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EAN : 9782749117560
492 pages
Le Cherche midi (07/10/2010)
4.75/5   8 notes
Résumé :
C'est l'histoire de la France d'après-guerre, d'un petit garçon et de sa grand-mère, sa Ménino, dans le sud-ouest de l'hexagone. Le garçon se fiche bien des tensions et de savoir qui a collaboré ou non, il aime cette grand-mère. Mais il sera séparé de cette femme exceptionnelle pour rejoindre sa mère à Carcassonne. Grandir, vivre et se construire, c'est la grande guerre à livrer


Le roman chez l'éditeur :
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai personnellement ouvert des yeux d'enfant dans un village du Roussillon dans les années 60 et en lisant le dernier roman de Max Santoul, j'ai immédiatement reconnu des souvenirs que j'aime, des valeurs positives profondes qui me font du bien quand elles viennent me visiter sans prévenir. Des enfants montés dans de grands cyprès se balançant dangereusement par jour de grand vent, un magnifique évier de cuisine taillé d'un seul bloc dans le marbre rouge de Caunes Minervois. Des adultes parlant d'une voix retentissante, le Patois ou le Catalan, de la guerre ou bien autour d'une partie de carte, tenant dans leurs mains de vieilles cartes usées et misant avec des jetons en bois peints multicolores et patinés par le temps.
Caunes Minervois, quel bel endroit pour vivre ! Mais la vie n'y est pas douce pour tout le monde. Max n'a pas connu son père, emporté par la tuberculose alors qu'il n'a que neuf mois. Ménino, sa mémé, une femme extraordinaire, va veiller sur lui pendant sa petite enfance. Malgré la perte de son mari, malgré une infirmité de naissance qui ne lui permet que l'utilisation du bras gauche, les difficultés n'existent plus devant la volonté naturelle d'élever son petit-fils. La vie n'est pas toujours cruelle. Max a hérité d'une voix en or, un don pour la musique et les mathématiques. Une maladie chronique et douloureuse, des professeurs peu compréhensifs, des accidents et des gifles mettent ses journées à rude épreuve. Un confident surnaturel, un canari infirme mais qui semble immortel partage ses douleurs, écoute chaque jour ses doutes et ses choix de vie.
Dans un décor qui vit ses derniers moments de poésie du quotidien, sans toutes ces voitures et le Patois parlé qui s'envole à jamais dans l'espace, un suspens terrible plane sur le roman. L'adversité gagnera-t-elle contre cet enfant bouillonnant de vie et d'intelligence, Menino et le canari vivront-ils assez longtemps pour protéger l'enfant-oiseau pour qu'il puisse un jour s'envoler très loin du village ?
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INTENTION DE L'AUTEUR

Le roman est construit autour de 3 personnages : la grand-mère, l'enfant et la mémoire qui joue un rôle de révélateur. Elle libère les souvenirs de façon naturelle et devient un acteur virtuel, mais à part entière.
Celle des odeurs, par exemple, est une source intarissable, mais qui ne se convoque pas par la simple volonté de l'esprit ; alors que la mémoire visuelle, ou celle des sons, s'adapte parfaitement à la manipulation. Ce principe est respecté dans le récit, même si ce n'est pas évident car les traces en ont été "adoucies" au cours de l'écriture et de la réécriture pour renforcer la construction. Mais il explique ce montage dispersé volontaire. L'auteur avait d'ailleurs pensé à un premier titre au tout début : "final cut of the puzzle". Il faisat référence aux emprunts à la culture cinématographique au cours des événements.

L'histoire de "Ménino… je suis venu te dire que je t'aimais", qui est le titre exact, légitime l'implication du narrateur. Il existe aussi un fil rouge : la résilience. Elle montre comment un enfant peut devenir un homme alors que tout paraît perdu d'avance. L'amour et la confiance d'une grand-mère, déjà handicapée par la nature, permettent de révéler la vie du village de l'enfance : le manque de générosité des habitants et les caprices du mauvais sort ; le rythme des saisons, scandé par les métiers de passage vécus "à fleur de peau", comme le sont les luttes, les mensonges, la religion, les opinions… La fragilité des cervelles immatures ou au contraire la lucidité des autres sont montrées à travers le regard d'un enfant, et plus tard à travers celui de l'adulte qu'il est devenu.

