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Critiques de Estelle Faye (1497)
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Porcelaine : La légende du tigre et de la tis..

Livre lu dans le cadre de la pioche de Mars 2016 et du challenge ABC 2015-2016.



J'avais découvert le premier roman de cet auteur grâce à une Masse Critique à l'époque de sa sortie. Le style m'avait plu mais il manquait quelque chose à l'histoire ; la preuve, je ne m'en souviens plus. En voyant que son second roman était sous forme de conte et en Chine, je me suis laissée tenter et je l'ai enterré dans ma PAL dès réception. C'est grâce à la pioche chanceuse de Foxfire qu'il en est sorti et que j'ai passé un très bon moment de lecture.



Le début de ce roman a néanmoins été un peu chaotique car on était bien loin de ce qu'annonçait le résumé (j'en avais de courts souvenirs). Et pourtant, une fois que l'histoire est réellement lancée, je me suis laissée porter par elle tellement elle est entraînante et intrigante. À la fin, il me manque quelques éléments par rapport à des questions qui m'ont effleurées pendant ma lecture mais celle-ci est néanmoins un coup de cœur tellement elle est belle et poétique. Ce n'est d'habitude pas mon style de prédilection (les histoires d'amour) mais c'est tellement bien raconté et avec un brin de fantastique que ce roman a été lu en 3 jours et que j'en redemanderais presque. Le livre-objet proposé par les éditions « Les moutons électriques » est très beau avec cette superbe couverture qui représente bien les 3 personnages principaux de ce conte : le garçon-tigre Xiao, la jeune femme Li Mei et le corbeau.



L'histoire se déroule sur 3 périodes différentes dont les 2 premières sont espacées de 1200 ans, cela surprend au départ mais on retrouve 2 personnages emblématiques et l'histoire continue à se dérouler autour du monde du théâtre et des artistes chinois. En même temps, une histoire d'amour s'entrecroise avec une autre plus ancienne et une vengeance teintée d'une magie hors d'âge que celle du spectacle contre difficilement. Estelle Faye nous conte donc une histoire hors du commun mêlant fantastique et réel, art du potier et art du théâtre, tigre et singe, immortalité et vie de tous les jours, fée aigrie et costumière courageuse, dans un ballet incessant d'émotions en tous genres. Un très beau conte donc raconté par une conteuse hors pair car elle a su faire naître toute une ambiance et des paysages irréels durant toute ma lecture.



Comme vous l'aurez compris, ce conte est un gros coup de cœur pour ma part et je découvrirais donc avec plaisir ses prochaines créations. Quand je lisais ce roman, j'avais l'impression d'être dans un autre monde et le retour à la réalité était rude. C'est rare qu'un livre m'apporte ce genre de ressenti et c'est pourquoi je vous conseille plus que fortement de découvrir cette histoire hors du commun. Par contre, la maison d'éditions a laissée échapper quelques fautes de frappes (devenant pour devant, titre pour tire, …) en fin de volume mais rien de bien grave par rapport à certaines maisons d'éditions. Je pense que dès que ma PAL aura diminuée, je regarderais de plus près les publications de cette maison d'éditions, ce roman donne envie d'en découvrir d'autres, c'est un beau livre-objet. Je remercie donc Foxfire pour son choix très judicieux ! Ça a été une très belle lecture dans des contrées différentes de mes lectures habituelles.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Widjigo

En 1793, Jean Verdier, jeune lieutenant de l’armée révolutionnaire se trouve en Bretagne pour arrêter le vieux marquis Justinien de Salers, un noble qui a traité ses paysans de manière juste, mais la Révolution n’en a cure. Il se rend dans son château sur une presqu’ile, toutefois la tempête et la marée d’équinoxe isoleront la forteresse durant une longue nuit. Justinien accepte de se rendre sans combat alors qu’il est une fine gâchette, mais demande à Jean d’écouter son histoire durant cette nuit. Il est âgé, boiteux et défiguré, et tient à partager ce qui lui est arrivé plus de quarante ans auparavant à Terre Neuve.



Son père était très autoritaire et il s’est révolté contre lui. Il l’a d’abord exilé à Paris avec une petite rente, que Justinien complétait en se faisant entretenir par des personnes riches à qui il vendait ses charmes. Il ne vivait que pour les fêtes. Au vu de sa mauvaise réputation, son père l’oblige à partir pour le Canada où il continue de mener une vie de débauche. N’ayant plus un sou en poche et étant alcoolique, Justinien se voit contraint d’accepter la proposition d’un riche marchand français qui monte une expédition pour retrouver un géographe perdu dans le grand Nord sous la direction de Marie, une métis qui connaît bien la région. L’expédition tourne rapidement à la catastrophe. Le bateau fait naufrage sur une côte isolée de Terre Neuve, il y a peu de survivants. Rapidement le froid et la faim s’installent, mais surtout la suspicion car deux trappeurs ont été tués dans des conditions suspectes les premiers jours. Y a t’il un assassin parmi eux ou sont-ils suivis par les Indiens ? Le pasteur est persuadé que tous ont quelque chose à se reprocher et qu’ils sont punis pour leurs péchés, discours qui insupporte les autres survivants qui ne se sentent pas concernés, ou veulent croire qu’ils n’ont rien fait de mal. Des signes inquiétants sont gravés sur les arbres et la peur se fait plus vive. Comme l’indique le titre, l’expédition est traquée par un monstre, le Widjigo (ou Wendigo). Mais les choses s’avèreront bien plus complexes comme nous le verrons au fil de nombreux rebondissements.



Ce roman est excellent et fort bien écrit. En version audio, lu par l’auteure, il est vraiment très prenant. Il pourrait être un simple roman fantastique, mais c’est bien plus que cela. Le monstre est surtout en nous et les personnages sont questionnés sur leurs actes. Ils se croyaient tous innocents mais ne le sont pas du tout. Tous les participants qui mourront au cours de l’expédition avaient auparavant causé la mort d’autres personnes, volontairement ou non. Si certains personnages sont vraiment très antipathiques, comme l’odieux pasteur qui donne une image déplorable de l’Eglise réformée, d’autres sont tout en nuances et en ambiguïtés comme Justinien. Il se sent victime de son père et pense n’avoir vraiment rien à se reprocher, mais au fil des épreuves la mémoire lui revient peu à peu. Il comprend qu’on peut faire du mal simplement en s’appuyant sur ses privilèges. Finalement nul n’est innocent, même si certains sont nettement plus coupables.



Il y a une mise en abyme entre les deux époques, Jean prend de plein fouet les questions sur les rapports entre la justice, les droits et la culpabilité. Il est conscient des dérapages inadmissibles de la Révolution, ne peut ni les cautionner ni non plus trahir sa cause, il est aussi conscient que depuis son retour du Canada, Justinien a toujours fait preuve de justice envers les populations qu’il administre et qu’il ne mérite pas la condamnation à mort qui l’attend. Justinien tend aussi un miroir à Jean, qui avait déjà des doutes sur le bilan sanguinaire de la Révolution.



