Jacob Taverner, le propriétaire de l'auberge de
la Roue de Sainte-Catherine, a fait paraître une annonce dans les journaux. Par ce moyen, il demande aux descendants du vieux Jeremiah Taverner, décédé en 1888, de se faire connaître.
A son avoué, chargé de recevoir ceux de ses cousins que Jacob a sélectionnés parmi les personnes ayant répondu à son annonce, le vieil homme prétend que ce stratagème va lui permettre de faire connaissance avec eux. Jacob raconte que, puisqu'il n'a pas de descendants, il souhaite léguer sa fortune à ses cousins et modifier son testament en conséquence.
Mais Scotland Yard, qui a remarqué l'annonce, se demande si cette réunion de famille ne cache pas autre chose. La légende dit que
La Roue de Sainte-Catherine a toujours été un repaire de contrebandiers et la police aimerait beaucoup coincer la petite bande de l'auberge... Afin de rester discrets sur cet objectif, le Yard décide d'envoyer Miss Silver en reconnaissance. Qui soupçonnerait la vieille gouvernante d'être un fin limier ? Elle pourra donc ouvrir l'oeil sans se faire remarquer.
J'adore les aventures de Miss Silver, mais je dois avouer que celle-ci m'a quelque peu laissée sur ma faim.
Si l'intrigue est toujours très bien menée par
Patricia Wentworth, qui, en ce qui concerne le mystère des événements se déroulant à l'auberge, nous tient en haleine jusqu'à la fin du roman, le reste de l'histoire semble légèrement bâclé. Certains personnages restent inconsistants, faute d'une description plus détaillée de leur personnalité ; tandis que d'autres, qui paraissent occuper la place centrale dès les premières pages, donnent l'impression de disparaître ensuite du récit. Jacob Taverner, par exemple, qui semble être au coeur des événements animant la vie de l'auberge, n'est presque plus mentionné durant l'enquête de Miss Silver et de Scotland Yard.
On finit également par avoir le sentiment que
Patricia Wentworth n'exploite pas la personnalité des différents membres de la famille Taverner. Jusqu'au bout, Lady Marian reste la ravissante idiote qui clame haut et fort son désir d'hériter d'une grosse fortune. Pourquoi ne pas en faire une femme à l'intelligence froide et calculatrice, dont la personnalité etonnerait le lecteur en se révélant au grand jour ? Miss Taverner est une femme qu'un rien effraye, qui donne une impression de naïveté et de candeur, ce qui la rend légèrement ridicule aux yeux de ses cousins. Pourquoi ne pas la choisir comme coupable des crimes commis à l'auberge ?
Le décor de
la Roue de Sainte-Catherine reste également très flou, avec des descriptions peu précises et brouillonnes. Peut-être pour renforcer le caractère vieillot de l'auberge en lui donnant un aspect biscornu ? Mystère...
Malgré cela, le roman reste agréable. Miss Silver reste identique à elle-même : une vieille dame sympathique à la tenue légèrement démodée, qui observe discrètement ses contemporains et, avec le temps et l'expérience, a développé une solide connaissance de la nature humaine. D'autres personnages, comme Jane Heron et le capitaine Jeremy, sont très attachants et semblent plus intéressants et intelligents que leurs cousins.
Et, heureusement, l'ambiance cosy mystery est bien présente. Ainsi que le thé, les repas du soir pour lesquels on enfile sa tenue la plus élégante, le tricot de Miss Silver... Tout ce qui fait le charme des livres de
Patricia Wentworth !