J'avais envie d'une gourmandise, aussi j'ai repris avec plaisir une petite viennoiserie.
Des nouvelles de monsieur Zweig : un délice toujours renouvelé.
Quatre nouvelles composent ce livret. Elles ont en commun le désir et la passion. Vous savez comment monsieur Zweig sait si bien en parler. Et bien ici, il ne déroge pas à la règle.
La première,
Brûlant secret, a pour héros un jeune garçon d'une douzaine d'années, partagé entre le désir d'être déjà un adulte et celui d'être encore un enfant. Des pages magnifiques dans lesquelles l'enfant gonflé de l'importance que lui donnent les paroles d'un adulte, se rend compte qu'elles ne lui servent d'alibi que pour approcher sa mère. Une fausse amitié, une trahison qui lui ouvrira les yeux sur le monde des hommes, sur la vie et sur l'amour maternel. Et ce final sur l'amour maternel, un vrai bonheur de lecture qui a enflammé mon coeur de lectrice !
« Ce n'est que plus tard, beaucoup d'années plus tard, qu'il reconnut dans ces larmes muettes la promesse de la femme vieillissante de n'appartenir désormais qu'à son enfant, le renoncement à l'aventure, l'adieu à tous ses désirs égoïstes. Il ne savait pas qu'elle lui était aussi reconnaissante de l'avoir sauvée d'une aventure stérile et que dans ces baisers elle lui laissait en héritage, pour sa vie future, le fardeau à la fois amer et doux de l'amour. L'enfant ne comprenait pas cela, mais il sentait tout l'enivrement de cet amour qui déjà le mettait en rapport avec le grand secret de l'univers. »
La seconde,
Conte crépusculaire, est une histoire d'amour. le premier amour vécu par un jeune homme d'une quinzaine d'années, mais qu'il ne comprit pas, croyant aimer et être aimé de sa cousine Margot alors que c'est la soeur de celle-ci , son autre cousine Elisabeth, qui l'aimait. Une histoire d'amour perdu qui le laissa à jamais dans une profonde mélancolie.
La nuit fantastique, troisième nouvelle de ce livret, permet à notre héros de découvrir la vie, la vraie, celle des autres. Jusqu'au moment où il « vole » un ticket au champ de courses, où l'a mené sa vie d'oisiveté de fils de « bonne société », il vivait sans passion, sans intérêt pour aucune chose ni aucun amour. Sa vie passait, lisse, sans but et sans attrait. Il menait alors une vie contemplative. Mais ce geste, cette folie, va le mener vers d'autres lieux, d'autres gens, d'autres pensées et lui révéler un monde inconnu mais ô combien vivant.
« Ainsi donc, en moi aussi, dans cet atome palpitant d'univers que j'étais, brûlait encore ce germe volcanique de toute existence terrestre qui parfois s'épanouit sous la pression tourbillonnante du désir. Moi aussi, je vivais, j'étais vivant, j'étais un être humain, avec des envies mauvaises et pleines d'ardeur. »
Et ici, il faut marquer un arrêt car moi qui n'ai jamais assisté aux courses hippiques, j'étais aux premières loges tant notre auteur sait rendre l'atmosphère de ce lieu bruyante, vibrante, enivrante et trépidante. Des pages brillantes !
Enfin pour terminer,
Stefan Zweig, invite le lecteur à découvrir un conte drolatique «
les deux jumelles. »
Une petite histoire (drolatique ?) mettant en scène deux jumelles d'une beauté inégalée et d'un orgueil incommensurable qui au lieu de s'accorder, s'opposent. L'une épouse le vice et l'autre la vertu. Mais, au fil du temps, une certaine connivence leur viendra…
Il est facile de se laisser emporté(e) par l'écriture de
Stefan Zweig, c'est toujours brillant, d'une grande érudition, finement ciselé. Les personnages sont toujours très finement et méticuleusement travaillés, les sentiments scrutés à la loupe, l'âme décortiquée. de la belle ouvrage !