L’aspect fantastique est présent en toile de fond discrète, comme les mythes indiens que Marie raconte à Justinien, mais le plus important est la dialectique entre la créature fantastique et le monstre qui sommeille au fond du coeur de chacun. C’est un roman bien plus profond qu’il ne le paraît à première vue. Il y a aussi une réflexion passionnante sur la sorcière, femme trop libre pour son époque et qui fait peur aux hommes. Le retournement final donnera encore un autre sens à cette très belle histoire. Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette magnifique découverte que je recommande chaleureusement.



#Widjigo #NetGalleyFrance !
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Un éclat de givre

Je découvre Estelle Faye avec Un éclat de givre et quelle découverte! Voilà un roman qui vaut le détour!



Paris, deuxième moitié du XXIIIème siècle. La Fin du monde est survenue il y a environ 150 ans et, après une transition du Chaos, les choses se sont à peu près stabilisées pour les survivants. La vie se concentre dans le centre urbain de l'ancienne capitale. Au-delà? Des Terres stériles sans que l'on sache si quelque chose persiste encore.

Dans cette ville ramenée à une technologie basique, Chet, 23 ans, chanteur de jazz travesti, survit entre ses tours de chant et ses plans annexes, plus ou moins légaux. Ça tombe bien, son système D et sa capacité à se fourrer tête en avant dans les embrouilles lui amènent un client inattendu.



Estelle Faye à fait de son roman une œuvre polymorphe qui ne rentre pas dans une catégorie bien définie. Le contexte temporel rentre bien dans le genre anticipation, tout en mêlant enquête aux allures de quête initiatique pour le narrateur Chet, un soupçon de fantasy ombreuse et urbaine, des réminiscences historiques, des aspects qui tiennent du conte et de la légende ... Bref elle crée son univers et en fait quelque chose de tangible et auquel on croit tant le tout est construit avec finesse et efficacité.



Quant à Chet, c'est une merveille de personnage, du genre qui reste fiché en nous pour longtemps. J'ai aimé ce jeune homme à la sexualité libre mais aux émotions contenues, débrouillard et pourtant fragile, le genre petit frère qu'on aurait envie de protéger et d'enguirlander pour son bien tout à la fois.



Le style n'est pas en reste, bien au contraire. L'auteure sait conter avec verve et beauté. Elle tisse un récit adulte, sombre, rehaussé de poésie et d'un trait d'érotisme. On est loin ici des héros adolescents ou des gros baraqués l'épée ou le fusil à la main. Ici règnent les nuances et ces entre-mondes où tout semble possible ou vain. Le titre lui-même, une fois explicité dans le cours de l'histoire, se révèle poignant et ciselé à l'image du roman.



Cette première incursion dans le monde littéraire d'Estelle Faye me donne très envie de découvrir ses autres livres. Porcelaine sera le prochain, je pense.
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Un éclat de givre

Estelle Faye a créé dans ce roman un Paris post-apocalyptique assez génial, foisonnant d’idées, d’inventions, de personnages forts, emblématiques, avec un beau mélange de baroque, de rococo, de freak, de fantastique et de technologie, de structures de sociétés diverses, de blues et d’angoisses, d’action et de surprises, comme des poupées gigognes à l’infini, tous ses éléments s’enchevêtrent dans une torpeur lourde, une ambiance riche et sombre. Le récit est bourré de références au cinéma, à la littérature et aussi à la musique. Toute cette richesse fait de cette lecture un moment passionnant, mais associé à la narration à la première personne du singulier, elle est aussi sa faiblesse. J’avoue avoir été parfois envoûté par l’écriture, pour me retrouver agacé trois pages plus loin. L’écriture d’Estelle Faye est travaillée, élégante, mais, surtout dans les moments d’action, elle devient parfois très artificielle. J’aurais aimé qu’elle se laisse aller un peu plus souvent, qu’elle s’autorise quelques digressions superflues comme quand elle parle de musique des années 1950. Il y en a sous la plume d’Estelle Faye, mais la narration à la première personne semble l’inhiber, comme si elle voulait se cacher derrière son personnage. Aussi, le trop plein d’idées, l’accumulation d’éléments tombe parfois dans le cliché et le superflus. L’auteur semble vouloir tout caser dans son univers et ses personnages, son héros fait à peu près tout ce qu’un homme est capable de faire, voire plus, on traverse chaque recoin de Paris et tous les genres de la littérature y sont présent, cc'est un patchork de tout et c’est souvent trop, cela ne nous laisse pas le temps de savourer chaque trouvaille. La qualité de l’univers créé dans ce roman me donne envie d’aller plus loin avec cet auteur, mais j’aimerai y trouver un peu plus de naturel dans l’écriture et que les bonnes idées ne se contentent pas d’un inventaire à la Prévert... plus de simplicité.
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Porcelaine : La légende du tigre et de la tis..

Le roman ne fait que 270 pages et je l’ai trouvé très rempli ou très lent, c’est selon comment on le prend. Il constitue un bel hommage à la Chine éternelle et un bel hommage au monde du spectacle (the show must go on !). Le personnage de Li Mei étant elle-même un hommage aux petites mains sans qui la culture chinoise ne serait rien de l’Opéra de Pékin aux grandes heures du wu xia hongkongais.



Après "La Dernière Lame", je retrouve avec plaisir la sœur cachée de Mathieu Gaborit. L’auteure est partie des éléments orientalisants de la dernière partie de son 1er roman (comme Kwanjaï le mafieux qui aime les arts martiaux et les animaux) pour explorer les mythes et légendes de la Chine éternelle. Et avec ce "Porcelaine", Estelle Faye nous montre non seulement qu’elle progresse fortement dans sa voie, mais aussi qu’elle appartient indubitablement à l’école de la fantasy poétique. Pour le meilleur et pour le pire car le plus bel atout du roman est aussi sa plus grande faiblesse.

Peu voire pas de dialogues, de nombreux passage oniriques, un rythme étrange à la fois lent et précipité qui trop souvent fait avancer le roman par ellipses : difficile d’entrer dans l’histoire et de s’attacher aux personnages. Mais cette distanciation qui fait la part belle à la prose éthérée et à l’ambiance onirique colle très bien aux contes de fées voire aux histoires fantômes chinois. On nous transporte de la Chine des Trois royaumes à celle de l’Empire Mandchou avec comme fil directeur les heurs et malheurs d’immortels aux frontières de l’humanité. Mais quantité de trucs m’ont parus mal fagotés : les démons traqueurs, le cœur de porcelaine, le visage de terre vivante, le mûrier géant, le tombeau maudit, le double maléfique de Xiao Chen, les zombies de la Grande Muraille, la dette mongole, le corbeau de Hengshan… On sent que tout est plus allégorique qu’autres choses mais c’est dommage car il y avait matière à faire et parfois tout se précipite et se télescope dans la confusion. Les scènes horrifiques comme les scènes épiques restent ainsi assez perfectibles.



