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Pierre Szczeciner (Traducteur)
EAN : 9782266337946
400 pages
Pocket (11/01/2024)
4.13/5   282 notes
Résumé :
Un état des lieux sans concession de l’Amérique des marges.

Ike Randolph est noir. Buddy Lee Jenkins est blanc. En Virginie-Occidentale, cela revient à dire que tout les oppose. Ils ont pourtant été tous les deux pareillement lamentables en dénigrant avec la même violence l’homosexualité de leurs fils, maintenant mariés l’un à l’autre. Alors, quand Isiah et Derek sont assassinés, la douleur a un goût de culpabilité. Qui a tôt fait de se transformer en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
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La colère dont il est question dans ce roman signé S.A. Cosby est celle de deux hommes que tout oppose. le premier, Ike Randolph, est un noir, ancien prisonnier et chef de gang, qui est malgré tout parvenu à plus ou moins se remettre dans le droit chemin en créant sa propre société de jardinage. le second, Buddy Lee Jenkins, est un blanc, raciste, alcoolique, ex-taulard, vivant dans un mobil home pourri dont il n'est même pas le propriétaire.

La colère qui les unit est tout d'abord celle dirigée contre ceux qui ont assassiné leurs fils en pleine rue, de plusieurs balles, dont la dernière à bout portant en pleine tête. Mais c'est également celle dirigée contre eux-mêmes, celle d'avoir renié leurs fils, incapables d'accepter leur homosexualité. Ils n'ont d'ailleurs pas assisté au mariage de leurs fils et ne se sont du coup jamais rencontrés. Ils ne l'auraient d'ailleurs jamais fait, mais s'unissent maintenant dans le malheur, le temps d'une vendetta sanglante !

« La colère » aurait donc pu être une banale histoire de vengeance, sauf que ce road trip parsemé de violence s'avère finalement également être un plaidoyer contre le racisme et contre l'homophobie. Au fil des pages, ce noir et ce blanc foncièrement raciste vont en effet se lier d'une amitié forte, presque émouvante, tout en finissant par devenir des défenseurs de l'homosexualité, eux qui jadis frappaient leurs fils dans l'espoir d'éradiquer cette vilaine « maladie ». Et c'est là que se situe toute la beauté et toute la force de ce roman. Ce trop-plein d'amour, disons post-mortem, qu'ils n'ont pas su donner à leurs fils respectifs de leur vivant et dont ils débordent maintenant qu'il est trop tard, s'avère foncièrement attachant et émouvant.

En situant son récit à Richmond, Virginie, S.A. Cosby dresse le portrait d'une Amérique intolérante, raciste et homophobe, où certains crimes semblent devoir rester impunis… où « Si l'on n'est pas blanc et hétéro, il vaut mieux surveiller ses arrières ». Alors, en voyant la complicité de ces deux brutes qui démolissent certes plusieurs malfrats, mais également cette barrière raciste qui devait les séparer à jamais, l'espoir en l'humanité renaît petit à petit…et quand ces deux homophobes aguerris se transforment progressivement en militant de la cause LGBTQ, certes en partie afin de se racheter de leurs propres erreurs, on se lève et on applaudit ! Bravo et bien vu Monsieur Cosby !

Coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Dans la chapelle,non pas de Harlem, mais de Virginie-Occidentale, Derek est blanc, Isiah est noir, ils se sont dit oui, pleins d'espoir, ils sont venus se marier.
" Alleluia, alleluia, l'amour
Alleluia et qu'ils s'aiment toujours
Car l'amour n'a pas de couleur
Et jamais de frontière dans les coeurs"
Patrick, je suis sûre que tu t'en souviens !
Et ici, comme dans cette vieille chanson de Jeane Manson, les parents ne sont pas venus, parce qu'ils n'ont pas accepté l'homosexualité de leurs fils respectifs. Mais aujourd'hui, ces parents sont réunis pour une autre cérémonie, bien plus triste celle-là : leurs deux garçons ont été assassinés, criblés de balles à la sortie d'un bar et achevés d'une dernière en pleine tête, laissant une orpheline de trois ans. Et ça, on ne peut pas laisser passer, pour Ike et Buddy Lee l'heure de la vengeance a sonné.

