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EAN : 9782714498373
224 pages
Belfond (06/04/2023)
4.18/5   14 notes
Résumé :
Elise Maldue, une jeune fille originaire de Crèvecœur, un village de Picardie, rêve de fuir sa famille et de s’arracher à son milieu. À Amiens, Maldue découvre les études supérieures, le travail à la chocolaterie, les premières amours, l’amitié et la violence. À Londres ensuite, elle est rattrapée par la pandémie. D’un premier confinement londonien dans des conditions de précarité dramatiques à l’isolement sous l’emprise d'un mari, Élise se bat pour s’affranchir. À ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Élise, la Maldue, n'a pas su résister au chant des sirènes qui lui promettent un avenir meilleur. Écarté le chemin du bac pro, la jeune fille est admise en classe prépa. Inutile de préciser qu'elle a dû en termes vagues expliquer à ses parents le but de la manoeuvre, eux qui la voyaient plutôt faire carrière dans la boutique de chocolat de luxe de Crèvecoeur, une bourgade picarde dont le nom évoque les sentiments que ressent la jeune fille vis à vis du cadre de son enfance. C'est sans grande difficulté que, deuxième surprise, Elise est admise dans une prestigieuse école de commence parisienne. Elle semble avoir en main les atouts pour s'en sortir avec les honneurs. Il aura cependant suffi d'une soirée arrosée pour la trajectoire s'infléchisse. Expatriée en Angleterre, Elise doit travailler dans un café pour subvenir à ses besoins. Outre les difficultés de la langue, les horaires de salariée et les matières à bosser, le covid et ses confinements entre en scène…


Le parcours ne s'achève pas avec l'épidémie et on suit avec intérêt l'itinéraire personnel de la jeune femme.


La question du transfuge de classe est un sujet qui depuis Annie Ernaux et l'un de ses premiers romans La place, est un sujet qui m'intéresse. Ici l'auteur analyse les origines de l'échec, qui pour n'être pas programmé est cependant possible à chaque étape. Une fragilité, un accident imprévisible, une rencontre mortifère et tous les espoirs s'envolent.

On peut d'ailleurs se poser la question des motivations à suivre cette voie royale qui n'était pas initialement pour elle. Elle ne semble même pas se targuer de ses capacités intellectuelles. le défi, la revanche sur le destin ne sont pas non plus des motivations. le sentiment d'imposture l'emporte largement sur l'autosatisfaction.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et la façon dont il traite les aléas du destin individuel, souvent programmé bien en amont des choix proposés.

224 pages Belfond 6 avril 2023
#EmilioSciarrino #NetGalleyFrance
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Un coup de coeur lu sans pause.

Crèvecoeur est le nom d'une vraie commune picarde mais c'est aussi dans ce roman un symbole de l'étroitesse, de l'étouffement et de la morosité. C'est ce lieu que l'héroïne, Élise Maldue, issue d'un milieu modeste, va tout faire pour quitter.

Élise a 17 ans au début du roman, elle entre en Prépa à Amiens. Elle subit les premières khôlles et évaluations, aura sans cesse l'impression de ne pas être à la hauteur. Pourtant, elle finit par intégrer une prestigieuse école de commerce parisienne.

Le parcours d'Élise est celui d'une transfuge de classe, semé d'embûches puisqu'elle ne possède pas toujours les codes. Elle ne semble pas maîtresse de son destin mais victime des événements et des autres. Elle ne cesse de fuir : Crèvecoeur, Paris puis Londres. le seul moment où elle ne peut pas fuir, c'est lors du confinement. le roman s'ancre, en effet, dans une réalité très contemporaine. La pandémie va bouleverser son ascension et laisser une cicatrice dans sa vie.

Des rencontres accompagnent les différentes étapes de son initiation : Adèle, Éric, Thomas, Arjun, Marc, Ludovic sont des personnages qui l'initient à un autre monde mais qui sont parfois toxiques pour elle. Élise ne trouve finalement sa place nulle part, elle ne parvient pas à véritablement s'épanouir et souffre constamment du syndrome de l'imposteur.

Un roman réaliste qui reprend les codes du roman d'apprentissage en les adaptant à notre siècle. J'ai beaucoup pensé à Flaubert. Élise est une Emma du XXIe, elle vit dans la désillusion permanente, elle pense que les hommes peuvent lui apporter satisfaction, elle rêve d'une existence parfaite mais elle souffre et ne contente de rien. Elle se bat pour s'affranchir mais ne cesse de se tromper ; elle essaie de repartir à zéro plusieurs fois, elle utilise différents masques, joue différents rôles, change même d'identité mais rien n'y fait, elle reste toujours elle-même, perpétuellement engluée et insatisfaite. Elle tâtonne et semble revenir à la case départ.

