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Critiques de Cédric Bannel (370)
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L'homme de Kaboul

Il se nomme Oussama Kandar, il est d’origine baloutche. C‘est un homme plus grand que la moyenne, sec, pieux musulman mais à l’esprit ouvert. Il a été formé à Moscou, juste avant l’arrivée des Russes. Il est le patron de la brigade criminelle de Kaboul, un bon flic qui œuvre avec des moyens limités. Un ancien combattant, un sniper qui a gardé toute son habilité au fusil à lunette. Comme il se refuse à empocher des pots de vin, il habite avec son épouse Malalai, gynécologue, une maison située dans un quartier pauvre de la capitale afghane. On va le mettre sur l’enquête du pseudo-suicide d’un intermédiaire expert en corruption, mais tout le monde – en particulier le ministre afghan de la Sécurité – va lui mettre des bâtons dans les roues.

A des milliers de kilomètres, en Suisse, le directeur financier d’une importante firme de consulting vient de disparaître. Cette « évaporation » provoque un énorme branle-bas dans les officines spécialisées opérant à titre privé pour diverses forces en présence à Kaboul. On recherche le fugitif et surtout les dossiers qu’il aurait pu emmener avec lui. L’organisation secrète qui le traque est appelée l’Entité. De super-barbouzes, entraînés, sans aucun scrupule ni remords. Un des jeunes analystes de l’Entité, Nick Snee, se rebelle devant tant de violence …Lui aussi devient vite une cible.

Ce roman est celui d’une poursuite sans pitié, dans un pays en guerre civile ouverte, où la corruption règne au plus haut niveau d’un Etat dont l’influence se limite, grâce aux forces de la Coalition, à la région de Kaboul. Et, chose appréciable, l’auteur connaît bien son sujet, celui de l’Afghanistan où il est allé et qu’il décrit avec un réalisme saisissant, et des circuits financiers internationaux puisqu’il est un ancien haut fonctionnaire du Ministère des Finances. Deuxième bon point : la première page est celle d’une carte des régions d’Afghanistan où l’on peut situer les ethnies antagonistes : Pachtouns, Turkmènes, Baloutchs, Hazaras, Tadjiks, Nouristani …ainsi que les différentes régions d’un pays pauvre, montagneux à l’extrême, divisé par quarante années de guerres incessantes, enjeu des puissances pour ses ressources minières indispensables.

Troisième personnage incontournable de cette aventure échevelée : le mollah Bakir, tout en rondeurs, autrefois très influent du temps des talibans mais aujourd’hui brouillé avec l’inculte mollah Omar. Il sait tout, se tient au courant de tout, a conservé l’accent oxfordien de ses études scientifiques en Grande-Bretagne, et prépare le retour de la tendance modérés des talibans dès que les troupes de la Coalition se seront retirées.

Avec ce roman d’action, on comprend un peu mieux la problématique dramatique de l’Afghanistan, ses coutumes comme le devoir d’hospitalité, les formules de politesse, les rivalités de clans à l’intérieur d’une même ethnie, les circuits gangrénés du pouvoir, la situation faite aux femmes, la mécanique des attentats suicides, et, partout, la corruption, le non-droit.

A moi qui adore les polars mais qui ne suis pas familière des romans de Robert Ludlum, Tom Clancy ou de Frederick Forsyth, la plongée dans un « livre de mec » fut aussi brutale que passionnante.

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L'espion français

Cédric Bannel est un auteur que je ne connaissais pas, je n'ai jamais entendu parler et ma foi, je me demande comment ça se fait ? Est-il un véritable espion qui réussit à se cacher, à se faire tout petit pour qu'on ne le compte pas parmi les meilleurs auteurs de thriller /policier /espionnage ? Car croyez-moi, cet auteur est tout juste génial !



Subjuguée par cette merveilleuse couverture et ce titre aguicheur, j'ai acheté "L'espion français" dès sa sortie. Je m'attendais à un récit d'espionnage autour d'un James Bond français, mais je n'ai pas eu ça. J'ai eu mieux !!



"L'espion français" c'est un roman avec une double enquête en France et Afghanistan. Lorsque les services anti-terroristes de la DGSE captent une conversation entre deux individus, l'un en Afghanistan et l'autre en France, où il est question de kidnapping des infirmières d'une ONG japonaise, une course contre la montre démarre. C'est ainsi qu'on suit l'enquête avec les moyens du bord des braves hommes du Qomaandaan Kandar, à Kaboul. À Paris, l'enquête est menée par les Sigma, un groupe secret antiterroriste. La mission est chapeautée par l'espion, intrépide, idéaliste, implacable (et aux yeux vairons), Edgar Scan.



J'ai été vite plongée dans l'ambiance afghane, un beau dépaysement malgré la corruption et la vie dure. On suit ceux qui veulent que la situation change, même si tout est contre eux (et que l'avenir est sombre). J'ai énormément apprécié cette partie et j'ai été ravie de découvrir que le Qomaandaar Kandar est un héros récurrent de l'auteur. C'est certain que je lirai ses autres ouvrages !



L'écriture est fluide, visuelle, aucun temps mort ni des longueurs. Tout a l'air vrai dans les méthodes utilisées par les espions ou la vie en Afghanistan.



Enfin un roman avec des hommes vrais, avec leurs faiblesses, pas des super héros aux gadgets invraisemblables. Et, (oh miracle !) , enfin un roman du genre sans clichés (j'applaudis).



Bref, j'ai apprécié énormément, magnifique découverte ! Seul bémol, le titre. En effet, le fameux espion français n'a qu'un petit petit rôle. Ceci dit, je ne me plains pas, autrement je n'aurais jamais découvert cette pépite. Néanmoins, j'ai quand même eu le sentiment de tromperie sur la marchandise.



En tout cas, je recommande amplement ! Si vous n'êtes pas fan des romans d'espionnage, allez-y aussi, car c'est vraiment une enquête de police dépaysante.
Lien : https://gefroideval.wordpres..
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Baad

Fabuleux roman policier sur fond de drogue, de mafia, de pedophilie, de corruptions et d'intégrisme islamique que ce nouveau roman de Cédric Bannel, que j'ai dévoré en deux jours dans la cadre de Masse Critique. Deux enquêtes qui se rejoignent : celle de Nicole, ex-agent des services secret dont la famille est retenu en otage par un chef de mafia et qui doit retrouver un fabricant de drogue et celledu policier Kandar en prise avec des meurtres de petite filles.On découvre à travers le regard de Bannel la réalité de l'Afghanistan d'aujourd'hui, entre ceux qui la corrompent ou veulent la mettre sous la coupe des islamistes et ceux qui veulent lui redonner sa grandeur et sa liberté. Ceux qui profitent ou ceux qui luttent. Réaliste, humain, profond, sans vision utopiste mais sans désespoir, au fil d'une enquête extrêmement bien construite, Bannel, grand connaisseur de ce pays, dresse le portrait d'une société en crise qui cherche à sortir de ses drames.

