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Critiques (983)
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Les arbres pleurent aussi

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - le marronnier qu'admirait Anne Frank depuis sa lucarne de captivité est vieux et malade. Peut-être faudra-t-il l'abattre ? La nouvelle suscite l'émoi, tant l'arbre moribond - que Maurizio A. C. Quarello représente en couverture comme mort déjà : bois tronqué sans cime ni racines, vaines ramifications étendues vers un ciel absent, grisaille stérile du tronc que seul rehausse le rouge sang des dernières feuilles - symbolise à Amsterdam la mémoire de l'Holocauste. Irène Cohen-Janca a eu la belle idée de faire parler ce témoin muet qui a tout vu, de haut. En plongée, nous apercevons dans l'eau noire du canal le reflet du visage d'Anne Frank, le jour de son arrivée - présage sinistre. Ou les casques et les dos anonymes des policiers venus l'arrêter avec sa famille un matin de 1944. Nulle colère dans la voix de l'arbre, qui a vécu cent cinquante ans, assez pour connaître la versatilité humaine et savoir que les choses s'inversent : si nous renversons la couverture de l'album, nous découvrons des racines qui creusent le sol. Arbre de vie, le marronnier se souvient du bonheur de la jeune fille au printemps, quand « comme des chandeliers [s]es grandes fleurs blanches se dressaient vers le ciel ». Il cite le Journal d'Anne Frank et rappelle son optimisme : « Elle ne douta jamais que tout à nouveau refleurirait autour d'elle. Qu'à l'hiver glacial où règne un silence de mort succède toujours l'explosion de vie du printemps. » C'est un message apaisé et plein d'espérance que nous transmet cet album, qui lie la poésie du texte à celle des images et s'achève sur une touche de vert : l'apparition ultime du greffon de l'arbre, promesse de vie et de mémoire. Charlotte Plat
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Du vent dans mes mollets (BD)

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Rachel a neuf ans et, depuis une semaine, elle dort tout habillée, avec cartable et affaires de gym pour ne pas être en retard à l'école. Alors sa mère l'envoie chez Mme Trebla, « une dame qui parle avec les enfants et qui, après quelques dessins, arrive à les convaincre de se mettre en pyjama le soir, d'enlever leur cartable et leurs chaussures avant de se coucher à l'intérieur des couvertures. » Suivent neuf séances désopilantes chez la psychologue au cours desquelles Rachel médite sur l'amour, la mort, Barbie et la politique, avant qu'un triste épilogue ne vienne frapper le lecteur qui ne s'attendait pas à voir la mort s'introduire dans ce récit faussement naïf et vraiment hilarant. Raphaële Moussafir a toujours souhaité que son texte devienne une bande dessinée. Elle a choisi elle-même l'illustratrice, qui dessine une Rachel à la fois expressive et dynamique, oscillant entre rire et désarroi, caprice et cruauté. Si le trait est parfois un peu caricatural, il n'est jamais redondant par rapport au récit et il acquiert, dans les dernières pages, une plus grande subtilité, jouant habilement du cadrage et de l'échelle pour accentuer la fragilité de l'enfant, éprouvée par le deuil. Perdue dans une page tapissée d'herbes vertes, une petite silhouette résiste au chagrin, debout. Et plus loin, les poings serrés, recroquevillée, isolée dans un noir chagrin, l'enfant semble minuscule et sans défense, parmi les fleurs tendres d'un tissu Liberty. « Je suis restée longtemps sans rien dire, la tête posée sur les genoux de maman, en regardant le tissu de sa jupe qui restait le même alors qu'Hortense était morte. Je me suis dit que j'aurais bien aimé être un morceau de tissu », confie Rachel, dans une page où illustration et narration se mêlent pour souligner avec finesse le fil psychanalytique du récit. Charlotte Plat
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Inès

