Comment peut-on faire tenir cent beaux
poèmes dans un aussi petit livre ? C'est le pari réussi par les éditions First pour ce petit ouvrage que l'on peut facilement transporter partout où l'on veut et le faufiler dans une petite poche, un mini sac, dans la main, pour picorer un poème par-ci par-là.
C'est un recueil de 100
poèmes dont certains sont très connus, ils ont pour thématique principale un animal que j'adore, le matou doudou tout doux.
Hasard, destin ou coïncidence ? Les choses s'alignent et se rejoignent, se rencontrent aujourd'hui mon amour des chats, de la poésie en général et de mon poète favori en particulier.
Celui-là même qui écrivit beaucoup de vers emplis de profondeur sur ces félins aussi doux que piquants et dont voici un extrait :
« Dans ma cervelle se promène
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,
…
Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde, »
...
Charles,
Baudelaire –
Les Fleurs du mal (1857)
Les
poèmes de
Baudelaire ont en général toujours raisonné en moi, comme ce doux ronronnement du chat dans ce poème qui fait vibrer le poète et qui
me réjouit aussi en tant que lectrice par ses douces et subtiles métaphores. J'entends, comme
Baudelaire le suggère si finement, cette musique tendre et apaisante tout en
me remémorant les rourous réels de mon chat qui me plongent souvent comme le poète dans un état quasi extatique empli d'émotions aussi vives, que tendres et variées.
Tous les poètes dont les
poèmes sont regroupés dans cette anthologie écrivent à merveille sur ces tendres compagnons et font ressurgir nos sensations, nos sentiments, nos émotions, notre amour porté à ces adorables bêtes que l'on regrette quand ils nous quittent comme le souligne
Du Bellay dans -l'Epitaphe d'un chat- cité par
Jean-joseph Julaud qui a assemblé les
oeuvres sur ces petits félins.
On passe donc comme pour les poètes par toutes les gammes de sensations et d'émotions, qu'ils savent si bien retranscrire, du bonheur à l'état pur au chagrin le plus vif en passant par des sensations de douceur et un plaisir immense.
Voici un autre poème qui montre avec quelle simplicité mais avec un esprit subtil le poète donne sa vision personnelle des yeux du chat que l'on aime tant :
« le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta. »
Voilà pourquoi, le soir,
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil. »
Maurice Carême, le chat et le soleil -(1970)
C'est à la fois beau, accessible, merveilleusement imagé et émouvant. On voit ici comme la poésie transforme le chat, élément du réel en un joyau. On adhère, les sens s'éveillent et on n'a qu'une hâte, terminer et prendre le petit matou dans nos bras pour le câliner, le sentir vibrer et l'embrasser.
D'autres poètes, comme
Charles Cros, par exemple, vantent leur air mutin, évoquant leur délicieux petit nez rose. Un des éléments de la figure du chat, très prisé, et sur laquelle se meurent nos langoureux baisers.
Leur dos qui s'arrondit, leur douce fourrure, bien sûr sont vantés par bon nombre de poètes du recueil nous rappelant ainsi que ces animaux sont élevés à l'égal des dieux et déesses. Dans nos civilisations, ils sont vénérés comme ce fut le cas pour L'Égypte ancienne.
On trouvera alors normal que la beauté et les atours du chat produisent tant d'émotions chez de nombreux poètes et lecteurs, si l'on fait abstraction de leur cruauté bien connue à l'égard des oiseaux. le regard acéré et sensible du poète ne manque pas de relever tous ces éléments et les soumet à notre approbation. Nous, lecteurs ne sommes pas dupes de certains agissements gratuits et cruels de ces séduisants félins, ils seront dénoncés par
La Fontaine dans ces fables qui tout en les personnifiant nous enjoint à la prudence.
Ainsi, ce beau recueil qui mérite d'être lu et relu est un enchantement pour ceux qui aiment les chats mais aussi la poétique de ces félins. Il se lit bien car les
poèmes sont bien choisis et très beaux, ils sont évocateurs, on a accès aux visions enchanteresses charmeuses et variées de nombreux des poètes qui les ont célébrés, aimés, craints par superstition, les ont regrettés. Ils ont aussi utilisés leur dénomination "Chat" pour nous faire rire avec des expressions teintées d'humour, comme pour
Robert Desnos pour qui "Chat m'amuse", le poète joue ainsi avec les mots et la rime pour créer un poème amusant.
La Fontaine, lui, a agencé ses écrits sous forme de fables agréables avec rime, à travers celles-ci, il nous fait voyager aux pays des chats en concurrence avec les rats et les souris, la morale nous apprend finalement qu'il se méfier de ce prédateur né.
On peut revenir à ce recueil aux nombreux
poèmes sur ces félins fascinants, tantôt attendrissant, émouvant, amusant, effrayant, mais toujours poétiques, aussi souvent que l'on veut, rien ne nous oblige à le lire d'une traite, mieux vaut prendre son temps pour savourer ces douceurs et pénétrer la profondeur des
poèmes.
Pléthore de poètes plus ou moins connus figurent dans le recueil, il y en a pour tous les goûts. Je ne peux pas tous les citer ici.
Le livre très compact n'est pas plus grand qu'une petite main ; ce qui lui donne en tant qu'objet livre beaucoup de charme, je le recommande d'autant plus qu'il est à un prix très abordable.
Certains
poèmes comme ceux de
Maurice Carême conviennent tout à fait à la jeunesse, d'autres plus difficile sont écrits pour les jeunes adultes et adultes chevronnés, le recueil est ainsi universel et adapté à tous les âges.
Il est aussi intéressant car il contextualise les
poèmes en fin d'ouvrage, avec une évocation rapide des poètes .