Parmi les 16 psychopathes sélectionnés par
Jean-Luc Hees, 3 ont déjà fait l'objet de plusieurs de mes billets sur Babelio, à savoir le sinistre Oncle Picsou, Vladimir Poutine, le raté "showman"
Donald Trump et le "criminel de guerre bien élevé" Bachar el-
Assad de Syrie. Aussi bien que j'ai décidé de ne pas leur faire l'honneur d'un nouveau commentaire. En post-scriptum, veuillez trouvez les références de mes billets sur ces 3 présidents humanistes, pacifistes et éclairés.
Parmi les 13 restants, il y a Sa Majesté Rama X, roi de Thaïlande ; le cruel Ramzan Kadyrov, pote de Poutine de Tchétchénie ; le despote Noursoultan Nazarbaïev de Kazakhstan ; son voisin et tyran turkmène Gurbanguly Berdimuhamedow ; le "Père de la Nation" de ce pauvre Turkménistan, Saparmyrat Nyýazow ; juste à côté, en Ouzbékistan, l'homme qui se considère le nouveau Tamerlan, Islam Karimov ; l'inamovible dictateur de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, qui a proscrit l'oeuvre littéraire de la Nobel
Svetlana Alexievitch dans son royaume ; le grand agronome José Eduardo dos Santos d'Angola ; le génocidaire Omar el-Béchir du Soudan ; le "Dirty Harry" des Philippines, Rodrigo Duterte ; le khalife auto-proclamé Abou Bakr al-Baghdadi de Daech ; Nicolás Maduro du Venezuela et pour finir en beauté le séduisant Kim Jong-un de la Corée du Nord.
Sûrement une galerie de rêve, hélas, ces gentlemen sont un peu nombreux pour le cadre d'une critique sur Babelio, qui risque d'être trop longue. C'est dommage, mais j'en suis réduit à opérer un choix, qui comme toute sélection est par définition malheureusement arbitraire.
Parmi ces honorables "élus", pas une seule femme, tous des bonshommes ! Pas vraiment surprenant, en fait, mais il reste donc du travail sur la planche des féministes modernes.
Jean-Luc Hees, né à Évreux en 1951, est président du groupe
Radio France, ancien envoyé aux États-Unis et l'auteur de "
La saga de la Maison-Blanche" (2006), "
Le roman de Mai 68" (2008), "
Hillary Clinton. Une certaine idée de l'Amérique" (2016) et tout récemment "
Trump Fiction", paru le 3 octobre dernier.
Je vais me limiter ici à 3 seigneurs : Kadyrov de Tchétchénie, Kim Jong-un et le roi de Thaïlande.
N'étant pas psychiatre, j'étais un peu étonné de trouver parmi les psychopathes de service le roi Rama X. Que l'actuel souverain de l'ancien Siam a un grain ne fait pas de doutes, à n'en juger que par sa garde-robe très personnelle, en particulier sa prédilection, à 66 ans, pour des "crop tops" (brassières), qui, à mon humble avis, le rendent plutôt ridicule qu'autre chose. Qu'il fait jeter en taule les malheureux Thaïlandais qui osent passer des photos et clips de son auguste personne ainsi déguisée sur Facebook, Instagram et co, est déjà plus inquiétant. Sa vie familiale est un tantinet compliquée et difficile à saisir entre épouses, concubines et filles de passage (dans le sens très large du terme : hôtesses de l'air, soubrettes d'hôtel, nénettes de night-club...) mais au moins l'occupation du trône est assurée avec ses nombreux rejetons, dont 5 princes officiels. Qu'il ait escamoté 420 millions d'euros à son État, les Thaïlandais de bonne volonté comprendront que son train de vie exige de sérieux investissements ne fût-ce que pour l'image de marque de son pays à l'étranger. Qu'il ait nommé son caniche Foo Foo, maréchal de l'armée de l'air, et qu'à sa mort, Rama ait proclamé 4 jours de funérailles nationales, prouve tout bêtement qu'il a bon coeur et adore les animaux.
Comparé à son père, Bhumibol (1927-2016), qui comme Rama IX a régné pendant 66 ans, il y a, bien entendu quelques différences de style !
