attitude de son frère complètement idiote (sic), le cadet parle de le dénoncer à Papa et Maman, surtout que, en principe, il n'avait pas le droit d'emporter les jumelles - des Zweiss, je crois.
Au début, occupé à repousser les assauts de son jeune frère tout en tentant de ne rien perdre du spectacle, l'aîné ne se rend pas compte que, à bien y regarder, cette adepte du bronzage intégrale est curieusement immobile, comme figée, raidie. Et puis, pour bronzer, il y a des postures plus agréables. Et puis, elle devrait au moins avoir une serviette sous elle ... d'autant que, en fait, elle n'est pas sur un simple rocher mais bel et bien sur une plage de galets, lieu qui ne constitue vraiment pas le summum du confortable.
Finalement, complètement paniqués, les deux ados virent de bord en quatrième vitesse et rejoignent la côte dans l'espoir de trouver de l'aide. Ils ont compris : au-dessus de la plage de galets, le soleil caresse un corps mort.
Tel est le point de départ d'une intrigue qui essaie de compenser sa nature de coquille vide (enfin, à mon sens) par des relations complexes, et parfois trop, entre les personnages. Ainsi, la morte, Kate, ne s'était mariée avec William que pour avoir un statut supérieur à celui qu'elle avait connu dans son enfance, une maison à elle, un enfant à elle et, si possible, une belle-mère à elle, soit, mais bien loin de la maison - William vivait avec sa mère depuis des lustres. Narcissique au dernier degré, on ne peut admirer chez elle que des photos la représentant, toute seule ou avec sa fille, la petite Hannah, qu'elle avait réussi à convaincre que son père était une sorte de Barbe-Bleue. On ne lui connaissait pas d'amant. Jolie et agréable, elle flirtait sans plus et pour cause : une vraie liaison, voilà qui aurait risqué de faire s'effondrer le si beau château de cartes qu'elle avait mis tant de temps à bâtir. Oh ! certes, elle avait eu des expériences avant son mariage mais c'était avant. Donc, rien à lui reprocher. Désormais, il n'y en avait plus que pour elle, Kate, Hannah et William - après tout, c'était lui qui rapportait l'argent au foyer. Et Belle-Maman pouvait aller se faire voir avec ses inénarrables sermons sur ce qui se fait et ce qui ne se fait pas !
Le mystère de la présence solitaire de Kate sur la plage de galets finit tout de même par s'expliquer en partie par le taux de Rohypnol qu'on découvre dans son sang. Mais cette drogue, où et comment l'a-t-elle ingérée ? Et si le tueur a utilisé le Rohypnol, c'est qu'il n'avait pas l'intention d'aller jusqu'au meurtre.
C'est chaud, la chaleur crève toutes les pages, il y a du soleil partout, une romance entre une éleveuse de chevaux qui a eu le tort d'épouser un escroc (fort heureusement, elle a divorcé depuis ) et l'un des héros-flics, de beaux paysages, des dialogues qu'on a connus plus affûtés chez Walters, un peu longuet, si longuet même que ça peut inciter les impatients à aller immédiatement à la dernière page à moins qu'ils ne se soient endormis avant. Ajoutez à cela une ou deux scènes de bagarres et une fin sans imagination.
C'est à peu près tout.
Mon avis personnel est de ne réserver "
Lame de Fond" qu'aux inconditionnels de l'auteur américaine. Sinon, voyez "
Cuisine Sanglante " - et soyez vigilants à chaque détail - "
Lumière noire", "
Chambre Froide" ... En fait, à mes yeux, Walters est un auteur très inégal. Avec elle, on ne sait jamais si l'on va tirer le bon numéro mais, parfois, la chose a son charme. :o)