Il y a donc plusieurs niveaux de langage :
celui de l'enfant à l'époque du récit ;
celui de l'enfant qui bénéficie des connaissances à posteriori (qu'il n'avait pas au moment des faits) ;
celui de l'adolescent qui est un "homme" en apprentissage ;
celui de l'adulte qui se penche sur son enfance et analyse l'initiation ;
celui de l'adulte qui se prononce avec sa culture aboutie à travers ses souvenirs…

Du coup, les mots jouent entre eux, les phrases se recomposent, la construction et la conjugaison se libèrent des rigueurs habituelles… avec des maladresses voulues. C'est donc un style parfois soutenu, mais souvent "piqué" de nouveautés et des "élégances" du langage parlé.
Le roman résulte d'un assemblage, à la manière de nouvelles qui se sont emboîtées les unes dans les autres. Au fur et à mesure du récit, les personnages ont pris de l'ampleur et ont acquis une légitimité propre en dehors de leur enracinement dans la réalité. L'histoire s'en est enrichi spontanément au fil de l'écriture. Mais l'autofiction reste le principe même de la narration, telle qu'elle a été définie par Serge Doubrovsky.

Nous souhaitons au lecteur autant de plaisir à lire ce livre, qu'il en a procuré à l'auteur pour l'écrire.

Max Santoul

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“La poésie conjuguait les émotions dans les brumes de l'imaginaire. C'était pour moi une forme d'aération divine, une passerelle jetée entre l'immatériel et les choses de la vie.”

Annoncé comme un roman, disons-le tout de suite : « Non ce n'est pas un roman. C'est un livre de littérature, la vraie, la belle où les senteurs et émotions mêlées, d'un temps que les moins de 60 ans n'ont pas pu connaître, nous emmène hors de nous, dans un ailleurs proche et lointain à la fois.

L'écriture de Max Santoul est une peinture. La force des images, la puissance évocatrice de ces mots simples emportent, au son d'une douce poésie, le lecteur dans l'âme occitane de l'écrivain. A petites touches de mémoire capricieuse, un passé, un présent, un pays apparaissent rythmés par les odeurs et les couleurs. “Après la pluie, le ciel était lavé et la lumière magnifique. Les odeurs bleuissaient doucement. Cette curieuse impression de teinte des odeurs, je la ressentais souvent. C'était aussi le cas pour les choses et les sentiments. La chaleur était jaune, le froid blanc ou transparent, l'attente mauve, la tristesse grise, le bonheur vert, la colère rouge, la douceur en camaïeu et l'amour de toutes les couleurs.”
Parce que l'enveloppe de tout masque l'essentiel, Max Santoul nous détaille dans un texte aux phrases longues, inspirées remplies d'une poésie envoutante les métiers, les gens, les rues, les couleurs, De Caunes à Carcassonne, de Montpellier à Paris recherchant l'essentiel derrière l'enveloppe du tout.

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Faute de temps, je n'ai pas encore composé la critique plus développée que mérite ce roman intimiste, écrit avec une rare maîtrise de la langue. J'y reviendrai donc dans quelques temps. Mais j'avoue que ce livre merveilleusement conté m'a arraché des larmes d'émotion plus d'une fois. Et lorsque j'ai tourné la dernière page, une chanson de Charles Trenet m'est venu spontanément à l'esprit :

" Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j'étais écolier...
Douce France
Cher pays de mon enfance
Je t'ai gardée dans mon coeur "

