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Laetitia Bianchi (Traducteur)Raphaël Meltz (Traducteur)
EAN : 9782363083616
143 pages
Arléa (04/01/2024)
3.85/5   174 notes
Résumé :
Faites l'amour, pas la guerre. Au Ve siècle avant J.-C., en pleine guerre du Péloponnèse, Aristophane imagine un mot d'ordre bien plus efficace : ne faites pas l'amour, et la guerre s'arrêtera. Une Athénienne audacieuse, Lysistrata, convainc les femmes des cités grecques de mener une grève du sexe. Un même aiguillon bande alors le désir des hommes, unis face à l'abstinence de leurs épouses. Tour à tour tendres ou résolument obscènes, les rapports hommes-femmes sont ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Lysistrata est une comédie antique, certes, mais c'est aussi et surtout un manifeste politique, quelque peu désespéré du dramaturge Aristophane pour réclamer l'arrêt des hostilités intestines et désastreuses qui déchiraient la Grèce de son temps. À ce propos, on peut évidemment se reporter à l'HIstoire de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide.

(Il faut bien sûr s'imaginer tout autre chose que la Grèce « unie » que nous connaissons aujourd'hui. Comme bon nombre de territoires de par le monde, même avec une communauté de langue, de croyances et de culture, cela n'était pas suffisant pour obtenir une unité politique donc le territoire était constellé d'une mosaïque de cités-états qui se crêpaient le chignon constamment.)

Je ne sais pas s'il s'agit vraiment d'un compliment adressé aux femmes par Aristophane, je croirais même plutôt le contraire lorsqu'on lit à quel point il décrit la gent féminine comme bardée de défauts, et notamment assoiffée de sexe et de vin de Thasos — d'ailleurs peut-être plus assoiffée encore de vin que de sexe car les femmes prêtent serment sur ce qu'elles ont de plus sacré, une coupe de ce fameux vin ! — mais outre les diverses marques de misogynie flagrante qui émaillent le texte, il faut saluer la tentative d'un homme à rallier les partisans de la paix et à reconnaître aux femmes le rôle d'acteurs déterminants dans ce processus.

Le moyen imaginé par Aristophane a fait long feu et porte désormais le nom fort peu poétique de « grève du sexe » mais qui a le mérite d'être très explicite. Ce procédé est régulièrement utilisé à divers endroits du monde, récemment on l'a vu mis en application par les femmes togolaises fin août 2012 pour contraindre leurs maris à des changements politiques ou plus récemment encore en octobre 2014 au sud Soudan sous la houlette de Pricilla Nanyang.

Ici, c'est Lysistrata qui mène la fronde et qui parvient (tant bien que mal) à rallier les femmes des différentes communautés afin qu'elles fassent pression sur leurs époux et qu'ils signent entre eux la paix.

C'est l'occasion pour Aristophane de produire nombre de situations ou de répliques salaces pas forcément d'un goût excellent ni toujours très drôles mais dans l'ensemble, la pièce bénéficie d'une assez bonne efficacité et la simplicité du message cache en réalité plus qu'il n'y paraît, notamment sur la représentativité des femmes dans la vie politique et citoyenne, tout comme sur leur rôle économique ou démographique.

Tous comptes faits, par le biais de cette trouvaille, il y a beaucoup de dérision sur la question du sexe et même d'autodérision dans cette comédie que je vous recommande pourtant plus pour son caractère de critique sociale que pour la finesse de son propos ou un quelconque talent de formule, mais ceci n'est, bien évidemment que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Je commenterais Lysistrata plus tard , ce long commentaire a pour but d'essayer d'aider le lecteur a ressentir le décalage culturel et historique avec ce texte ainsi que de lui permettre , je l'espère , de nourrir aussi quelques affinités avec lui .

Il est un grand prodige en vérité , c'est que environ les trois quart des productions d'Aristophane ont traversé les écueils du temps et donc , ils nous sont parvenus .
Ces textes gourmands parlent à un très large public à mon humble avis et si vous aimez les guignols de l'info , par exemple , et bien jetez-vous sur Aristophane !
La comédie antique c'est Aristophane , car rien d'autre n'a filtré de ces temps reculés sur les berges du grand fleuve du temps ....