C'est passionnant, c'est riche, c'est magnifique. Et c'est instructif ! Un grand merci à Babelio et aux éditions Laffont qui m'ont permis cette lecture.
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L'espion français

Je ne connaissais pas cet auteur et je dois avouer que c'est une bonne découverte.



L'enquête est palpitante et sans temps mort, nous emmenant sur les traces de cette enigmatique Veuve Blanche, cible ultime d'Edgar embauché par la DGSE mais hors des rangs.



Nous alternons les lieux et les enquêtes, même si nous nous rendons compte petit à petit qu'elles sont étroitement liées, suivant parfois Edgar et son équipe à Paris, d'autres fois le Qomaandaan Kantar (Oussama de son prénom) et ses collègues en Afghanistan.



L'auteur semble bien renseigné sur ce domaine particulier, donnant moults détails sur certaines procédures, les armes utilisées, les noms de certains services etc. Il parait avoir également une bonne connaissance du terrain au Moyen Orient ainsi que de sa géopolitique, les alliances des uns et des autres, les lieux sensibles et autres.



Cedric Bannel nous dépeint un pays en proie à la peur avec l'arrivée imminente des Talibans, à la corruption à tous les niveaux et notamment dans les strates les plus élevées du pouvoir, et met en scène des femmes craigant pour leur relative indépendance qui risque de disparaitre rapidement



J'ai aimé suivre ces personnages tout en étant un peu frustrée de découvrir qu'ils apparaissaient déjà dans d'autres romans de l'auteur. Vous pouvez lire celui-ci indépendemment et sans problème de compréhension, mais j'aime toujous lire dans l'ordre les séries afin de mieux appréhender l'évolution des personnages et comprendre les raisons de leur comportement ou de leurs actes (c'est très souvent lié à des expériences passées).



J'ai donc appris beaucoup de choses (si tout est réellement bien documenté) tout en passant un moment agréable.
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Baad

C'est le second roman que je lis de cet auteur et je continue de penser que c'est ,pour moi,une belle découverte.

Cette histoire est d'autant plus terrifiante qu'elle met en scène les horreurs d'un pervers envers des petites filles.L'argent de la drogue lui permet d'acheter hommes politiques,religieux,policiers et d'assouvir impunément ses terribles fantasmes.L'auteur montre aussi les difficultés rencontrées par ceux qui,n'étant pas corrompus,veulent faire régner la justice.Ils en arrivent à devoir torturer,tuer,devenant en quelque sorte des bourreaux eux aussi.

C'est,tout au long de l'histoire,un délicat exercice entre le "bien"et le "mal" que nous livre l'auteur.Le pire et le meilleur se côtoient et personne ne sort grandi de cet affrontement.

Roman intense,violent,humain,qui entraîne le lecteur dans un monde inconnu que l'on n'aimerait pas côtoyer.
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Baad

Dans ce livre nous suivons deux histoires parallèles qui font finir par se rejoindre tardivement dans le livre, ce que j'ai un peu déploré...



Deux personnages aux caractères bien affirmés : Oussama Kandar et Nicole Laguna. Deux pays aussi la France et l'Afghanistan.



Ces deux personnes doivent toutes deux retrouver un criminel.



Oussama Kandar commandant de la brigade criminelle à Kaboul est confronté à la terrible violence de jeunes filles trouvées nues et assassinées, violées...



Son travail est de chercher l'auteur de ces actes odieux qui semblent se répéter de façon régulière...



Ce travail il doit l'effectuer dans son pays : l'Afghanistan. Ce pays gangréné par une corruption installée depuis longtemps au sein même du pouvoir et par une situation politique des plus instables.



Cédric Bannel dresse là un portrait de l'Afghanistan plus qu'inquiétant et troublant. Mais il arrive aussi à nous installer une équipe de la brigade criminelle derrière la quomaandaan Kandar qui se veut incorruptible et ça nous rassure un peu...



J'ai particulièrement aimé le portrait de cet homme : Oussama Kandar. Un homme juste, ouvert et Afghan. Il aime son pays et souhaite que celui-ci avance vers la paix et la justice.



Cédric Bannel grâce à ce personnage nous montre un Afghanistan plus juste et beau et pointe par là même les défaillances et cassures de ce pays en proie aux extrémismes violents et à la corruption dévastatrice. Un pays où la drogue et l'argent qui en découle détruisent tout.



Vous allez me dire, mais elle ne parle que de ce commandant !!!!... Et bien oui, il a un fort charisme et je trouve que Cédric Bannel s'est beaucoup concentré sur lui par rapport au personnage de Nicole.



Nicole quant à elle, est un personnage particulier ex-agent des services secret français quand même ... Une femme qui évolue dans un milieu très masculin ...



La mafia italienne la tient, elle doit les aider coûte que coûte à retrouver un homme qui va inonder de neige blanche le monde ... De la neige pour des milliards de bénéfice, mettant la mafia hors service !



Leur moyen de pression la famille de Nicole, son mari Martin et ses deux enfants que la mafia séquestre.



Nicole n'a pas le choix elle endosse à nouveau son rôle d'agent secret au service de sa famille et finalement au service du Commandant Kandar... Puisque finalement l'homme recherché ne fait qu'un !!!



Les chapitres alternent en commençant par : "Dix jours avant Badria".



Le compte à rebours est enclenché pour retrouver ce meurtrier qui frappe régulièrement... Badria sera-t-elle sauvée ?



La traque est intense, les recherches sont difficiles, les témoins meurent ou sont corrompus, inateignables...



Le final sera un final apocalyptique, une véritable scène de guerre avec missiles, armes lourdes, kalachnikovs, brouilleurs satellites et hélicoptères !



J'ai été embarqué sur un rythme d'enfer, ce livre à su capter mon attention et m'en dire un peu plus sur l'histoire Afghane puisque l'auteur s'appuie sur des faits véridiques de l'histoire de ce pays.



Cédric Bannel a su créer un très beau personnage, cet homme incorruptible et ouvert m'a beaucoup plu. Cette histoire m'a donné envie d'en savoir davantage sur l'histoire de ce pays et sur son actualité qui hélas rencontre celle de mon pays en de tristes épisodes...



Je parle moins de Nicole car son personnage semble plus fade dans cette histoire, mais ce personnage féminin a permis sans doute à l'auteur de contrebalancer la pauvre place que l'on réserve à la majorité des femmes dans ce pays... Effrayant ... Badria et Nahid en sont les exemples frappants !