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Inès n'est jamais nommée au fil de cet album. Il s'agit pourtant de la petite fille de ce couple, où le père et mari use de violence à l'égard de sa femme. Plus que les coups, il y a l'humiliation psychologique permanente, les mots qui « frappent », la dépendance financière, etc. Et le roman graphique interroge les personnages - plus ou moins proches - qui gravitent autour de cette cellule familiale. Pourquoi ce silence ? Qui viendra en aide à cette femme et à cette petite Inès qui ne cesse de pleurer ? Les voisins s'inquiètent brièvement, le collègue de travail ne peut pas non plus se voiler la face, mais comment dénoncer cet homme qui semble affable de prime abord ? La bande dessinée décrit un peu plus de 24 heures du quotidien de cette femme, jusqu'à l'issue, inéluctable. Loïc Dauvillier (scénario) et Jérôme d'Aviau (dessin) témoignent ici d'un terrible drame familial avec une économie de dialogues et de scènes. le trait noir et blanc et la ligne claire proche du manga servent le propos du duo, qui dénonce la violence mais aussi le silence « complice » de l'entourage. le lecteur est lui aussi amené à s'interroger sur cette situation insoutenable. Enfin, on soulignera le choix du titre pour cet album, Inès, la fille de ce couple, meurtrie indirectement par cette violence, actrice et témoin malgré elle. Quel sera son avenir ? Une lecture cinglante mais nécessaire. Anne Clerc
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Un zoo en hiver

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - En 1966, Hamaguchi vit à Kyoto et travaille dans une usine de textile. Durant son temps libre, il se rend au zoo et dessine les animaux. Une vie terne et sans relief jusqu'au jour où un ami lui propose de devenir l'assistant d'un célèbre mangaka, Kondô, et de s'installer à Tokyo. le jeune homme hésite peu de temps. Les débuts sont difficiles, le travail parfois ingrat, sans compter que les nuits de labeur ne manquent pas afin de publier les épisodes dans le célèbre magazine Shônen Holiday. Mais il est au plus près de sa passion, le manga ! En parallèle, il se lie d'amitié avec deux de ses collègues, Morikawi et Fujita, qui l'initient au monde de la nuit tokyoïte... Il ne reste plus à Hamaguchi qu'à sortir de l'ombre et c'est la rencontre avec une jeune femme fragile qui sera source d'inspiration.
Dans ce nouveau roman graphique de Taniguchi, ses adeptes seront certainement moins séduits par un scénario lisse et sans péripéties. Néanmoins, l'auteur nous fait découvrir son univers, celui du manga, sous un angle inédit. le travail acharné, les assistants dans l'ombre du mentor, la difficulté d'accéder à la reconnaissance, etc. Enfin, on retrouve la poésie et la finesse de Taniguchi et son dessin au trait subtil. Anne Clerc
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Les étranges soeurs Wilcox, Tome 1 : Les vamp..

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Londres, hiver 1888. Les soeurs Wilcox se réveillent enfermées dans le cercueil d'inconnues. Plus étrange encore, Amber, l'aînée, réalise qu'elle n'a aucune difficulté à respirer ensevelie sous terre, que sa vue s'adapte parfaitement à l'obscurité et qu'une force insoupçonnée lui permet de briser le bois du cercueil et de regagner la surface. Une fois à l'air libre, les deux soeurs se pressent de regagner leur domicile afin de comprendre comment elles ont pu se retrouver dans ce cimetière. Après avoir traversé Londres en pleine nuit, le cauchemar continue : leur demeure a été dévastée par un incendie et leur père a disparu... Un docteur, nommé Watson, va leur proposer son aide et la protection des invisibles, une société secrète qui veut débarrasser le royaume de la menace des vampires. Amber et Luna vont peu à peu découvrir leurs nouveaux et inquiétants pouvoirs.
Ce premier volume des Étranges soeurs Wilcox pose le décor déroutant d'une Angleterre victorienne où Sherlock Holmes côtoie Dracula, la reine Victoria, Jack l'éventreur, Abraham Stoker ou Elisabeth Bathory... L'intrigue - au risque de perdre le lecteur - est parsemée de références historiques, littéraires et artistiques qui permettent de créer un cadre vraisemblable à cette chasse aux vampires. Les soeurs Wilcox réussissent nousentraîner dans une aventure pleine de rebondissements et dont on attend la suite. Rozenn Muzellec
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Ce que je sais de Vera Candida

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - « Rose Bustamente, la grand-mère maternelle de Vera Candida, avant de devenir la meilleure pêcheuse de poissons volants de ce bout de mer, avait été la plus jolie pute de Vatapuna ». Dans une Amérique du sud imaginaire, baroque, colorée et moite, trois générations de femmes affrontent leur destin : la violence des hommes, la maternité non choisie... Vera Candida, petite fille de Rose, choisit de rompre avec ce qui ressemble à de la fatalité : à 15 ans, enceinte, elle quitte l'île de Vatapuna. Loin des démons du passé, elle tente de prendre son destin en main, élève sa fille Monica Rose, et rencontre Itxaga qui tombe fou amoureux d'elle. Forcément, elle retournera à Vatapuna... Fable initiatique, saga familiale, le souffle romanesque de Ce que je sais de Vera Candida emporte... La langue de Véronique Ovaldé est sonore et joliment ornée ; elle construit un univers teinté de fantaisie et de merveilleux qui réjouit dans l'avalanche de textes « réalistes ». L'auteur nous offre ici des personnages hauts en couleurs, inoubliables ; des femmes fortes, en lutte et si vulnérables (l'ouvrage ne devait-il pas s'intituler Vies amazones ?). Les jeunes lecteurs ne s'y sont pas trompés en attribuant à Ce que je sais de Vera candida le 18e prix Renaudot des lycéens. Hélène Sagnet
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Apollinaire : La poésie perpétuelle

