Françoise Xenakis fait le bonheur des Babeliotes qui se lancent dans le Challenge ABC de l'année... Pas évident de trouver un auteur en X...
J'avais bien aimé ma première lecture de l'auteure, alos j'ai récidivé (par paresse... je l'avoue). Quelle déception.
Le thème... Madame a fait un mariage heureux, un homme que les femmes n'intéressaient pas mais qui cherchait la respectabilité offerte par un couple d'apparence normale. Veuve, Madame s'est retrouvée à la tête d'un empire hôtellier et les demons du passé sont revenus la hanter. Ce passé, ce sont les traditions, les coutumes de son pays natal.
C'est par là que commence d'ailleurs le roman... La demande en mariage très visuelle, où le galant coupe la natte de sa promise lors d'une danse où se mélange violence et érotisme. Désir et pouvoir. Alors, la jeune fille part se cacher, quel déshonneur que de paraître cheveux courts... (on tondrait pour moins que cela...)
Les familles doivent alors se rapprocher, car le geste signifie aussi que l'union est consommée. Sauf que pour Ada, le mariage est impossible, car un différend oppose les deux familles. Il n'y a qu'une solution. La mort de l'imprudent et l'ostracisme pour la jeune fille. Ada pensera toute sa vie que son enfant est mort-né. Elle s'en va de chez elle, non sans avoir jeté un sort, car dans ces régions, on croit aux sortilèges.
Les hasards de la vie, qui font "bien" les choses, vont faire se rencontrer Ada et Mina, sa petite fille... de la rencontre ne naîtra rien de bon. Les sortilèges ont la peau dure.
Qu'en penser... l'idée est excellente. Cela me parle, franchement. Ces générations, cette constellation familiale, ces destins semblables vécus par des personnes qui ne se connaissent que par la rumeur et les non-dits familiaux, ces tragédies de femmes, prisonnières de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas... Cela m'a rappelé l'histoire véridique d'une femme en Grèce, instruite mais internée en hôpital psychiatrique par ses frères qui, au retour de la seconde guerre mondiale, voulaient la marier contre son gré à un camarade de la résistance...
Françoise Xenakis montre que dans les Balkans ou à Paris, au bas de l'échelle ou tout en haut, une femme reste prisonnière. Prisonnière des autres ou d'elle-même.
La langue est malheureusement trop épurée, trop lisse. Et sur 250 pages, Mina n'arrive que vers la page 140... c'est trop tard. le portrait de Madame prendr trop de place. le lecteur (grâce au talent d'écriture de
Françoise Xenakis) a très vite cerné la psychologie de Madame. L'auteure devrait passer à la suite du récit plus vite. Cela reste donc fort superficiel. Même s'il y a des images choc, des propos très forts, c'est trop rare et trop fugace pour vraiment marquer le lecteur d'une empreinte indélébile. Cela m'a rappelé les romans de Sofie
Oksanen par certains aspects.
Même au niveau de la structure du récit, de la construction et de la succession des chapitres, c'es très daté. En 2017, on déconstruirait, on alternerait les destins des générations de femmes, de manière telle que ces histoires seraient réellement vécues par le lecteur, et non simplement racontées de manière indirecte.