Aristophane raille tout ce qui bouge , les dieux , les sophistes , le peuple , les femmes et les éphèbes et les philosophes , le clergé les entrepreneurs , les maris et les femmes , sans oublier les magistrats et les orateurs ...
Lisez le et vous découvrirez qu'il se moque aussi de vous , j'en suis certain ... , sourires ...

Voici par exemple des propos qu'il prête à Socrate sur le tonnerre dans : Les nuées , « Considère , donc que, avec ton petit ventre, tu as fait un pet résonnant : n'est-il pas naturel alors que l'air qui est immense produise un bruit détonant ? « . Il va sans dire que notre futur stagiaire , vas vouloir se précipiter dans le « philosophoire « pour connaître ce que les nuées et Socrate et ses disciples ont à lui enseigner , sur le tonnerre et sur tous les vents d'en haut et d'en bas ... : !

Aristophane le misanthrope ? , non pas vraiment !
Ses flèches , sont aussi efficaces que celles d'Apollon . Elles harcellent en toute impunité , les pauvres grecs d'Athènes , en leur parlant d'invraisemblables vérités douteuses qui les font bien rire ici , alors qu'elles les inquiète sérieusement d'habitude , tellement que souvent il vaut d'ailleurs mieux les taire .

Alors , à part le fait qu'il ne valait pas mieux l'avoir comme voisin ? que dire de notre compère ?
Un homme marié qui eut deux fils , qui firent de la comédie comme papa ... Que dire d'autres ?

Pourquoi Socrate fut condamné pour les propos qu'il tenait sur les dieux ? Et pourquoi pas Aristophane , qui fit pire .. ?
Les tragédies et les comédies des grecs ? étaient du théâtre certes . Et , pour les comédies la liberté de ton allait extrêmement loin . Alors pourquoi ? question de droit de l'homme ?
Non , ce n'est pas une question de liberté seulement ? c'est une question de culte principalement ...

Le théâtre grec nait dans le contexte du culte dionysiaque . Pendant les cérémonies le monde est sans dessus dessous et les femmes sortent de chez elles pour s'arracher les cheveux et se livrer en compagnie du dieux aux comportements les plus aberrants . Dans le mythe elles ( les ménades ) déchireront littéralement le corps du dieux et elles le disperseront dans les prés ( Diasparagmos ) . L'orgie et l'ivresse sont un devoir sacré pendant leS Dyonisies ... Pendant ce culte la rue est occupée par les femmes .

Les comiques viennent dans ce cadre , des représentations théâtrales , servir les dieux et l'état aussi , en donnant leurs textes qui sont lus et joués devant le peuple ( Démos ) , en plein théâtre et même dans l'agora , pendant les grandes Dyonisies , qui sert à l'assemblée du peuple en temps normal .

Il n'est pas interdit aux citoyens de découvrir un sens politique dans ces paroles quasiment sacrée , et d'en tirer également des considérations civiques destinées à impacter le réel profane ...
Les textes d'Aristophane sont donc des choses sérieuses à prendre très sérieusement même s'il faut en rire abondement pour pouvoir en profiter en toute bonne conscience .
Notre compère est bien au-delà du registre de l'opinion , il est avant tout dans une sorte de folie aussi profitable que civique et il exerce un art aussi sérieux que la divination par exemple .
Cependant les auteurs ne sont pas à l'abris de poursuites judiciaires de l'état ou de particuliers . Mais pour l'état comme pour les particuliers , il vaut mieux qu'ils soient prudents car gare aux dieux et au démos qui peuvent être en colère contre les auteurs de poursuites .

Aristophane qui nous fait beaucoup rire et très souvent réfléchir aussi , vit dans une vallée de larmes . En effet le destin a voulu qu'il naisse en 445 avant l'ère commune et qu'il traverse les heures les plus noires de l'histoire de la Grèce Propre et qu'il connaisse également les épreuves terribles des athéniens coincés dans leur cité et coupés de leur korè .