La fin de ce livre est du côté optimiste. Mais le bien gagne -t-il toujours sur le mal ?



Le commandant Kandar pourrait, peut être devenir un personnage récurrent ... Monsieur Bannel , sachez que je le suivrais alors, sans sourciller, dans sa quête de justice et de paix.





Quant à vous, si vous ne craignez pas d'être bousculés, ni éclaboussés,

alors suivez le viseur du commandant Kandar

dans son beau et incroyable pays qu'est l'Afghanistan.



Bonne lecture !



Merci Babelio et les Édition Robert Laffont
Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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L'homme de Kaboul

Ce classique roman d’espionnage est le meilleur livre qu’il m’ait été donné de lire sur l’Afghanistan. Pourquoi ? Parce que, loin de s’en tenir à Kaboul la relativement civilisée (voire à une simple chambre comme Syngué sabour), il est brossé, au prétexte de l’enquête sur une sombre affaire de corruption internationale menée par le grand flic Oussama (sic !) Kandar, une fresque magistrale qui parcourt l’histoire (période russe, révolte de Massoud, gouvernement de Karzaï et occupation occidentale), la géographie, vallées fertiles ou régions montagneuses presque inaccessibles, les ethnies Pachtouns et Tadjiks, mais aussi Turkmènes, Hazaras, Baloutches, Nouristanis, avec leurs types de caractères et leurs codes… Une fresque sociale enfin, qui va des hommes de pouvoir les plus corrompus et des commerçants véreux aux plus misérables villageois, ceux qui n’ont souvent qu’un œuf et du yaourt rance pour tout repas, des pauvres filles qu’on brûle pour un rien aux militantes féministes, comme la femme d’Oussama, des laïcs pieux, comme notre honnête flic, aux mollah éclairés comme son allié le mollah Bakir, en passant par les plus ignares des talibans.

Ce pays que nous ne connaissons que par quelques images de villes poussiéreuses et de vallées desséchées, prend vie, avec d’autres nuances. L’ignorance, la corruption, le fanatisme, la violence, le non-droit règnent en maîtres – et certaines scènes d’attentats, de tortures ou de viols collectifs sont insoutenables, mais l’on découvre peu à peu autre chose : sens de l’honneur et de l’hospitalité, humble piété, affection conjugale et – du moins chez certains Kaboulis, une volonté profonde de faire progresser leur pays, quels que soient les risques encourus.

L’intrigue policière, menée sur place et en Suisse, est assez plausible et surtout bien construite, l’intérêt reste soutenu jusqu’au dénouement en demi-teinte, le style est élégant. On quitte le récit avec l’impression d’avoir beaucoup appris sur ce pays qui semble avoir toutes les peines du monde à se sortir d’une situation inextricable. On quitte aussi ce récit à regret, après avoir passé d’excellents moments.

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L'homme de Kaboul

Épreuves du roman de Cédric Bannel, à paraître le 3 mars.



" - À quoi pensais-tu en appuyant sur la détente ? demanda Oussama. - À appuyer sur la détente. " (p. 9) Dès les premières lignes, on rencontre Oussama Kandar, commandant en chef de la brigade criminelle de Kaboul, un homme qui ne s'en laisse pas compter. Appelé sur les lieux d'un suicide, Oussama Kandar est dubitatif. Le cadavre de Wali Wadi n'est pas celui d'un suicidé, il s'agit d'un meurtre. " Ceux qui parvenaient à échapper aux attentats, aux gangs, aux règlements de compte, aux crimes familiaux et aux fatwas lancées par les talibans étaient assez peu portés sur le suicide. En Afghanistan, chaque jour vécu en un seul morceau était un don de Dieu. " (p. 10) Mais son enquête à peine entamée, Kandar est sommé de ne pas faire de vagues et de er au plus vite cette affaire. Le ministre de la Sécurité du pays, Khan Durrani, semble particulièrement pressé de voir ce cas au fond d'un tiroir. Oussama Kandar comprend que l'affaire dépasse celles qu'il traite d'ordinaire. " Pour une raison qu'il ignorait, le gouvernement souhaitait enterrer l'affaire. Khan Durrani était là pour dissuader ses propres services de faire leur boulot. " (p. 16) Pendant ce temps, en Suisse, la disparition d'un homme déclenche une opération d'envergure. Nick Snee, analyste pour l'Entité, découvre les travers et les crimes de l'organisation qui l'emploie, " une structure dont l'ADN était tourné vers la violence plus que vers l'intelligence. " (p. 123) Alors qu'un certain dossier Mandrake s'avère délicat voire explosif en Suisse comme en Afghanistan, Nick et Oussama, sans le savoir, traque la même vérité au nom de valeurs communes.



Le personnage d'Oussama Kandar est finement travaillé. L'homme est un policier intègre et pieux, un musulman pratiquant mais tolérant, comme une balise au sein d'une religion qui effraie tous les jours. Oussama a choisi son camp et c'est sans compromis qu'il accomplit sa tâche, quelle que soit l'origine des pressions qu'il subit. " Se prénommer Oussama n'était pas un atout lorsqu'on était qomaandaan de police dans un pays occupé par les forces de l'Otan... " (p. 12) " En tant que fonctionnaire du régime, Oussama était une cible pour les talibans, même s'il était connu pour sa piété. " (p. 13) Oussama est pris entre deux feux : entièrement dévoué à son pays, même s'il inspire crainte et respect, sa position reste fragile dans un monde tiraillé entre deux puissances qui veulent chacune déchirer la plus grosse part de la proie.



Malalai, épouse d'Oussama, est une femme vive d'esprit et intelligente. Gynécologue et tenue par la loi islamique de ne soigner que des femmes, elle se révolte discrètement mais fermement contre le société machiste et intégriste qui étreint et étouffe le pays. La burqa la révolte, la soumission imposée aux femmes l'indigne et la charia ne la convainc pas toujours. Membre du RAWA, elle court de grands risques pour faire reconnaître les droits des femmes en Afghanistan. Malalai est le pendant féminin d'Oussama. Ils forment un couple uni, certes par l'amour, mais surtout par le partage de valeurs telles que la probité ou le respect. Bien que peu active au sein de l'intrigue, Malalai imprègne de sa présence tout le texte, comme une odeur subtile mais tenace de fleurs écrasées.