Ramzan Kadyrov, né en 1976 et depuis 11 ans seigneur et maître de la Tchétchénie éprouvée, est avant tout une grosse brute, qui ne brille pas par son intelligence. Ses potes : le grand acteur dramatique belge américain
Jean-Claude van Damme, le boxeur intellectuel
Mike Tyson et le franco-russe (depuis 2013)
Gérard Depardieu. Avec ce dernier, le Rambo de Grozny a même exécuté quelques pas de danse fort remarqué il y a 6 ans. L'idole de ce rustre ? Poutine, qui le subventionne, quoiqu'il estime que son protégé en fait un peu trop dans la violence. Exactement ce que l'éminente journaliste
Anna Politkovskaïa avait prédit : "Le Kremlin a élevé un petit dragon et doit maintenant le nourrir régulièrement pour qu'il ne crache pas de feu". Extrait de son "
Douloureuse Russie : Journal d'une femme en colère". La pauvre a été exécutée, il y a déjà 12 ans. Tout comme la journaliste Natalia Estemirova, 3 ans plus tard, après avoir reçu des menaces de Kadyrov. Après sa mort le génie du Caucase a déclaré qu'elle ne racontait que des bêtises ! La Tchétchénie compte environ 1,4 million d'habitants et grâce à leur barbe-bleue de président cela fait pratiquement le même nombre qui vit dans la peur, s'ils ne se sont pas résolus à l'exil. Sur le territoire de l'UE, ce truand est frappé d'un interdit d'accès.
Kim Jong-il, le dernier de la seule dynastie communiste de l'histoire depuis 70 ans, est surtout célèbre pour sa coiffure et son arsenal nucléaire. Contrairement à l'auteur, je ne crois pas qu'il soit psychopathe, au contraire, comme il sort gagnant des confrontations avec le
Donald Trump qui ne le réalisé même pas, il me paraît relativement intelligent. Que ses 20 millions de Nord-Coréens mènent une vie que je ne leur envie nullement, est évidemment carrément honteux. Mais la misère de son peuple et sa fâcheuse tendance à éliminer ceux qui le gênent, ne relèvent, à mon avis, pas de la psychopathologie, mais de choix délibérés pour continuer l'existence de cette glorieuse dynastie des Kim, qui ont réduit leur pays à ce qui ressemble à "un gigantesque hôpital psychiatrique" (page 249). Et ce n'est pas fini, puisqu'il n'a que 34 ou 36 ans (personne ne semble savoir au juste), et sa douce moitié, la camarade Ri Sol-ju, ex-chanteuse, lui a déjà donné 3 descendants !
Ce que
Jean-Luc Hees avance n'est peut-être pas entièrement "waterproof "du point de vue historique , mais il le fait avec tant d'ironie et d'humour - en dépit de la dimension dramatique du sujet - que la lecture en devient fort agréable. Je n'ai pas pu résister à la tentation d'en rajouter quelques remarques de mon cru, qui vont dans le même sens.
Si jamais
Jean-Luc Hees actualise son ouvrage, il ne faudrait surtout pas qu'il oublie d'y ajouter le dauphin royal d'Arabie saoudite, l'honorable prince Mohammad ben Salmane (MBS pour les amis), l'homme fort à 33 ans de ce pays médiéval et ami du beau-fils de Trump, le mercantile Jared
Kushner, grand spécialiste lui d'Israël et du monde arabe, comme nous avons pu le constater ! En même pas un an, ce génial MBS a réussi à intensifier la guerre au Yémen, proclamer un blocus du Qatar et rompre les relations diplomatiques avec le Canada.
Mais il est, bien entendu, totalement ignorant du triste sort réservé récemment à l'opposant Jamal Khashoggi. Que Khashoggi fut torturé en son amb
assade à Istanbul par ses sbires envoyés spécialement en Turquie en jet privé pour une visite éclaire et munis d'une scie pour couper le corps du journaliste en petits morceaux, comment cet auguste prince aurait-il pu le savoir ?
Heureusement que le scandale a été tel que de nombreux pays, à l'instar de l'Allemagne, ont décidé d'arrêter leurs livraisons d'armes à ce royaume pourri. Si MBS continue à multiplier les gaffes, peut-être que bientôt son sang royal coulera, d'autant plus que la décapitation y est toujours pratiquée et que la famille royale est très nombreuse, avec ... une kyrielle de princes ambitieux.
PS : Billets sur Poutine, Trump et
Assad :
-
Karen Dawisha, "
Putin's Kleptocracy" (01-03-2018),
-
Nadine Marie-Schwartzenberg, "
La Russie du crime" (06-04-2018),
- Édouard Moradpour, "Les dix plaies de la Russie" (02-09-2018),
-
Anton Shekhovtsov, "Tango Noir : Russia and the Western Far Right" (08-05-2018),
- Brandy X. Lee et autres, "Le cas dangereux de
Donald Trump" (02-01-2018),
-
Craig Unger, "House of Trump, House of Putin" (16-09-2018),
- Garence le Caisne, "Opération César" (09-05-2017),
-
Régis le Sommier, "
Assad" (14-03-2018).