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EAN : 9782258005099
247 pages
Pocket (01/12/1979)
3.71/5   12 notes
Résumé :
Ils étaient cinq, ils étaient six.
Ils étaient six marins de Groix.
Tradéri lonlaire. Tradéri lonla.

À bord de l'Aviateur Blériot, thonier dundee de belle allure, on a posé les dix-sept lignes à l'eau. Leur île est loin désormais. Le patron, Amédée, les quatre matelots et Yves-Marie, le petit mousse : six marins lâchés dans le grand large, avec leur humanité fragile, royale... Et la tempête qui vient. Six en partant de Groix... Combien r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le thonier dundee l'Aviateur Blériot avance dans le noroît de la mer Celtique. À son bord, six marins, tous groisillons ; l'île de Groix, petite terre détachée avec son vivier de marins. le patron Amédée, quatre matelots, le mousse Yves-Marie quatorze ans et déjà bien débrouillard, un bon petit gars. Avec ses deux tangons déployés, le dundee, loin des côtes, espère ferrer le thon germon mais celui-ci se fait désirer depuis des heures.
Le patron est soucieux mais s'interdit de descendre jeter un oeil au baromètre. Un mutisme s'installe en lieu et place des plaisanteries habituelles. le regard se perd vers le noroît, épiant au loin le ciel et la mer en pleine mutation, le gris s'épaississant.
Marée d'équinoxe 1930, aucune alerte météorologique n'a été diffusée avant le départ en mer. L'inquiétude monte pourtant. le temps vire au changement. le baromètre, lui, vire au sale coup, l'aiguille noire tombant dangereusement sur la gauche. Plus un cri de goéland… Un bien mauvais coup de chien se prépare. L'Océan s'emballe.

Henri Queffélec, grand romancier maritime, nous plaque à bord de ce thonier. On est là, pantelant, tenu par les mots, par ce texte si puissant, suspendu, en attente de la déferlante assassine.
L'objectif du patron n'est plus de remplir son dundee de thons mais de ramener tout l'équipage à terre. Il a ordonné de virer de bord juste avant d'atteindre le gros de la flottille de thoniers amassés autour des mattes de germons dans les flots du grand large. Est-ce une décision judicieuse, raisonnable, née d'une véritable expérience ? La zone est profonde, sujette aux lames déferlantes qui pourraient se former et chavirer les bateaux.
« Ma mission de marin pêcheur n'est pas de m'enfoncer dans la profondeur des mers pour ne plus en sortir. »

L'auteur, avec sa grande minutie et son immense vivier de termes maritimes nous fait réellement vivre cette tragique tempête d'équinoxe. C'est une exceptionnelle lutte pour contrer les vagues, une surveillance sans relâche face aux paquets de mer qui s'abattent.
Henri Queffélec utilise une narration qui questionne les marins, le dundee, les femmes à terre, le vent, la fureur de la mer. On navigue dans la tête d'Amédée où les années de multiples naufrages, tous ces hommes avalés par la mer, ressurgissent. Son esprit va aussi vers Aurélia, sa femme. On dérive alors sur les ravages à terre, le vent se déchaînant sur les pignons. La violence de ce temps surprend, réveille, à moins que ce ne soit l'anxiété qui tenaille celles et ceux qui craignent le pire.
On fait escale à Port-Tudy devant un beau tableau enthousiaste de ce port prospère. Un port thonier effervescent lors des campagnes de pêche, fier de son enchevêtrement de bateaux.
Pas de reprise de souffle possible car la peur, l'épuisement, le tapage du ciel et de la mer, les chocs sur la coque ne laissent aucun répit au lecteur.
Heureusement que l'équipage est soudé, du doyen au jeune mousse. La préoccupation du patron vis-à-vis de ce dernier est attendrissante, surtout ne pas perdre un mousse qui n'a vraiment pas l'âge de mourir ! Car les vents désastreux de cette tempête d'équinoxe de septembre 1930 soufflent la mort, un mot qu'il faut pourtant bannir à bord, de peur de l'attirer.

Près d'une trentaine de bateaux des côtes atlantiques ont péri corps et biens lors de ce funeste coup de vent. Et l'Aviateur Blériot, a-t-il pu sauver sa belle coque et son équipage ?

