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Corinne Atlan (Traducteur)Kat Menschik (Illustrateur)
EAN : 9782714448200
80 pages
Belfond (04/11/2010)
3.67/5   802 notes
Résumé :
Une des nouvelles les plus énigmatiques de Haruki Murakami, superbement illustrée aux couleurs de nuit par Kat Menschik.
Dans un style pur et cristallin, une plongée obsédante dans les dix-sept nuits sans sommeil d'une femme, pour pénétrer tout le mystère et la magie de l'univers du maître.
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Critiques, Analyses et Avis (145) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 802 notes
Aujourd'hui je vois : journée de la femme. Il est même précisé quelque part, journée " internationale " de la femme. Va pour l'internationale. Japonaise, ça pourrait aller ? Haruki Murakami aux commandes, ça va toujours ? Ok, c'est parti.

Une femme. Comme des milliers — millions peut-être — d'autres femmes. Asservie plus ou moins volontaire à un rythme métro-boulot-dodo mais sans le métro et sans le boulot. Un mari magnanime. C'est pire encore parce qu'on se sent redevable de quelque chose quand on ne nous impose rien. Il va rentrer, vite, vite préparer le repas. Aïe ! c'est bientôt l'heure d'aller chercher le fiston à l'école, faut encore se dépêcher.

La maison est tout en bazar, qui va devoir ranger ? Il n'y a plus rien à manger, qui va devoir faire les courses ? Plus personne n'a quoi que ce soit à se mettre, qui va se coller à la lessive ? Et c'est ainsi que des milliers — des millions peut-être — de femmes Sisyphe roulent le rocher de leur quotidien du matin jusqu'au soir en haut de cette colline sans horizon qu'on nomme pompeusement leur vie. Des femmes rendues petites et noires par cette existence, comparable à des milliers — des millions peut-être — de bousiers laborieux qui roulent leur pilule de merde en marche arrière sans oublier d'y déposer leurs oeufs afin de les inscrire dans la danse comme dans un tambour de machine à laver et dont on ressortira toute propre, prête à salir avant un nouvel usage…

Cette vie, des milliers — des millions peut-être — de femmes la connaissent de par le monde. Pas de statut officiel sinon " femme de ", " mère de ", préposée aux corvées quotidiennes et inintéressantes au possible. Mais cette femme, là, celle de Murakami, va connaître une déveine : l'insomnie. La nuit blanche, blanche de chez blanche. Pas moyen de fermer l'oeil. Que faire ? Ouvrir un livre ? Pourquoi pas ?

Anna Karénine, un gros pavé, dans l'espoir qu'il vous assomme. Mais non, ma p'tite dame, c'est bien mal connaître notre bon vieux Tolstoï car loin de vous endormir, il va vous happer, vous extraire, vous sublimer. N'espérez pas dormir ma p'tite dame. Tiens ! c'est bizarre, la nuit est passée, et l'on n'a rien senti. Si au contraire, on s'est senti très bien, on voudrait que cela dure toujours.

La journée s'écoule comme toutes les autres. On se dit qu'on va sombrer, qu'on va tomber de fatigue. Mais non, tout va très bien. On a même méchamment envie de poursuivre la lecture qui s'avère captivante au-delà de toutes espérances. Le soir arrive et l'on n'a toujours pas sommeil. Et on continue à lire, et personne ne se rend compte de rien. Sauf que la bonniche vient d'avoir quelques heures de vie à elle, rien qu'à elle, et ça lui fait un bien fou de se sentir " elle ", et non juste " femme de ", " mère de ".

Cette déveine qu'est l'insomnie pour ceux qui vivent le jour devient une sorte de paradis pour ceux qui justement n'ont pas de vie le jour. Voilà une femme qui s'ouvre à la vie, qui fendille un petit peu la coquille dans laquelle elle est enfermée quand la vie des autres s'assoupit. Dix-sept jours que ça dure. Est-ce que ça durera toujours ? Ça, ce sera à vous d'aller le lire, la nuit, quand tout le monde dort, mesdames.

