AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

José Ángel Valente (Préfacier, etc.)Jacques Ancet (Traducteur)
EAN : 9782070329625
229 pages
Gallimard (24/09/1997)
4.41/5   22 notes
Résumé :
La nuit obscure "Plus les choses divines sont en soi claires et manifestes, plus elles sont naturellement obscures et cachées à l'âme. Il en est ici comme de la lumière naturelle : plus elle est claire, plus elle éblouit et obscurcit la pupille du hibou ; plus on veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on la prive de lumière ; cette lumière dépasse la faiblesse de l'œil. De même quand cette divine lumière de la contemplation investi... >Voir plus
Que lire après Nuit obscure - Cantique spirituel et autres poèmesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
trés beau poémes
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation

je suis entré où ne savais

et je suis resté ne sachant

toute science dépassant



moi je n'ai pas su où j'entrais

mais lorsqu'en cet endroit me vis

sans savoir où je me trouvais

de grandes choses j'ai compris

point ne dirai ce qu'ai senti

car je suis resté ne sachant

toute science dépassant



De piété de quiétude

c'était là science parfaite

au profond d'une solitude

une voie entendue directe

c'était là chose si secrète

que suis resté balbutiant

toute science dépassant



J'étais en tel ravissement

si absorbé si transporté

qu'est demeuré mon sentiment

de tout sentir dépossédé

ainsi que mon esprit doué

d'un comprendre non comprenant

toute science dépassant



Qui en ce lieu parvient vraiment

de soi-même a perdu le sens

ce qu'il savait auparavant

tout cela lui semble ignorance

et tant augmente sa science

qu'il en demeure ne sachant

toute science dépassant



D'autant plus haut il est monté

et d'autant moins il a compris

quelle ténébreuse nuée

venait illuminer la nuit

celui qui savoir en a pris

i1 reste toujours ne sachant

toute science dépassant



Il est ce non savoir sachant

chargé d'un si puissant pouvoir

que les sages argumentant

n'en tireront jamais victoire

car il ne peut tout leur savoir

ne point comprendre en comprenant

toute science dépassant



Et une si haute excellence

est en ce suprême savoir

que ni faculté ni science

de le défier n’a pouvoir

qui de soi tirera victoire

avec un non savoir sachant

il ira toujours dépassant



et si vous désirez l’ouïr

cette souveraine science

consiste en un très haut sentir

de la toute divine essence

c’est une œuvre de sa clémence

faire rester ne comprenant

toute science dépassant
Commenter  J’apprécie          210
Où vous êtes-vous caché, mon bien-aimé ?
Vous m’avez abandonnée dans les gémissements ;
Vous avez pris la fuite comme un cerf,
Après m’avoir blessée ;
Je suis sortie après vous en criant ; mais déjà vous vous en étiez allé.

Pasteurs, autant que cous êtes qui irez
Par les cabanes à la colline,
Si par hasard vous voyez
Celui que je chéris plus que tout le monde,
Dites-lui que je languis, que je suis
tourmentée, que je me meurs.

En cherchant mes amours,
J’irai par ces montagnes et par ces rivages ;
Je ne cueillerai point de fleurs,
Je ne craindrai pas les bêtes sauvages,
Et je passerai par les forts et par les frontières.

Ô forêts, ô épaisseurs,
Plantées par la main de mon bien-aimé !
Ô pré toujours vert,
Émaillé de fleurs !
Dites si mon amant a passé par vos campagnes.

En répandant mille grâces,
Il a passé à la hâte par ces forêts,
Et en les regardant
De sa seule figure,
Il les a laissées revêtues de sa beauté.

Hélas qui me pourra guérir ?
Ah ! donnez-vous véritablement tout à moi ;
Ne m’envoyez plus
D’ici en avant des messager,
Qui ne peuvent dire ce que je souhaite.

Et tous autant qu’ils sont qui s’appliquent à vous connaître,
Me parlent de mille grâces qui viennent de vous ;
Mais alors ils me blessent davantage,
Et me laissent toute mourante ;
Ils disent je ne sais quoi en bégayant,
Mais ils ne s’expliquent pas clairement.

Mais comment subsistez-vous,
Ô vie, ne vivant pas où vous vivez,
Puisque les traits qui vous viennent des choses
que vous connaissez en votre bien-aimé,
vous donnent la mort ?

Pourquoi donc avez-vous blessé ce cœur,
Et pourquoi ne l’avez-vous pas guéri ?
Et puisque vous l’avez dérobé,
Pourquoi l’avez-vous laissé ?
Pourquoi ne prenez-vous pas la proie que vous avez faite ?

Éteignez mes ennuis,
Que personne que vous ne peut adoucir ;
Que mes yeux vous voient,
Puisque vous êtes leur lumière ;
Je ne désire les avoir que pour vous.

