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4.1/5 (sur 261 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 06/11/1975
Biographie :

Pacôme Thiellement est un essayiste, poète, dessinateur, vidéaste et réalisateur.

Né de père français et de mère égyptienne, il s’est d’abord illustré dans le milieu de la bande dessinée, en dirigeant, de 1987 à 1991, le fanzine "Réciproquement", auquel participèrent notamment J.C.Menu, Killoffer et Mattt Konture. Il a ensuite créé la revue "Spectre" (art, littérature et pratiques déviantes) de 1998 à 2003 avec le peintre Scott Batty. Trois films ont été réalisé dans le cadre de cette revue expérimentale, qui ont fait l’objet d’un DVD édité par Sycomore Films en 2005 : "J’apporte la Guerre".

Il s’est occupé de la coordination d’un recueil de travaux écrits et dessinés autour du président Schreber, "Schreber Président", publié par les éditions Fage en 2006.

Il a publié des essais, articles, récits ou feuilletons dans Rock&Folk, R de Réel, Chronic’art, Standard, Vertige International, Le Nouvel Attila, Le Tigre et L’Éprouvette. Il a écrit le texte du spectacle "The Big Note – Zappa Alchimiste" arrangé par Jean-Luc Rimey-Meille pour l’Orchestre de Basse-Normandie en 2008.

Il est l’auteur de deux essais sur la pop music : "Poppermost – considérations sur la mort de Paul McCartney" (MF, 2002), son premier livre, et "Économie Eskimo – le rêve de Zappa" (MF, 2005), une monographie d’auteur de bandes dessinées, Mattt Konture (L’Association, 2006) et un livre sur les relations entre les poètes et la magie noire, "L’Homme électrique – Nerval et la vie" (MF, 2008).

En automne 2018, les P.U.F. publieront son livre "Sycomore Sickamour". Son récit "Tu m'as donné de la crasse et j'en ai fait de l'or" est paru en janvier 2020.

Il a réalisé avec Thomas Bertay une cinquantaine de vidéos expérimentales regroupés sous le titre du Dispositif.

son site : www.pacomethiellement.com/
page Facebook : https://www.facebook.com/pacome.thiellement.3
Twitter : https://twitter.com/PacomeThiel

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Source : http://www.hoebeke.fr
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Bibliographie de Pacôme Thiellement   (32)Voir plus


Quelques questions à propos de Tu m`as donné de la crasse et j`en ai fait de l`or


15/01/2020

Ecrivain aussi prolifique (environ 20 livres publiés chez une myriade d’éditeurs) que prolixe sur les réseaux sociaux (notamment Facebook, renommé par l’auteur « la Grande Facebouquerie »), Pacôme Thiellement est le digne représentant d’une philosophie pop, qui ne s’interdit aucun sujet d’étude et surtout tisse de solides liens entre ses obsessions. Quand il écrit sur Led Zeppelin, la Cabbale n’est pas loin ; s’il publie un livre sur les gnostiques, vous y trouverez citées des chansons des Beatles ; lorsqu’il décrypte la série Lost, c’est Henry James et le sens de l’existence qui sont conviés à la Cène. Une œuvre en forme d’exégèse donc, toujours pertinente, qui voit avec ce livre s’ouvrir un nouveau chapitre très intime, sorte de talisman ou d’herbier pour apprendre à (sur)vivre. Nous lui avons posé quelques questions pour comprendre ce qui pousse un auteur dans la quarantaine à écrire son autobiographie, ou du moins ce qui y ressemble fortement.

Jusqu`ici, vous aviez consacré vos livres à des sujets comme la pop culture (séries télé, bandes dessinées, musique) ou la gnose. Si on admet que vos textes sont forcément tous très personnels, celui-ci est tout de même spécifiquement centré sur certains épisodes de votre vie, mis en perspective spirituelle et philosophique. Pourquoi cette "mise à nu", aujourd`hui ? Ce travail autobiographique aurait-il été envisageable avant la mort de votre père (que vous évoquez d`ailleurs dans celui-ci) ?