Ce polar décrit avec habileté un pays dont on ne cesse de parler mais qui reste difficile à comprendre. Des traces subsistent de la présence russe et du régime taliban. L'Otan peine à apaiser le pays et " la présence de la Coalition avec son lot de bavures et de vexations imposées aux populations locales " (p. 10) fait régner une atmosphère pesante que renforcent les attentats suicides et la résignation des habitants. Le regain islamiste se fait sentir partout, les talibans sont infiltrés dans toutes les administrations et institutions du pays. Le président Hamid Karzaï, s'il n'intervient pas directement dans le récit, apparaît comme un homme de paille. L'Afghanistan semble dirigé par des ministres complaisants voire véreux. La corruption est omniprésente, les dollars et les afghanis changent de main et alimentent un marché noir prodigue en armes et en produits interdits. Kaboul est une ville sous pression, prête à exploser de toute part.



Bien qu'en reconstruction, les travaux étant financés par les apports occidentaux, la ville abrite des quartiers d'une misère extrême où le progrès n'est qu'un lointain mirage. L'auteur dépeint avec précision et intérêt des coutumes et des traditions qui échappent souvent à l'entendement occidental. La politesse, la hiérarchie ou les salutations entrent autant dans le mode de vie des Afghans que les vêtements ou la nourriture. Même si l'Occident s'impose peu à peu, avec ses tenues décontractées et colorées et ses pratiques jeunes et libérées, l'Afghanistan conserve indéniablement un passé traditionnel qui s'accomplit dans tous les gestes du quotidien.



Tous ces éléments font déjà du roman un très bon texte. Mais le meilleur réside dans la construction des enquêtes. Dès les premiers chapitres, les victimes et les coupables sont connues. Les armes et le mobile sont au rendez-vous. Il ne manque que la pièce à conviction principale, le dossier Mandrake, qui fait traverser à Nick la moitié du monde et qui fait retourner Kaboul par Oussama. Dans cette chasse au trésor maudit, une paire de chaussures rouges peut tout faire basculer. La révélation finale, après quelques épisodes haletants, est presque secondaire. Sans l'avoir lu, on se doute que le dossier Mandrake est une poudrière à proximité d'une mèche. Peu importe ce qu'il contient, on sait que cela ne pourra pas être révélé. Car Cédric Bannel évite avec habileté et intelligence l'écueil du complot mondial. Une phrase de la fin du roman est lourde d'une sagesse effrayante : " affaiblir l'Amérique, c'est provoquer l'éclatement assuré de l'Afghanistan. " (p. 386) On ne peut le nier, l'échiquier mondial a entamé une partie complexe qui nous dépasse tous. Et c'est avec modestie voire délicatesse que Cédric Bannel referme une porte qui ne peut rester ouverte. Si les terroristes ne sont pas forcément ceux qui portent barbe et keffieh, ce n'est pas un livre qui peut déranger la fourmilière. La fin du texte est en demi-teinte, parfaitement conforme à la réalité : les 'gentils' n'emportent pas d'éclatantes victoires et la punition des 'méchants' est loin d'être assez lourde. Mais l'auteur ne fait pas oeuvre polémique. Son récit, puissamment ancré et nourri d'un contexte politique particulier reste une fiction menée avec talent et précision. Ce roman présente une plume assurée et une intelligence affûtée.



Un grand merci à Violette de Canalblog et aux éditions Robert Laffont pour m'avoir fait parvenir les épreuves de ce livre. N'hésitez pas à visiter le blog consacré au livre !

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Les Fantômes de Kiev

Poutine compte bien punir la France pour son soutien à l'Ukraine et pour cela il est prêt à tout. La DGSE doit absolument déjouer la menace et protèger le pays. Pour cela, Edgar Van Scana est envoyé en mission secrète. Face à lui, Olga Ranovskaïa, cheffe des opérations noires du Kremlin est plus que jamais déterminée à mener à terme sa mission. Edgar va devoir avancer tel un fantôme pour supprimer la menace russe.

C'est un roman d'espionnage haletant qui vous laisse glacé.

La plume est fluide, rythmée et très réaliste. Ce livre est terriblement d'actualité, tous les évènements semblent pouvoir être vraisemblables. La menace terroriste est plus que jamais à l'ordre du jour.

Bien qu'il y ait beaucoup de descriptions, sur les armes, les lieux et les évènements, on ne s'ennuie pas. Les descriptions sont bien dosées, cela permet de s'immerger dans l'histoire.

Attention, rien n'est épargné au lecteur pas même les scènes de tortures.

Il y a de l'action tout le temps. Des scènes de combat, des morts, des pièges, des explosions. De quoi ravir les amateurs de thriller d'espionnage.

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Kaboul Express

Lu à sa parution pour le tester (jamais je n’achète de polars sauf les bons) et voici quel fut mon commentaire (inutile de préciser que « les choses » empirent de plus en plus dans le monde).



Évidemment ce n'est pas du Michel H. - ni du Gustave F.

La prose plutôt simpliste ne m'a guère enthousiasmée.

Quant à l'histoire, étant donné l'épée de Damoclés qui nous menace à chaque seconde, je préfère ne pas l'aborder. C'est jouer facilement avec le feu et produire des romans à peu de frais.

Tout ce que je dirai, c'est que notre président de la République ferait bien d'interdire le voile aux musulmanes qui sont sur notre sol, avant que le pire ne se produise plus vite que prévu. Pas la peine de lire la vie des Afghanes comme un conte des mille et une nuits. Comme si ces malheureuses d'ailleurs pouvaient agir en quelque sorte !

Quant aux lectrices futures, elles feraient mieux de lire de la vraie littérature.
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L'espion français

La veuve blanche



Direction l'Afghanistan, une destination peu touristique il y vrai, mais Cédric Bannel ne nous emmène pas en vacances ! Nous y retrouvons son personnage emblématique, le qomaandaan Oussama Kandar, chef de la Crim de Kaboul auquel la France va encore devoir faire appel. Cette fois, il s'agit de retrouver une jeune femme, française, partie faire le djihad en Syrie avec Daech et maintenant réfugiée en Afghanistan. Surnommée la Veuve Blanche ou la Lionne, Alice Marsan est dans le collimateur de la DGSE pour de multiples exactions et voici qu'une écoute téléphonique ravive la piste. Pour mener la traque, la DGSE mobilise ses forces obscures, les agents Sigma, des hommes et des femmes du très secret « Service des Archives » « en charge des coups les plus tordus, des missions illégales tellement « limites » qu'elles ne pouvaient être menées ni par des militaires ni par des fonctionnaires civils sous statut ». La mission donnée à Edgar van Scana –Scan pour les intimes !- est des plus simples : localiser Alice Marsan et lui appliquer un « traitement négatif », ni vu, ni connu et ce avant que la Veuve Blanche ne s'empare de très précieux otages, des japonaises en mission humanitaire dont l'avion a du atterrir d'urgence à Bagram.