Ces deux quinquagénaires ont chacun un lourd passé, ils auraient d'ailleurs pu se croiser au cours d'un de leurs séjours en prison respectifs. Mais Ike Randolph, le père d'Isiah, a réussi à reprendre sa vie en main et est désormais à la tête d'une entreprise de jardinage qui lui assure un train de vie confortable avec sa femme Mya. Pour Buddy Lee Jenkins, le père de Derek, les choses sont un peu plus compliquées, même s'il est blanc dans une société où c'est considéré comme la "bonne" couleur. Il vivote dans sa caravane, séparé de sa femme qui a trouvé un parti plus intéressant et abuse plus qu'un peu de la dive bouteille. C'est cependant lui qui va venir trouver Ike pour lui proposer une association afin de trouver, et surtout châtier, les meurtriers de leurs fils.

S'en suivra une équipée jalonnée de cadavres, avec des scènes dignes d'un Tarantino, ça dégouline, ça mitraille dans tous les coins. D'ailleurs une adaptation en film serait tout à fait envisageable, le roman est très visuel.
Et au milieu de cette expédition punitive, se nichent des scènes curieusement émouvantes quand ces pères qui du vivant de leur fils ont tout fait pour les renier se rendent compte, trop tard, qu'être homosexuel ne rend pas moins digne d'amour. Au début, ce mea culpa de circonstance m'a un peu énervée, j'avoue, je craignais qu'il ne soit qu'un prétexte. Mais l'auteur a su rendre crédible cette prise de conscience de ces deux papas qui au contact l'un de l'autre vont échanger et réaliser que, Noir ou Blanc, leurs à-priori et leurs idées rétrogrades sont bien les mêmes et qu'ils ont gâché bêtement toute chance de réconciliation avec ces fils dont ils avaient toutes les raisons d'être fiers.

L'écriture est belle, même quand les scènes sont violentes ou triviales. On est emporté par des flux d'émotions, parfois colère (souvent même, le titre est très parlant à cet égard !), parfois tendresse , les larmes affleurent même à certains moments. On se prend à rêver d'un monde plus tolérant, ou même les gros durs pourraient se montrer pleins d'attention pour leur femme, où la couleur et l'orientation sexuelle finiraient par devenir une caractéristique aussi banale que la forme du visage ou la pointure. Mais il reste bien du chemin à faire, particulièrement dans le genre de contrée où S.A. Cosby a choisi de situer son histoire...

Je ne suis pas passée loin du coup de coeur, et je vous recommande vivement cette Colère, sauf si vous êtes allergiques aux scènes de violence, elles sont quand même assez nombreuses (c'est d'ailleurs mon bémol, il y en a un chouïa trop à mon goût). C'est du vrai roman noir, sans jeu de mot nul !
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Derek Jenkins et Isiah Randolph, mariés et père d'une petite fille, Arianna, ont été froidement abattus devant un bar à vin du centre-ville de Richmond, une balle dans la tête. Une tragédie pour leurs parents qui, aujourd'hui, regrettent leurs erreurs passées, à savoir de ne pas avoir accepté leur homosexualité et de ne pas avoir pris part à leur mariage. Ike Randolph et Buddy Lee Jenkins, leurs pères, ne se connaissaient pas avant de devoir assister, ensemble, à l'enterrement de leur fils. Tout, ou presque, les sépare. Si ce n'est leur séjour en taule, Ike est noir, costaud et est à la tête d'une petite entreprise de jardinage. Buddy Lee est maigrichon, nouvellement chômeur, un brin porté sur la bouteille et vit dans un mobile home qu'il loue. L'enquête, menée par l'inspecteur LaPlata, n'avance guère. Aussi, Buddy Lee propose-t-il à Ike de jouer au détective. Si, dans un premier temps, celui-ci refuse, il change d'avis dès lors qu'il découvre la sépulture de leurs fils profanée...

