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Jean-Patrick Manchette (Traducteur)
EAN : 9782743602475
622 pages
Payot et Rivages (01/09/1997)
3.93/5   87 notes
Résumé :
Voler six millions de dollars sous forme de grains de café, qui dit mieux ? c'est ce que se proposent de faire Lew Brady et Frank Lanigan. ils vont monter le hold-up du siècle : s'attaquer à un train de marchandises transportant une récolte de café. Nous sommes en Afrique Orientale, en 1977. Idi Amin Dada règne sur l'Ouganda et nombreux sont ceux qui voudraient le voir tomber...

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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis le prologue, on apprend que le café ougandais fait l'objet de contrebande. Et lorsque Baron Chase, un  Canadien naturalisé ougandais, et bras droit d'Idi Amin, évoque la possibilité de détourner un train entier de café, il le fait, au Kenya, à Balim, un Asiate, mis à la porte d'Ouganda.
« Je vais vous parler franchement, monsieur Balim, dit Chase avec l'air convaincu d'un homme qui parle rarement en toute franchise : Idi Amin est au bout du rouleau. »
Les plantations de café en Ouganda appartenaient aux « Asiates », qui les avaient volées aux blancs, en fuite en 1962, et volées par Idi Amin en 1972, lorsqu'il a chassé tous les Asiatiques de son pays. Il s'agit alors d'exporter, en fraude, ce train qui représente six millions de dollars de kawa au Brésil, touché, en 1977, par une récolte désastreuse, ce qui provoque la hausse des courts.
Ou comment blanchir du café.
S'ensuit une épopée parfois inutile, parfois intrigante, parfois harcelante, mettant en scène des mercenaires Blancs, les nouveaux voleurs, des Ougandais, ravis de se venger du dictateur sanguinaire, et, justement, cet Idi Amin, militaire dont un des passe-temps favori est de torturer.
Parmi ses victimes principales : le chrétiens, dont l'archevêque anglican Janani Luwum, personnellement assassiné par Idi Amin en février 1977.
Cinq cent mille personnes, quand même, de torturés.
Le soutien à Idi Amin est mis en place par les Britanniques et Israël en 1971, pour lutter contre un penchant vers le marxisme de son prédécesseur Milton Obote, et pour les Israéliens, une aide secrète à la rébellion soudanaise, ce qui mobiliserait des milliers de soldats égyptiens, empêchant qu'ils aillent soutenir les Palestiniens. Finalement, le jackpot est remporté par la Libye : « Kadhafi, marxiste musulman, expliqua à Amin que les Israéliens étaient en fait des juifs, et que les Britanniques étaient des capitalistes également détestables par conséquent. »

Trahisons, espionnage, coups tordus, et pourtant, dit Westlake, nécessité absolue de négocier avec les humains tels qu'ils sont et non tels qu'on rêverait qu'ils soient.
Entre les différents organismes : La Commission du café d'Ouganda, et L'institut brésilien du café,
l'ICB, l'office international du café, basé à Londres, supervise impartialement le commerce international du café et les accords entre pays. Ce n'est pas le café lui-même leur préoccupation, mais, en général, le marché des matières premières entre les grandes places financières du monde.
Lorsque le train chargé de café « disparait » réellement, Amin remarque avec une justesse qui honore son intelligence « un train ne peut pas disparaitre » et pense bien évidemment à une sorcellerie quelconque.
Eh bien, si, même si Amin hurle : «  je veux mon café ! je veux mon traiiiiiiin ! en pensant tout de même à qui il va couper la tête, y a plus le train.
Ce roman un peu trop western, me fait penser à un cake dont les raisins seraient délicieux, certes, mais perdus dans la masse, la digestion fut longue, et a nécessité plus de café que d'ordinaire.
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Sers-nous donc un Kahawa, Donald!
Ce polar est l'un de ses meilleurs romans, qui allie intrigue, géopolitique et humour, une histoire de casse sortie tout droit de son imagination débordante et traduite par Manchette, qui se déroule en Afrique mais sans John Dortmunder .

En 1977, un conseiller canadien du dictateur Amin Dada et des commerçants asiatiques basés au Kenya qui ont été spoliés et chassés d'Ouganda, s'apprêtent à détourner un train rempli de café d'une valeur de 36 millions de dollars qui appartient au Président à vie.
Pour mener à bien ce vol plus audacieux et périlleux que l'attaque du train postal Glasgow-Londres, les instigateurs font appel à deux barbouzes américains, Lanigan et Brady, ainsi qu'à une pilote, Ellen.