Pour parodier Flaubert, l'auteur fait un livre sur rien qui se tient par la force de son style. Il traite de personnages et de faits banals mais ce quotidien, n'est-ce pas la vie même ? L'écriture semble d'une simplicité déconcertante mais tout est juste et percutant. Je ne serais même pas étonnée si Sciarrino disait : « Élise Maldue c'est moi », car l'écriture est peut-être la seule voie pour échapper à cette insatisfaction permanente.
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Elise Maldue vit à Crèvecoeur, une petite bourgade de France. Fille d'une femme de ménage et d'un ouvrier, elle à l'opportunité de faire des études à Paris. Alors qu'elle rentre dans une prépa commerce, un autre monde s'ouvre à elle, le monde parisien.
Je reste sur une impression mitigée.
Je n'ai pas été séduite par le style. Je n'aime pas les dialogues en italiques au milieu du texte.
J'ai été déçue car j'en attendais plus d'Elise. Au départ, Élise a une véritable rage de s'en sortir, d'évoluer de sa condition sociale. On sent bien son sentiment d'injustice, par rapport aux élèves qui sont privilégiés parce que leurs parents ont les moyens de leur payer les études.
Victime d'un viol lors d'une soirée étudiante, elle est profondément traumatisée. de plus, les photos de l'abus qu'elle a subit sont mises sur internet. Elle finit par abandonner ses rêves et se laisser entretenir par ses amants. Dès lors, elle perd toutes ses ambitions.
Le texte est très centré sur les bouleversements provoqués par la covid-19.
Mon enthousiasme par cette histoire est retombé à la deuxième moitie du livre.
Bref. Je vous invite à en juger par vous-même.
Je remercie beaucoup Netgalley France et les éditions Belfond de leur confiance.
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Crèvecoeur, l'histoire d'Elise, une femme qui ne se sent jamais à sa place, toujours au bord du précipice quand il faut prendre une décision. Élise qui semble rater tout ce qu'elle entreprend. Élise qui ne sait pas qui elle est et laisse les autres en décider. Élise, la babache, comme disait son père entre deux verres de vin. Et pourtant …

Élise va tenter de se construire une vie loin de Crèvecoeur, loin de la vie qu'elle considère comme misérable de ses parents. Elle va se créer une vie loin de cette pauvreté qui lui fait honte. Elle va s'inventer pour exister, pour être à la hauteur de ces autres, amis ou simples relations, qu'elle envie. Elle va vivre par procuration une vie qui n'est pas la sienne. Études, amours, travail, une quête incessante où elle va se perdre. Étudier sans but, aimer sans amour, travailler sans passion. Elle ira jusqu'au bout non plus de ses rêves, mais de ses illusions.
Ses rêves vont devenir des cauchemars. Son insatisfaction la poussera à rejeter tous les acteurs de cette fausse vie. Sa quête d'identité s'achèvera dans ses racines, là où tout a commencé.

Tout ici est simple, mais tout est dit. Peut-on construire, se construire, sur du vide ?
Emilio Sciarrino dresse le portrait d'une Bovary des temps modernes et nous plonge dans les désillusions continuelles de son héroïne. Un roman percutant
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En 1928, l'écrivain et poète portugais Fernando Pessoa est invité à concevoir un slogan publicitaire pour une marque de soda aujourd'hui célèbre : une eau gazéifiée couleur caramel, riche (autant, voire plus, qu'un oligarque russe) en sucre et qui, semblerait-il, permettrait de déboucher votre évier. C'est bon, vous avez la référence ? Ce fameux slogan, « primeiro estranha-se, depois entranha-se », est aujourd'hui servi quasiment à toutes les sauces.

🥤Ah oui, j'oubliais, la plupart d'entre vous n'ont pas fait portugais deuxième langue… Alors, le professeur Google et ses assistants me suggèrent « d'abord on est étrange, ensuite on est envoûté », quant à moi (déformation professionnelle oblige) je vous suggère plutôt la traduction « d'abord on trouve étrange, ensuite on est envoûté ». Mais pourquoi tout cet amphigouri (pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce mot, je vous invite à découvrir sa définition sur le compte de @leslecturesdelaeti), me demandez-vous avec un certain agacement ? Eh bien, parce c'est justement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre.