Faites voir votre présence,
Et que votre beauté me fasse mourir :
Considérez que la maladie
d’amour ne se guérit bien
que par la présence et par la figure.

Ô fontaine cristalline,
Si dans vos surfaces argentées
Vous formiez promptement
les yeux que je désire,
Et que j’ai ébauchés dans mes entrailles !

Détournez vos yeux, mon bien-aimé,
Parce que je m’envole.
Revenez, ma colombe ;
Car le cerf qui est blessé paraît sur le haut de la colline,
Et le vent de votre vol le rafraîchit…

Mon bien-aimé est comme les montagnes,
Comme les vallées solitaires et pleines de bois,
Comme les îles étrangères,
Comme les fleuves qui coulent avec bruit,
Comme le souffle des doux zéphyrs.

Il est comme une nuit tranquille
Qui approche de l’aurore naissante ;
Comme une musique sans bruit,
Comme une solitude harmonieuse,
Comme un souper qui recrée et qui attire l’amour.

Notre lit est couvert de fleurs,
Entrelacé de cavernes de lions,
Teint de pourpre,
Fait sur la paix,
Couronné de mille boucliers d’or.

Après vos vestiges,
Les jeunes filles courent au chemin,
Au toucher d’une étincelle,
Au vin mixtionné,
Aux odeurs d’un baume divin.

J’ai bu dans la cave intérieure de mon bien-aimé ;
Et quand je suis sortie
Par toute cette plaine,
Je ne connaissais plus rien,
Et j’ai perdu le troupeau que je suivais auparavant.

Là il m’a donné ses mamelles,
Là il m’a enseigné une science très-savoureuse ;
Et je me suis donnée effectivement
toute à lui, sans réserver aucune chose ;
Là je lui ai promis d’être son épouse.

Mon âme et toute ma substance
s’emploient à son service ;
Je ne garde plus mon troupeau,
et je ne fais plus d’autre office,
Car tout mon exercice est d’aimer.

Si donc d’ici en avant on ne me voit plus dans les prés,
et si on ne m’y trouve plus,
Dites que je me suis perdue ;
car, étant tout enflammée d’amour,
je me suis volontairement perdue ;
mais ensuite on m’a recouvrée.

De fleurs et d’émeraudes
Choisies dès le grand matin,
Nous ferons des bouquets.
Fleuris en votre amour,
Et liés de l’un de mes cheveux.

Dans ce seul cheveu
Que vous avez considéré volant sur mon cou,
Et que vous avez regardé sur mon cou,
Vous avez été lié,
Et vous avez été blessé par l’un de mes yeux.

Lorsque vous me regardiez,
Vos yeux m’imprimaient votre grâce ;
C’est pourquoi vous m’aimez.
En cela mes veux méritaient d’adorer
ce qu’ils voyaient en vous.

Ne me méprisez pas ;
Car si vous avez trouvé en moi une couleur noire,
Vous pouvez maintenant me regarder.
Après que vous m’avez déjà regardée,
Car vous m’avez laissé de la grâce et de la beauté.

Prenez-nous les renards,
Car notre vigne est déjà fleurie,
Pendant que nous faisons un bouquet de roses,
En forme de pomme de pin,
Et qu’aucun ne paraisse dans nos collines.

Arrête-toi, vent du septentrion, qui donnes la mort ;
Viens, vent du midi, qui réveilles les amours ;
Souffle par mon jardin,
Et que ses odeurs se répandent,
Et que mon bien-aimé se repaisse entre les fleurs.

L’épouse est maintenant entrée
Dans l’agréable jardin qu’elle désirait,
Et elle repose à son gré,
Le cou penché,
Sur les doux bras de son bien-aimé.

Sous un pommier
Je vous ai épousée ;
Là je vous ai donné la main,
Et vous avez été réparée
Où votre mère avait été violée.

Oiseaux, qui avez les ailes légères,
Lions, cerfs, daims sautants,
Montagnes, vallées, rivages,
Eaux, vents, ardeurs,
Craintes, gardes de nuit,

Par les lyres agréables,
Et par le chant des sirènes, je vous conjure
D’apaiser votre colère,
Et de ne point toucher la muraille,
Afin que l’épouse dorme plus sûrement.

Ô nymphes de Judée,
Pendant qu’entre les fleurs et les rosiers
L’ambre gris répand son parfum,
Demeurez dans les faubourgs,
Et ne touchez pas le seuil de nos portes.

Cachez-vous, mon bien-aimé,
Et tournez le visage pour regarder les montagnes,
Et ne le dites à personne ;
Mais, au contraire, voyez les campagnes
De celle qui va par les îles étrangères.

La colombe blanche
Revint dans l’arche avec une branche d’olivier ;
Et la chaste tourterelle
Trouve sa compagne qu’elle désire
Dans les rivages verts.