Il est d'une famille qui fut Clérouque à Egine ( au large d'Athènes ) . Donc la famille d'un colon militaire , d'une force d'occupation athénienne installée à demeure dans un territoire sous l'emprise d'Athènes . Il vécut l'intégralité de la guerre du Péloponnèse . L'auteur est originaire de la Korè , de la campagne d'Athènes . du fait de la guerre il est passé derrière les murs . Il est donc un réfugié en ville et il est comme des milliers de citoyens ruraux , un de ceux qui subissent de plein les affres de la guerre , et qui sont loin des autels de leurs temples familiers .

Il a vu le parti démocratique soutenir l'idée du conflit et l'aventurisme militaire le plus éhonté et le plus destructeur . Il a vu la peste emporter aveuglement la population de sa cité dans des proportions presque vitales . Il a vu des foules de jeunes gens s'embarquer sur le Styx et donc rejoindre les morts pour ne plus revoir jamais leur famille ....
Il a vu la guerre séparer les pères de leurs enfants , les femmes de leur époux . Il a vu pourrir les récoltes ...

Il est grossier et en colère , mais il n'est pas misanthrope , car il aime le plus souvent ceux qu'il tourne en dérision . Il anime d'ailleurs ses personnages d'une salutaire naïveté qui les rend aussi attachants que ridicules .

Il prit donc des risques pour convaincre ses concitoyens de faire la paix , de cesser la guerre . C'est pour cette pour cette raison que les femmes menacent de se retrancher sur l'acropole et de se lancer dans la greve du sexe .

Tout cela pour remettre les hommes à leur place , dans leur foyer et dans leur lit , car Aristophane avait dans l'idée que la patrie et la Grèce était en danger du fait même de la guerre ..

Si vous en doutez lisez Thucydide et tirez en les conséquences , Aristophane le savait intimement et dans sa vie personnelle d'enfant de clérouque et comme habitant de la Korè d'Athènes , refugié entre les longs murs , il le savait aussi ..
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Habitante d'Athènes (mais non citoyenne, car les femmes n'accédaient pas à ce statut à l'époque d'Aristophane), Lysistrata s'est fixé pour but d'arrêter la guerre entre Athènes et Sparte. Pour ce faire, elle compte sur la solidarité des femmes des autres cités impliquées dans le conflit, ainsi que sur deux tactiques exploitées conjointement : le refus desdites femmes de coucher avec leurs maris et, ce qui est sans doute au moins aussi important, la prise de la citadelle de l'Acropole et du trésor public, que convoitent naturellement les hommes pour financer la guerre. S'ensuivent inévitablement des conflits entre les hommes qui se trouvent à Athènes (pour la plupart des vieillards) et les femmes qui tiennent le siège, conflits envenimés par la frustration sexuelle des unes et des autres, jusqu'au jour où la solution diplomatique s'impose enfin.

Ce n'est probablement pas le choix de pièce le plus judicieux pour aborder Aristophane, en supposant qu'Aristophane soit encore suffisamment compréhensible de nos jours. Auteur porté sur la satire sociale et politique, qui a beaucoup écrit sur le sujet de la guerre et de la paix (du moins d'après ce qui nous reste de lui), il convient d'être, sinon un helléniste distingué, du moins bien renseigné sur le monde grec du Vème siècle avant notre ère pour, au moins, saisir le contexte et l'objectif du dramaturge. Ce qui n'est déjà pas gagné pour quelqu'un tel que moi, peu au fait de l'histoire de la Grèce ancienne. Alors bon, j'ai révisé un tant soit peu, mais je dois dire que ça ne m'a pas vraiment aidé à apprécier Lysistrata. Il faut préciser que le comique d'Aristophane ne s'y limite pas à des répliques et à des situations graveleuses (lourdes, oui, mais marrantes tout de même, tout comme les Monthy Python peuvent être lourds et drôles). Il utilise des expressions surprenantes... pour son public, certes, mais incompréhensibles pour nous autres lecteurs du XXIème siècle. Alors oui, on peut lire les annotations des différentes éditions, mais le rire ne suit pas. de même, il imite le style d'Euripide ou d'Eschyle (que, personnellement, je suis bien incapable de reconnaître, ni en français, ni en grec ancien, que je ne lis pas, croyez-le ou pas), et utilise moult références qui, pour moi, n'ont aucun sens. La faute à mon inculture ? À un texte qui n'était pas conçu pour passer les siècles et les civilisations ?

