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Nos Ancêtres tome 3 sur 4
EAN : 9782070449392
224 pages
Gallimard (16/11/2012)
3.99/5   624 notes
Résumé :
Venu passer ses troupes en revue, Charlemagne découvre que sous l'armure de l'exemplaire paladin Agilulfe il n'y a personne... Agilulfe n'existe pas. Ce qui ne l'empêche pas de combattre ni de commander à son écuyer Gourdoulou - lequel existe bien, mais ne le sait pas. Derrière son ironie burlesque, Italo Calvino nous livre une profonde réflexion sur la guerre et le sens de l'histoire, et nous confie, en filigrane, ses pensées sur l'écriture.

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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 624 notes
Un chevalier extraordinaire est le héros de ce court roman (ou conte). Un chevalier discipliné, courageux, charismatique, galant; parfait, mais qui n'existe pas! Son armure est vide! de la chevalerie partout dans ce roman; des guerres, de l'amour galant, des couvents, des chevauchés, de la vengeance, de l'honneur, tout cela raconté avec l'humour tout en finesse d'Italo Calvino.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de roman à la Chrétien de Troyes, avec cette atmosphère chevaleresque. Et j'avais lu ce roman sans avoir aucune information à son compte (j'imaginais autre chose) et j'ai été surpris. En plus c'était le roman avec lequel je voulais découvrir le fameux Italo Calvino.

La qualité de ce livre est qu'il nous présente ce monde d'une manière moderne, sans archaïsme; c'est comme s'il traduisait en langue actuel un écrit très ancien de langue française moyenâgeuse, en allégeant le récit de tout ce qui peut ennuyer le lecteur moderne ou le rebuter. J'avais en tout cas cette impression.

Tout en lisant le livre plein de bonne humeur, j'avais en tête ce sourire singulier qu'on retrouve presque dans toute les photographies de Calvino!

Il y a plusieurs niveaux de lecture pour ce roman:
- il peut être lu comme un simple roman moderne de chevalerie, avec une intrigue pleine de rebondissements captivants. (une parodie de chanson de geste)
- comme un conte philosophique (à la Voltaire), car n'oubliant pas que Calvino est considéré comme un philosophe entre autre. Calvino discute l'idée de la perfection de l'homme; faut-il être parfait pour exister dans la société? Non est peut-être la réponse. L'homme parfait n'admet pas l'erreur, or l'erreur est humaine, sinon il est plongé dans la robotisation et se trouve enfin de compte seul, inexistant parmi des gens folâtres, amoureux, fautifs, fous.
- comme une satire de la guerre (qui ne finit jamais), de la discipline exagérée, de la bureaucratie qui rend l'homme moderne comme un singe envoyé dans l'espace pour cliquer machinalement sur des boutons!

Tyler Durden te dit chevalier inexistant: Arrête d'être parfait, arrête de tout contrôler!!
Le sort final de notre chevalier m'a vraiment attristé (je l'avoue, j'avais la gorge serrée). Un contraste avec l'humour de ce récit!
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"Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra est, sans conteste, un soldat modèle ; mais tous le trouvent antipathique". Voici ce que consigne Soeur Théodora dans son manuscrit. Et lorsque Charlemagne passe ses troupes en revue, c'est avec stupeur qu'il découvre que l'armure est vide. Pourtant, ce preux chevalier semble bien exister puisqu'il combat, donne des ordres et veille à la discipline...
La nonne va ainsi mettre en scène des personnages fantasques, comme Gourdoulou, qui s'identifie à tout ce qu'il rencontre. Une scène est particulièrement cocasse : cet homme voit des canards. Il se jette alors à l'eau tout en poussant de tonitruants "coin coin" ! Bien entendu, il deviendra l'écuyer d'Agilulfe, formant ainsi son opposé.

Italo Calvino nous plonge, à travers la plume de Soeur Théodora, dans le monde médiéval. Cependant, s'il parodie avec brio les genres de l'époque, il n'en reste pas moins que sa réflexion va plus loin. Ainsi, il s'interroge sur l'identité à travers l'étroite imbrication de la fantaisie et du réalisme.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Ah cette trilogie que constituent "Nos ancêtres" d'Italo Calvino, j'adore. Nos Ancêtres certes mais potentiellement des personnages très actuels.
Bon évidemment le côté "nonsense" existe toujours chez Calvino. Cette fois-ci on a carrément un "chevalier inexistant" ! L'armure est là mais vide ! Et pourtant ce chevalier parle, combat, séduit les femmes.... Cet homme est rigoureux (à la limite de l'excès), honnête, combatif... un homme parfait en un mot ! Et donc inexistant !
Je peux comprendre que le côté totalement décalé peut rebuter. Moi j'adore !
Un dernier mot pour vous encourager à cette lecture : c'est très court, très bien écrit (langage recherché). Aussi appréciable qu'un bon chocolat !