Elle vivait dans la solitude ;
Et elle a mis son nid dans la solitude :
Et son bien-aimé seul
La conduit dans la solitude ;
Il est ainsi blessé d’amour dans la solitude.

Réjouissons-nous, mon bien-aimé ;
Allons nous regarder dans votre beauté.
Sur la montagne ou sur la colline,
D’où coule une eau pure ;
Entrons plus avant dans l’épaisseur.

Et incontinent nous irons ensemble
Aux sublimes cavernes de la pierre,
Qui sont fort cachées,
Et nous entrerons là,
Et nous y goûterons le jus des grenades.

Là vous me montreriez
Ce que mon âme prétendait ;
Et là même vous me donneriez encore aussitôt,
Ô ma vie,
ce que vous m’aviez donné l’autre jour.

L’agréable souffle du vent,
Le doux chant du rossignol,
Le bois et son agrément,
Pendant la nuit sereine,
Avec la flamme qui consume et qui n’est pas fâcheuse.

Aminadab n’était vu de personne,
Et il ne paraissait pas ;
Le siège s’adoucissait,
Et la cavalerie descendait
À la vue des eaux.
Commenter  J’apprécie          00
Ô âmes spirituelles ! ne vous plaignez pas de sentir vos puissances livrées à l’angoisse des ténèbres, vos affections stériles et paralysées, vos facultés impuissantes à tout exercice de la vie intérieure. En vous enlevant votre manière imparfaite d’agir, le Seigneur vous délivre ainsi de vous-même. Malgré le bon emploi que vous eussiez fait d’ailleurs de vos facultés, leur impureté et leur ignorance ne vous eussent jamais permis d’obtenir un résultat aussi parfait et une sécurité aussi entière. Dieu vous prend par la main, et se fait lui-même votre conducteur au milieu des ténèbres. Il vous guide comme un aveugle par un chemin inconnu, vers le terme où ni vos lumières ni vos efforts n’eussent jamais pu vous conduire.
Commenter  J’apprécie          40
O flamme d'amour, vive flamme
Qui me blesse si tendrement
Au plus profond centre de l'âme
Tu n'es plus amère à présent,
Achève donc, si tu le veux,
Romps enfin le tissu de cet assaut si doux.
Commenter  J’apprécie          140


Sans appui et avec appui

sans lumière en l'obscur vivant

tout entier me vais consumant



Voilà mon âme dessaisie

de toutes les choses créées

au-dessus d'elle s'est levée

en une savoureuse vie

s'étant sur Dieu seul appuyée

alors désormais on dira

chose qui m'est du plus grand prix

que mon âme à présent se voit

sans appui et avec appui



Bien que je subisse la nuit

au sein de cette vie mortelle

mes souffrances ne sont point telles

car si la clarté me trahit

je possède la vie du ciel

car l'amour de pareille vie

plus va sans cesse s'aveuglant

et plus il tient l'âme ravie

sans lumière en l'obscur vivant



L'amour accomplit tel labeur

depuis que je sais qu'il est là

qu'avec du bien du mal en moi

il donne à tout même saveur

et l'âme il la transforme en soi

et en son savoureux brasier

qu'au centre de moi je ressens

en hâte sans y rien laisser

tout entier me vais consumant
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jean de la Croix (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean de la Croix
13 décembre 1591. Jean de la Croix, grand mystique et poète, réformateur de l'Ordre du Carmel aux côtés de Thérèse d'Avila, a rejoint depuis quelques jours le couvent d'Ubeda, au coeur de l'Andalousie. Atteint d'une maladie qui gangrène d'abord sa jambe, puis son corps tout entier, il sent la mort approcher. Dans son agonie, il se met à parler. Avec soi-même d'abord, mais aussi en dialogue avec celui qu'il n'a cessé de chercher toute sa vie durant, celui qui l'a soutenu pendant les épreuves, pendant les heures sombres. Et peut-être a-t-il aussi quelque chose à dire aux nombreux frères qui l'entourent, ainsi qu'à nous, qui l'écoutons plusieurs siècles après. Le frère Jean se souvient de l'existence intense qu'il a vécue. de la grande pauvreté d'une enfance villageoise castillane aux bancs de l'université de Salamanque, des rencontres qui l'ont aidé à celles qui ont failli le détruire, d'un cachot de Tolède aux instants merveilleux dans la Grenade andalouse, la vie de Jean de la Croix est une aventure constante, dense, inspirante. S'affranchissant des cadres habituels, ce livre introduit le lecteur à une compréhension profonde d'un homme hors du commun, dont le message invite à se recentrer sur l'essentiel, à suivre son coeur et à renouer avec la subjectivité et la sensibilité. Un roman passionnant. Un récit majestueux. David Clair est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et titulaire d'un DEA en histoire. Il est l'auteur de L'Oublié de Dora.
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (68) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}