Il me paraît en tout cas à peu près certain que, Aristophane ayant déjà écrit plusieurs fois auparavant sur la nécessité de la paix, ce n'était peut-être pas une bonne idée de choisir Lysistrata pour découvrir le sujet avec son auteur. Pour autant, est-ce qu'un lecteur lambda ne peut rien tirer de Lysistrata ? Bon, soyons clairs, on ne rit pas des masses. Mais on peut au moins comprendre qu'Aristophane a choisi de mettre en scène une situation absurde : les femmes au pouvoir. Absurde, parce que là n'est pas et ne sera jamais, selon les lois de la société athénienne, leur fonction, mais pas plus absurde, selon Aristophane, qu'une guerre du Péloponnèse qui dure depuis vingt ans (la pièce a été écrite en -411), d'autant qu'Athènes a récemment subi une défaite cuisante et que la cité est plus ou moins ruinée par ce conflit qui s'éternise avec Sparte pour la domination sur la région. Les femmes au pouvoir, c'est toute la société qui marche sur la tête, et les situations de grand renversement, nous savons bien que c'est depuis longtemps un motif utilisé pour susciter le comique. Pour le reste, on a évidemment aucun mal à saisir les saillies scabreuses et autres joyeusetés du même genre. Je regrette pour le coup de ne pas avoir eu en main une édition illustrée par les dessins d'Aubrey Beardsley (mais je ne crois pas que ça existe en français). Pour dire le vrai, ce sont ses oeuvres, présentées au cours d'une expo au musée d'Orsay, mais soigneusement cachées dans un coin par le commissaire d'exposition, qui m'avaient donné envie de lire la pièce. Je vous conseille d'y jeter un oeil sur le Net !


Challenge Théâtre 2017-2018
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Je ne vais pas me lancer dans une longue exégèse "professorale" sur cette pièce "comique" en un acte d'Aristophane.
Dire simplement, pour ceux qui l'ignorent, que l'action se situe à Athènes en 411av JC, durant la guerre du Péloponnèse qui vit s'affronter pendant 27 longues années Sparte à la capitale grecque.
Lysistrata, jeune femme belle, forte et charismatique, va entraîner à sa suite Athéniennes et Spartiates dans une grève du sexe ( " ne faites pas l'amour, ça arrêtera la guerre."), et obtenir des hommes privés de leur "principale fonction vitale ", qu'ils cessent définitivement les hostilités et que la paix l'emporte... grâce à l'amour retrouvé.
Un clin d'oeil en passant à l'un de mes Maîtres, le sieur Woody Allen : " Mon cerveau ? C'est mon second organe préféré."
On trouve dans cette pièce tous les mécanismes, les rituels du théâtre Antique : choeurs, échanges avec le public, utilisation de l'espace et de la scène etc
Certains, j'ai lu quelques critiques, ont qualifié les dialogues de "vulgaires"... Ce n'est pas ma façon de voir les choses... Rabelaisil y a longtemps s'en est donné à coeur joie, et lisez quelques poèmes bien troussés de "Mallarmé", de "Verlaine", de "Gautier" ou "d'Apollinaire"... et on en reparle !
Il y a des jeux de mots, des expressions et des néologismes " crus ", mais qui devaient correspondre à une vision de la sexualité des Hellènes il y a 2500 ans, très naturelle, sans rien de pervers, et qui ne devait choquer aucun spectateur de l'époque.
Alors pourquoi jouer les "bégueules" 25 siècles plus tard ? !...
Une réplique de Lysistrata :
-Bonjour, très cher. Ton nom ne nous est pas inconnu, ta femme l'a sans cesse à la bouche. Chaque fois qu'elle mange une carotte ou une banane, elle soupire : " Ah, si c'était Niquelas..."
Rien de scabreux, vous voyez !
Il me faut ajouter deux choses qui ont leur importance.
La première, c'est qu'Aristophane se sert du comique pour lancer un message pacifiste ; il souffrait de cette guerre.
Enfin, on fait grief à cet auteur, qui met souvent au premier plan les femmes, d'être misogyne. Là encore, je suis scotché par ces procès anachroniques intentés par des moralisateurs qui ont fait de la sociologie, de l'anthropologie, de la psychologie... par correspondance.
PS : l'édition est naturellement traduite de manière à être accessible à tous les lecteurs du XXIe siècle après JC.
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J'interromps un temps mes lectures personnelles (et ce fut dur de lâcher le grand Victor) sous l'injonction du programme du concours de l'agrégation 2015 que je dois préparer pour septembre, avec donc entre autres, Lysistrata.

