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Critiques de Estelle Faye (1497)
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Porcelaine : La légende du tigre et de la tis..

Xiao Chen est fils d'un potier réputé. Pour satisfaire les désirs de son père, il part à la recherche de bois pour alimenter le feu afin de cuire sa dernière et mystérieuse création. Pour cela Xiao doit se rendre dans une montagne sacrée. Mais pour avoir profané les lieux, un dieu transforme physiquement Xiao. Son visage prend l'apparence d'un tigre. Ses sens sont également décuplés. Sa vue, son odorat, son ouïe sont supérieurs à celui d'un homme. De retour au village, les habitants s'écartent de lui de peur d'être eux aussi sous l'emprise de cette malédiction et d'attirer le mauvais œil.

Xiao est alors contraint de s'éloigner de son village natale, il devient un comédien errant au sein d'une troupe de théâtre. Il va ainsi errer sur les routes de Chine pendant plusieurs siècles. Puis un jour, il va faire la connaissance de Li Mei, une jeune femme qui deviendra son épouse. Mais Brume de Rivière est jalouse de la situation, et elle fera tout pour leur mettre des bâtons dans les roues.



Premier livre que je lis de cette auteure, Estelle Faye, et je dois dire que je suis conquise par l'univers qu'elle a su créer. Ce roman est un savant mélange de légendes asiatiques agrémentés de personnages fantastiques. J'ai donc hâte de découvrir d'autres de ses romans.
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Légendes Abyssales

Les profondeurs des océans ont depuis toujours fasciné les hommes. Tour à tour inaccessibles, accueillantes, terrifiantes ou merveilleuses, quel meilleur décor que ces abysses pour un récit de fantasy ou de science-fiction ? Les approches choisies par les treize auteurs inscrits au sommaire de cette anthologie sont assez diverses, la plupart faisant malgré tout la part belle aux créatures peuplant les fonds océaniques, qu'il s'agisse de personnages mythiques à l'image des envoûtantes sirènes (« Je t'appartiens » de Céline Guillaume ; « Une robe couleur d'océan » d'Estelle Faye ; « Délivrance » de Jean-Luc Marcastel...), ou bien d'animaux marins ayant subi une évolution naturelle ou technique (« Notre règne » d'Anthony Boulanger). D'autres s'attachent moins à la faune sous-marine qu'aux secrets tapis dans les profondeurs des océans qui abriteraient soit l'entrée des Enfers (« Les naufragés de Calypso » de Barbara Cordier), soit une cité engloutie (« Selanka » de Patrick Mc Spare), voire même un autre monde à part entière (« Un radeau sur le Styx » de Régis Goddyn). Certains optent aussi pour le post-apo, nous dépeignant un monde dans lequel le seul espoir de survie pour l'humanité résiderait dans les profondeurs (« Quitter Charydbe » de Fabien Clavel ; « Arche » de David Bry). Enfin, quelques uns choisissent de s'éloigner de la mer pour se focaliser sur d'autres abysses ou civilisations : c'est le cas de Sébastien Péguin et Patrick Eris qui se consacrent respectivement aux légendes amérindiennes et orientales (« Le Whi N'gho Waa » ; « Quelques grammes de chair »), ainsi que dans une certaine mesure de Nathalie Dau qui opte pour sa part pour les profondeurs de l'âme humaine.



Comme dans toute anthologie, la qualité varie d'une nouvelle à l'autre et j'avoue être pour ma part passée à côté de certains textes souvent trop brefs pour que le lecteur ait le temps de vraiment s'y immerger. On pourrait également regretter le placement les unes à la suite des autres des nouvelles traitant d'une même thématique car la répétition a pour fâcheuse conséquence d'en désavantager certaines. Parmi les textes les plus réussis, il faut d'abord mentionner celui de Jean-Luc Marcastel qui signe avec « Délivrance » un récit court mais effrayant dans lequel la belle et douce sirène laisse la place au monstre avide de chair fraîche. Récompensé cette année du Prix des Imaginales de la meilleure nouvelle, le texte d'Estelle Faye mérite lui aussi le détour. Dans « Une robe couleur d'océan », l'auteur propose une réinterprétation surprenante du célèbre conte d'Andersen tout en abordant un certain nombre de thèmes qu'elle avait déjà pu exploiter dans ses précédents romans. Avec « L'étreinte de la médulaire » Benedict Taffin nous entraîne pour sa part aux côtés d'une équipe de plongeurs confrontés à une effrayante créature des abysses. Un texte là encore assez bref mais dont l'ambiance travaillée et l'écriture gouailleuse parvient à capter sans mal l'attention du lecteur. Les deux nouvelles post-apo signées respectivement Fabien Clavel (« Quitter Charybde ») et David Bry (« Arche ») ne manquent pas non plus d'attraits, notamment dans leur construction. La contribution de Nathalie Dau, chargée de clore l'anthologie (« La plongée »), est également réussie, l'auteur misant comme souvent sur le registre de l'émotion.