Difficile de ne pas penser à l’héritage de l’immense Jean Cocteau ! On mélange le contre de la Tisserande et du Bouvier et celui de la Belle et la Bête : le duo amoureux devient un triangle, puis un quadrangle avant de se complexifier davantage encore dans une ambiance de plus en plus fantastique… Les demi-humains que sont Xiao Chen et Brume de Rivière se sont aimés avant de se haïr et leurs amis se retrouvent piégés dans leur affrontement au-delà du réel.



Difficile de ne pas penser à l’héritage de l’immense Hayao Miyazaki ! J’ai bien senti qu’on frôlait les thèmes de "Princesse Mononoke" et du "Voyage de Chihiro" : la confrontation du monde ancien et sacré et monde moderne et profane, le désenchantement du monde, une nostalgie à fleur de peau, les relations entre mémoire et identité… Malheureusement tout n’est que trop partiellement exploité !



Le roman aurait sans doute gagné à insérer une partie au bord de l’eau entre Plus précieux que le jade et La Voie des comédiens : l’histoire de Pieds-de-Cendres aurait gagné en intensité et ses relations avec Xiao Chen et Brume de Rivière auraient gagné en profondeur. Mais de manière général c’est tout les personnages qui auraient gagné à être approfondi : l’inventeur dépressif de la porcelaine, le bûcheron devenu aveugle, le mercenaire convoyeur, les parents humain et inhumain de Brume, les 1ers compagnons de Xiao Chen, le sage des Trois Gorges, les 2èmes compagnons de Xiao Chen, la sorcière mongole, Bastien d’Anvers, le général Zhongshu, la courtisane Sun Yun, le brigand flamboyant Kuan Ti…C’est dommage car dans la même veine un David Gemmell aurait composé une belle galerie humaniste plus consistante.



Un roman qui va me laisser de belles images plein la tête, ça c’est sûr !

Je n’oublierai pas de sitôt le dernier combat du phénix de soie…

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L'île au manoir

Sur une île de l'océan Pacifique. Adam est troublé quand il voit une fille étrange sur la plage en pleine nuit. Il semble qu'elle cherche de l'aide. Avec ses amis, il va faire tout son possible pour lui porter secours.

On rentre très vite dans l'histoire, dès le premier chapitre, une tension s'installe à l'apparition de la fille. Il y a peu de temps mort, Adam obtient très vite de ses amis, il n'y a pas de gros mystère pour savoir comment aider l'étrange Sélène. Le huis clos de l'île avec la menace implicite donne un peu plus de frayeur au jeune lecteur. Une histoire sympathique pour les enfants à partir de 8 ans pour commencer à découvrir l'univers fantastique, à se faire un peu peur. Pour l'adulte (que je suis), ça manque un peu de développement et de rebondissements.
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Un reflet de lune

Un reflet de lune poursuit les aventures humides et poisseuses d'Un éclat de givre d'Estelle Faye qui nous raconte à nouveau les aventures incroyables de son pauvre Chet dans un Paris post apo.

On a vraiment l'impression d'y être projeté, tant son écriture est belle, poétique, habitée.

Et donc en la lisant, on est tout aussi trempé, humide, poisseux, et terrifié que son héros.

Je ne sais pas comment il fait pour toujours et irrémédiablement se retrouver dans des situations pas possibles !

Paris ne ressemble plus à rien, la Seine est en crue perpétuelle, il pleut tout le temps, et Chet avec néanmoins quelques amis, mais surtout avec beaucoup d'ennemis, arrive à naviguer -plusieurs fois à couler- tant bien que mal dans tout ces lieux extravagants où se côtoient des personnes assez peu recommandables.

Ce roman est un roman d'atmosphère. Certes, avec une ambiance particulièrement humide et parfois violente, mais avec l'écriture d'Estelle Faye, on y découvre aussi l'amour et l'amitié malgré le maelstrom environnant.

Inutile d'en dire plus, lisez ce livre, vous en sortirez satisfait mais trempé !



Retrouvez aussi toutes mes critiques sur : https://laniakea-sf.fr/















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Widjigo

Tout comme pour un bon verre de vin où j’aime retrouver en bouche ce que j’ai décelé au nez, « Widjigo » m’est apparu comme une présage de voyage, d’exotisme même, mâtinée de mystère et de fantastique…et, comme attendu, le roman d’Estelle Faye a tenu toutes ses promesses !



1793. Réfugié dans un vieux donjon en ruine en Basse-Bretagne, Justinien de Salers, marquis des Eaux-mortes, est rejoint un soir de tempête par une troupe de soldats de la Révolution. Ces derniers sont venus l’arrêter, lui le noble condamné par la toute jeune République, mais les voilà tous retenus au sein de la vétuste forteresse du fait des éléments déchainés. Une drôle de nuit commence alors pour le jeune lieutenant de la troupe qui a accepté un marché passé avec le maitre des lieux : ce dernier les suivra sans lutter à une condition : qu’il puisse conter l’histoire qui a marqué sa vie à jamais, celle de son naufrage sur l’île de Terre-Neuve...



Plus je lis Estelle Faye, plus je m’enthousiasme pour cette jeune auteure et scénariste… Séduite par son incursion dans le fantastique post-apocalyptique avec Un éclat de givre et Un reflet de lune, je l’ai suivie cette fois sur ce roman fantastique se déroulant entre Terre-Neuve et Bretagne.

Avec son récit tout autant nourri de faits historiques, de descriptions géographiques que d’introspections fines, je me suis trouvée happée dès les premières pages, vivant la rudesse des lieux décrits, la tension grandissante entre chaque protagoniste, l’immersion progressive dans la déraison des uns et la folie des autres. Avec ce huis-clos haletant, la réalité s’efface petit à petit devant l’imaginaire et la fiction, les cauchemars de certains personnages rattrapés par leurs passés, leurs secrets, leurs culpabilités.



Bref. Un roman envoutant et habité, un « roman de monstres » liant l’aventure et le fantastique : une réussite !

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Porcelaine : La légende du tigre et de la tis..

Il est vraiment bizarre ce roman. Mais j'ai beaucoup aimé cette singularité. On plonge dans une ambiance particulière, du genre conte et légende chinoise.

Je ne suis pas habituée à ce genre de littérature mais sous les conseils de mon beau-père je me suis lancée à l'aveugle.

Nous voici avec un genre de remake de La belle et la bête avec un zest de triangle amoureux, de malédiction, d'amour torturé et vengeance. Le mélange donne un très bon résultat. Une romance torturée qui dure sur 1500 ans.

J'étais loin de me douter que j'allais passer un très bon moment sachant que dans la première partie j'ai eu des passages à vide. J'ai eu parfois du mal à visualiser le cadre. Mais assez vite j'ai visualisé la malédiction de Xiao Chen et je me suis prise de ses rencontres avec Brume de rivière et Li Mei.