Je connaissais Aristophane depuis le lycée, m'étant bien marré et ayant pas mal halluciné sur un passage des Nuées lors d'un cours de grec... C'est un peu l'ancêtre de Rabelais, bon vivant, pétomane, scabreux, lubrique, et seul dramaturge comique de l'antiquité grecque. Dévorateur de toute littérature lascive (notamment dans le polar, Ellroy powa... Oui, j'achèterai tout Sade un jour), je m'empare avec joie de Lysistrata, qui traite de la grève du sexe des femmes à Athènes pour obtenir la paix des hommes.

L'écriture est assez aride, de par l'épreuve périlleuse de la traduction héllénistique, celle de mon édition datant en outre de plusieurs décennies. Si les tragédies de Sophocle demeurent encore aujourd'hui un régal, ici, dans ce registre, c'est plus délicat. Les innombrables références trop précises à l'histoire des grecs et à leur culture dans les dialogues peuvent aussi gêner.

Le personnage de Lysistrata, figure de proue du mouvement, de la pièce, est certes sublimé de façon assez louable et étonnante pour l'époque, faisant sans doute d'elle le premier personnage féminin central et fort, Mirandoline, Corinne avant l'heure sous certains aspects. Toutefois, elle conserve une certaine ambiguité, et au début de la pièce, on est porté à croire que sa grève du sexe pour faire cesser la guerre est surtout motivée par sa propre libido, non par une réelle volonté pacifique. Elle se retrouve ensuite quelque peu désexualisée par rapport à ses camarades toujours en manque, de façon assez intéressante.

Bref, si cette pièce m'a fait rire par le sujet et l'audace pour son temps, la conclusion est quand même assez abrupte, et niveau écriture, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent.
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critiques presse (2)
NonFiction
15 février 2022
Femmes à la sexualité terrifiante, langue outrancière, bouleversement des codes sociaux... Lysistrata, la pièce comique en un acte d'Aristophane, poète athénien du Vᵉ siècle av. n. è., est une attaque politique contre une démocratie malade, rongée par les inégalités et l'impérialisme conquérant.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Actualitte
20 septembre 2018
Une petite délectation, je vous dis, que je recommande à tous.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le Coryphée:
Il n’y a pas de bête sauvage plus irréductible qu’une femme, ni de feu, et il n’y a pas non plus de panthère aussi impudente

La Coryphée
Tu sais cela, et tu me fais la guerre, pendard, quand tu peux avoir en moi une amie sûre ?