🥤Dès les premières pages nous suivons le parcours d'Élise Maldue, jeune lycéenne de 17 ans vouée à un avenir brillant, qui quitte Crèvecoeur (tout un présage), le village qui l'a vue naître, pour se départir de ce sentiment de flétrissure qui lui colle à la peau, comme si l'odeur de la pauvreté exhalait de ses pores. Ce nom-même qui la dérange l'oblige à se cacher sous une nouvelle identité, comme si changer de patronyme suffisait à se créer une nouvelle existence.

🥤Dès les premiers chapitres et tout le long du roman, j'ai oscillé entre ravissement et désappointement et, comme à la descente d'une montagne-russe, j'ai ressenti un léger haut-le-coeur. Cependant, et c'est ça qui est extraordinaire, ce récit ne pouvait être autrement mené. En effet, il est souvent difficile de s'enfuir et fuir ce qui nous a poussé à nous murer dans le silence et subir. Et c'est justement ce sentiment de soumission et de torpeur face à la vie qui nous donne envie, tout à la fois, de prendre Élise dans nos bras puis de la secouer, de la consoler puis de lui crier de ne pas se laisser faire, de lui dire que tout ira bien puis de la sommer de se battre, même si on assiste impuissant à un constant retour à la case départ. Et si la pandémie s'en mêle, alors là…

Bref, ce roman initiatique, où l'on pourrait croire que rien ne se passe et où pourtant tout survient, est à la fois déroutant et envoûtant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Tout revint : le bruit des voitures, les miasmes qui empestaient les rues, les foules anxieuses et masquées, impatientes de retrouver le boulot, les magasins, les divertissements, impatientes de fuir les êtres chers qu'elles ne supportaient plus après vous avoir été enfermées avec eux, brûlant d'échapper à elles-mêmes, les foules qui tout à coup s’amassaient par grappes, avant de se disperser dans la ville à moitié déserte ; les messages mielleux dans les médias invitant à reprendre la vie normale, travailler, dépenser, consommer.
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À l’heure du dîner, dans le pavillon de Crèvecœur, ses parents regardaient le journal télévisé. Devant la purée au jambon blanc, elle aurait souhaité qu’ils lui posent des questions sur sa scolarité tout en redoutant d’avouer qu’elle n’était pas à la hauteur. Il ne fallait pas déranger son père. Pour dessert, il y a de la crème Mont-Blanc à la vanille, ta préférée, chuchota sa mère ; elle ouvrit la boîte de conserve, versa la crème dans les bols du petit déjeuner. Parfois sa mère était si douce, elle lui semblait si affectueuse avant qu’elle ne sombre dans ses crises de colère : alors, elle cassait la vaisselle, insultait son mari, qui la giflait, et elle se jetait sur son lit en pleurant de rage. Pendant que la cuillère s’enfonçait dans la crème à la douceur écœurante, la télévision débitait des informations, son père grommelait, rien n’allait.
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Quand elle marchait dans les couloirs, une froideur hostile l’étreignait dont elle ne comprenait pas la source. Lorsque, en cours, elle ne savait que répondre, le sentiment d’imposture collait à sa peau, plus lourd encore qu’auparavant, l’engluait d’un vertigineux dégoût pour ses limites : comme si, à même pas vingt ans, au bout de deux ans d’études qui étaient censées la mener si loin, elle avait tout a coup heurté un plafond invisible.
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Elle éprouvait une étrange nostalgie, presque du regret, à ne pas avoir accompli le chemin tracé pour elle à l’origine ; c’était pourtant ce qu’elle avait fui avec un dégoût obstiné, convaincue qu’ailleurs se trouvait son vrai destin.
Elle voulait cesser de convoiter d’autres existences ; seule la sienne lui était vraiment donnée, et c’était assez.
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La nuit était aussi profonde que le silence. La dureté verticale des murs l’entourait, ils se resserraient autour d’elle pour l’étreindre, dans le lit s’ouvrait une crevasse prête à l’aspirer.
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Samedi 11 Mai - Démonstration Jeu Assaut sur l'Empire - 14h Samedi 11 mai - Ateliers Tableaux Mosaïque Jeunesse - 15h Samedi 11 Mai - Rencontre avec James Holin - 18h Jeudi 23 Mai - Rencontre avec Audrey Tordelli & Joseph Agostini - 18h Samedi 25 Mai - Salon du livre Jeunesse de Guignemicourt - 10h Du 24 au 29 Mai - Fête du Jeu ! Mardi 28 Mai - Rencontre avec Emilio Sciarrino - 18h
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