Deux pères, que tout semble opposer, en deuil de leurs fils à qui ils n'ont, malheureusement, pas eu le temps de leur signifier leur amour malgré leur différence. Une différence qui les aura éloignés de nombreuses années. Si, aujourd'hui, Ike Randolph et Buddy Lee Jenkins, regrettent amèrement, les venger et trouver ceux qui les ont tués semble être leur seul moyen de se faire pardonner. Mais, en tant qu'ancien taulard, Ike se méfie de lui-même et de la colère qui l'habite, se sachant prêt à tout, c'est-à-dire à tuer s'il le faut, pour venger Isiah. Les deux hommes vont, ainsi, plonger dans la vie de leurs fils et tenter de comprendre les raisons de leur mort si violente. S'il y est question de vengeance, de violence, de coups pris et rendus, de sang, de menaces, de colère, de course-poursuite, il y est aussi question d'amour, de remords et de regrets. le tout harmonieusement dosé. Dans leur quête, Ike et Buddy Lee vont, en effet, se rapprocher, se confier, se raconter leur fils, leur refus de les voir tels qu'ils étaient. Au fil des événements et des retournements de situation, les deux hommes vont immanquablement changer ainsi que leur vision du monde. Ils se dévoilent peu à peu sous nos yeux, n'en devenant que plus touchants, débordant de tendresse et d'amour. Au coeur d'une Amérique raciste et homophobe, S.A. Cosby nous plonge, avec force et passion, tendresse et violence, dans la vengeance de deux pères endeuillés, en quête de rédemption.
Un roman puissant, impitoyable et cinglant, porté par une plume implacable...

À noter que la colère est en cours d'adaptation pour le cinéma.
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Avouons-le Buddy Lee et Ike sont loin de mériter l'oscar du père de l'année, ni celui de citoyen de l'année d'ailleurs. Leur passé est plutôt trouble et parsemé de petits séjours forcés à l'ombre et leur comportement est loin d'être irréprochable. D'ailleurs pas question d'avoir un fils qui vit avec un homme, ça c'est exclu.

Buddy Lee passe son temps à manier l'humour, son arme préférée, pour blesser son fils Dereck, et Ike préfère se réfugier dans le déni et rentrer dans une colère noire si son fils Isiah essaie de lui parler de son homosexualité. Deux imbéciles qui malgré l'amour qu'ils portent à leurs fils respectifs n'arrivent pas à passer outre leurs préjugés et leur image du mâle puissant et viril.

Jusqu'à ce que Dereck et Isiah soient assassinés. C'est une bombe émotionnelle qui explose alors dans le coeur de ces deux pères meurtris par la culpabilité et le vide laissé par cette disparition. L'absurdité de leur comportement leur saute alors aux yeux, mais trop tard le mal est fait… Ce terreau de colère, de remords et de regrets va faire éclore une haine viscérale et un désir de vengeance qu'aucun des deux hommes ne peut contrôler. Quelqu'un doit payer parce qu'une telle colère il faut lui trouver une ennemi, sinon c'est vous qu'elle détruit.

Leur deuil devient dette de sang. C'est violent, les coups pleuvent, les mots vibrent d'une colère à peine contenue qui ne demande qu'à exploser et le carnage n'est jamais loin. Mais il ne s'agit pas pour autant d'une simple histoire de vengeance, ce livre est aussi un plaidoyer pour la différence. Il y a de beaux moments de tendresse et on s'attache vraiment à ces deux imbéciles. Si Buddy Lee et Ike ont de quoi s'auto flageller l'auteur n'oublie pas de rappeler que l'ignorance et la peur de la différence sont souvent à l'origine des discriminations, bien plus que de profondes convictions. La maladresse et la volonté d'être dans la norme font le reste. Une faiblesse que ces deux hommes regrettent.

Finalement sur le chemin de la colère il y a aussi beaucoup d'amour, de tristesse, de remise en question, et à la clef une autre vision du monde pour Ike et Buddy Lee et pourquoi pas une forme de rédemption.
Un roman noir corsé, ou la pitié n'a pas sa place. le tout servi par une plume impeccable et passionnée.
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« Je t'aurais bien fait bouffer tes mains jusqu'à ce que tu chies des doigts ».