Anthologie officielle du Salon fantastique, « Légendes abyssales » nous entraîne avec plus ou moins de succès selon les nouvelles des profondeurs de la mer à celles de la terre, de l'espace ou encore de notre propre esprit. A découvrir notamment pour les textes de Jean-Luc Marcastel, Estelle Faye ou encore Fabien Clavel.
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La Voie des Oracles, Tome 1 : Thya

J’avais entendu tellement de bien d’Estelle FAYE que je me suis lancée dans son roman Young Adult La voie des oracles et qui a reçu récemment le Prix Jeunesse Elbakin 2015.



Ce livre conte les mésaventures de Thya jeune patricienne de quinze ans, au Vème siècle après J.-C. Cette dernière doit fuir sa maison d’Aquitania (Aquitaine), après la tentative de meurtre de son père Gnaeus Sertor, fomenté par son propre fils Aedon. En cours de route, elle croise Enoch, jeune maquilleur et Mettius, ancien soldat de son père qui l’accompagnent jusqu’à Brog, au cœur du Monte Vesugo (Massif des Vosges). Elle possède également des dons d’oracle et bénéficie de la protection des anciennes divinités païennes.



Difficile pour moi de ne pas penser à la trilogie d’Azilis de Valérie GUINOT, lu il y a une dizaine d’années. En effet, le postulat de départ est le même : Azilis et Thya ont sensiblement le même âge, toutes deux patriciennes, possèdent un don occulte, doivent fuir leur maison, pourchassées par leur frère respectif et rencontrent en chemin un jeune homme qui va les aider (un barde pour Azilis et un maquilleur pour Thya). Si la première s’échappe en Britania (Angleterre actuelle), la seconde trouve temporairement refuge au Monte Vesugo où son père, général romain, a triomphé des Vandales, vingt ans auparavant. Certes, la comparaison s’arrête avec la destination divergente des deux jeunes filles. Mais, dès le départ, la sensation de déjà-vu m’a, je dois le dire, handicapé et empêché de m’immerger complètement dans le roman.



Ensuite, les reproches que j’aurais à faire se situeraient au niveau scénaristique : en effet, je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait en venir avec la prophétie sur l’oracle, ni en quoi le fait de partir à Brog, pour Thya, pourrait sauver son père. Néanmoins, il est possible que cela nous soit révélé dans le second tome. Estelle FAYE utilise aussi des raccourcis qui me semblent un peu faciles pour ses rebondissements : en effet, au moment où nos héros se retrouvent coincés, un dieu païen ressemblant à Janus, sorti d’on ne sait où, les catapultent d’un coup d’Aquitaine à Paris…



Enfin, quelques inexactitudes historiques m’ont un peu gêné. Certains vont me dire que je chipote sachant qu’il ne s’agit pas d’un roman historique mais d’un livre fantastique jeunesse. Je suis tout à fait d’accord : je pense que c’est la raison pour laquelle l’auteur n’a pas traduit, au moyen d’une note de bas de page, les nombreux toponymes latins comme Burdigala (Bordeaux), Varatedo (Vayres) ou Andemantunnum (Langres). C’est une manière d’immerger complètement son lecteur dans son univers et apparenter ce dernier à de la Fantasy. Il est probable aussi que l’auteur a fait plusieurs recherches aussi sur l’Empire Romain tardif, cela se ressent. Néanmoins, j’ai relevé quelques petites inexactitudes comme l’emploi du lisses au lieu du limes (frontière), le proconsul qui habite une insula (immeuble) au lieu d’une villa (maison) ou le traitement trop médiéval, voire moderne de la sorcellerie. Effectivement, la condamnation au bûcher a existé dès l’Antiquité mais pas systématisé pour lutter contre la sorcellerie.