J'avais lu en son temps Baad et Kaboul Express que j'avais beaucoup aimé, mais là, je dois reconnaitre que l'auteur s'est surpassé, cet Espion Français est un cran au dessus, peut-être parce qu'il est en prise directe avec l'actualité. En effet, Cédric Bannel en situe l'action quelques semaines avant le retour au pouvoir des talibans : ceux-ci ne sont pas très loin de Kaboul, ils sont dans tous les villages, tissant une toile mortifère pour les libertés individuelles, notamment celles des femmes, ce qui est très bien décrit à travers le personnage de Malalai l'épouse de Kandar (gynécologue obstétricienne, elle a de plus en plus de mal à exercer son activité à l'hôpital) et de celui de la jeune Zana, une femme moderne (au point de se déplacer dans Kaboul à vélo, « symbole d'un mode de vie occidental, donc dépravé. ») et instruite, experte en informatique mais réduite à travailler à son domicile… A travers ce polar ou thriller d'espionnage, l'auteur dépeint avec réalisme la société Afghane, ses contradictions, ses traditions, sa violence sous-jacente ou au grand jour car il ne faut pas oublier que l'Afghanistan est un pays déchiré par des années de guerre…

En grande fan du Bureau des Légendes, j'avoue avoir beaucoup aimé le « volet espionnage » : je ne sais pas si le service des Archives sort tout droit de l'imagination de l'auteur mais si ce n'est pas le cas, cela donne à réfléchir.

Passionnant.

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Baad

Deuxième tome d'une trilogie, du moins pour le moment. Du coup je la lis dans le désordre mais en soit cela n'a pas empêché ma lecture. Même si je me suis un peu spoilé le premier tome !



Nous sommes en Afghanistan de nos jours, un meurtrier de fillettes, particulièrement glauque, sévit dans la capitale Kaboul. C'est une véritable course contre la montre qui s'engage pour le Qomaandaan Kandar et son équipe. Il s'agit de découvrir l'identité de ce monstre et surtout de le mettre hors d'état de nuire quelqu'en soit le prix. Pour Nicole Laguna rien n'est rose, elle vient de se faire enlever par la mafia en plein coeur de Paris, avec toute sa famille. Elle passe un contrat avec un parrain, mais je n'en dirai pas plus au risque de trop en dévoiler.



Il y a du rythme dans les pages de ce polar afghan écrit par un français. Je ne me suis pas ennuyée une seconde ! Les chapitres sont courts et percutants, quoi de mieux pour gloutonner un livre ! Les personnages sont intrigants et j'ai hâte de les découvrir à nouveau dans la prochaine enquête de ce duo.
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Kaboul Express

Je viens de terminer ce roman et j'en suis encore tout imprégnée.Je l'ai lu comme un documentaire,ou plutôt comme un livre de politique fiction dans lequel la fiction n'en serait pas vraiment une.

Il est effrayant de penser que des gens comme Zwak,avec un QI de 160,peuvent transformer la France en un terrain de jeu de rôle dans lequel l'objectif à atteindre pour gagner est la mort.

L'Afghanistan,la Syrie,dont on entend parler si souvent,m'ont donné l'impression ici d'un mélange de jungle et de désert dans lesquels la vie ressemble plutôt à une survie.Il est difficile pour l'occidentale que je suis,d'en comprendre les codes,de même que ceux qui régissent les services secrets français et autres.

J'ai aimé ce que j'ai lu car j'y ai trouvé quelques pistes qui m'ont permis de pénétrer impunément derrière le miroir d'une partie du monde actuel ,très sombre.
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Baad

Vous avez aimé « L'homme de Kaboul », vous adorerez « Baad », le nouvel épisode mettant en scène Oussama Kandar, chef de la police criminelle de Kaboul.



Et moi, je n'ai pas pu me détacher de ce nouveau thriller ancré dans une réalité tellement méconnue : ce qui se passe réellement aujourd'hui, dans l'indifférence générale, en Afghanistan. Là où s'agitent les dernières forces de la Coalition, les politiciens véreux et les mollahs émargeant à tous les rateliers, les parrains de la drogue, les djihadistes de DAESH, les alliés d'al Quaïda et les Talibans.



Au milieu de cet indescriptible chaos, le policier intègre tente simplement de faire son métier : faire éclore la vérité malgré tous les bâtons que lui met dans les roues le ministre de la Sécurité, son ennemi intime, pourchasser un tueur psychopathe qui se repaît de petites filles après les avoir revêtues de robes de fête. Ce criminel est un occidental qui ne laisse aucune trace, comme s'il n'était jamais entré dans le pays. Les « experts » de l'équipe de la criminelle ont reconstitué l'arme de ses crimes : un couteau à fileter le saumon de fabrication finlandaise. On sait aussi qu'il parle avec un accent texan … Qui est-il en réalité ?



En France se noue un autre drame : un père et ses deux enfants sont kidnappés par la Mafia. Une affaire sans aucun rapport (?) … Nicole Laguna (clin d'oeil de l'auteur à son précédent passage chez Renault ?) est un ex-commissaire divisionnaire, passée par la DGSE et plus ou moins hors-circuit. Sa famille est entre les mains de la plus haute autorité mafieuse qui la somme de neutraliser un chimiste hyperdoué ayant mis au point une drogue 100% pure pour le compte des Russes, mettant ainsi en péril le lucratif commerce des Italiens. A Kaboul, Badria, la troisième petite victime du sadique, est déjà entre ses mains.



Tout est une question de jours. Les fils de l'intrigue s'entremêlent. Pour un suspens qui se termine en feu d'artifice dans les montagnes terrifiantes du Badakhchan où les talents du qommandaan Kandar sont une nouvelle fois mis à contribution : son extraordinaire habileté de sniper, son expérience des combats et sa capacité de stratège, talents acquis lors du conflit avec les Russes.



Ce qui me fascine, c'est le réalisme des situations et le talent de l'auteur. Cédric Bannel est un surdoué : ancien élève de l'ENA, haut fonctionnaire des Finances connaissant parfaitement les circuits internationaux du financement occulte, passé par le privé au plus haut niveau, créateur d'entreprises talentueux – dont le site Canalblog – il connait et aime l'Afghanistan, sait de quoi il parle et en parle sans détours.



Un pays où tout est danger à court et moyen terme : les ethnies, les clans, les sectes religieuses irréconciliables, les groupes de combattants, la culture omniprésente du pavot qui assure plus de 90% de la production mondiale d'héroïne, la corruption généralisée, l'absence de toute structure étatique … et pourtant, une ville de Kaboul tentaculaire, où poussent des immeubles comme des champignons mais où un homme et une femme ne peuvent être laissés en présence dans une même pièce.