Ah ! la description des religieux chevaliers du Graal toujours en extase, près de Dieu sauf qd il s'agit d'aller massacrer les malheureux villageois voisins !....
Ou celle de la moniale qui n'a rien vu de sa vie à part... suivi d'une longue liste de méfaits et violences en tout genre qui finit par faire rire tant elle est longue (surtout pour une moniale).
Un régal !

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Dans un Moyen-Âge fantastique, on découvre, en même temps que l'empereur Charlemagne, un chevalier bien étrange.
Revêtu d'une armure d'un blanc immaculé, Agilulfe Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra refuse de montrer son visage. Et pour cause, il n'en a pas, pas plus qu'il n'a d'enveloppe charnelle. Agilulfe n'est que la concaténation des volontés et des certitudes en la sainteté de la cause chrétienne qui donnent corps à cette armure vide.
Évidemment, il est, au moins au début, dénué de tout sentiment et n'existe qu'au travers de sa rigide intransigeance et de sa minutie dans l'application des codes et des procédures.
Il se voit flanqué par Charlemagne d'un écuyer qui est sa parfaite antithèse, sa moitié manquante. Alors qu'Agilulfe sait qu'il n'existe pas, Gourdoulou existe mais ne le sait pas.
On suit avec plaisir ce drôle de binôme dans sa quête pour retrouver la reine Sofronie. Sous la plume de soeur Téodora, on vit d'incroyables aventures et on re contre le jeune Raimbaut, venu venger la mort de son père et trouver un sens à son existence, et une femme chevalier, Bradamante, dont on découvre à la toute fin la véritable identité.
Italo Calvino nous emporte dans un tourbillon fabuleux et surréaliste où on suit en même temps avec plaisir ces aventures légères tout en étant incité par l'auteur à une réflexion plus profonde sur le sens de l'existence.
Un très beau conte et un excellent moment.
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Lu en version originale et en traduction française.

Quel don que celui d'Italo Calvino, je ne m'en lasse pas ; il vous met devant des situations totalement irréalistes, et à partir de là en imagine, de manière logique, les conséquences.

Il nous présente l'empereur Charlemagne passant ses paladins en revue, s'arrêtant devant un chevalier à l'armure toute blanche et à la mise impeccable, l'entend se présenter : « Agilulfe Edme Bertrandinet des Guildivernes et autres de Carpentras et Syra, chevalier de Sélimpie Citérieure et de Fez », lui demande pourquoi il ne montre pas son visage, et l'entend répondre : « C'est que je n'existe pas, Sire. ».

Quelle entrée en matière !

S'en suit une succession d'épisodes captivants où l'auteur fait intervenir des personnages tout aussi particuliers….

Nous voilà plongés dans les guerres, leurs ravages, l'ordre et la discipline militaire, l'esprit de vengeance, un coup de foudre, la passion amoureuse, la mort, un couvent, et j'en passe …

Ce n'est pas Candide, ce n'est pas Zarathoustra, mais cela s'en rapproche, c'est de la même veine, mais en plus extravagant, une sorte de conte philosophique que j'ai dégusté avec plaisir !