Le Coryphée
Sache que je ne cesserai jamais de haïr les femmes.
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LAMPITO. - Mais enfin, qui a convoqué cette assemblée de femmes ?
LYSISTRATA. - C'est moi.
LAMPITO - Dis donc ce que tu veux de nous.
LYSISTRATA. - Oui, ma chère, à l'instant !
MYRRHINE. - Dis-nous donc quelle est cette affaire si sérieuse.
LYSISTRATA. - Je vais la dire ; mais, auparavant, je veux vous faire une petite question.
MYRRHINE. - Tout ce que tu voudras.
LYSISTRATA. - Ne regrettez-vous pas que les pères de vos enfants soient retenus si loin par la guerre ? car je sais fort bien que vous avez toutes vos maris absents.
CALONICE - Mon mari, depuis cinq mois, le malheureux ! est en Thrace à surveiller Eucratès
LYSISTRATA. - Le mien est depuis sept mois entiers à Pylos
LAMPITO. - Le mien, si parfois il revient de son poste, aussitôt il reprend son bouclier et repart.
LYSISTRATA. - Il ne nous reste pas une ombre de plaisir. Depuis que les Milésiens nous ont trahis, je n'ai pas même vu le moindre instrument propre à adoucir nos regrets. Voudriez-vous donc, si j'inventais quelque expédient, vous unir à moi pour mettre fin à la guerre ?
MYRRHINE. - Oui, par les deux déesses, dussé-je mettre ce manteau en gage, et en boire l'argent aujourd'hui même.
CALONICE. - Pour moi, je serais prête à me partager en deux, comme une barbue, et à donner la moitié de ma personne .
LAMPITO. - Et moi, je gravirais jusqu'au sommet du Taygète , si je devais y voir la paix.
LYSISTRATA. - Eh bien, je vais parler ; je ne dois plus vous en faire un mystère. O femmes ! si nous voulons forcer les hommes à faire la paix, il faut nous abstenir...
MYRRHINE. - De quoi ? dis.
LYSISTRATA. - Le ferez-vous ?
MYRRHINE. - Nous le ferons, dussions-nous mourir !
LYSISTRATA. - Il faut donc nous abstenir des hommes... Pourquoi détournez-vous les yeux ? Où allez-vous ? Holà ! Pourquoi vous mordre les lèvres et secouer la tête ? Vous changez de visage ! vous versez des larmes ! Le ferez-vous, ou ne le ferez-vous pas ? Que décidez-vous ?
MYRRHINE. - Je ne saurais le faire. Que la guerre continue !
CALONICE. - Ma foi, ni moi non plus. Que la guerre continue !
LYSISTRATA. - C'est toi qui dis cela, belle barbue ? Tout à l'heure tu prétendais donner la moitié de ta personne.
CALONICE. - Oui, pour toute autre chose que tu voudras : fallût-il passer au milieu des flammes, je suis prête à marcher ! tout, plutôt que s'abstenir de cela, car ce n'est pas possible, ma chère Lysistrata.
LYSISTRATA. - Et toi ?
MYRRHINE. - J'aime mieux aussi passer au milieu des flammes !
LYSISTRATA. - O sexe dissolu ! je ne m'étonne pas que nous fournissions des sujets de tragédies ! Nous ne sommes bonnes qu'à une seule chose. O ma chère Lacédémonienne ! car toi, si tu restes seule avec moi, nous pouvons encore tout sauver ; seconde mes projets.
LAMPITO. - Par les déesses, il est bien difficile pour des femmes de dormir toutes seules. Il faut pourtant s'y résoudre ; car la paix doit passer avant tout.
LYSISTRATA. - O la plus chérie des femmes, et la seule digne de ce nom !
MYRRHINE. - Si, ce qu'à Dieu ne plaise, nous nous abstenions rigoureusement de ce que tu dis, en aurions-nous plus tôt la paix ?
LYSISTRATA. - Beaucoup plus tôt, par les déesses ! Si nous nous tenions chez nous, bien fardées, bien épilées, sans autre vêtement qu'une tunique fine et transparente, quelle impression feraient nos attraits ? Et si alors nous résistions aux instances des hommes, ils feraient bientôt la paix, j'en suis certaine.
LAMPITO. - En effet, Ménélas, quand il vit la gorge nue d'Hélène, jeta son épée .
MYRRHINE. - Et si nos maris nous laissent là, malheureuse ?
LYSISTRATA. - Alors, comme dit Phérécrate, tu écorcheras un chien écorché .
MYRRHINE. - Ces simulacres ne sont que de la viande creuse. Mais s'ils nous saisissent et nous entraînent de force dans leur chambre ?
LYSISTRATA. - Cramponne-toi à la porte.
MYRRHINE. - Et s'ils nous battent ?
LYSISTRATA. - Cède, mais de mauvaise grâce. Le plaisir s'évanouit quand la violence s'en mêle. Il faut les tourmenter par tous les moyens ; ils se lasseront bientôt ; car il n'y a jamais de véritable volupté pour l'homme, si la femme ne la partage.
MYRRHINE. - Si c'est là votre avis, c'est aussi le nôtre.
LAMPITO. - Pour nous, nous saurons bien décider nos maris à faire la paix franchement et sans détour. Mais la cohue athénienne, comment lui persuader de ne pas extravaguer ?
LYSISTRATA. - Sois sans inquiétude, nous saurons bien persuader les nôtres.
LAMPITO - N'y compte pas, tant que leurs trirèmes seront leur passion, et qu'on gardera des sommes immenses dans le temple de Minerve .
LYSISTRATA. - J'ai pourvu aussi à ce danger ; nous nous emparerons aujourd'hui de la citadelle. Tandis que nous sommes ici à nous concerter, les femmes les plus âgées ont ordre de s'en emparer, sous le prétexte d'un sacrifice à faire.
LAMPITO. - Tout ira bien, car ce que tu dis n'est pas moins bien.
LYSISTRATA. Pourquoi donc, Lampito, ne pas nous engager au plus tôt par un serment inviolable ?
LAMPITO. - Prononce le serment ; nous jurerons ensuite.
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LE MAGISTRAT. - Comment pourrez-vous donc mettre fin à tant de désordre dans notre pays ?

