Certains romans vous parlent ou ne vous parlent pas.
Indubitablement,
Osmose ne m'a pas parlé. J'irais jusqu'à dire que je n'en ai pas compris la moitié. Avec un style d'écriture très intériorisé (que j'ai trouvé confus mais parfois très intéressant, notamment celui s'exprimant dans le fameux dernier week-end de Pierre), qui décrit moins qu'il ne fait ressentir les choses, il vaut sans doute mieux éprouver un minimum d'empathie envers les personnages pour suivre les événements. Or, j'ai eu l'impression de regarder évoluer des extra-terrestres zombies dans un monde alternatif glauque et déprimant.
Résumons : une femme, Nelly, se fait séduire par un homme marié, Marc, qui tombe amoureux d'elle, et ils plaquent tout pour partir sur une vedette, on ne sait trop où ni dans quel but, si ce n'est vivre leur amour. Sauf que Nelly veut un enfant et que Marc lui cache qu'il est stérile. Au bout d'un mois, ils deviennent hystériques, s'insultent et limite se tabassent devant un étranger, je sais que tu es stérile, tu m'as menti, mais je suis enceinte quand même, de qui, salope, etc, etc, et elle se désape par provocation devant l'inconnu qui n'en perds pas une miette. du surréalisme. Puis elle se casse ; il retape une maison dans une ville provinciale bizarre et caricaturale ; et, comme elle veut récupérer le fric qu'elle lui avait donné pour entreprendre leur périple, elle se pointe chez lui enceinte jusqu'aux dents et décide de s'installer dans sa maison jusqu'à ce qu'il consente à lui rendre son argent. Seulement, durant les six années suivantes, elle interdit à son amoureux transi l'accès de son lit. Ambiance détestable à souhait. Pendant ce temps, l'argent dort dans un tiroir du bas...
Quant à l'enfant en question, Pierre, dont on ne sait trop de quel géniteur il est issu puisque celui qu'il appelle papa est censé être stérile, il est quinze ans plus tard sur une île-prison où des mineurs se la jouent comme jadis au bagne et où il est censé rester dix-huit ans. L'hallu, comme on disait de mon temps.
Paumée au milieu de ces dingues qui s'ingéniaient à se torturer les uns les autres, j'ai espéré jusqu'au bout un coup de théâtre, une chute qui m'aurait rendu éclairante ce raz-de-marée d'hystérie et de désespérance sordide. Mais j'ai dû me résigner : il y a des gens qui ne veulent pas être heureux, voilà tout.
Cela dit, ce n'est pas un scoop.