Le projet de livre est venu initialement d’Ariane Molkhou, éditrice géniale et profondément intuitive, alors qu’elle était en conversation avec Denis Robert. C’était début 2016, à l’époque où j’écrivais La Victoire des Sans Roi. Ils pensaient tous les deux que je devais écrire un livre à la manière de mes statuts Facebook ! En gros un livre simple, une sorte d’art de vivre, un livre qui ne dépendrait pas d’une œuvre dont je ferais l’exégèse ou un artiste dont je me ferais l’interprète. Juste un livre sur la vie, sur les choses de la vie. J’ai commencé par de petites notations, et par des idées simples, qui sont restées : il faut aimer ce que l’on aime, vouloir ce que l’on veut, savoir ce que l’on sait, etc. Et Ariane comme moi avons eu l’idée que le livre devait se concentrer sur une idée générale qui était souvent présente dans mes textes : que le bonheur venait toujours d’un malheur qui avait été surmonté, transformé, transmuté. Cette phrase que j’avais citée imparfaitement de Charles Baudelaire dans un texte : « Tu m’as donné de la crasse et j’en ai fait de l’or » (en réalité c’est « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or » mais on a préféré conserver ma retranscription imparfaite au final). Puis Florent Massot est entré dans l’aventure. Et le projet est devenu de plus en plus clair : j’allais faire, non un livre de petites pensées, mais un essai pleinement développé, avec de vrais chapitres, et une construction rigoureuse, organisée thématiquement, sur tout ce qui m’apparaissait comme les plus grandes sources de malheur ordinaire (la trahison en amitié, la rupture amoureuse, la crainte de devenir fou, la maladie, le sentiment d’être un raté, le sentiment d’être un incompris, etc.) et j’allais illustrer mes idées non dans des œuvres d’art célèbres ou moins célèbres mais dans des événements de ma vie. Enfin, j’allais le faire dans un complet silence, sans en parler à personne, avec Ariane et Florent comme seuls interlocuteurs, à la différence de mes essais précédents pour lesquels je sollicitais généralement un bon nombre d’amis ou complices, ou encore des personnes que j’estimais très compétentes pour me reprendre, me corriger ou me suggérer des pistes.


En 2018, la disparition de mon père a complètement chamboulé ma manière d’écrire et m’a entraîné, sans que je m’en rende compte tout de suite, à une sorte d’enquête intime : j’essayais de retrouver le plus précisément possible certaines scènes ou certains états, et le tissage de réminiscences de moments passés s’amplifia et renversa le projet initial jusqu’à devenir la base sur laquelle j’allais réfléchir, et non les exemples dont j’allais nourrir l’essai. Je pensais initialement faire un essai sur la vie avec des morceaux de vie dedans et j’ai écrit une sorte d’autobiographie commentée, analysée, interprétée. J’en ai évidemment eu besoin, alors, pour essayer de comprendre par quoi j’étais passé et ce que je pouvais en tirer pour l’avenir. Mais le livre n’est évidemment pas chronologique et pas du tout « complet » : les moments ont été choisis spécifiquement dans le registre des « mauvais souvenirs » puisque le sujet du livre restait celui qu’il avait toujours été : la transmutation du malheur, la guerre contre ce qui nous empêche de vivre. Les bons souvenirs n’ont pas fait partie du cahier des charges !





Vous abordez de manière très directe votre vie sexuelle, affective, amicale, votre rapport au monde dans lequel nous vivons. Y a-t-il des souvenirs ou événements que vous vous êtes interdit d`évoquer ici (on pense à certains prénoms qui ont été modifiés dans le livre) ? Si oui, pourquoi ?

Le choix de modification des prénoms s’est effectué sur toutes les personnes qui ne sont pas des personnes publiques, et absolument toutes sans exception : amis, amours, clochards, épiciers, médecins, psychanalystes, etc. J’ai aussi retiré tout ce qui pouvait permettre de les reconnaître : membres de leurs familles, détails physiques, lieux de prédilection, etc. La seule exception était l’origine japonaise de mon ex-compagne (nommée Setsuko dans le livre), parce que cela était évidemment nécessaire à la compréhension du récit. C’était logique que, pour ce livre, je modifie les noms des protagonistes, dans le sens où il ne s’agissait que de mon point de vue et que, d’une certaine manière, ça ne les concernait pas et ça ne devait surtout pas devenir une source de soucis pour eux. Les personnes que j’ai connues ont le droit de ne pas se sentir impliqué dans ce qui n’est par leur « vérité » mais simplement la vérité de mon rapport à eux. J’ai toujours trouvé obscène le fait de se sentir « le personnage principal » de cette chose bizarre qu’est la vie et de transformer les personnes que nous côtoyons en « personnages secondaires ». Comme il est dit dans Synecdoque New York de Charlie Kaufman : « Toute personne est la personne principale de sa vie. Il n’y a pas de seconds rôles. » Pour ce qui concerne les personnalités publiques, c’était différent : tout d’abord, il est à leur sujet assez peu question d’événements intimes, et puis cela aurait été incompréhensible d’attribuer la coréalisation de mes films à un autre que Thomas Bertay ou la direction de "Rock & Folk" à un autre que Philippe Manoeuvre. En outre, j’ai essayé au maximum d’éviter le « name dropping » et d’y faire apparaître des gens que j’aime mais qui n’ont pas de rôle significatif dans cette collection d’épisodes personnels. Les personnes qui apparaissent sont uniquement celles qui ne peuvent pas ne pas apparaître sans que cela devienne incompréhensible.