Porcelaine c'est avant tout une belle romance sous fond de légende chinoise. J'ai repensé à l'univers fantastique de Mathias Malzieu. Ici Xiao Chen a une visage de tigre et un cœur de porcelaine. On sait tous que la porcelaine est riche d'une longue tradition en Chine. C'est un art d'une extrême ancienneté.

Estelle Faye nous fait revivre des magnifiques fresques chinoises. On se revit les pièces de théâtre anciennes, ces belles manifestations colorées. L'auteure arrive à créer à la perfection une ambiance "lontan".

Une très belle surprise pour moi. Une très belle découverte.

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Porcelaine : La légende du tigre et de la tis..

Xiao Chen, victime d’un sort se retrouve avec le visage d’un tigre. Il quitte son père et part sur les routes avec une troupe. Il devient comédien et se fait des amis mais des créatures les poursuivent et leurs chemins se séparent…

Premier roman des « Moutons Electriques » que je lis, leurs romans me font toujours envie par leurs couvertures pleine de couleurs et leur format originale. Malheureusement, je suis ressortie de cette lecture à moitié satisfaite. J’ai aimé cette histoire qui se déroule sur près d’un millier d’années avec un trio de personnages, l’univers du spectacle, la découverte de la Chine mais… le côté conte trop prononcé, le fantastique trop présent m’ont empêché d’apprécier totalement cette lecture.

Les amours qui se font et défont au fil des années permettent de s’attacher à ces personnages ne sont ni exagérément bons ou mauvais. Un bon moment tout de même.

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Un éclat de givre

J'avais entendu beaucoup de bien de Porcelaine, le précédent roman d'Estelle Faye, mais je n'ai encore pas eu l'occasion de le lire. En revanche, j'étais décidée à ne pas passer à côté de celui-ci, et je ne regrette absolument pas cette lecture.



Nous sommes dans un futur où la Terre a été dévastée. Il ne reste que quelques grandes villes, dont Paris où se déroule l'histoire. Nous suivons Chet, qui chante du jazz et arrondit ses fins de mois en effectuant des missions plus ou moins légales. Un jour, un homme lui propose une mission qui va s'avérer beaucoup plus dangereuse que prévu.



Le genre de ce roman est totalement indéfinissable. Il se déroule après une catastrophe planétaire, donc il s'agit sans nul doute d'un roman post-apocalyptique, mais l'ambiance à la fois glauque et féerique qui règne dans ce Paris étrange apporte une atmosphère poétique qui tranche radicalement avec les livres de ce genre. Nous ne sommes pas dans un univers dépressif, mais dans un monde qui reste beau et merveilleux, malgré sa noirceur et les conditions de vie difficiles.



Il faut dire que les descriptions d'Estelle Faye aident beaucoup à ressentir cette impression d'émerveillement. Sa ville fourmille de petits détails qui la rendent vivante et palpable, et, alors que je suis du genre à être vite énervée par les longs passages descriptifs dans les livres, il me semble que je pourrais lire des pages et des pages de descriptions de cette ville sans me lasser.



Mais le talent de l'auteur ne s'arrête pas là, puisqu'elle a réussit à créer un personnage principal des plus atypiques, mais terriblement attachant. La narration à la première personne permet d'être au plus proche de ce personnage complexe, sensible et délicat, mais parfois violent et auto-destructeur.



Enfin, l'intrigue est à la fois mystérieuse et passionnante, permettant au lecteur d'être totalement fasciné par les 250 pages de ce livre. Il n'y a pas de temps mort ou de longueurs, chaque passage de l'histoire, même le plus calme, contient des éléments qui éveillent l'intérêt et donnent envie de tourner les pages.



Bref, ce livre est une pure réussite, que ce soit au niveau de l'histoire ou de la magnifique édition des Moutons Électriques. Je pense que les images magiques évoquées par cette lecture vont me rester longtemps en tête. Avec ce roman, Estelle Faye vient de se faire une place de choix dans la liste de mes auteurs à suivre, et je ne tarderai pas à lire ses autres livres.
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La Voie des Oracles, Tome 1 : Thya

Ça faisait un moment que la trilogie La Voie des Oracles me faisait de l'oeil ; un peu de magie et de mythologie dans la Basse Antiquité, je ne pouvais qu'être ferré. Sa dimension d'oeuvre jeunesse m'a décidé à commencer en cette fin d'année, vu que je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête.



Absence de prise de tête parfaitement réussie. J'ai lu le tome 1 ‒ Thya ‒ goulument, avec un plaisir de gamin. Les personnages principaux sont bien caractérisés et attachants, soumis à des chagrins et des conflits intérieurs mais n'en oublient pas le sens de l'humour. Comme souvent, les « méchants » sont construits d'un seul bloc de malignité qu'on a envie de démolir au marteau-piqueur.

Estelle Faye semble bien douée pour les décors. Sa peinture de la Gaule du début du Vème siècle est toute en contraste. J'ai beaucoup apprécié de sentir une Aquitaine toujours très gallo-romaine – où pourtant les voies romaines se délabrent – opposée à une région vosgienne où l'Empire sent clairement le sapin. L'atmosphère de déclin est prégnante, très bien rendue, de même que la nostalgie du glorieux passé.

La magie et la mythologie sont présentes mais pas envahissantes. Les créatures de l'Ancien Monde qui aident Thya apportent une note de merveilleux agréable. On les sent aux abois, menacées d'extinction par une Chrétienté qui – sortie de la clandestinité et oublieuse de ses martyrs, conquérante religieuse de l'Empire Romain – se révèle plus impitoyable que ses anciens tortionnaires. Je ne suis cependant pas convaincu que l'introduction des forces chtoniennes soit vraiment nécessaire à l'aspect dramatique de l'histoire. de mon avis on pouvait s'en passer et se limiter à un danger purement humain.



Plusieurs choses m'ont malgré tout gêné du point de vue scénaristique. L'auteur écrit des scènes improbables SPOIL ou passe à côté de réactions qui me semblent aller de soi SPOIL . Les grandes explications de la fin manquent de robustesse, de même que les dernières péripéties quelque peu capilotractées auxquelles j'ai eu du mal à croire.



Mais les points négatifs ne parviennent pas à me défaire de ce sentiment de satisfaction que j'éprouve au souvenir récent de cette lecture. Je ne tarderai pas trop à lire la suite.

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Un éclat de givre

DU GIVRE EN RECHERCHE D’ÉCLAT.



Soyons honnête, voici une petite incursion dans un genre que nous connaissons aussi mal que nous l'apprécions généralement peu : la Fantasy.

Car sous ses dehors de roman qualifiable de post-apocalyptique, par la peinture d'ambiance dont Estelle Faye a élégamment revêtu d'oripeaux un Paris digne d'un monstrueux lendemain de cuite éco-destructrice et qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il est aujourd'hui, nombre de ressorts narratifs et descriptifs s'apparentent moins à un Mad Max francilien qu'à une espèce Niourk en devenir, Niourk, ce si beau roman de Stefan Wulf.