En somme, une grande nouvelle de Murakami pas inintéressante, pas non plus spécialement captivante de mon point de vue mais qui pose certaines questions essentielles et laisse à chacun le soin d'y trouver sa propre réponse ou sa propre interprétation en se gardant bien de trop orienter le lecteur. le tout joliment illustré par Kat Menschlik dans un livre à la présentation soignée des éditions 10/18. Ça vaut sans doute le coup de s'offrir une nuit blanche pour le lire, mais ce n'est qu'un avis, qui bâille avant d'aller se coucher, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Et me voilà repartie avec Murakami.
Il faut dire qu'en commentaire de mon retour sur L'étrange bibliothèque, ma Sandrinette m'a dit que c'était le dernier d'une trilogie (pas taper, Éric, j'ignorais ce fait...);
Je devais donc réparer cette horrible erreur en lisant le premier, Sommeil, donc.
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Il est dit en 4e de couverture que c'est l'une des nouvelles les plus enigmatiques de Haruki Murakami. Vu la clarté de ses autres écrits, j'étais un peu perplexe.
C'est en effet un peu la patte de l'auteur, si je ne m'abuse.
Encore une fois, rêve, réalité, paranormal, tout se mélange dans ce récit.
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Les illustrations sont sublimes, ce qui ne gâche rien. Je ne parlerai pas de la couverture, étant loin d'être amatrice de ces petites bêtes...
Chacun ses phobies. :)
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J'ai encore peu lu l'auteur, et c'est la première fois que j'ai droit à une narratrice.
Après VOX, où les femmes sont quasiment muselées, je me suis retrouvée dans le quotidien d'une femme au foyer.
Allez savoir pouquoi j'ai fait une sorte de rapprochement, dans Sommeil c'est la vraie vie de certaines femmes, pas de l'anticipation ou de la S.F.
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La vie du personnage principal, c'est la routine.
Femme d'un dentiste, mère d'un garçonnet, pour le reste... Oups, pardon, il n'y a pas de reste.
Cuisine, courses, ménage, s'occuper de mari et enfants, etc., même quand on travaille beaucoup le font aussi.
Mais je digresse.
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Un beau jour, enfin plutôt une nuit, l'héroïne ne dort pas, et cela dure pendant 17 jours.
Ce n'est pas de l'insomnie, elle ne se traîne pas en mode épuisée, elle n'a pas sommeil. Mais elle est en pleine forme.
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Alors elle qui avait abandonné un loisir qu'elle adorait, la lecture, voit soudain Anna Karénine dans la bibliothèque, s'en empare et se met à lire.
Pour elle, pour se sentir vivante.
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Encore une fois, un très bon Murakami.
Si vous ne l'avez pas lu, foncez. de plus, il est très court.
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Au-delà d'être un texte d'Haruki Murakami, c'est en premier lieu l'objet livre qui est attirant dans « Sommeil ».
Les éditions 10/18 ont en effet orné cette nouvelle du grand auteur japonais, d'un très bel écrin aux couleurs nocturnes. Sur un support de papier glacé épais, doux et lisse, l'histoire s'inscrit à l'encre bleue et se pare de très belles illustrations signées par la dessinatrice indépendante allemande Kat Menschik.
Celle-ci, peu connue en France mais célèbre en Allemagne pour ses prouesses en arts graphiques et sa maison d'édition « Millionen », a cerné à merveille l'univers trouble et insolite de Murakami, illustrant lumineusement, par des dessins élégants déclinés dans les tons de bleu-nuit et d'argent, cette histoire ensorcelante de vie et d'insomnie.