Un dernier point : j'adore ce qui est dit sur l'écriture :
« Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. »
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critiques presse (1)
LeMonde
14 juin 2019
Ce conte philosophique autour d’un chevalier du Moyen Age est un divertissement réussi.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Devant chaque officier, il arrêtait son cheval et se tournait pour examiner l'homme des pieds à la tête.
- Or çà, qui êtes-vous, paladin de France ?
- Salomon de Bretagne, Sire ! » répondait l'autre à pleine voix, et la visière du heaume se relevait sur une figure congestionnée. Suivaient des indications pratiques, du genre : « Cinq mille cavaliers, trois mille cinq cents fantassins, mille huit cents hommes pour les services, cinq année de campagne.
- Hardi les Bretons, paladin de France ?
- Olivier de Vienne, Sire ! » articulaient les lèvres, aussitôt soulevé le mézail du heaume. Et cette fois : « Trois mille cavaliers d'élite, sept mille hommes de troupe, vingt machines de siège. Vainqueur du païen Fiérabras, par la grâce de Dieu, et pour la gloire de Charles, roi des Francs !
- Bien travaillé, bravo les Viennois », commentait Charlemagne ; puis, aux officiers qui l'escortaient : Un peu maigrichons, ces chevaux, faites doubler le picotin.
Et en avant : « Or çà, qui êtes-vous, paladin de France ? » Toujours les mêmes mots, la même cadence : Tatàratatattà-ratatà-tatà…
- Bernard de Montpellier, Majesté ! Vainqueur de Nègremont et de Galiferne.
- Ah ! Montpellier ! Belle cité ! Cité des belles femmes ! » et, aux gens de sa suite : « Voyez un peu sa promotion.
Des choses pareilles, dans la bouche de l'empereur, ça fait plaisir ; mais voilà depuis des années, c'était toujours la même ritournelle.
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[...] maintenant, je brûle pour le jeune et passionné Raimbaut.
Voilà pourquoi, à un certain moment, ma plume s'est mise à courir, à courir! C'est vers lui qu'elle courait ; elle savait bien qu'il ne tarderait guère à venir. Chaque page ne vaut que lorsqu'on la tourne et que derrière, il y a la vie qui bouge, qui pousse et qui mêle inextricablement toutes les pages du livre. La plume vole, emportée par ce plaisir même qui nous fait courir les routes. Le chapitre entamé, on ignore encore quelle histoire il va raconter ; c'est un peu comme ce recoin où, tout à l'heure, je vais tourner en sortant du couvent, sans savoir ce qu'il me réserve : un dragon, une troupe barbaresque, une île enchantée, un amour né de la surprise...
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Et c'est alors que survenaient les champions, au grand galop, sabre au clair, et ils n'avaient pas de mal à trancher la mêlée à coups d'épée.
Jusqu'au moment où se retrouvaient face à face les champions ennemis, bouclier contre bouclier. C'était le début des duels, mais comme le sol était déjà encombré de carcasses et de cadavres, il était difficile de se mouvoir, et quand ils ne pouvaient pas s'atteindre, ils se couvraient d'insultes. Là, ce qui était décisif, c'était le degré et l'intensité de l'insulte, car selon que l'insulte était mortelle, sanglante, insoutenable, moyenne ou légère, on exigeait différentes réparations, ou même des haines implacables qui se transmettaient de génération en génération. Donc, l'important était de se comprendre, chose qui n'était pas facile entre maures et chrétiens et avec les différentes langues maures et chrétiennes au milieu : s'il arrivait une insulte indéchiffrable, qu'est-ce qu'on pouvait y faire ? Il fallait se la garder et on pouvait rester déshonoré à vie. C'est ainsi qu'à cette phase du combat participaient les interprètes, troupe rapide, armée légèrement, montée sur des petits chevaux particuliers, qui tournaient autour des cavaliers, attrapaient les insultes au vol et les traduisaient illico dans la langue du destinataire.
"Khar as-sûs !
- caca de vermicelle.
-Mushrik ! dégueu ! pouilleux ! escalvao ! marane ! hijo de puta ! zabalkan ! merde !"
Ces interprètes, de part et d'autres, il avait été convenu tacitement qu'il ne fallait pas les tuer. Du reste, ils filaient à toute allure et dans cette pagaille, s'il n'était pas facile de tuer un lourd guerrier monté sur son gros cheval qui avait du mal à bouger ses pattes, tant on les lui avait entravées de cuirasses d'acier, vous imaginez ces acrobates ! mais pas de mystère : à la guerre comme à la guerre, et de temps à autre l'un d'entre eux y laissait la peau.
Page 67
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Du reste, tout n'est pas clair pour moi dans ce récit. Il faut nous comprendre : quoique de familles nobles, nous sommes des filles de la campagne, ayant cuvé toujours cloitrées dans des manoirs perdus, et puis dans des couvents. Excepté l'office, les triduums, les neuvaines, les travaux des champs, la moisson, la vendange, les fustigations de serfs, quelques incestes, incendies, pendaisons, sièges, invasions, pillages, pestilences et stupres de toutes sortes, au fond, nous n'avons pas vu grand-chose. Que voulez-vous qu'une pauvre soeur connaisse au train du monde?
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Il n’y a pas de défense, pas d’offense…Rien n’a de sens, dit Torrismond. La guerre durera jusqu’à la consommation des siècles, il n’y aura ni vainqueur ni vaincu, nous resterons là, plantés les uns en face des autres, pour l’éternité. Sans celui d’en face, personne ne serait plus rien ; déjà, au point où nous en sommes, chacun a oublié la raison pour laquelle il se bat… Tiens, tu entends ces grenouilles ? Eh bien, ce que nous faisons a à peu près autant de sens et de logique que tous leurs croassements et leurs gambades, de la rive dans l’eau et de l’eau sur la rive…
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