Projetons-nous loin vers notre futur, aux alentours des années 2360. Nous allons ainsi suivre Chet, un jeune homme ambigu, ambivalent, queer dirait-on aujourd'hui, effrontément bisexuel, incapable de se fixer sur le moindre amant, la moindre maîtresse, mais amoureux impénitant d'une jeune femme, Tess, qui ne sait rien des sentiments de son ami d'enfance. Chet est une diva dégingandée mais sans peur des clubs noctambules et bluesy dès que la nuit tombe, rendant toutes sortes de services plus ou moins légaux, le jour.

Chet, c'est pour l'hommage au Daniel Chetman du film "Rue barbare", mettant en scène, dans une veine très esthétisante, la violence des banlieues du début des années 80 ; incidemment, sans doute, est-ce aussi un hommage au jeune - beau -et talentueux Bernard Giraudeau, dont ce fut l'un des grands rôles, plus qu'en l'honneur du jazzman, trompettiste génial et chanteur de talent que fut Chet Baker (son "Almost Blue" est un must absolu de ce jazzman au lyrisme délicat et fragile). C'est en tout cas ce que nous affirme le narrateur omniscient (lorsque ce n'est pas Chet lui-même qui s'exprime), et nous sommes bien forcés de le croire, même si ce personnage équivoque tient au moins autant du beau gosse pommé mais bon Samaritain de "Rue Barbare" que de la gueule d'ange cocaïnomane, géniale et instable des bas fonds et des clubs de jazz interlopes. Les références sont cependant de premier ordre... Et ce ne sont pas les seules.



Toujours plus ou moins à court d'argent pour régler le loyer de son studio à son proprio, un pharmacien maniaque de propreté dans un monde de plus en plus sale et peu ragoutant, Chet va se retrouver mêlé à la recherche d'un trafiquant de drogue, un certain Echo, agissant pour le compte d'un étrange maître es-complot. Mais ce qui ne devait d'abord être qu'une chasse à l'homme emprunte de moult dangers et autres coup de force va s'avérer devenir une véritable quête, des derniers cercles de l'Enfer à un éventuel Eden dominé par un hybride, un genre de Roi-Mutant, un véritable Lucifer - comme son prédécesseur biblique, il porte des moignons d'ailes ; comme celui des textes, il est le porteur de lumière, mais d'une lumière intenable et maudite, dont la vérité finale est dans la soumission totale et l'oubli de tout.



Dante et son chef d'oeuvre, La Divine Comédie sont, on l'aura compris, convoqués à cette fête médiévo-futuriste. On y retrouvera même un avatar de son Virgile, tout aussi poète que le plus célèbre des auteurs latins, mais sans doute bien plus fou et éthéré, beau comme un jeune pâtre grec, qui aura été jadis l'accompagnateur de Chet au sein de cet enfer de maniaques cliniciens dézingués, et jusqu'à sa fuite... Mais pas la seconde fois dans cet antre des démons... Quant à la fameuse Béatrice du texte du florentin, si la Tess de ces années futures en est proche, ce n'est pas dans ces bas-fonds sordides et mortifères que notre aventurier va la retrouver.



Le purgatoire n'est pas oublié, où s'entremêlent une vision d'un Paris du dessous se référant autant aux lumières crues qu'à la violence souterraine de ce grand roman feuilleton du XIXème siècle, Les Mystères de Paris, du trop oublié Eugène Sue qu'à la fuite si connue de Jean Valjean à travers la puanteurs morbide des égouts dans Les Misérables de Victor Hugo. Victor Hugo que l'on retrouve ailleurs, sur cette Île de la Cité et surtout sa grandiose Cathédrale Notre-Dame tant décrite, atmosphère comprise, dans le fameux Notre-Dame de Paris, avec son lot de Gitans, d'"Egyptiens", de coupe-jarrets et autres tranche-bourses. Et de son Roi des Gypsies, bien entendu.



Cependant, Chet, qui n'en peut plus mais, se trouve accompagné d'une incarnation post-chaos de l'archétype absolu du chevalier parfait, celui qui, dans le cycle breton, est le seul à atteindre et regarder dans le Saint Graal : Galaad, le chevalier pur, absolument. Sauf qu'ici, sa pureté va en prendre un sacré coup - merci Chet et son désir permanent de séduction - d'où son absence relative dans les derniers moments de cette quête. Si Galaad se met à planter l'affaire comme son père Lancelot, où va-t-on ?



On croise aussi un "Sorbon", sorte de lointain descendant de nos actuels sorbonnards. Mais comme si l'apocope était cause qu'une partie du savoir de notre monde avait disparu, Paul, le Sorbon est certes savant mais les destructions des deux siècles passés ont laissé d'immense failles dans les connaissances de ces temps à venir. On rencontre une fillette aux pouvoirs très spéciaux, la demi-soeurette de Tess, prénommée Sybil, aux pouvoirs "psioniques" inquiétants, même s'ils sont a priori dédié au bien, tant ils sont démesurés. Elle est accessoirement cheffe du gang des enfants Psy qui contrôlent les tours de ce qui est désormais appelé "Stonehenge" dans lequel ont pourra aisément reconnaître les tours de la bibliothèque et de l'esplanade François Mitterrand.







Ainsi, les références sont innombrables à la littérature classique, aux contes, à la Mythologie (je passe rapidement sur l'aspect Odyssée de l'aventure de Chet, Ulysse d'un nouveau genre ayant perdu son Télémaque/Virgile et cherchant sa Pénélope/Tess, sauvé autant qu'il failli être dévoré par d'étranges et monstrueux hybrides aux beaux corps de Sirènes et à la faim de Piranhas (notons tout de même que les Sirènes de l'antiquité grecques étaient ailées, non pisciformes), survivant dans les bassins de la piscine Molitor.



Estelle Faye fait aussi profiter son lecteur de ses excellentes (et judicieuses) connaissances en matière de Jazz (Ah ! Ce moment où l'on évoque la douloureuse, la fascinante, l'inimitable Billye Holliday. Comment ne pas y être sensible ?). Et si l'écriture n'est pas ce moment de perfection stylistique que d'aucuns semblent décrire ici et là, il faut cependant reconnaître à l'autrice un charmant brin de plume, un grand sens du mot et du rythme de la phrase, une plume claire, vivante, souvent lumineuse (même dans les lieux les plus sombres de son histoire), toujours efficace - bien que l'on relève une petite chute de tension, de niveau parfois, dans une large seconde moitié du livre. Comme si l'autrice s'était momentanément lassée de son sujet, avant que d'en retrouver le souffle.



Avec tout ceci, et bien d'autres références (voir l'excellente analyse d'Alfaric donc les lumières en matière de cinéma et de culture manga sont des plus judicieuses) nous aurions dû être emporté au septième ciel des lettres, de l'art et de l'imagination. Pourquoi cela ne prend-il pas à hauteur de ce que cela devrait ?