J'ai tout à fait conscience que ma note 3/5 est un peu sévère. En effet, je ne fais pas partie du lectorat visé : il est plus que probable que si j’avais lu ce roman à vingt ans, j’aurais beaucoup plus apprécié. J’ai trouvé l’histoire un peu trop gentillette, à l’image de la Maîtresse de guerre de Gabriel KATZ. Néanmoins, le style d’écriture de l’auteur est très intéressant et maîtrisé. Hormis les quelques écueils scénaristiques cités plus haut, l’histoire possède son propre rythme et m’a donné envie de poursuivre avec le second tome.

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La Voie des Oracles, Tome 1 : Thya

Ayant jusqu'à présent toujours apprécié les romans d'Estelle Faye, c'est sans guère d'appréhension que je me suis finalement laissée tenter par le dernier ouvrage « jeunesse » de l'auteur, bien que n'étant pas habituellement grande amatrice de ce genre de littérature. L'originalité du contexte dans lequel se déroule l'histoire a également participé à faire pencher la balance. Ce premier tome de « La voie des oracles » nous plonge en effet au cœur de la Gaule du Ve siècle après J-C où l'on suit les aventures de la jeune Thya, fille de patricien romain « exilée » dans une des demeures de province de son père en raison de sa qualité d'oracle. Une fonction qu'il ne fait plus bon d'exercer au sein de cet empire romain en pleine déliquescence, menacé de tous les côtés par des invasions barbares et dans lequel le christianisme connaît depuis plusieurs décennies une fulgurante ascension. Une ascension qui se fait bien évidemment au dépend des cultes païens et qui entraîne la lente mais inéluctable disparition des divinités et créatures mythologiques antiques. Certaines continuent pourtant d'arpenter le monde et vont aider la jeune Thya dans sa quête, qu'il s'agisse de faunes, d'ondines, de harpies ou de divinités chthoniennes.



Si l'ambiance dans laquelle baigne le récit est globalement assez sombre, certains éléments sont toutefois là pour nous rappeler que nous avons bien affaire ici à un roman destiné à un public essentiellement « jeunesse » : une adolescente pour héroïne, une chaste histoire d'amour, une intrigue somme toute assez simple, des personnages parfois un peu trop caricaturaux (l'ecclésiastique cruel et fanatique, le fourbe et lâche jeune aristocrate, le sage et mystérieux révolté....) Un traitement dont ont moins à souffrir les personnages plus proches de la jeune héroïne, qu'il s'agisse du jeune maquilleur Enoch, tiraillé entre deux loyautés, ou encore du vétéran Mettius, hanté par les actions commises lors d'une précédente campagne militaire. Thya reste cela dit le protagoniste le plus abouti et le plus attachant de cette histoire, même si certaines de ses réactions ne la rendent parfois pas si sympathiques que cela. La dureté des épreuves traversées par la jeune fille et sa force de caractère ne tardent toutefois pas à remporter l'adhésion du lecteur et on attend donc avec à la fois intérêt et impatience de savoir ce que l'auteur réserve à notre héroïne pour la suite.



Un premier tome prometteur qui nous laisse avec quantité de questions qui trouveront certainement leurs réponses dans le second volume venant tout juste de paraître et consacré cette fois au personnage d'Enoch. Rappelons pour terminer que le roman était cette année finaliste pour le prix Imaginales des lycéens au côté du « Bâtard de Kosigan » de Fabien Cerutti.
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Widjigo

1754, île de Terre-Neuve.

Une dizaine d’hommes et de femmes échouent sur le sable de la plage, seuls rescapés d’un terrible naufrage. Que ce soit Marie, la « voyageuse » et métisse Béothuk, Veneur le botaniste, l’insondable Gabriel, ou encore Justinien, le noblion dont l’histoire nous est contée, tous ont a priori une bonne raison de se retrouver sur cette terre inhospitalière, encore que les circonstances de leur arrivée ne correspondent pas à ce qu’ils s’imaginaient. La suite non plus, d’ailleurs…



Widjigo est une très belle découverte pour ma part. Je ne connaissais pas Estelle Faye. C’est chose faite et je sens que ça ne s’arrêtera pas là !

Un roman d’aventures historique qui se mue rapidement en redoutable thriller, puisqu’on assiste – impuissant – à l’élimination à petit feu des survivants d’un jour.