La narratrice de « Sommeil » est une trentenaire à la vie bien ordonnée. Femme de dentiste, mère d'un petit garçon, ses journées se déroulent selon un schéma des plus répétitifs : tâches ménagères, préparation des repas, courses au supermarché, un peu de natation, quelques sorties…
Une existence confortable, sans heurt ni anicroche, qui la satisfait sans toutefois la combler pleinement. Une vie dont elle aurait pu « intervertir sans aucun inconvénient la veille et l'avant-veille. »
Un incident troublant va cependant changer radicalement les choses.
Une nuit, au terme d'un cauchemar extrêmement terrifiant, la jeune femme cesse de dormir.
Le besoin vital de sommeil et d'endormissement propre à tout être humain, a chez elle complètement disparu.
Mais loin de ressentir les affres de l'insomnie, elle se sent au contraire au mieux de sa forme, n'est nullement fatiguée, ni l'esprit somnolent.
Nuits sans repos qu'elle s'emploie à combler tout d'abord par la lecture, une activité dont elle était fervente mais qu'elle avait abandonnée en se mariant. La redécouverte des oeuvres classiques russes de Tolstoï, de Dostoïevski, lui procure un état de bonheur et d'excitation qu'elle n'avait plus ressenti depuis longtemps.

Cette période sans sommeil va durer 17 nuits.
17 nuits pendant lesquelles sa conscience s'éveille, se clarifie, son esprit navigant entre les obligations que lui impose la réalité et qu'elle accomplit mécaniquement, et la liberté - la seconde vie - que lui offre ce temps remporté sur la nuit.
Elle s'aperçoit enfin du vide de son existence, son mari et son fils lui deviennent de plus en plus étrangers…le changement d'abord subtil qui s'opérait en elle, s'amplifie au fil des jours.
Mais une vie sans sommeil ne risque-t-elle pas de détruire les fondements même de l'existence ? A trop vouloir scruter « les ténèbres éveillées », ne risque-t-on pas de s'y laisser engloutir?

Avec « Sommeil », une nouvelle datant des années 1990, Haruki Murakami nous ouvre une fois encore les portes de son imaginaire si fécond et subtil.
Et de nouveau, l'auteur japonais nous fait sortir du cadre de la normalité par ce petit quelque chose qui vient hanter le réel, s'inviter dans le tangible et se loger tout au bord du concret et du matériel.
L'emploi du fantastique (le mystère entourant l'insomnie de la narratrice) se fait ici de façon beaucoup plus ténue que dans les autres fictions de l'auteur. Il ne sert qu'à dégager la conscience des habitudes quotidiennes qui l'ont jusque-là étouffée et bridée. La narratrice, grâce à cette expérience de nuits sans sommeil, va ainsi être amenée à désentraver son esprit de toutes les chaînes que le réel lui avait jusqu'ici imposé. « C'était mon vrai moi qui se révélait. En arrêtant de dormir, j'avais élargi ma conscience ». Comme souvent chez Murakami, l'éveil de la conscience est essentiel et cette quête de soi passe avant tout par l'attention portée à la lecture.
Mais cette révélation d'un nouveau moi est généralement liée à l'idée de mort. Mort effective, physique, ou mort spirituelle, « l'éveil » ne s'épanouit que dans une forme de trépas, au monde et à soi, un adieu à la réalité telle qu'elle était conçue auparavant.
Cette jeune femme dont Murakami ne dévoile pas le nom, représentée volontairement avec un certain détachement dans ses actions et dans ses émotions afin de permettre l'identification du lecteur, symbolise avant tout notre propre rapport à ce réel prosaïque qui nous sangle dans les tendances comportementales de nos vies étroites, un vide existentiel duquel la littérature, fort heureusement, parvient bien souvent à nous libérer.
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Esthétiquement, ce livre est un bijou : papier glacé et magnifiques illustrations dans les tons bleu nuit, argent et blanc. Haruki Murakami m'a fait vivre les dix-sept nuits de totale insomnie d'une femme de trente ans, épouse d'un dentiste et mère d'un petit garçon tous deux inconscients de ce qu'elle ne dort plus du tout, une fois endormis, rien de peut les réveiller. C'est un cauchemar qui déclenche sa première nuit sans sommeil. Une histoire dont j'était impatiente de connaître le dénouement mais Haruki Murakami m'a surpris par une fin inachevée, à moi de l'imaginer.