Il y a cette intrigue, d'abord. Menée tambour battant sans nul doute, mais souvent cousue de fil blanc.

Il y a ce Chet, qui subit plus qu'il ne semble véritablement acteur de ce qu'il décrit. Presque toujours en retard d'un coup sur son présent. Presque toujours à dire oui tandis qu'il pensait non. Pour le déroulé de l'intrigue, c'est préférable. Pour la psychologie du bonhomme, c'est assez désastreux.

Il y a ces nombreux personnages - non qu'ils soient trop nombreux : on a toujours besoin de second, voire de troisième couteaux dans le fil une bonne intrigue - mais à l'exception de Chet, aucun auquel vraiment s'attacher, aucun pour lequel on parvient à ressentir de l'empathie pas plus qu'une véritable détestation ni rejet pour les "méchants". L'un après l'autre, ils sont tout juste esquissés, comme si, finalement, aucun d'entre eux n'avait de réelle importance tant ils demeurent quasi tous en creux. Du coup, Chet lui-même s'en trouve affadi.

Il y a ce Paris que l'on parvient à reconnaître sous sa gangue de saleté, d'ordures, d'herbes GM, de destructions et de transformations désordonnées, qui aurait sans aucun doute pu être bien plus un personnage qu'il n'est là un intrigant, fascinant mais cependant simple décors. Il n'est bien entendu pas dans le propos d'Estelle Faye de faire de ce roman le portrait amoureux d'une ville, dans la lignée de James Joyce avec son Dublin ou de La forme d'une ville d'un Julien Gracq nous contant sa Nantes, mais il est dommage de ne pas avoir poussé un peu plus loin dans cette direction trop irrégulièrement esquissée.

Il y a les conditions qui ont crées ce monde désolé, cette Bordure, ce Paris ghettoïsé, ces innombrables bandes se référant à des savoirs plus ou moins oubliés, s'affrontant encore pour on ne sait quelle antique guerre. Rien qui permette de comprendre vraiment comment on en est arrivé-là. Comment tout ce petit monde parvient malgré tout à survivre. L'amateur de dystopie s'en trouve assurément frustré et même s'il faut bien convenir que ce n'est pas là l'objet principal de ce texte, il est regrettable de ne pas s'y être un peu mieux arrêté.

Il y a peut-être, aussi, cet excès référentiel. Comme si l'idée et les intentions d'Estelle Faye ne pouvaient être intéressantes et dignes par et pour elle-mêmes sans en appeler à toutes ses connaissances et à un nombre imposant de "grands anciens" reconnus. Un manque de confiance en ses capacités et son génie créateur...?

Il y a ce final, en deux temps, qui semble passablement bâclé aussi. Comme si la veine était alors sur le point de se tarir, que l'amusement à écrire ce qui n'est pas un mauvais texte, soyons honnête, mais plutôt un ouvrage où l'on sent que l'on est passé "à côté", comme si ce plaisir de raconter n'avait cessé de s'amenuiser au fil des pages, qu"'il avait fallu, à toute force, achever l'ensemble.



Il y a des textes - dans ce genre comme ailleurs - mille fois moins bon que cet "Un éclat de givre", assurément, et nous tenons à le préciser.

Pour autant, quel sentiment de vrai loupé éprouve-t-on en refermant un tel roman qui avait non seulement tout pour plaire, mais aussi tous les ingrédients pour satisfaire le plus irréductible des lecteurs, y compris de ceux explorant peu ces rivages littéraires. Tout y était, ou peu s'en faut, pour aboutir à un grand moment de lecture. On en ressort pourtant transi (un peu comme après le supplice de la douche écossaise...), désappointé et, indéniablement, déçu. Un certain manque de "bouteille", peut-être ? Seul l'avenir saura le préciser !
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La Voie des Oracles, Tome 1 : Thya

J'avais adoré Un Éclat de Givre, et le style si particulier d'Estelle Faye. J'étais du coup assez curieuse de découvrir ce roman young adult de l'auteur, qui semble décidément aimer changer de décor à chaque livre.



Ici, nous sommes au Vème siècle après Jésus-Christ. L'Empire Romain devient peu à peu chrétien, et les anciennes religions passent pour de la sorcellerie. C'est dans ce contexte que nous découvrons Thya, fille d'un général romain, qui possède des dons d'Oracle. Après une tentative d'assassinat sur son père qui le laisse entre la vie et la mort, Thya va essayer de le sauver en entreprenant un dangereux voyage vers Brog, où son père a remporté sa plus grande victoire.



Je crois que c'est une règle avec Estelle Faye, mais l'univers est à nouveau magnifique, détaillé et réaliste. C'est un vrai plaisir de suivre nos protagonistes évoluer dans ce monde en mutation, entre Antiquité et Moyen-Âge. On sent que l'auteur s'est bien documentée pour nous décrire au plus juste cette période de transition, si intéressante en elle-même que l'inclusion des créatures fantastiques était à peine nécessaire.



Cependant, leur présence est très bien emmenée, très naturelle, et l'on découvre avec plaisir ces faunes, dryades et autres dieux antiques qui participent activement à l'histoire sans pour autant devenir un ressort scénaristique trop facile.



Car oui, malgré la présence du surnaturel, ce roman est principalement centré sur ses personnages humains, qui sont dans l'ensemble assez bien travaillés et atypiques pour un roman young adult. On n'échappe bien sûr pas à l'héroïne adolescente, mais elle est écrite de manière subtile, loin des clichés, et est au final très attachante. Mais le personnage qui sort vraiment du lot, c'est Enoch. Si il semble au début être le "bad boy" et intérêt romantique typique de ce genre d'histoire, il se révèle beaucoup plus profond que ça, et apporte beaucoup à l'intrigue de par son métier.



Malgré tout, je n'ai pas été entièrement conquise par ce roman, à mon grand regret. Si l'on prend plaisir à déambuler dans ce monde, l'intrigue est un poil trop évidente, et mis à part quelques détours, on arrive plus ou moins à en deviner les grandes lignes. Du coup, on n'a pas vraiment peur pour les personnages, et quand la mort frappe, ce n'est ni un choc, ni une surprise. Heureusement, ce tome n'étant que le premier d'une trilogie, j'ai bon espoir que cela s'arrange dans la suite, étant donné que la fin du livre nous donne peu d'indications sur la suite des événements.



Bref, cette lecture aura été sympathique, et je suis à nouveau en admiration devant les descriptions d'Estelle Faye, mais je n'ai pas tout à fait retrouvé la poésie que j'avais tant aimé dans Un Éclat de Givre. De plus, si l'édition en elle-même est de qualité, et la couverture absolument magnifique, je regrette d'avoir trouvé quelques fautes de français (dénoter au lieu de détonner, censé au lieu de sensé) qui m'ont fait sortir du livre à plusieurs reprises. Cependant, je lirai bien évidemment la suite que j'attends avec impatience, et j'ai bien l'intention de lire les autres livres de l'auteur.