Autour d'un fait climatique réel, ce roman, à l'écriture vivante et vibrante, est un magnifique hommage aux marins de cette pêche à voile qui vivait ses derniers instants.
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Je découvre, avec presque stupéfaction, à l'occasion d'une navigation ici, que je n'ai rien écrit sur ce livre alors qu'il m'imprègne depuis que je l'ai lu. Par le pouvoir de ses mots, on est en pêche, sur le pont de bois, avec ces hommes qui faisaient leur métier, avec ce patron qui en avait la responsabilité.. C'est un des écrits de Quéffelec père qui vous font sentir le goût salé et iodé de l'océan, quand il est tiède et vous donne une idée de la réalité de la vie de pêcheur. C'est, selon moi, un écrit qui est du "niveau" de Hugo et, parfois, de Rimbaud car il dit comme eux auraient pu le dire, ces réalités là et nous en transmettent, autant que les mots le peuvent, la puissance de réalité. Un chef-d'oeuvre absolu. Et ce n'est pas parce que j'avais vue sur Groix de ma chambre pendant mon adolescence que je dis cela (mais sans doute beaucoup quand même)..
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on se rapproche beaucoip plus de la littérature que dans bon nombre de nos lectures contemporaines. On est de moins en moins habitués à une telle densité et force dans le style : on est réellement embarqué dans cette tempête du siècle en Septembre 1930 qui vit près de 30 thoniers et plus de 200 marins disparaître corps et biens . L'art de Henri Queffelec est de nous faire partager l'angoisse des familles de marins et de nous faire revivre une période pas si lointaine où la technologie n'avait pas encore sa place et n'aurait rien changé à l'impuissance des hommes en face des éléments déchainés
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Ce livre nous embarque dans la tempête de 1930, à bord d'un thonier dundee groisillon. C'est l'histoire de cette île, du lien qui unit ces hommes et la mer, mais aussi du courage des femmes restées à terre. Un livre très bien écrit et qui donnerait presque le mal de mer tant on s'y plonge
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Médée ferme les yeux une seconde. Il voyait Aurélia. Défaisant sa coiffe avant de se coucher. Posant des épingles sur la commode. Soupirant. Diminuant la flamme de la grande lampe à pétrole. Écoutant dehors le bruit du vent et cherchant à se représenter la mer... Comment fait le bruit des vagues sur la Côte Sauvage ?... Elle regarde la photographie de leur couple, là-bas, dans la pénombre.
Cette femme n'avait pas le droit de devenir la veuve d'un péri en mer.
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Les tempêtes d'équinoxe existaient bel et bien, pouvaient bel et bien être terribles. Épargnée par les tremblements de terre, la Bretagne avait ses tremblements de mer.
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Femmes qui lisez ces pages et vous trouveriez mal servies par l'exaltation d'un métier de mâles, calmez-vous. Quand nous prenons les chemins de la mer matricielle, nous ne cherchons pas à vous fuir. Entre la mer et vous une alliance est établie. Souveraine. Pourrait-on s'écarter de vous jamais, donatrices de la vie par accord de l'océan ? Quelles solitudes vos images n'envahissent-elles pas aussi ardentes que le lançon pénétrant le sable, tenaces que le goémon proliférant sur la quille des bateaux ? L'homme naît dans la femme. Les organes de sa virilité autant que ses glandes lacrymales et le fuselage de son squelette. Tout cela repose dans la même moiteur originelle. Tout l'homme est de vous. Ses ongles, ses dents, son sang vif, son rire.
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Video de Henri Queffélec (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Queffélec
Émission complète : http://www.web-tv-culture.com/naissance-d-un-goncourt-de-yann-queffelec-1317.html
Il est né à Paris mais ses racines sont belles et bien bretonnes. Yann Queffelec a toujours revendiqué cet attachement, il l?a prouvé dans plusieurs de ses ouvrages comme son « Dictionnaire amoureux de la Bretagne ». Plus jeune, il se rêvait aventurier sur les mers, prenant la plume au gré de ses escales. Car si la voile était sa passion, l?envie d?écriture était déjà présente, encouragée par une mère aimante et affectueuse. En revanche, côté paternel, ces velléités n?étaient pas bien vues. Pas facile pour le grand romancier de la mer que fut Henri Queffelec, grand prix de l?académie française en 1958 avec son « Royaume sous la mer » d?imaginer son fils marcher dans son sillon. Ce conflit père-fils qui perdura jusqu?à la mort d?Henri Queffelec a profondément marqué son fils Yann qui en a fait un livre « L?homme de ma vie ». Au-delà de ces souvenirs personnels, Yann Queffelec a aussi bien sûr écrit de nombreuses fictions mais toujours les relations familiales et le mal-amour se répondent en écho. Avec près d?une quarantaine d?ouvrages alternant romans, récits, essais ou poésie, le parcours d?auteur de Yann Queffelec est bien sûr marqué par le prix Goncourt, en 1985, avec « Les noces barbares ». Ce titre reste associé à la rencontre entre Yann Queffelec et l?éditrice parisienne Françoise Verny, une rencontre improbable, un soir d?hiver sur le quai d?un port de Bretagne, quand Françoise Verny eut cette phrase à destination du futur romancier « Toi, chéri, t?as une gueule d?écrivain ». On imagine la scène? Avec humour, tendresse et émotion, Yann Queffelec nous raconte les mois qui vont de cette rencontre portuaire inattendue à l?obtention du Goncourt, cette relation quasi filiale entre ce jeune auteur en devenir et cette éditrice, faiseuse de talents, à la personnalité bien trempée. Dans ce livre où le lecteur est pris à témoin par l?auteur, Yann Queffelec se dévoile, avec ses bons et ses mauvais côtés, il nous parle d?une époque peut-être révolue ou auteur et éditeur ne faisaient qu?un et il lève le voile sur le monde secret de l?édition parisienne. Tout cela avec une écriture pleine d?originalité, de sonorité et de poésie. « Naissance d?un Goncourt » de Yann Queffelec est publié chez Calmann-Lévy.
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