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Apollinaire, dont la vie fut si brève, a fasciné ses contemporains et continue de nous émerveiller par sa singularité et sa liberté créatrice. Laurence Campa restitue la trajectoire de celui qui se « savait fils du mystère et du hasard ». le livre est riche d'une abondante documentation qui plonge le lecteur au coeur même de la genèse et de l'oeuvre de celui qui, né « Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky » en 1880, meurt en 1918, emporté par la grippe espagnole. C'est un vrai bonheur que de découvrir les facsimilés de ses poèmes manuscrits, tel « Acousmate » où le jeune homme de vingt ans s'essaie à signer du nom qu'il s'est inventé.
Tout un univers est ainsi offert par ses portraits, les photos de celles qu'il a aimées, de ses nombreux amis artistes et de leurs oeuvres, le contexte d'une époque tumultueuse et d'une créativité exceptionnelle. On y lit son goût pour « les images et les associations d'idées, qui disent mieux sa vérité personnelle et poétique » que des discours théoriques. En fin de volume, des témoignages et documents sont autant d'éclairages sur l'homme et le poète qu'il fut, suivis d'une bibliographie sélective, d'une table des illustrations et d'un index. Il faut absolument lire et relire ce livre tout en se plongeant dans l'oeuvre de Guillaume Apollinaire ! Colette Broutin
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La Petite Danube

Lecture jeune, n°125 - Nous sommes quelque part au pied des Carpates, le long du Danube, « dans une éternité d'enfance et de guerre ». Anna, une petite fille, s'adresse aux spectateurs et raconte son quotidien avec lucidité et distance. du haut de ses onze ans, elle évoque ainsi les trains qui défilent sous ses yeux, transportant des hommes et des femmes, Juifs ou Tsiganes. Elle découvre une veste de pyjama à rayures, enterrée au fond de son jardin, qu'elle prénomme Arthur. La veste appartient à un déporté en fuite et recherché par les soldats… Ce court texte constitue le deuxième volet d'un triptyque, commandé par le Théâtre du Pélican, à Clermont-Ferrand, sur le thème de l'errance actuelle de la jeunesse et sa mémoire. La force de la pièce est de dénoncer, à travers le regard d'une petite fille, l'indifférence de son entourage familial tandis que des peuples sont anéantis, mais aussi de démontrer que ceux qui tentent d'oublier sont toujours rattrapés par leurs souvenirs et leur conscience. Un texte fort et poignant auquel viennent s'ajouter les illustrations d'Edmond Baudoin (en pleine ou double page), qui donnent des pistes pour la mise en scène. Une pièce difficile, au sujet sensible, à la langue poétique et engagée mais qui invite à la résistance et à la prise de conscience, des valeurs toujours actuelles. Anne Clerc
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Viscéral

Lecture jeune, n°123 - Rachid Djaïdani publie ici son troisième roman. Après quelques années dans la maçonnerie et la boxe, ce rejeton des cités écrit en 2001 un premier livre, Boumkoeur (Points virgule, voir LJ n°91), vendu à 300.000exemplaires – qui lui vaut une invitation chez Pivot –, mène une carrière d'acteur – notamment chez Peter Brook – et de réalisateur. Son héros, Lies, jeune adulte d'un quartier dit sensible, ancien champion de boxe, entraîne un groupe de jeunes dans un gymnase et quelques détenus en prison. Deux rencontres bouleversent le cours de sa vie : celle de Shéhérazade, la soeur belle et sensuelle d'un de ses élèves, et celle d'une directrice de casting. L'intrigue bien ficelée tourne alors à la tragédie. La mécanique huilée d'une petite vie tranquille s'enraye, la faute au hasard et à une fatalité implacable. le livre se colore d'une violence (séquestration, incendie du gymnase, hold-up sanglant) aux motivations universelles : la jalousie, le fanatisme, l'incompréhension… La tendresse d'un amour naissant tempère ce climat. Rachid Djaïdani a la rage d'exister, de faire entendre sa voix d'artiste« urbain » : il interpelle le lecteur, mène une réflexion sans clichés sur les problèmes des cités (mais pas exclusivement), écrit dans une langue chahutée et inventive, pleine de métaphores, tantôt proche du slam, tantôt épurée (excepté un premier chapitre assez échevelé) et toujours originale. Ce livre révolté, émouvant et très visuel devrait toucher comme Boumkoeur un large public, pas forcément grand lecteur mais ouvert à une nouvelle voix. Marie-Françoise Brihaye
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Les terribles aventures du futur Capitaine ..