Après cette lecture, qui ferait un excellent un film d'aventures à la logique implacable, vous en saurez beaucoup plus sur cette plaque tournante de la sécurité mondiale qu'après n'importe quel cours de géopolitique.


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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L'homme de Kaboul

Salut les Babelionautes



Je ne connaissais pas l'oeuvre de Cédric Bannel mais je me suis régalé a la lecture de ce roman qui nous entraîne de l'Afghanistan a la Suisse ou un jeune analyste, Nick, analyste pour les services secrets, est lancé sur la piste d'un fugitif, membre de la direction d'une entreprise très opaque aux ramifications internationales, qui s'est volatilisé avec le rapport Mandrake, un dossier qui paraît affoler des gouvernements occidentaux

Mais lesquels ? Quand il comprend que son organisation, dans sa quête désespérée pour retrouver le fugitif, assassine des innocents, Nick se révolte

Il découvre les sanglantes tentatives d'assassinat dont a été victime, à Kaboul, un certain commissaire Oussama Kandar.Oussama l'Afghan, Nick le Suisse et Bakir le mollah : ce trio improbable se retrouve dans les hautes montagnes d'Afghanistan, en des lieux sauvages contrôlés par des hommes qui tuent au nom de Dieu

Là, quelque part dans un village perché à plus de 4000 mètres, se trouve sans doute l'homme qui pourrait les sauver, et le rapport que des grandes puissances recherchent désespérément

Mais choisiront-ils de révéler au monde ce qu'ils apprendront ? Ou accepteront-ils de se taire au nom d'intérêts supérieurs ?
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Kaboul Express

Sous ses traits juvéniles d'ange se cache un véritable monstre, une machine à tuer.

Zwak n'est âgé que de dix sept ans mais il s'apprête à perpétrer un attentat d'une ampleur inédite sur le sol français.

" Kaboul Express ", publié en 2017 aux Editions Robert Laffont / La Bête Noire est signé Cédric Bannel.

Zwak n'est pas un enfant comme les autres. Il est dans son propre monde. Son QI nettement supérieur à la norme fait de lui une arme en puissance. Zwak Bradimandi est le cerveau de l'opération "Aube noire". Mais dans cet Afghanistan dans lequel il a grandi, il n'a pas d'autre porte de sortie que celle de prêter allégeance à Daech.

p. 15 : " Oui, il a fait l'allégeance à l'Etat islamique au Khorasan et il veut maintenant rejoindre l'Etat islamique en Irak et au Levant. [...] Oui, il a élaboré un plan spécial pour frapper les infidèles, ces sales et méchants Français, plus fort qu'ils ne l'ont jamais été. "

De par ces aptitudes scientifiques hors normes, il élabore un plan minutieux, via le réseau surnommé " Kaboul Express". Mais pour prétendre intégrer ce réseau géré par les fanatiques de l'Etat islamique, il faut montrer patte blanche et faire ses preuves.

p. 94 : " L'effondrement du califat sous les coups de boutoir de la coalition exacerbe la folie meurtrière des djihadistes, pour autant que cela soit possible. "

En effet, l'Etat islamique ne met pas à sa disposition des moyens aussi colossaux que ceux que réclament Zwak, sans tester sa véritable motivation et sa détermination à mourir en martyr.

p. 167 : " Si sa haine a grandi au fil des années, elle peut avoir transformé l'adolescent en baril de poudre prêt à exploser. "

Tous les services de renseignements français sont en alerte maximale. Mais la coordination des pays de la coalition et la communication entre les services internes sont complexes.

p. 288 : " Depuis le début des attaques terroristes de Daech sur le sol européen, c'est la même chose : Allemagne, Italie, France, Hongrie, Roumanie... tous les pays sont dépassés par cette nouvelle menace multiforme qu'ils ont du mal à appréhender. A la désorganisation des pays de l'Est, s'ajoutent les problèmes juridiques de ceux de l'Ouest, handicapés par des législations protectrices des droits individuels héritées des tourments de leur propre histoire. "

Alertés par leur agent de liaison à Kaboul, qui n'est autre que le qomaandaan Kandar, chef de la Crim de Kaboul, les services de la DGSI sont sur le qui-vive. A sa tête, Nicole Laguna, la cinquantaine, est une femme d'expérience dans l'antiterrorisme.

p. 58 : " [...] après ses années d'officier à la DGSE, elle a rejoint Interpol avant de passer vingt ans dans la police judiciaire, comme numéro deux, puis comme patronne de la Brigade nationale de recherche des fugitifs. Elle est l'un des flics les plus expérimentés de France. "

La traque commence. La tension, étouffante, est palpable. Les minutes sont comptées. Aucune information n'est laissée au hasard, et tous les moyens - officiels ou officieux - sont bons pour les obtenir.

Du 18 avril au 2 mai, date choisie par Zwak pour lancer son attaque, la traque est insoutenable. Chacun connaît cette haine envers l'Occident et ceux à quoi ces fanatiques extrémistes sont prêts à faire pour atteindre leur cible.

p. 229 : " Chez Daech, couper la tête de ses ennemis est l'équivalent de la décharge de chevrotines de la mafia italienne : une signature, presque une marque de fabrique. "

Ils n'ont rien à perdre, car porter allégeance à l'Etat islamique c'est s'engager à mourir en martyr au nom de cette cause.

Alors quelle est la probabilité pour la DGSI de mettre la main sur Zwak et ses complices avant qu'ils commettent l'indicible ? Des millions de vies sont en jeu.

C'est un polar hors norme qui nous plonge de Kaboul à la Syrie, et de la Turquie à Paris. Oubliez cet Afghanistan décrite par les médias, cette immersion au coeur du Kaboul Express vous glacera le dos. Entre la détermination de Daech et la traque des services antiterroristes, le monde peut basculer à tout moment.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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L'homme de Kaboul

Une LC proposait par ma copinaute Missnefer et suite à sa critique sur Baad, je l'ai suivi les yeux fermée. J'étais pratiquement sure que le bide livresque ne serait pas au rendez-vous lol.

D'abord que dire de l'auteur Cedric Bannel, homme d'affaire, un financier hors pair vu son parcours, ancien politicien et à ses temps perdu écrivain. Je me suis dit qu'allait 'il nous raconter sur une enquête en Afghanistan (en période de conflit en plus) et l'espionnage.

