Contes philosophiques du monde entier

Encore un an de plus, je prends la route, vers l'Ouest, à la recherche de l'Eldorado. Mais de radeau, plus besoin, le Colorado est à sec.
Et Cormac l'a quittée aussi, la route, désabusé par tant de prémonition.

Double six, c'est le gros lot, de quoi étaler mes états d'âme, et RIC.
Le citoyen prend l'initiative, il se réfère en dôme, et reste à la maison, introspection garantie, aujourd'hui je voyage dans ma tête, grâce à ce cadeau d'anniv, une compil internationale et intemporelle, la sagesse à l'état pur, racontée par l'absurde, avec la dérision à chaque page, qui donne envie de continuer l'aventure en vie, avec la suite du cercle des menteurs, ces petits bouts de philo lus juste après l'épreuve du bac, que le scénariste Jean-Claude a ordonné par thèmes - connaissance, vérité, folie, richesse intérieure - au point d'en faire carrière.

« Le bonheur est-il affaire de raison ? », il suffit de lire ces contes pour s'en convaincre, ou pas.
Aujourd'hui, je prends le parti d'en rire, en vous saupoudrant quelques vérités tirées de la tradition orale, sur le chemin de la sagesse.
Réalité ou fiction ? Peu importe, ce sont des histoires, rendues éternelles par l'écriture, qui permet de rendre le monde tel qu'il est, tendre et cruel.

Bonne lecture !

« Un astrophysicien rencontre un Papou.
- Notre grand rêve, c'est de trouver la vie sur la planète Mars.
- Pourquoi ? Votre vie est donc un échec ?

Un fermier américain fort prospère vient en France rendre visite à un lointain cousin, paysan lui aussi, mais beaucoup plus modeste.
- Moi, dit l'Américain, quand je quitte ma ferme en voiture le matin, le soir je ne suis pas encore sorti de mon ranch.
- Je vois, lui répond le cousin, moi aussi j'ai eu autrefois une voiture comme ça.

Un homme se tenait depuis un bon moment devant un miroir. Il gardait les yeux fermés.
- Qu'est-ce que tu fais immobile devant ce miroir ? Lui demanda sa femme. Pourquoi tiens-tu tes yeux fermés ?
- Je veux voir à quoi je ressemble lorsque je dors.

Dans un certain pays vivaient un homme très riche et un homme très pauvre. Ils avaient chacun un fils. L'homme très riche monta avec son fils sur le sommet d'une colline, lui montra d'un geste le paysage tout autour d'eux et dit :
- Regarde. Un jour, tout cela sera à toi.
L'homme très pauvre monta avec son fils au sommet de la même colline, lui montra le paysage tout autour et lui dit simplement :
- Regarde.

Un prince qui chassait tira un sanglier et le rata. Un des serviteurs dit alors :
- Bravo !
- Pourquoi dis-tu bravo ? Demanda le prince, étonné.
- Ce n'est pas à toi que je parlais, mais au sanglier.

Un homme très pauvre allait mourir. Sa femme courut chercher un médecin. Celui-ci examina le malade qui haletait sur un grabat, à la seule lueur d'une maigre bougie. Aucun espoir de vivre ne lui restait. Il le comprit en voyant le visage du médecin, qui parlait à voix basse à sa femme. Alors il se tourna vers la bougie et dit :
- Inutile de gaspiller ça…
Il souffla la bougie. Ce fut son dernier souffle.

Un novice demandait à un maître :
- Comment un être humain peut-il savoir qu'il a atteint la sagesse suprême ?
- Quand il cesse de se poser cette question. »

Il y en a de bien plus longues, suivant le temps dont on dispose.
A lire dans le cabinet de curiosités, à l'abri des regards indiscrets, en attendant la chute, plouf, ou pschitt.

Quant à moi, je reprends la route, sur le chemin de la … , espace et temps confondus.

Cet ouvrage porte le titre de « Contes philosophiques du monde entier », mais il n'est autre que le second tome de « le cercle des menteurs ». J'ai toujours adoré les contes, merveilleux (passionnément), horrifiques (pas vraiment), philosophiques (particulièrement) peu importe. Ce sont comme une multitude de petits bonbons que le lecteur déguste avec plaisir. Je les ai découvert un à un et apprécié plus ou moins. Parfois courts comme une anecdote ou une blague Carambar, parfois un peu plus long, c'est une vraie immersion dans l'art de conter des histoires.

Ce recueil est une quête de plusieurs années, faite par l'auteur. Jean-Claude Carrière fut pendant cette période à l'aguet de la moindre histoire, du moindre conte qu'il entendait ou lisait, ayant une place dans cet inventaire de contes du monde entier. C'est un livre que le lecteur peut feuilleter, lire et reposer à son gré, sans contrainte et certain de lire une bonne histoire.

Les contes sont organisés selon des thématiques aux titres comme des devises ou des dictons : « le monde est ce qu'il est », « le monde n'est pas ce qu'il est » , « Si tout n'est peut-être que songe, alors qui est le dormeur ? » , ou encore « Un bon maître peut être utile (ou inutile) », et aussi « L'intelligence est une arme précieuse car elle s'arrête au mystère » , etc.

Parmi ces courtes historiettes et ces petites anecdotes, le lecteur aura le plaisir de retrouver - ou de découvrir s'il ne le connaît pas encore - Nasreddin Hodja. Ce personnage de «raci-rusé» comme le surnomme si bien l'auteur, est souvent le centre de petits contes avec une pointe sarcastique. Les chutes sont toujours appréciables et souvent piquantes.
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