Je recommande à tous très chaudement ce livre un rien nostalgique. Max Santoul a sans conteste l'étoffe d'un grand écrivain.
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J'ai dévoré ce livre.
Max Santoul a rapporté avec beaucoup de sensibilité l'histoire d'amour entre une grand-mère (Ménino) et son petit-fils. Il n'a pas oublié de nous faire partager la déchirure lorsque le héros va rejoindre sa mère.
Il a su recréer l'ambiance d'un village après la guerre et dépeindre la nature et les petites joies et chagrins du quotidien.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
“Toute l’astuce était de laisser déballer les sornettes des amateurs de balivernes, avant d’entrer dans la grande illusion. […] Il respectait toujours des temps de pause entre ses bouts de phrases, Pasoline. Ça donnait une ampleur dramatique au récit et faisait saliver l’auditoire. Mais ces silences pesés avaient une autre raison : ils laissaient le temps au petit génie qui vivait sous son chapeau d’escalader les sommes de l’esbroufe. […] Il était épicier, Pasoline. Épicier et menteur, de ces petits mensonges qui font le sel des conteurs. Simples retouches utiles à la vérité pour ajouter aux choses juste ce qui leur manquait.
Il faut bien admettre qu’il y avait des niveaux pour le mensonge, une certaine souplesse pour la vérité. Sur le seuil, on pouvait mettre la fierté, s’y trouvaient les souvenirs de guerre à peine exagérés. La vantardise venait après, c’était bien pour le sport. Puis arrivait l’affabulation, parfait pour la chasse, la pêche ou la séduction. Au-dessus on trouvait la tromperie, qui mettait la politique et la religion en compétition et, au-delà, le sacrilège.”
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Les métiers de passages scandaient les saisons. Le rémouleur préférait le printemps, le mercelor suivait l’arrivée des hirondelles, le rempailleur ou mandelier, le collecteur de peaux s’annonçait en patois, le chineur de cuivre et sa carriole à bras, le raccommodeur de porcelaine à la fin de l’été, le vitrier à la morte-saison, le ramoneur avec le raccourcissement des jours, le nain et son poney laineux l’hiver, le montreur d’ours, le photographe…Et en toute saison celui qui reliait le village au monde, c’était le facteur.
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“Les distances sont d’un rapport variable mais subtil de l’espace au temps. Variable parce que ces deux facteurs le sont également, subtil parce qu’il n’obéit pas aux lois statiques de la nature, mais dynamique de l’esprit. L’enfance étale l’écoulement de son rythme depuis l’éveil de la conscience dans une régression lente, on pourrait dire progressive. Aussi, quelques heures s’étirent, paresseuses, sur une vie à peine courue, en donnant de l’ampleur aux durée, et les distances s’en éloignent d’autant dans l’espace. Cette mer, qui me semblait si proche à présent, était encore un lointain rivage.”
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“Je me souviens de cette après-midi, quand j’ai quitté mon village. Il s’est installé une petite mort entre lui et moi. Cet abandon hurlait dans mon crâne. Les maisons se découpaient en gris, bien nettes, sur un fond noyé de flou. Elles penchaient vers le haut pour pincer le ciel. Un seul de mes pas sonnait dans ma tête comme un coup de baguette sur la peau d’un tambour. Je vous offres ses sensations en cadeau d’alliance, parce qu’elles sont vraies, et que personne ne fut dans la confidence.”
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“Après la pluie, le ciel était lavé et la lumière magnifique. Les odeurs bleuissaient doucement. Cette curieuse impression de teinte des odeurs, je la ressentais souvent. C’était aussi le cas pour les choses et les sentiments. La chaleur était jaune, le froid blanc ou transparent, l’attente mauve, la tristesse grise, le bonheur vert, la colère rouge, la douceur en camaïeu et l’amour de toutes les couleurs.”
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Vidéo de Max Santoul
Merci à Humbert Ibach d’Ibach Télévision, de m’avoir envoyé et permis de publier l’enregistrement vidéo du passage dans son émission « Les Grands du Rire » diffusée sur France 3, à propos du roman « Ménino » édité au Cherche Midi (2010). La version compilée avec « La Beauté dans la Peau » est proposée dans la vidéo suivante.
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