Challenge Variétés 2015
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Porcelaine : La légende du tigre et de la tis..

La Chine éternelle, avec ses sortilèges, sa magie, ses histoires d'amour qui semblent encore plus impossible qu'en Europe...

Un cœur en porcelaine, un faciès de tigre et voici Xiao condamné à vivre pour l'éternité. Sans amour pendant 1200 ans. Jusqu'à sa rencontre avec Li Mei, tisseuse et couturière de talent. Si effacée et si surprenante. Peut-être que la malédiction du tigre ne voue pas à la solitude ? Cela est sans compter avec les brumes de la Chine ancestrale...

Un roman tourbillonnant, foisonnant (qui n'évite pas quelques petites longueurs vers la fin), plein de bruit et de magie. De la magie et de l'humanité. Un pays qui change, des codes qui se bouleversent et des rêves qui se réalisent. Une écriture fluide, agréable, qui fait naître les personnages devant les yeux du lecteurs. Des personnages qui parlent à l'imagination, qui nous semble familiers, mais qui sont toujours, et heureusement, surprenants. Comme ça parle en plus de théâtre, cela ne pouvait que me plaire.

Un grand merci à Boudicca du Bibliocosme (et de Babelio) pour la découverte ce roman et de cette auteur pleine de promesses. La relève fantasy française est assurée.
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Widjigo

Roman historique se déroulant à Terre Neuve, des personnages inhabituels, une expédition qui tourne mal saupoudrée de fantastique, ce livre avait plein de bons ingrédients pour me plaire. Mais ça ne l'a pas fait...

Pourquoi ? Le récit est d'une lenteur incroyable. Comme le groupe de survivants, l'histoire n'avance pas. Et les rares moments d'action n'ont pas réussi à me captiver suffisamment pour conserver mon attention à un niveau correct.

Bref, une déception pour moi avec cette auteure que je découvrais.



Pioche de Mars 2023 choisie par Witchblade
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Widjigo

Aussi à l’aise avec la fantasy que la science-fiction, de même qu’avec la littérature adulte aussi bien que jeunesse, Estelle Faye sort en cette fin d’année un nouveau roman publié par Albin Michel et qui lorgne cette fois plutôt vers le fantastique. Relativement court (deux-cent-cinquante pages environ), l’ouvrage met en scène un jeune lieutenant républicain chargé de procéder à l’arrestation d’un noble breton, retranché dans une vieille forteresse au bord de l’océan. Nous sommes alors en 1793, dans une France en plein bouleversement depuis le début d’une révolution qui commence à mécontenter une partie du pays, en proie à la guerre depuis plus d’un an avec une bonne partie des autres nations européennes. Des doutes et une certaine lassitude commencent à gagner le jeune soldat, si bien que, lorsque le noble en question lui demande de se présenter à lui, seul et désarmé, afin d’entendre son histoire, au terme de laquelle il se rendra, Jean Verdier accepte, sans se douter que le récit qu’il va entendre va faire vaciller sa raison. Le contexte révolutionnaire n’occupe ainsi qu’une place relativement marginale dans le roman qui va plutôt se focaliser sur les événements vécus par Justinien de Salers en 1754. Exilé à Port-Royal après avoir été chassé du domaine familial par son père, le jeune noble est recruté, en compagnie d’une troupe pour le moins hétéroclite, pour retrouver la trace d’une précédente expédition à Terre-Neuve et dont les membres ont mystérieusement disparus à l’exception d’un seul, traumatisé et mutique. Un naufrage va toutefois bouleverser les plans du groupe qui se retrouve, en compagnie d’une poignée d’autres rescapés, perdus au beau milieu de nulle part. La situation des naufragés est d’autant plus périlleuse que, outre le froid et la faim, vient s’ajouter une nouvelle menace, bien plus insidieuse, et qui pourrait bien provenir des rangs mêmes des rescapés.



C’est donc à une sorte de huis-clos en plein air que nous convie ici Estelle Faye, et il faut bien admettre que, si la recette a déjà été largement utilisée, elle n’en demeure pas moins toujours aussi savoureuse. Difficile étant donné le contexte de ne pas faire le parallèle avec deux autres œuvres d’imaginaire avec lesquelles on retrouve un certain nombre de similitudes : « Terreur », d’abord, chef d’œuvre de Dan Simmons retraçant ce qui aurait pu arriver aux membres de l’expédition disparue de Sir Franklin, partis à bord de l’Erebus et du Terror en Arctique au milieu du XIXe ; « Notre-Dame-des-Loups », ensuite, très bon roman signé Adrien Tomas et qui se déroule lui aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Du premier, on retrouve évidemment le cadre, ces paysages désertiques tour à tour d’eau, de glace ou de forêts, et auxquels les deux auteurs donnent, paradoxalement, une dimension oppressante. Du second, on retrouve le même sens du rythme de même qu’un choix de construction narratif qui entretient en permanence la curiosité du lecteur aussi bien que sa méfiance envers les différents personnages que l’on vient tour à tour à suspecter de tromperies, ou du moins de mensonges par omission. Le rendu global est très réussi, si bien qu’on se prend à dévorer le roman qui peut aussi, par certains aspects, dont le côté haletant, faire penser à « Ils étaient dix » d’Agatha Christie. L’autrice parvient à entretenir le suspens pendant la totalité du roman et, si l’explication finale est peut-être un peu moins convaincante qu’espérée, le récit reste parsemé de jolis effets de manche qui participent grandement à rendre la lecture agréable. Estelle Faye s’est également donnée du mal pour retranscrire l’ambiance de l’époque qui nous est décrite certes par petites touches seulement mais qui suffisent malgré tout pour donner une touche d’originalité au roman, de même que l’utilisation du folklore amérindien qui n’est pas si courante en imaginaire. La fascination de l’autrice pour la mer est quand à elle clairement palpable ici (de même qu’elle l’était déjà dans de précédents textes comme l’excellent « Suriedad ») et se révèle communicative.