Mais vouloir voler Amin Dada c'est comme aller chercher un os dans la gueule d'un fauve. Personnage tellement incroyable qu'on l'imagine créé de toute pièce par Westlake, il vampirise le roman, fascine le lecteur à chacune de ses apparitions, tel un ogre doté d'une intuition hors du commun qui terrorise son entourage. Ryszard Kapuściński, dans Ébène, ou Giles Foden dans le Dernier Roi d'Écosse, l'avaient déjà mis en scène mais sous la plume de Westlake l'homme atteint une dimension inégalée.

Kahawa est un polar complexe qui met en scène un vol improbable, ambiance attaque de diligence en terrain hostile, l'Ouganda d'Amin Dada. Westlake mêle très habilement à son intrigue des références précises à des évènements réels, comme les liens qu'entretenait le dictateur avec les pays occidentaux, la sanglante répression politique symbolisée par l'archevêque anglican Janani Luwum, incarcéré et assassiné, l'expulsions en 72 de 60 000 Asiatiques, majoritairement Indo-Pakistanais, qui plombera le tissu économique du pays, ou l'Opération Entebbe qui eut lieu l'année précédente….
Bref, chez Westlake comme chez Elmore Leonard ou Tim Dorsey on apprend en se marrant... Et on réalise aussi combien de petits grains de café peuvent peser lourd pour une nation et provoquer la richesse ou le déclin de celui ou ceux qui les détiennent.
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Impossible d'imaginer un été sans effectuer mon pèlerinage dans les pages d'un bon vieux roman de Donald Westlake.
S'inviter dans une de ses histoires, c'est comme ouvrir les volets d'une maison de famille le premier jour des vacances. J'aère mon esprit renfermé.
Cette année, j'ai délaissé les cambriolages ratés de John Dortmunder et de ses acolytes, équipe de malfrats maffrés, pour un roman d'aventure exotique qui se déroule en 1977 en Afrique Orientale.
Deux mercenaires sont engagés pour organiser le vol d'un train Ougandais transportant pour six millions de dollars de grains de café.
600 pages, ce n'est pas un expresso, mais une telle opération réclame une longue torréfaction.
76 chapitres, mais nul besoin de voluptés d'arabica pour se tenir éveillé tant le scénario est palpitant.
Comme toujours chez l'auteur, le plan ne va pas se dérouler sans accroc. Donald Westlake est l'expert des impondérables.
Ses héros ne volent pas n'importe qui puisqu'il s'agit d'Idi Amin Dada, qui hélas n'est pas un personnage de fiction, dictateur sanguinaire de l'Ouganda entre 1971 et 1979.
Les deux baroudeurs vont se frotter à des beautés à fort tempérament, s'associer à des exilés revanchards et à des hommes d'affaires opportunistes. Ils vont surtout se confronter à la réalité de l'Afrique, son système tribal, son climat hostile et à l'apparente desinvolture de sa population. Une sorte de fatalisme à laquelle peut succeder à tout moment une sauvagerie impitoyable. Dans ces régions, la torture tuait plus que n'importe quelle maladie tropicale.
Si Donald Westlake excelle toujours autant dans sa capacité à créer des personnages originaux et à surprendre ses lecteurs dans des péripéties au dénouement imprevisible, je trouve qu'il décrit aussi de façon très réaliste la corruption et la violence de cette dictature africaine. Il illustre également avec pertinence les positions ambigües, pour ne pas dire la mansuétude, des pays occidentaux et des organisations internationales envers ce régime.
Bouffon sanguinaire qui causa la mort de près de 300000 personnes durant son règne, Idi Amin Dada est un personnage à part entière du roman qui dépeint sa cruauté mais aussi sa ruse et sa mégalomanie. Il obligea des hommes d'affaires occidentaux à le trimballer sur une chaise à porteurs et dans le roman, il conserve les têtes de ses ennemis décapités dans une chambre froide...
Mais l'ambition de l'auteur n'était pas de donner un cours de géopolitique. Donald Westlake était un grand romancier et il nous offre un récit d'aventures haletant. le vol du train et le transport du café rappelent les meilleurs westerns.
En bonus, je dois avouer que j'ai découvert l'origine africaine du mot Kahawa devenu Kawa dans l'argot des bistrots parisiens.
Un café noir, serré, très sucré. What else?
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Roman d'aventures qui détonne un peu dans la bibliographie de Donald Westlake, car dépourvu (ou presque) d'humour, Kahawa m'a fait penser dans son style à l'alter ego de l'auteur, Richard Stark.