Sinon non, je ne me suis rien interdit, surtout pas. Je crois avoir dit tout ce que j’avais à dire à ce jour sur les épisodes négatifs de ma vie. J’ai sélectionné tout ce qui pouvait être facteur de honte ou de tristesse et se transformer en enseignement, sans hésiter sur les impuissances sexuelles, le sexe sans amour ou les adultères. La seule chose que je me suis interdit d’évoquer est… évoquée, malgré tout. C’est un deuil dont je ne parle pas. J’en parlerai certainement ailleurs. Là, ça me semblait, non seulement trop difficile, mais vraiment hors sujet.



Tu m`as donné de la crasse et j`en ai fait de l`or se présente aussi comme un manuel de combat pour survivre dans un monde hostile par essence. Comment vous est venue l`idée de structurer le texte autour de L`Art de la guerre de Sun Tzu ?

C’était une des premières idées du livre : faire un manuel de stratégie, considérer le combat contre le malheur comme un art de la guerre. Evidemment le manuel de stratégie se mêle ici à l’autobiographie ou à l’exégèse de la vie, mais Sun Tzu, ainsi que de manière générale, les ouvrages de stratégie militaire (Les 36 Stratagèmes, Nicolas Machiavel, Basil H. Liddell Hart) ont nourri ma réflexion tout le long de l’année où j’ai écrit le livre. Pendant certaines périodes d’écriture, je ne lisais que ça. Il était logique qu’ils se retrouvent dans le texte.






En plus des références aux gnostiques - sur lesquels vous avez déjà écrit, notamment dans La Victoire des Sans Roi - et à la spiritualité orientale, vous faites ici référence à la philosophie antique grecque : nous serions toujours dans cette caverne décrite par Platon, et finalement notre existence serait conditionnée par le fait d`apprendre à vivre (à aimer ce qu`on aime, à vouloir ce qu`on veut). Finalement, on peut voir comme une malédiction l’enfermement de l`être humain dans ce labyrinthe de souffrances dont vous parlez, de ces vies qui cherchent sans cesse leur sens ?

Oui, c’est la vision qui parcourt tout le livre, et c’est une vision qui m’est apparue très vivement plusieurs fois dans ma vie : à plusieurs moments, j’ai senti les murs du labyrinthe apparaître dans l’atmosphère, ou j’ai vu les circuits lumineux des parcours de vie s’inscrire dans un temps devenu espace. D’ailleurs, toutes ces épiphanies sont décrites dans le livre, en particulier dans le chapitre « Hors de l’enfer, hors de la force du chaos ».



Au-delà du politique, vous invitez les lecteurs à une quête d`ordre mystique, ou une opération alchimique comme le sous-entend le titre du livre, pour survivre dans une époque où tout semble s`effondrer. Comment faites-vous pour garder cela en tête, au quotidien ? Vous semblez envisager ce livre comme votre talisman...

Exactement. J’ai conçu son écriture comme un talisman, qui me préserve à l’avenir de ne pas perdre de vue une juste conduite de vie, de ne pas retomber dans les vieilles erreurs, ou les détresses inutiles et malfaisantes. Ou peut-être comme un herbier. J’utilise cette image dans un chapitre nommé « L’Herbe la plus importante de mon herbier de guerrier ». L’idée est de réduire la mémoire nécessairement lourde et pénible des multiples entraves qu’elle génère en une poignée d’épisodes aisément mémorables, qui s’inscrivent tous dans le registre du combat contre le malheur. Un petit Mémorandum qui me permette, sinon, d’oublier le reste, ne plus lui accorder autant d’importance. Ce serait, en quelque sorte, un livre que je pourrais garder avec moi ou confier à toute personne qui aurait besoin de me connaître. Tout ce qu’il y a à savoir de « ma vie » est dedans. Et comme toute vie est toujours un commentaire sur « la vie », alors ce livre expose mon commentaire sur cette chose commune à tous, la vie. Pour cela il a fallu trier, choisir un nombre limité d’épisodes ou de situations, les lier, les interpréter. C’est une opération que je recommande à tout le monde. Parce que ça marche : je me souviens de très peu de choses désormais, seulement l’essentiel, une poignée de petites choses qui me permettra d’affronter la suite de ma vie.