S’il séduit avant tout par l’ingéniosité de sa construction et le dépaysement qu’il procure, le roman repose également sur de solides personnages qui, s’ils ne sont pas tous développés avec la même profondeur, n’en demeurent pas moins intéressants. Justinien de Salers est, paradoxalement, le plus fade d’entre eux (un reproche à nuancer toutefois, grâce à la dernière partie du roman), endossant bien trop souvent le simple rôle de spectateur. Les autres rescapés, en revanche, sont plus ambigus, à commencer par Veneur, botaniste forcé de s’improviser ici médecin, une figure un peu stéréotypée qu’on retrouve souvent dans les récits d’expédition ou de voyages maritimes mais qui se révèle toujours attachante en raison de sa capacité à s’émerveiller de ce qui l’entoure et à apaiser les tensions sociales régnants dans le groupe (j’ai généralement en tête le personnage de Stephen Maturin tel qu’imaginé par Patrick O’Brian dans ce genre de cas de figure, et ça n’a pas manqué ici). Les autres personnages masculins sont moins sympathiques mais suscitent la curiosité, que ce soit à cause de leur comportement étrange ou de leur passé qu’on devine plutôt sombre. Le « casting » est également agrémenté de deux protagonistes féminins qui sont sans doute les plus étoffées, à l’exception de Veneur : Marie, d’abord, femme d’origine amérindienne et clairement la mieux à même d’assurer la survie du groupe grâce à ses talents de chasseresse et sa connaissance du terrain ; Penny, ensuite, adolescente écrasée par son père pasteur, lui aussi rescapé du naufrage, qui va peu à peu se défaire de la tutelle paternelle et dont le passé se révélera, là-encore, lourd de conséquences. Enfin, le jeune lieutenant a qui Justinien de Salers décide de confier son récit se réduit à son rôle d’auditeur et n’aura finalement que très peu d’influence sur le cours du récit, ce qui est sans doute un peu dommage.



Estelle Faye signe avec « Widjigo » un roman fantastique solide qui fait la part belle aux grands espaces froids et isolés du nord américain et repose sur une construction narrative astucieuse qui permet d’entretenir le suspens jusqu’à la toute dernière page. Une belle découverte.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Un éclat de givre

Déjà un grand merci à Tatooa d'avoir proposé ce livre-quête dans le cadre du Défi SFFF de cette année. Ma première découverte de cette auteure dont j'entends parler depuis un moment !! Et... pffiiou !!! Vous est-il arrivé de vous arrêter à chaque fin de chapitre, le sourire aux lèvres et les yeux fermés, en admiration mentale devant la magie des mots que vous veniez de lire ? Eh bien, c'est l'effet saisissant que m'a fait "Un éclat de givre". le style de cette auteure est tout simplement grandiose, d'une poésie frisant le génie !! Oui, je sais c'est fort mais quand j'aime, non quand j'adore, je suis emphatique c'est comme ça !!

Pour l'histoire, on suit un héros dont l'originalité n'a d'égale que la complexité : Chet, jeune chanteur de jazz, . le décor, un Paris halluciné et hallucinant dans une époque post post-apocalyptique, où la nature et les instincts ont repris leurs droits mais qui recèle des thématiques très actuelles : les manipulations génétiques et les luttes de pouvoir pour ne citer qu'elles ; assorties à des arômes moyenâgeux et victoriens truffés de références musicales à couper le souffle et de descriptions qui font pétiller les yeux.

Le petit point faible mais franchement c'est un grain de sable face à la splendeur de ce roman, c'est la fin beaucoup trop rapide (j'ai été un peu frustrée, j'en aurais bien repris pour une bonne centaine de pages de descriptions et d'explications tellement c'est bon) !

Que vous dire, si ce n'est de lire ce livre, rien que pour la saveur du verbe d'Estelle FAYE ! J'ai quelques autres titres de l'auteure qui vont faire partie de mes prochaines lectures ! Une nouvelle chouchou de l'imaginaire sur mes étagères !!
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La Voie des Oracles, Tome 1 : Thya

Estelle Faye est une auteure que j’apprécie beaucoup. Avec une plume poétique, l’auteure sait nous conter des histoires totalement différentes les unes des autres mais avec toujours énormément d’originalité.



Avec la série La Voie des Oracles, Estelle Faye nous immerge en Gaule pendant l’Antiquité. On y découvre Thya, 16 ans, fille d’un grand général. En pleine christianisation de l’Empire, Thya se découvre des pouvoirs de devins. Obligée de se cacher et de se faire discrète, la jeune fille mène cependant une vie plutôt privilégiée. Tout va être chamboulé le jour où son père, seule personne au courant du secret de l’adolescente, reviens d’une chasse entre la vie et la mort. Grâce à une de ses visions, la jeune fille est convaincue de pouvoir le sauver. Mais pour cela, elle devra quitter son cocon protecteur et partir au-devant de tous les dangers.



Ce premier tome de La Voie des Oracles nous propose un univers histoire très passionnant et intriguant. De par les pouvoirs de Thya, Estelle Faye nous propose une intrigue mêlant histoire et fantastique. L’auteure arrive parfaitement à mélanger la magie à un contexte beaucoup plus historique. Ce premier tome sait mêler l’action et découverte de l’univers et des personnages. Malgré un environnement difficile pour la jeune adolescente qui doit absolument cacher ses pouvoirs de peur des condamnations à mort et qui en plus de cela est poursuivi par son frère qui, lui, souhaite la mort de son père, Thya fera la rencontre de personnages qui sauront l’aider. L’intrigue est plutôt rudement menée et on passe un bon moment. Estelle Faye est égale à elle-même et nous propose une écriture travaillée et poétique avec des descriptions immersives.



Ayant énormément aimé l’environnement proposé et ayant passé un bon moment de lecture, je ne suis cependant pas sûre de continuer l’aventure. Sans pouvoir réellement l’expliquer, je ne me suis pas particulièrement attaché aux personnages et j’avoue ne pas être particulièrement curieuse concernant la suite des événements. Je pense surtout que j’en attendais beaucoup trop. Un roman donc très plaisant mais loin d’être marquant.
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Les Seigneurs de Bohen

"Un roman de dark fantasy spectaculaire et épique, dans la lignée des oeuvres de Joe Abercrombie ou de Glen Cook " en définitive si l'on peut considérer que le dernier roman d'Estelle Faye entre bien dans la catégorie de la dark Fantasy il n'a en revanche rien de spectaculaire, rien d'épique mais surtout ne s'apparente en aucune manière à un roman de Joe Abercrombie de près comme de loin.

Sincèrement c'est une terrible désillusion que ces seigneurs de Böhen et il en ressort une déception non moins aussi forte que l'attente fébrile qui en aura précédé la lecture.

Déjà le scénar, en fin de compte je crois que je n' ai rien pané du tout, que ce soit les justifications de cette révolution qui couve, les motivations des différents personnages, c'est clairement très confus et parfois précipité quand il s'agit d'accélérer le rythme du récit pour faire avancer les choses, car sa patine grave. Au niveau de l'action et de l'épique on est quasiment au niveau du zéro absolu, sur ce plan il ne se passe pour ainsi dire rien ou si peu.

Honnêtement j'ai vraiment le sentiment que l'auteure a clairement privilégié l'aspect romance-drama à tout le reste, à la limite le reste ce n'est qu'un background pour Estelle Faye même, une simple toile de fond car tout réellement tourne autour des sentiments et des pulsions sexuelles des personnages.

Personnages qui ont en commun la même attirance vers d'autres personnages du même sexe, et si la chose me fait sortir de ma zone de confort, je n'ai pas trouvé non plus que les relations qui en découlaient transpiraient d'authentisme.

Seigneurs de Böhen est selon moi un livre mal vendu par l'éditeur, qui risque de décevoir car en définitive il n'aura pas trouvé son vrai public cible.
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