En Virginie comme ailleurs, y a des mecs, faut pas les emmerder. Atteints du syndrome de John Rambo (« c'est eux qui ont commencé, pas moi… »), l'atteinte à leur tranquillité, à leurs valeurs ou à leurs familles, déclenche automatiquement une réplique vengeresse dont la proportion est sans commune mesure avec l'offense initiale.

C'est le cas de Buddy Lee et de Ike, deux semi-retraités d'une vie peu glorieuse qui les a fait passer par la case prison avant de se ranger. L'un est quasi-sdf quand l'autre prospère avec sa petite boîte d'espaces verts. L'un est noir quand l'autre est blanc. Mais les deux ont renié leurs fils gays, mariés ensemble et pères d'une petite fille.

Alors quand ces deux fils sont assassinés, la communion des remords et de la peine comme le désir de vengeance suffit à effacer ce qui sépare Ike et Buddy Lee, pour les réunir dans un élan de colère inarrêtable, seul sentiment capable paradoxalement de les apaiser.

Dans La Colère, S. A. Cosby – traduit par Pierre Szczeciner – nous propose un solide roman noir, rythmé et addictif. Une vendetta sanglante et prenante au caractère épique, qui n'est pas sans rappeler le souffle d'un Craig Zahler ou d'un Tarentino. Mais Cosby y ajoute deux ingrédients supplémentaires qui portent le livre à un niveau supérieur de sa seule histoire.

Le remarquable travail sur ses deux personnages majeurs, tout d'abord. À la fois sombres et sans scrupules, leurs faiblesses s'étalent au grand jour, au fur et à mesure qu'ils deviennent capables d'assumer leurs errements et erreurs passés.

Il y a quelque chose de grandguignolesque dans ces papys qui reprennent du service la soixantaine venue, mais cela se transforme rapidement en une empathie et une émotion qui gagnent et saisissent le lecteur au fil des pages.

Et puis derrière tout ça, c'est le portrait d'une Amérique ultra conservatrice que dresse Cosby, celle dont les traditions, l'esprit individualiste et l'instinct de survie conduisent à se réfugier dans la peur de l'autre et le repli, que ce soit pour sa couleur de peau ou sa sexualité. Et même dans sa propre famille…

« Tout ce que j'essaie de dire, c'est qu'on est dans le Sud. Si on n'est pas blanc et hétéro, il vaut mieux surveiller ses arrières ».

Amateurs de romans noirs qui font réfléchir, ne passez pas votre chemin : entrez vite dans La Colère !
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critiques presse (2)
LeDevoir
10 juillet 2023
Une intrigue impitoyable d’un auteur qui fait un tabac autant en France qu’aux États-Unis. Un des musts de l’été.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Actualitte
22 mai 2023
Dans La Colère, la femme de Ike est un personnage courageux, taiseux et responsable. Et Ike ne cesse de pleurer. Le paradigme se renverse. Cosby dessine au scalpel, le portrait d’un homme misogyne, aux joues constamment mouillées, alors que dès l’enfance, les hommes sont élevés pour refouler leurs sentiments.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
Le trajet avait été abominable, avec une chaleur telle qu’il avait l’impression d’avoir voyagé sous l’aisselle d’un orang-outang.
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- Tu réalises à quel point j'ai dû trimer pour m'en sortir « pas mal », comme tu dis. Si le vert des dollars est vraiment la seule couleur qui compte à tes yeux, est-ce que tu serais prêt à changer de place avec moi ?
– Est-ce que je récupère ton pick-up ? Parce que dans ce cas-là, avec plaisir ! s'exclama Buddy Lee avec un petit ricanement.
– Oui, oui, tu récupères le pick-up. Par contre, tu te fais aussi contrôler quatre ou cinq fois par mois, parce qu'il y a pas moyen qu'un négro comme toi puisse se payer une bagnole pareille, pas vrai ? Tu récupères le pick-up mais, dès que tu fous les pieds dans une bijouterie, y a le vigile qui te lâche pas d'une semelle parce qu'il pense que t'es juste là pour préparer un casse. Tu récupères le pick-up, mais toutes les petites vieilles que tu croises s'agrippent à leur sac à main parce qu'elles ont vu sur Fox News que ton seul objectif dans la vie était de les détrousser, voire de les violer. Tu récupères le pick-up, mais tu dois expliquer au cow-boy qui t'arrête que non, non, monsieur l'inspecteur, je vous jure que je ne refuse pas de coopérer. Tu récupères le pick-up mais tu te prends deux balles dans le dos parce que t'as fait la connerie de vouloir sortir ton portable de ta poche. »
Ike jeta un coup d’œil à Buddy Lee et ajouta :
« Alors, tu veux toujours qu'on échange nos places ? »
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PUREE !.. ÇA ENVOIE.