LYSISTRATA. - Fort aisément.

LE MAGISTRAT. - De quelle manière ? dis-moi.

LYSISTRATA. - Par exemple, quand notre fil est embrouillé, nous le prenons ainsi et le tirons de nos fuseaux de côté et d'autre. Il en sera autant de cette guerre ; nous la débrouillerons, pourvu qu'on nous laisse faire, en envoyant des ambassadeurs de différents côtés.

LE MAGISTRAT. - Ainsi donc, pauvres folles, vous pensez terminer les affaires les plus critiques avec de la laine, du fil et des fuseaux !

LYSISTRATA. - Oui ; si vous aviez le moindre bon sens, vous prendriez, en politique, exemple sur notre manière de travailler la laine.

LE MAGISTRAT. - Comment cela ? Voyons.

LYSISTRATA. - De même que nous lavons la laine pour en séparer le suint, il fallait d'abord expulser de la ville à coups de verges les pervers, et séparer la lie (52) ; puis ceux qui se tiennent et s'agglomèrent ensemble pour s'emparer des charges, les diviser et leur fendre la tête ; ensuite jeter tout pêle-mêle dans une corbeille pour le bien commun, et carder indistinctement étrangers domiciliés, hôtes, amis, débiteurs du trésor ; quant aux villes peuplées de colons de ce pays (53), les regarder chacune séparément comme autant de pelotons posés devant nous, puis, prenant leur fil à toutes, le tirer jusqu'ici et n'en faite qu'un seul, pour former de tout cela une grosse pelote et en tisser un manteau pour le peuple.
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LYSISTRATA : Quand il nous faudrait jouir et profiter de notre jeunesse, nous couchons seules, à cause de l'expédition. Passe encore pour nous ; mais de songer aux jeunes filles qui vieillissent dans leurs chambres, j'en suis dévorée de chagrin.
LE COMMISSAIRE : Les hommes ne vieillissent-ils pas aussi ?
LYSISTRATA : Oui, par Zeus, mais ce n'est pas la même chose, ce que tu dis là. Un homme, à son retour, fût-il tout blanc, épouse vite une jeune fille. Mais la femme n'a qu'une saison de courte durée ; si elle la laisse passer, personne ne veut plus l'épouser ; elle n'a plus qu'à rester accroupie à tirer les auspices.
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LYSISTRATA : Nous devons, ô femmes, si nous voulons réduire nos hommes à faire la paix, nous priver...
CLÉONICE : De quoi ? Explique. (...)
LYSISTRATA : Eh bien, nous devons nous priver de... verge. — Pourquoi me tournez-vous le dos ? (...)
CLÉONICE : Je ne saurais le faire ; que la guerre aille son train. (...) Autre chose, autre chose, ce que tu voudras. S'il le faut, je consens à marcher à travers le feu. Cela plutôt que la verge, car il n'est rien de tel, chère Lysistrata. (...)
MYRRHINE : Moi aussi, je préfère marcher à travers le feu. (...)
LAMPITO : Il est dur, oui, par les Dioscures, à des femmes de dormir sans un gland, seules.
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Vidéo de  Aristophane
ARISTOPHANE – Peut-on rire de tout ? (France Culture, Nouveaux Chemins, 2013) Émission de radio « Nouveaux Chemins » diffusée le 19 mars 2013, sur France Culture dans le cadre d’une semaine intitulée « Éloge de la parodie ». Adèle an Reeth recevait Ghislaine Jay-Robert, maître de conférence en langue et littérature grecques à l’Université de Perpignan.
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