Lecture jeune, n°122 - James Matthew B. vient d'intégrer le fameux collège d'Eton, où est éduquée l'aristocratie anglaise. Fils d'un Lord qui ne l'a pas reconnu, il est vite considéré comme un gêneur. En compagnie de son seul véritable ami, Roger l'enjoué, il s'oppose aux coutumes de l'établissement. Sa vie bascule lors de la rencontre annuelle du Jeu du Mur. Il fait la connaissance d'Ananova, la fille d'un sultan, dont il tombe éperdument amoureux. Pour elle, il n'a plus qu'un objectif : trouver l'île de ses rêves, le Pays de Nulle Part. James V. Hart nous conte ici la jeunesse d'un méchant mondialement connu, le capitaine Crochet, jusqu'au moment où lui sera donné ce surnom. le pari était risqué, il l'a réussi. Il imagine un personnage hors du commun, doté d'un physique inquiétant et d'un fort caractère qui le rendent antipathique à ses aînés. le lecteur en revanche s'attache à cet adolescent que la vie n'a pas favorisé. Il se dégage enfin de ce livre une ambiance très noire correspondant parfaitement à l'antihéros présenté. Sébastien Féranec
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Shutter Island (BD)

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - Cette bande dessinée est une adaptation du roman éponyme de Dennis Lehane, publié en 2003. Dans les années 1950, l'îlot de Shutter Island, au large de Boston, abrite un hôpital psychiatrique où sont internés des criminels souffrant de troubles mentaux. le marshal Tedy Daniels et son coéquipier Chuck Aule prennent le bateau pour se rendre dans la forteresse, à la demande du directeur. En effet, une prisonnière, Rachel Solando, s'est évadée sans laisser de traces, excepté une feuille de papier laissée sur son lit sur laquelle elle a dessiné une succession de chiffres et de lettres, sans signification apparente. Les enquêteurs s'interrogent sur le véritable rôle des médecins psychiatres qui semblent leur cacher la vérité. Se livrent-ils à des traitements expérimentaux sur les malades, en particulier ceux qui sont enfermés dans le phare ? On comprend que l'inspecteur a des motifs personnels pour être sur cet îlot : il recherche le responsable de la mort de sa femme, un certain Andrew Laeddis... jusqu'au moment où le récit bascule ! L'atmosphère de ce huis clos, hanté par de dangereux psychopathes, est admirablement servie par le graphisme et de sombres teintes encrées, jouant sur les contrastes sépia. le lecteur est littéralement piégé par des indices savamment distillés, qui le conduisent à une terrifiante révélation finale. C'est une oeuvre aboutie car on relit attentivement cet album pour savourer l'agencement des dessins et des textes avec le plaisir d'y déceler la maîtrise parfaite du récit. ? Colette Broutin
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Ni vu ni connu

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - le narrateur, Antoine, a dix ans. Il est invité à l'anniversaire d'un camarade de classe, Thomas. Au cours d'une partie de cache-cache, il reste dissimulé dans la maison et espionne les autres. Persuadé que personne ne s'intéresse à lui et que ses copains ne remarqueront pas son absence, il continue à se cacher pour observer ses camarades, sa maîtresse et même sa mère. Il découvre ainsi que les apparences sont trompeuses, qu'il est difficile de se faire des amis et qu'il n'est pas le seul à souffrir de la solitude. Son stratagème une fois révélé, il prend conscience qu'il a pu blesser ceux qui l'aiment. le rythme de ce court récit, où le narrateur adopte une position d'observateur en retrait, dévoile progressivement la personnalité de cet enfant complexé, sensible et intelligent mais aussi « égocentrique et narcissique » comme le lui reproche vertement sa mère. L'auteur a su habilement évoquer un fantasme largement partagé : l'impression de ne compter pour personne et le désir de savoir ce que les autres pensent de nous. Un petit livre facile à lire mais qui résonne au plus profond de chacun. Colette Broutin
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Petits sauvages

