Italo Calvino voulait écrire un livre portant sur les sens. La vue, l'ouïe, le goût...Malheureusement, il nous quittera avant d'avoir pu l'écrire, ne laissant derrière lui qu'un manuscrit inachevé.
Evidemment, cela n'a pas empêché son éditeur de le faire publié. Nous voici donc face à
Sous le soleil jaguar, premier livre posthume d'
Italo Calvino !
Très court, à peine une centaine de pages, il se décompose de trois histoires différentes, une sur l'odorat, une sur le goût et une sur l'ouïe. Allons-y chronologiquement:
Le livre s'ouvre avec la nouvelle sur l'odorat. C'est la plus courte du livre, et elle est assez décousue...Elle alterne entre le point de vue d'un homme de la Préhistoire découvrant les odeurs, et celui de ce qu'on imagine être un rockeur dans le Swinging London des 60's. Les passages préhistoires arrivent comme un cheveu sur la soupe et sont trop désorganisés pour être intéressants, mais les passages sur le rockeur sont mieux écrits. Avec quelques années d'avance, on sent un gros, gros parallèle avec le Parfum de Süskind...Mais dans le cas de
Calvino, on sent que la nouvelle aurait dû être plus consistante, mais qu'il n'a pas eu le temps de la finir.
Seconde nouvelle, sur le goût. Un couple en vacances au Mexique. Cette nouvelle est un peu bizarre...c'est la plus décevante des trois, et celle dont on sent que
Calvino voulait étoffer. La fin est trop abrupt, et sans développement, elle ne laisse au lecteur que des questions.
Enfin, la dernière nouvelle, sur l'ouïe, est la plus satisfaisante. Un roi paranoïaque refuse de quitter son trône, de peur de le perdre.
C'est la seule nouvelle où on reconnaît la patte de
Calvino. Remplie d'une ironie mordante sur le pouvoir et ceux qui le possède, c'est aussi celle qui transmet le mieux l'idée générale du recueil que voulait faire l'auteur. Intelligente, drôle et bien faite, quoi qu'encore une fois un peu trop courte, elle vaut à elle-seule la lecture du livre.
Au final, un résultat très décevant, qui laisse surtout un arrière-goût de "Et si...?" dans la bouche. Comme souvent avec les oeuvres posthumes, on regrette surtout que son auteur nous ait quitté avant de nous offrir plus de testament de son talent, et surtout qu'il nous quitte sur une telle note...