Challenge Petits plaisirs 2016
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A la première personne, une femme anone son quotidien, répétitif, ennuyeux mais pas dramatique, entre ménage, les heures ponctuées du déjeuner pour le mari, du goûter de son fils, et elle-même répète : « Nous nous en sommes sortis, nous avons réussi à survivre dans ce monde sans pitié » (p 14 et 16),
Une nuit, pourtant, elle fait un cauchemar, se réveille…. et ne peut plus se rendormir… pendant dix-sept nuits et dix-sept jours.
Au contraire de l'insomnie, qu'elle avait expérimentée quand elle était à l'université, manque de sommeil qui l'avait laissée à moitié morte durant le jour, le fait de ne plus dormir la fait revivre.
Elle qui lisait « de temps en temps », s'était aperçue assez vite qu'elle s'endormait au lieu de lire, et en « un rien de temps », s'était habituée à ne plus lire.
Alors, le temps gagné quand elle ne dort plus lui fait retrouver maintenant une vieille lecture, Anna Karénine, dont elle lit des dizaines de fois l'histoire.
En buvant du cognac et mangeant du chocolat.
A l'inverse d'Anna, celle qui avoue à son mari qu'elle l'a trompée, notre héroïne n'avoue rien à son mari, qui lui, de son côté, ne remarque rien, ni qu'elle sort du lit quand il dort, ni qu'elle change, parce que, forcément, elle a changé (en mieux, dit-elle, elle pète la forme tout le jour, remplit ses taches ménagères, tellement ennuyeuses qu'elle n'a pas besoin de beaucoup de concentration…)
La répétition des actes de tous les jours restent ce qu'ils sont, ennuyeuse, mais elle sent par ailleurs un agrandissement, un enrichissement progressif et une joie de plus en en plus grande, un élargissement de sa conscience.
Ma vie n'appartient qu'à moi, c'est ma vie, dit-elle.
Son temps, ce temps un peu endormi à se perdre dans l'inutile, se double d'un temps précieux, et elle ne veut plus dormir. C'est un choix, elle y gagne.
Et même si dormir signifiait se réparer des usures du temps, elle n'a que faire de cette répétition du sommeil chaque nuit, perdre sa vie en dormant.
Génial, puisque Murakami pose le problème du temps perdu dans les actes anodins, au détriment de la concentration nécessaire pour lire et relire par exemple Tolstoï, où chaque fois elle redécouvre un message différent chaque fois : « Comme une série de boites, chaque monde en contenait un autre plus petit, et ainsi à l'infini. Et, tous ensemble, ces mondes formaient un univers entier, et cet univers était là, attendant d'être découvert par la lecture ».
Elle répète le même livre, mais c'est à chaque fois un recommencement.
Et se demande pourquoi vivre, quel sens y a-t-il à donner à cette famille dont elle découvre le côté insupportable.
Continuer, pourquoi ?
L'autre existence possible, jour et nuit, jusqu'à la fin digne d'une nouvelle où tout est possible, et rien affirmé, c'est à nous d'utiliser nos neurones pour l'imaginer : ou elle s'en sort, et se remet à dormir, ou elle s'en sort, et continue à ne pas dormir, ou elle ne s'en sort pas, mais de toute façon elle avait envisagé être sans doute morte sans que son entourage s'en soit rendu compte.