On y suit une petite galerie d'hommes et de femmes qui préparent le détournement lucratif d'un train transportant du café en Ouganda. Ça commence comme une mauvaise blague, mais c'est un bon livre, promis.
L'écriture de Westlake est quand même le gage de passer un bon moment, et je n'ai pas été ennuyé outre mesure pendant ma lecture.
Petit bémol sur les personnages, que je n'ai pas trouvé suffisamment développés pour m'attacher à eux. de plus, pour un roman avec un résumé si accrocheur, ça parle beaucoup et l'action est un peu délaissée.
Et pourtant, j'ai fini ce roman sur une bonne impression. Cela est dû à la peinture réaliste que l'auteur fait du régime de Idi Amin Dada. Dictateur sanguinaire dont, à mon avis, le caractère a très bien été restitué par Donald Westlake. On voit bien qu'il ne fait pas bon vivre en Ouganda à cette période, si on est opposant au régime ou simple gêneur dans les magouilles impliquant à la fois les pouvoirs locaux et les multinationales occidentales.
En bref, une bonne petite lecture qui m'a fait reprendre le contact avec Westlake.
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L'auteur connaît bien l'Afrique et les Africains. Il nous en apprend beaucoup sur la culture, l'histoire et la géographie des peuples se situant en Ouganda et au Kenya à travers un roman d'aventures rondement mené où action, suspense, personnages hauts en couleurs côtoient humour et écriture d'un très bon niveau. je l'ai lu à la plage en plusieurs fois sur plusieurs semaines et la trame et les héros sont si prenants que je me souvenais très bien de tout ce que j'avais déjà lu en le reprenant à chaque fois, même longtemps après. Cela me semble être un signe de qualité.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Voilà pourquoi le Kenya est demeuré un pays stable, dit Balim du siège arrière ; tandis que tant d’autres nations africaines indépendantes ont sombré dans la banqueroute et la corruption. Kenyatta est de la tribu kikuyu. Quand l’indépendance est arrivée, les Kikuyu ont cru qu’ils allaient s’installer dans ces maisons, mais ça n’a pas eu lieu. Les Blancs sont toujours là ; les Indiens sont toujours là ; les Noirs talentueux sont toujours là. C’est pourquoi le commerce international peut se poursuivre à Nairobi, et le Kenya demeure solvable.
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Amin avait été mis au pouvoir en 1971 avec l'aide des Britanniques et des Israéliens, et ni les uns, ni les autres n'imaginaient quel genre de monstre ils engendraient. Tout ce que savaient les Britanniques, c'est que le prédécesseur d'Amin, Milton Obote, semblait pencher trop à gauche; vers le marxisme plutôt que vers le travaillisme radical. Et tout ce dont les Israéliens se souciaient, c'était la rébellion qui se déroulait alors dans le sud du Soudan, c'est-à-dire dans le pays qui s'étend entre l'Egypte et l'Ouganda. Avec un allié au pouvoir en Ouganda, Israël pourrait fournir une aide secrète à la rébellion soudanaise, ce qui mobiliserait des milliers de soldats égyptiens, empêchant qu'ils soient utilisés contre Israël.
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Idi Amin portait un uniforme camouflé, trop petit de plusieurs tailles, dont les méandres verts et bruns se tendaient sur son gros torse et ses cuisses épaisses, de sorte qu'au premier regard il avait l'air d'une photographie aérienne de paysage rural, marqué par des poches de veste gonflées juste au-dessus de sa taille épaisse. Les rangées de décoration sur sa poitrine, si nombreuses qu'elles se recouvraient comme des revues sur une table basse, auraient pu être la principale ville de la région.
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Elle se concentra, l'air studieux:
- Le "Times" est lu par les gens qui gouvernent le pays, dit-elle. L'"Observer" par les gens qui croient qu'ils gouvernent le pays. Le "Guardian" par ceux qui pensent qu'ils devraient le gouverner. L'"Express" par ceux qui pensent que le pays devrait être gouverné comme autrefois. Le "Telegraph" par ceux qui croient qu'il l'est encore. Et le "Sun" par ceux qui se fichent de savoir qui gouverne, pourvu qu'elle ait de gros nichons.
Page 144
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Le grand talent de Sir Denis Lambsmith ne consistait pas à trouver des solutions brillantes à des problèmes épineux, mais à trouver une façon brillante de décrire la solution imparfaite et malcommode qui était la moins mauvaise de plusieurs mauvaises solutions. 
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