Alors dès le départ, l'enquête m'est complétement passé à côté car je me suis plongée avec intérêt sur le système politique, la coalition, les coutumes afghanes, la corruption… Un choc émotionnel et culturel entre le lecteur et ce polar. Je reviendrais plus tard sur l'intrigue. Donc comme je le disais Cedric Bannel m'a captivé avec ses recherches, son approfondissement des liens complexe entre ex-mou-djihadiste, talibans (encore j'ai appris une histoire bien plus complexe), le ministère afghan et la sécurité intérieure. Franchement on en sort de ce roman avec un nouveau regard que peut nous donner les médias. Je le félicite pour cette ouverture d'esprit.

Oussamma héros de son roman porte un nom lourd, a une carrure d'homme des cavernes mais il est juste et loyal. Un homme qui va vous surprendre quant à son ouverture d'esprit sur certaines coutumes et sa fermeture complète sur d'autre. Un héros attendrissant qui nous démontre qu'une vie normale sans drame peut exister tout en respectant les croyances des uns et des autres.

Je tire mon chapeau pour cet aspect-là de l'histoire qui pour moi à contribuer dès le départ un 4 étoiles. J'aime me cultiver et surtout sortir de mes sentiers battus. Une ouverture d'esprit que je me ferais une joie de partager avec mes amis. On sent l'esprit cartésien et réaliste dans la plume intelligente, abordable, cultivé de Cédric Bannel. Pas besoin d'émotion juste une réalité plus complexe que nous en dise les médias.

Alors la cinquième étoile attribuait au polar. C'aurait pu être un coup de coeur mais non. le polar en lui-même qui se concentre sur le dernier chapitre est intéressant voir je me suis dit tout à fait possible. Mais je suis restée sur ma faim. J'ai adoré la complexité de roman espionnage, l'explication parfaite de l'auteur (on voit l'expert), mais cela ne pas m'a convaincu au point du coup de coeur. Mais les 5 étoiles est amplement mérité.

Donc pour finir, un polar assez palpitant pour moi, si émotion forte et enquête qui plus dynamique ça ne m'aurait pas dérangé. Par contre un développement du pays avec des réels informations, les conditions des hommes, les ennemies visible ou mystérieux, un héros cultivé mais qui se bat aussi face à ses croyances est pour moi le point fort de ce polar espionnage.

Merci Maribel pour cette LC et je sprinte pour lire BAAD avec grand plaisir.
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L'espion français

Je prenais pas beaucoup de risques avec ce roman, parce que je suis clairement un bon client quand il s'agit de barbouzeries contemporaines : j'ai grandi les yeux ébahis devant les 007, rêvé d'être un jour agent de la DGSE (Service Inaction) et je rate rarement les films ou les séries sur l'espionnage !



Dans ce roman, dont j'ai découvert qu'il s'inscrivait dans une saga autour des mêmes personnages, nous suivons Edgar, avocat d'affaires la journée et régulièrement employé par la DGSE pour le nettoyage définitif qu'on ne peut pas confier aux salariés de l'État.



Sa mission sera de traquer une petite vendéenne (whaaaaaat) devenue cheffe d'une katiba de Daech en Afghanistan, la Veuve Blanche, et dont la spécialité est la torture et l'assassinat de jeunes femmes. C'est une première pour Edgar, mais il va pouvoir compter sur le soutien de la DGSE et d'une commissaire de la DGSI qu'il s'est mis dans la poche.



En parallèle, on suite un groupe de la police criminelle de Kaboul qui tente de retrouver des infirmières japonaises venant d'être kidnappées par des hommes déguisés en soldats. Dotés de moyens dérisoires mais d'une volonté farouche, ils devront avancer rapidement dans leur enquête en évitant tous les coups bas d'un pays au bord de l'effondrement, avant que les otages ne soient récupérées par la Veuve Blanche.



Wow, en voilà une lecture exaltante ! J'ai été scotché par ce bouquin que j'ai englouti en deux après-midi, totalement immergé dans une enquête internationale qui ne souffre d'aucun temps mort ! C'est complexe, tordu, violent, les méchants tuent avec violence parce qu'ils sont méchants, les gentils tuent mais avec une morale parce qu'ils sont gentils, ça se lit comme ça se regarderait sur grand écran. En un mot : fascinant !
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Kaboul Express

Guerre, attentats, corruption, la vie est difficile à Kaboul .



Le qoomaandan Oussama Kandar tombe sur des documents extrêmement inquiétants, regroupant plans de Paris et formules de calculs dans une écriture inconnue. Kandar contacte Nicole Laguna pour l'informer de ses trouvailles. L'enquête découvre un terroriste extrêmement brillant intellectuellement et qui a savamment prévu un attentat extrêmement destructeur. Le qoomaandan quadrille le terrain, découvrant un pays meurtri, pauvre, divisé et violent, une mosaïque de peuples aux coutumes différentes et souvent rivaux.



Pauvre Afghanistan! La reconstruction est lente, entachée de corruption, avec des Talibans et Daech en embuscade et en suivant les pas du qoomaandan, on découvre ,accablé comme lui, l'état de ce pays pas vraiment en situation de paix.



Un très bon roman avec le plaisir de retrouver les deux protagonistes de BAAD.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Baad

Tout d’abord je tiens à remercier Babelio et sa Masse Critique spéciale et les Éditions Robert Laffont avec sa collection La bête noire, sans qui je serais peut-être passée à côté de la découverte de cet auteur!



Le qomaandaan Kandar, chef de la police criminelle, est chargé d’élucider le viol, la torture et le meurtre de petites filles d’une dizaine d’années retrouvées dans une étrange tenue d’apparat dans des bidonvilles de Kaboul…

Kandar a beau être un ancien soldat, tireur d’élite aguerri, pour lui, ces assassinats sont insoutenables et intolérables… on ne touche pas aux enfants… surtout lorsqu’un schéma se détache rapidement de ces morts et qu’il sait que dans dix jours exactement, il y aura une autre petite victime…



Si nous, lecteurs, connaissons dès le départ le nom de cette petite fille, Badria, Kandar ne le sait pas encore…



Et Kandar, aussi animé de droiture et de justice qu’il soit, n’a pas que des alliés autour de lui et ses ennemis n’attendent qu’une maladresse ou une inattention de sa part pour saboter son enquête, sa carrière et surtout sa vie…



A Paris, Nicole Laguna, ancien cadre de la DGSE, est enlevée, ainsi que Martin, son mari, Christopher et Garance, ses enfants. Le chef suprême de la mafia, Alfredo Vipere, lui ordonne de retrouver LE chimiste qui offrira les clefs du monopole mondial de la drogue. Il sait que Nicole est une pointure en matière de recherche de grands criminels. Sa retraite n’y change rien, elle doit mettre la main sur ce Franck X, un fantôme. Sinon, sa famille disparaîtra…



Mais qu’est-ce qui relie ses deux affaires éloignées géographiquement? Quel rapport entre le monopole de la drogue et un assassinat d’enfants?



