Quel bonheur de voir une nouvelle publication du dictionnaire amoureux illustré de
Marcel Proust, initialement paru dans la collection éponyme de Plon par deux fins « lettrés », bien connus du public !
Illustré, voilà la grande différence de la première parution, et cette fois par un éditeur habitué à des publications très « soignées », en grand format (22cmx28cm), cartonné, avec une iconographie de grande qualité, judicieusement choisie, en regard de chacun des textes d'une ou deux pages, nous faisant voyager dans l'univers proustien (peintures, photos, manuscrits, caricatures, portraits …) en echo et complémentaires de deux expositions récentes (à la BNF ,et au musée Carnavalet :
Marcel Proust ,un roman parisien).L'univers proustien est là avec une mention spéciale pour les très belles reproductions des portraits de
Jacques-Emile Blanche, et les photos des collections Bridgman ,
Roger Viollet et
Musées Nationaux. Tout cela dans une mise en pages exceptionnelle, rendant la lecture très attractive.
Par rapport à la première édition sans images, Il a fallu faire des choix pour les « entrées » dans le dictionnaire, (une centaine seulement),mais qu'importe d'autant qu'il ne s'agit pas (plus ) vraiment d'un dictionnaire au sens attendu ,en dehors de la présentation alphabétique de fragments amoureux.de l'homme, (beaucoup)de l'oeuvre (un peu ) et de l'époque(un peu plus).C'est en quelque sorte un dictionnaire imaginaire qui nous fait voyager chez
Proust avec comme guides deux écrivains de grande culture ,non sans humour (fiche de police, tomate, pyjama ,trottoir roulant…),non sans pédagogie (dix points communs entre Swann et le Narrateur, le rythme ternaire ,les métaphores, les guillemets ),non sans interroger les contemporains (
Jean Cocteau ,
Reynaldo Hahn …
François Mauriac ,
Paul Morand,
Sainte-Beuve…),et les critiques contradictoires (Camus, CQFD :ceux qui franchement détestent ,comme Céline …) .
Céleste Albaret est là bien sûr…,et
Nicolas Grimaldi qui garde le secret de ses propres notes et auquel hommage est rendu.
On pourrait objecter que cette présentation de l'homme autant que de l'oeuvre est en rupture avec l'auteur de «
Contre sainte Beuve », mais qu'importe, seul compte le plaisir
Reste à savoir à qui s'adresse l'ouvrage, la réponse est à la rubrique : questionnaire page 206 (100 questions). La réponse du proustien amateur (20 sur cent de bonnes réponses) au proustien hors concours (80 sur 100). le bonheur de passer d'une catégorie à une autre. Pour cela je me suis souvent couché un peu tard.