Outre l’aspect autobiographique, on a parfois l`impression de lire un livre de développement personnel poétique et philosophique. Comment avez-vous fait pour éviter les travers du genre ?

L’idée d’une alternative au registre du développement personnel était également présente dès les premières conversations avec Ariane Molkhou. « Il faut trouver quelque chose pour remplacer "Marie-Claire". On ne peut tout de même pas leur laisser "Marie-Claire" » disait Simone Weil dans L’Enracinement. Je me disais la même chose au sujet du développement personnel. « Il faut trouver quelque chose pour remplacer le développement personnel. On ne peut tout de même pas leur laisser le développement personnel. » Les livres de développement personnel sont mauvais, horriblement mauvais, presque tout le temps, parce qu’ils ont été écrits sans que l’auteur ait vraiment mis sa peau sur la table. Ils ont été écrits vite fait ni faits ni à faire pour vendre, et ils se vendent. Mais le principe initial qui motive leurs lecteurs est bon. La demande est légitime, c’est l’offre qui est affreuse. Un livre doit nous apprendre à être heureux. Un livre doit nous apprendre à vivre. Un livre doit nous aider à observer une juste conduite de vie. D’une certaine façon, j’ai toujours lu les livres des grands mystiques comme des livres de « développement personnel » : Farîd al-Dîn Attâr, Djalâl-od-Dîn Rûmî, Ibn`Arabî, Lao Tseu, Tchouang-tseu, La Bhagavad-Gîtâ… Même Jean-Jacques Rousseau, Friedrich Nietzsche ou André Breton. Même les ouvrages de François Cavanna, je les ai lus comme on lit un manuel de « développement personnel » : en cherchant des clés pour changer la vie. J’ai écrit ce livre pour pouvoir moi-même le relire en cas de besoin, en cas de rechute, en cas de détresse : il contient les clés pour me sortir des malheurs inscrits dans mon labyrinthe.



Quels sont les sujets que vous aimeriez explorer à travers vos livres prochainement ?

J’aimerais écrire sur le sphinx, la présence du mystère dans nos vies, les enquêtes irrésolues, infinies, le moment de l’Histoire (ou de la vie) que nous traversons comme une énigme qui nous est adressée et à laquelle nous devons répondre. Mais c’est encore trop tôt pour vous dire la forme que cela va prendre.



Quelques questions à propos de vos lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Aurélia de Gérard de Nerval.



Quel est le livre que vous auriez rêvé d’écrire ?

Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Nadja d’André Breton.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Les Ecrits Sans Roi de Nag Hammadi.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Du fou au bateleur de Christian Guez Ricord.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Zadig ou la Destinée  de Voltaire. J’allais dire Zadig et Voltaire, une leçon de vie mais qui se souvient encore de Frédéric Lefebvre ?



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

J’en ai plein et aucune. Elles n’ont de sens que dans un contexte. Mais sinon « plutôt la vie » comme dans le poème d’André Breton.



Et en ce moment que lisez-vous ?

En ce moment, je relis André Hardellet et je découvre Alphonse de Lamartine.



Découvrez Tu m`as donné de la crasse et j`en ai fait de l`or de Pacôme Thiellement aux éditions Massot