Le roman est rythmé par des chapitres égrenant le funeste compte à rebours qui doit marquer la mort de Badria, alimentant l’angoisse et le suspens de l’issue de cette enquête qui va entraîner Kandar bien au-delà du drame humain et du simple petit pervers solitaire qui en est responsable. Il va devoir démêler les enjeux des luttes de pouvoirs financiers, ethniques, religieux, politiques et diplomatiques d’un pays dévasté et du monopole d’un trafic de drogue à l’échelle mondiale…



L’Islam et son cortège de terrorisme, de pays en guerre, d’a priori, d’intolérance et de racisme se retrouve bien trop souvent à la une des médias pour que ce soit un thème que j’affectionne… et pourtant…



J’ai grandement apprécié cette incursion dans ce pays islamique, l’Afghanistan, si souvent stigmatisé.

L’auteur n’a pas versé dans le voyeurisme, dans le pathos ou le discours partisan. Au contraire, il nous plonge dans une situation qui semble inextricable mais où l’espoir n’est pas mort, il émaille les détails historiques réels et actuels d’une touche de cynisme et d’ironie, d’une pointe d’humour, parfois, qui allège la chape qui pourrait nous écraser, tant ce lieu ressemble à un nœud de vipères et concentre tous les combats. C’est un tour d’horizon d’une société gangrenée, un portrait pudique et véritable d’un pays blessé et fragile, un portrait très bien documenté, loin des clichés médiatiques et politiciens.



De la géo-politique, un narco-état, des guerres intestines, des interventions internationales, de la corruption, de la religion, de la violence, des trafics, de la fragilité de la condition féminine… et des combats, toujours des combats… Et malgré tout, de l’espoir et de la beauté…



Le qomaandaan Oussama Kandar n’a pas perdu espoir, il a été de toutes les guerres, il combat le crime en se soumettant à certaines entorses incontournables, en se jouant du système autant que faire se peut, en priant son Dieu et en aimant sa femme… Un homme simple qui s’entoure d’une équipe soudée, une bulle d’oxygène dans ce brouillard d’hypocrisie, de violence et de manigances politiques et de corruption.

C’est un personnage droit dans ses bottes, discret, volontaire, tenace, attentif et qui ne se laisse pas troubler par les menaces qu’il attire. Un personnage attachant et lucide que j’ai eu plaisir à suivre. Un personnage récurrent qui m’a d’ailleurs donné envie de découvrir les autres romans de Cédric Bannel.



L’auteur laisse la part belle aux éléments secondaires qui sont loin d’être passifs, nous faisons connaissance avec les adjoints de Kandar, leurs vie, passé et tempérament. Ils sont partie intégrante de l’enquête et pas seulement les faire-valoir de leur chef.

Entre Gulbudin, l’ancien mojahid auprès de Massoud, et Babour, le geek, le mélange des générations, des ethnies et des genres au sein même d’une équipe illustre finement le tissu social de ce que l’Afghanistan offre aujourd’hui.



Malalai, l’épouse de Kandar, est une militante des droits de la femme qui permet d’aborder la condition féminine, entre traditions ancestrales, excès sectaires, radicalisation religieuse et modernité à l’occidentale.

« Baad »: se dit d’un homme mauvais, violent, cruel envers les femmes (dixit les Éditions R. Laffont).

Il est bien évident que mettre les pieds en Afghanistan ne prédispose pas la gente féminine à entrer dans un pur paradis… Nous sommes prévenus d’emblée…



Le Mollah Bakir synthétise à lui seul toutes les contradictions des différents courants religieux, des plus modérés ou plus radicaux, toutes les alliances opportunistes entre anciens ennemis et nouveaux concurrents, toutes les magouilles et pressions politiques et politiciennes. Il a des contacts partout, des espions partout et nage très bien au milieu des requins avec une complaisance élastique lui conférant une autorité incontournable.



Même les ennemis de Kandar occupent une place importante dans l’intrigue, pour ce qu’ils sont, entre désirs et actions, pour leur rôle qui ne se limite pas à Kaboul ou une banale vengeance personnelle.



Nahid, jeune afghane, est touchante dans sa fragilité d’épouse rejetée et de mère. Obligée de survivre dans un état islamique qui ne lui laisse que peu de libertés et de champs d’action, elle refuse toutefois son sort et celui qui attend une de ses filles, Badria. Elle va se battre pour son enfant… Nicole aussi va se battre, elle est mère aussi et forte. En pure occidentale, avec toutes ses armes, beaucoup plus solides que celles auxquelles Nahid peut prétendre.

Tout sépare ces deux mères et pourtant elles sont unies pour la force animale et viscérale de défendre leurs petits. La confrontation des deux cultures et des deux expériences de ces femmes est subtile, les comparaisons n’apparaissent pas, elles sont suggérées… Qu’importe la couleur, la culture et la religion, les bonnes mères sont toutes animées par la même force: leurs enfants. Et elles ne reculent devant rien pour les protéger…



L’environnement humain et social est donc riche, entre héritage russe, interventionnisme des français et des américains, conflits entre les seigneurs de guerre et chef de clans, entre les mouvements religieux, talibans, djihadistes, entre hommes et femmes…



Mais si l’essentiel de l’action se situe en Afghanistan, l’enquête en parallèle de Nicole Laguna, française, ancien agent des Services Secrets, spécialisée dans la poursuite des fugitifs, va nous entraîner dans la mafia italienne qui n’est pas de tout repos également!



Le trafic de drogue est une hydre aux multiples ramifications internationales et on ressort de cette lecture avec un éclairage plus lumineux sur les diverses mafias du monde, de leurs affrontements dans la conquête d’un monopole véreux. De la Cupola italienne chapeautant la Cammora, la Casa nostra et j’en passe… aux champs de pavots afghans, il n’y a qu’un pas que Nicole va franchir pour rejoindre Kandar dans son enquête…



Ce roman est un grand coup de coeur pour moi car j’ai trouvé une plume talentueuse qui jongle habilement avec la connaissance précise et documentée d’un pays et d’un contexte complexes et une intrigue policière trépidante. J’ai appris et je me suis divertie… un régal. C’est un roman riche de divers thèmes habilement dosés autour de l’émotion, de la violence, de la beauté, de la réflexion… Une aventure sur les chapeaux de roue, tout en rebondissements, suspens et angoisse qui ne vous laissera aucun répit! Un page-turner magistral!



Et si vous tentiez vous aussi un petit voyage en Afghanistan?
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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