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Depuis que son père est mort, la petite Elaine refuse d'apprendre à écrire, refuse de grandir. Elle fait l'école buissonnière pour retrouver le jardin ouvrier où son père conviait fées et sortilèges pour l'émerveiller. Et comme sa mère, inquiète, l'enferme, elle transforme sa chambre en « jungle », où elle « pourra onduler au plus profond du monde sauvage ». Par la magie du théâtre, chambre et jardin se confondent. le père d'Elaine apparaît, qui l'encourage à ramper parmi les herbes folles. « Mon papa disait que le plus formidable de tous les jardins, c'est la tête, [explique l'enfant]. Il disait que dans la tête, on peut faire pousser tout ce qu'on veut ». Même un petit sauvage imaginaire nommé Skoosh, qui serait son seul ami... La tête d'Elaine résonne de voix intérieures : c'est le choeur hostile et vindicatif des voisins qui jugent sans comprendre ; ce sont les voix désemparées de sa mère ou des médecins impuissants ; enfin, c'est la voix tendre du père, qui ramène Elaine à la raison. En quinze scènes, l'enfant grandit - ainsi que l'annonçait son nom, Elaine Grew (« Elaine a grandi » en anglais) - et elle est prête à vivre de nouveau. Dans la belle traduction de Séverine Magois, voici un texte sensible et juste sur le deuil et la folie. David Almond, qui croit au pouvoir incantatoire de la parole, sait suggérer un espace, camper des personnages, les doter du caractère et de la vitalité qui les rendront vivants et émouvants sur scène. Charlotte Plat
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L'étonnante disparition de mon cousin Salim

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Tante Gloria et son fils Salim sont de passage à Londres, dans la famille de Ted et Kat, avant de prendre l'avion pour New York. Ils se rendent tous à la London Eye, la roue majestueuse au sommet de laquelle la vue sur la capitale est magique. Ted et Kat suivent du regard leur cousin prendre place dans une nacelle, mais trente minutes plus tard, il n'est toujours pas redescendu. Salim a disparu ! Police, famille et amis tentent de comprendre ce qui est arrivé. Pendant ce temps, Ted élabore neuf théories qu'il a bien l'intention de vérifier une à une, avec la complicité de sa soeur Kat ! le roman de Siobhan Dowd évoque immédiatement le Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon (Pocket Jeunesse, 2004, LJ n° 110-111). L'histoire, racontée du point de vue de Ted, prend une nouvelle dimension. En effet, le jeune homme, présumé autiste, est passionné par la logique, les phénomènes météorologiques et les mathématiques. Et, à l'inverse, il a tendance à prendre au premier degré les expressions du langage courant, il ne parvient pas à comprendre certaines attitudes ou émotions. Mais il réussira, avec ses raisonnements implacables, à retrouver Salim ! Ce personnage particulièrement attachant fournit à l'auteur des prétextes pour renverser les moments tragiques en passages comiques ou poétiques. Enfin, la différence de Ted n'est pas décrite comme un handicap, mais comme un atout, notamment à travers la possibilité d'avoir une autre vision du monde. Un éloge à la différence. Anne Clerc
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Chasseur d'orages

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Depuis le décès de son grand-père, Herb vit chez son père et sa belle-mère dans le quartier chic de Vancouver. Il ne se sent pas à sa place et décide de s'enfuir. Il a pour projet de se rendre aux Lightning fields, un endroit insolite où ont été plantés des centaines de piquets pour attirer la foudre, au fin fond du désert américain. Il était prévu qu'Herb fasse le voyage avec John, son grand-père, Pour lui rendre hommage, le garçon souhaite aller y disperser ses cendres. La nuit où il met les voiles, c'est la fête à Vancouver et, dans la foule, il rencontre trois étudiants aux Beaux-Arts : Moon, Mina et Blondie. Ces trois-là vont se joindre à lui pour un « road-movie » à la découverte de leurs sentiments et de leur identité. Par la voix du jeune narrateur, ce court roman évoque sur un ton très juste la difficulté des relations entre parents et adolescents (notamment dans les familles recomposées), l'attachement, les souvenirs, les rencontres (et même la naissance de l'amour), sur fond de voyage dans les grands espaces américains. L'énergie et la simplicité de ces quatre jeunes font passer un bon moment. Perrine Concialdi
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