" Dome était à cinq secondes de cracher la purée dans la bouche de la brune qui squattait au club depuis le samedi précédent quand un terrible fracas retentit à l’extérieur. D’instinct, il attrapa le Magnum sur la table de chevet au moment où il déchargeait. De sa main libre, il repoussa la tête de la fille et remonta son pantalon. La brune, surprise, glissa du lit pour atterrir sur son imposant fessier.
« Qu’est-ce qui te prend ? glapit-elle.
– Ta gueule », rétorqua Dome.
Il bondit hors de la chambre et descendit les marches quatre à quatre pour découvrir que Gremlin était déjà derrière la porte d’entrée, un fusil à pompe à canon scié à la main. L’Arrosoir tira le rideau de la fenêtre et jeta un œil à l’extérieur – on le surnommait l’Arrosoir parce que toutes les filles trouvaient qu’il était beaucoup trop bien membré pour un type qui dépassait à peine le mètre soixante.
« C’est la bagnole d’Andy », indiqua l’Arrosoir en écartant du canon de son 9 millimètres la longue mèche de cheveux noirs qui lui tombait sur le visage.
Dome ouvrit la porte et s’avança sur la terrasse couverte. La Ford LTD vert clair d’Andy avait écrabouillé la bécane de Keeper, lequel était dans le garage, penché sur le dos de Cheddar avec sa machine à tatouer entre les doigts – soit il n’avait rien entendu, soit il était trop concentré sur son œuvre. Si les veilleuses étaient encore allumées sur la Ford, les phares étaient deux trous noirs qui faisaient penser aux orbites d’un crâne. Quant à l’imposant V8 caché sous le capot, il émettait un bruit de bétonnière en fin de vie. Son revolver toujours à la main, Dome descendit la première marche de la terrasse.
Dès qu’il vit la portière du conducteur s’ouvrir timidement, il visa le pare-brise, avant de se raviser. C’était ridicule : si quelqu’un avait prévu de les mitrailler, non seulement il ne se serait pas arrêté à cet endroit, mais surtout il se serait bien gardé de faire une entrée aussi fracassante. Le plus probable, c’était qu’Andy et Oscar s’étaient pris une cuite au lieu d’aller fouiller la maison du journaliste. Grayson allait l’avoir mauvaise.
C’est alors qu’Oscar sortit du véhicule.
« Oh putain », murmura Dome"



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Quand on était noir au pays de la liberté, la moindre interaction avec un représentant des forces de l'ordre avait quelque chose de terrifiant. On avait l'impression de marcher en permanence le long d'un dangereux précipice. Et si en plus on avait le malheur d'avoir un casier judiciaire, c'était comme si ce précipice était bordé de peaux de banane.
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DEBUT(S) DE LA COLERE


" Ike se mit à crier. Un cri qui n’enfla pas dans sa poitrine avant de jaillir de sa bouche, mais qui sortit sans prévenir sous la forme d’un long hurlement sauvage. Le sac de frappe se retrouva secoué de spasmes : Ike avait abandonné la technique pour un instinct purement animal. Ses phalanges en sang laissaient sur le cuir des taches écarlates qui faisaient penser à un test de Rorschach. Des gouttes de sueur dégoulinaient de son front pour tomber dans ses yeux, et des larmes dégoulinaient de ses yeux pour rouler sur ses joues. Des larmes pour son fils. Pour sa femme. Pour cette petite fille qu’ils allaient devoir élever. Pour ce qu’ils étaient et pour ce qu’ils avaient perdu. Et chaque larme lui faisait l’effet d’une lame de rasoir lui lacérant le visage. "




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