Entretien réalisé par Nicolas Hecht


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Pacôme Thiellement vous présente son ouvrage "Infernet. Internet et moi : une confession" aux éditions Massot. Entretien avec Arthur Louis Cingualte. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2810424/pacome-thiellement-infernet-internet-et-moi-une-confession Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
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Si nous ne sommes pas capables de devenir le magicien de notre vie rêvée, alors personne ne le fera à notre place.
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Cette addiction à l'attention n'est pas réformable. Et il n'y a pas de loi ou de règle que l'on pourrait inventer pour forcer les réseaux sociaux à restreindre la dimension profondément destructrice de cette addiction. La destruction est intrinsèque à leur nature. "Vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de tout premier ordre", comme dirait Walter Benjamin, est la seule et unique fin des réseaux sociaux. […]
Le capitalisme est comparable au personnage de la mythologie grecque Erysichton, condamné par Déméter à une faim insatiable. Et c'est une bonne et une mauvaise nouvelle. Après avoir dévoré en quelques jours la nourriture prévue pour la totalité de sa communauté, Eryschton finit par se dévorer lui-même. De même, après avoir détruit la planète, exterminé une immense partie des espèces animales et appauvri les neuf dixièmes des êtres humains au profit d'une minorité toujours plus réduite de bénéficiaires, le capitalisme finira nécessairement par se dévorer lui-même.
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Toute minute que nous accordons à Ruquier est une minute que nous retirons à Tolstoï.
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Une superstition moderne voudrait qu'un excès d'analyse nuise au plaisir de l'oeuvre d'art. C'est une vision extrêmement réductrice du plaisir esthétique. Et une oeuvre qui épuiserait sa grandeur et sa puissance dans l'épreuve de sa dissection ne serait pas d'une portée très haute. On ne perdrait honnêtement pas grand-chose à l'exercice, de toute manière. Si l'on suit Dante, au contraire, le plaisir artistique est décuplé par l'immersion du spectateur (ou du lecteur, de l'auditeur) à l'intérieur de son processus créatif. La recherche des significations enchâssées dans une oeuvre d'art est l'activité participante du lecteur (ou du spectateur) dont l'objectif est bien l'assimilation de l'oeuvre d'art et de ses composantes, et sa régénération dans dans son propre corps. La confrontation à une oeuvre d'art authentique modifie notre manière de penser, de vivre, de mouvoir notre corps dans l'espace, de percevoir l'action de nos semblables dans la vaste composition du monde. C'est ce qui sépare un modeste divertissement d'une aventure artistique (initiatique ou non). Mais la part de divertissement, de jeu, de plaisir, est évidemment partie intégrante de l'opération décrite : l'une n'est rien sans l'autre. C'est pourquoi une oeuvre d'art qui ne procure pas également un plaisir au premier degré n'est pas non plus d'une très haute valeur.

La main gauche de David Lynch
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Pacôme Thiellement
Il faut trouver quelque chose pour remplacer le développement personnel. On ne peut tout de même pas leur laisser le développement personnel. Les livres de développement personnel sont mauvais, horriblement mauvais, presque tout le temps, parce qu’ils ont été écrits sans que l’auteur ait vraiment mis sa peau sur la table. Ils ont été écrits vite fait ni faits ni à faire pour vendre, et ils se vendent. Mais le principe initial qui motive leurs lecteurs est bon. La demande est légitime, c’est l’offre qui est affreuse.
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Seuls les êtres généreux sont susceptibles de voir la Beauté dans ce monde. Eux seuls sont capables de vivre une vie réellement poétique.
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Ce livre raconte une de mes vies : celle où je me suis retrouvé dans un labyrinthe de malheurs et comment j'en suis sorti.
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Pacôme Thiellement
Les rêves sont une espace intermédiaire où l'on expérimente des choses inaccessibles pour le corps.
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Les grands films de cinéma sont ceux qui ont forcé le spectateur à regarder à l'intérieur de lui-même, dans l'espace sans dimension qui sépare l’œil de la paupière, pour montrer les fantômes de la mélancolie et du rêve que son regard, depuis toujours, portait : ces spectres foliacés que la pellicule retira de nos corps depuis son ancêtre direct, le daguerréotype, et qu'elle se mit ensuite à actionner comme les pantins tirés d'un rêve. Par eux, l’œil de la caméra devient l’œil du cauchemar. Roger Gilbert Lecomte l'écrit : "Le rôle véritable du cinéma devrait être par le moyen de ses diverses techniques de transposer sur l'écran toute la vie de l'esprit. Le cinéaste devrait confronter les images qu'il puise au fond de lui-même et les images qu'il projette sur l'écran jusqu'à ce que l'expérience lui donne l'intuition d'une coïncidence approchée au plus près."

La main gauche de David Lynch
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Il n’y a pas, il n’y a même jamais eu « rien à comprendre » aux films de David Lynch, et encore moins à Twin Peaks. Ce que ses fictions nous présentent ne sont absolument pas, comme il le laisse volontiers entendre, des sensations et des visions dont il ne sait pas lui-même ce qu’elles veulent dire. Ce ne sont pas non plus de purs phénomènes esthétiques ou des jeux de surface sur le kitsch des codes cinématographiques. Quelle qu’ait été la part du rêve éveillé ou de la vision dirigée dans l’élaboration de ces différentes images mouvantes, il ne s’agit pas non plus des productions de son inconscient. Bien au contraire, à l’instar de Dante pour la Divine Comédie, il s’agit de la constitution d’une poétique , et la poétique est toujours une communication par signes.
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