Pour moi, la vraie fin de ce conte génial, c'est quand je lis deux chroniques coup sur coup, de @nicolak, Nicky et de @hundredreams, Sandrine, et que je vois apparaitre dans ma bibliothèque le museau d'une couverture noire avec incrustations argent, et des illustrations de Kat Menschik. Génial, je n'ai pas peur de me répéter.
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Citations et extraits (108) Voir plus Ajouter une citation
De temps en temps, je me demandais : Mais quel genre de vie est-ce là ? Je n’en ressentais pas vraiment le vide, je m’étonnais seulement de ne pouvoir distinguer la veille du lendemain. Simplement parce que j’étais complètement accaparée, englobée par cette vie-là. Et que le vent effaçait les traces de mes pas avant même que j’aie pu les voir. Dans ces moments-là, j’allais à la salle de bains et je me regardais dans la glace. Je fixais mon visage pendant une quinzaine de minutes. La tête vide, sans penser à rien. Je regardais mon visage comme un simple objet. Et celui-ci se séparait peu à peu de moi. Il devenait une pure chose, qui existait là, en même temps que moi. C’est ça, la réalité , me disais-je alors. Les traces de pas qu’on laisse, tout ça, qui s’en soucie ? Moi aussi je coexiste comme ça avec la réalité, et c’est le plus important.
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— Je me demande si ce n'est pas parce que tu es bel homme que tu as tant de clients, disais-je.
C'était ma plaisanterie favorite. Parce que, en réalité, il n'était pas beau du tout. Il avait plutôt un drôle de visage. Aujourd'hui encore, il m'arrive de me demander pourquoi j'ai choisi un mari avec un visage si étrange. Alors que mon petit ami était si mignon…
Je ne sais comment décrire l'étrangeté du visage de mon mari. Il n'est pas beau, mais pas d'une laideur repoussante non plus. Franchement, le seul qualificatif qui convienne est " étrange ". Ou peut-être " insaisissable ".
[…]
Évidemment, en le voyant, je le reconnaîtrais tout de suite. Et je peux évoquer son visage mentalement, mais quand j'essaie de le dessiner, je m'aperçois que rien ne vient. C'est comme se heurter à un mur invisible. Je n'en reviens pas. J'arrive seulement à me souvenir qu'il a un visage étrange.
De temps en temps, cela m'inquiète.

Chapitre 1.
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Je n'avais envie de fréquenter personne. Je n'avais pas de temps à perdre en bavardage inutiles. Après avoir nagé tout mon soûl, je n'avais qu'une hâte : rentrer chez moi et lire.
Par devoir, je faisais les courses, le ménage, préparais à manger, tenais compagnie à mon fils. Par devoir, je faisais l'amour avec mon mari. Quand on est habitué, ce n'est pas bien compliqué. C'est même plutôt simple. Il suffit de couper toute connexion entre mental et physique. Pendant que mon corps s'agitait de son côté, mon esprit flottait dans un espace réservé à lui seul. Je rangeais la maison sans penser à rien. Je donnais à goûter à mon fils, parlais avec mon mari.
Depuis que je ne dormais plus, je me rendais compte à quel point la réalité est simple, à quel point il est facile de la faire fonctionner.

Chapitre 4.
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En fin de compte le temps qui nous est imparti et le temps que nous empruntons en plus s'équilibrent. Mais, à franchement parler, cela m'était bien égal. Le fait que je doive mourir plus jeune à cause de ça ne me faisait ni chaud ni froid. Les hypothèses pouvaient suivre leur cours. Il n'en restait pas moins qu'en ce moment j'agrandissais ma vie. Et c'était merveilleux. Enfin, il se passait quelque chose, je me sentais vivre. Je ne m'usais pas. En tout cas, il existait une partie de moi qui ne se consumait pas. Et c'est pour ça que je me sentais réellement vivre. Je trouve qu'une existence humaine, même si elle dure très longtemps, n'a aucun sens si l'on n'a pas le sentiment de vivre.

Chapitre 5.
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Je me mis donc à lire la suite d'Anna Karénine. Je m'apercevais en le relisant que je n'avais gardé aucun souvenir de ce roman. Je ne me rappelais ni des personnages ni des scènes. Il me semblait que je lisais ce livre pour la première fois. C'était étrange. Ç'avait pourtant dû me toucher à l'époque où je l'avais lu ; or rien ne m'en était resté. Toutes ces émotions qui étaient montées en moi et m'avaient fait trembler s'étaient évaporées en un rien de temps, sans laisser la moindre trace. Et l'énorme quantité de temps que je passais à cette époque à lire des livres, qu'est-ce que cela représentait pour moi ?

Chapitre 3.
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Vidéo de Haruki Murakami
Pierre Földes a choisi d'adapter six nouvelles de l'écrivain Haruki Murakami dans son film d'animation "Saules aveugles, femme endormie". Pour conserver l'atmosphère de fantastique décalé et de mélancolie, Földes enchevêtre les histoires et suit le parcours de quatre personnages après le tremblement de terre et le tsunami qui ont touché le Japon en 2011.
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