L’écriture d’Estelle Faye est parfaitement adaptée au genre. Un très bon équilibre entre descriptions, récit et dialogue. Dans ce roman, ces trois aspects sont importants : les descriptions pour rendre l’univers glauque et oppressant ; le récit car l’action et les évènements sont nombreux ; les dialogues enfin, étant donné l’importance des personnages et des informations qu’ils détiennent et se soutirent les uns les autres.

Le style est lui aussi très bien adapté et équilibré : de belles images évocatrices et un vocabulaire précis, travaillé, qui contribuent à l’immersion. Un style qui sait rester simple pour ne pas alourdir inutilement la lecture.





La trame est assez classique, avec le récit principal imbriqué dans un récit « coquille » dont l’action se situe sur les côtes bretonnes, en 1793. Un habillage qui peut paraître artificiel au début (je l’ai cru longtemps), mais il n’en est rien !



En fait, Widjigo est très classique par bien des aspects, que ce soient les thèmes présents, la construction du récit d’aventures, le choix des personnages, ou l’intrigue façon Agatha Christie.

La grande originalité de ce roman est l’injection significative d’éléments fantastiques où le surnaturel est inextricablement lié aux légendes et aux superstitions. Un rapport à la superstition qui parlera à toutes celles et ceux qui ont déjà séjourné sur une île.





Le rythme est incroyable dans ce roman dont l’univers spécial donne pourtant l’impression d’être toujours dans le même bourbier. L’autrice sait faire naître et durer le suspense.



La caractérisation n’est pas en reste. Les actions et les paroles collent parfaitement aux personnages.

Mon seul bémol sur ce plan est le personnage de Justinien, qui n’a aucune force de caractère et se comporte comme le parfait témoin de l’histoire. La passivité poussée à l’extrême ! Et puis il y a ce fameux dénouement qui m’a forcé à revoir ma copie…





Le dénouement justement, je n’en parlerai pas, mais c’est ce qui vaut le détour ! Pour tout dire, en plein milieu du roman, je commençais à douter de l’histoire et de l’intrigue. Certes, il y a ces morts brutales. Qui sera le prochain ? Qui est le meurtier ? Est-il l’un d’eux ou quelqu’un d’autre… quelque chose d’autre ? Autant de questions suscitant l’intérêt et le mystère. Pour autant, je ne voyais pas vraiment où tout cela allait mener. Je ne voyais pas la logique. Je craignais de plus en plus les pistes artificielles. Des personnages individuellement intéressants, soit, mais ensemble…

Et puis au bout d’un moment, ça commence à venir : les vraies raisons, les vraies motivations, et alors là, que c’est bon, que c’est fort, et que c’est adroitement bien mené ! Une très belle démonstration comme je les aime, et l’envie de relire derechef ce roman pour en savourer les moindres détails. Une histoire qui cache bien son jeu en somme !





Comme je le fais souvent lorsque je découvre un nouvel auteur, je me renseigne un peu. Dans une vidéo, l’autrice évoque justement l’écriture de ce roman. Elle raconte qu’elle s’est fait offrir un voyage en Terre-Neuve (un cadeau d’anniversaire). Sans doute cela explique-t-il pour partie la qualité de l’ambiance et de l’univers, qui aide à l’immersion. Les références historiques sont précises et nombreuses. Certaines coutumes ont dû servir d’inspiration. En lisant a posteriori la page Wikipédia du peuple Béothuk, je me suis rendu compte que ce roman m’avait fait un peu voyager dans cette époque, ces contrées et ces légendes.





Je termine cette présentation en faisant le lien avec Annihilation, de Jeff Vandermeer.

Annihilation n’est pas un roman historique, il se site plutôt dans un avenir proche indéterminé et semble relever de la science-fiction par certains aspects. Par contre, il a en commun ce côté récit d’aventures qui dérive bien vite en thriller-survival. Si les personnages de Annihilation sont moins nombreux et moins fouillés, la construction du suspense est similaire, de même que le rôle de l’élément fantastique. L’univers est également glauque et immersif à souhait, plus angoissant même.

Je garde pour ma part une petite préférence pour le roman de Jeff Vandermeer, peut-être pour la dimension très psychologique des personnages et de leurs interactions, ou encore l’originalité de l’élément fantastique.







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L'arpenteuse de rêves

Estelle Faye a toujours le don de transporter ses lecteurs dans des univers aussi enchanteurs que dangereux ! Cette fois-ci, elle va s’attaquer au monde des rêves, à travers une espèce humaine très spéciale : les Arpenteurs. Ces derniers sont capables d’entrer dans les songes des autres afin d’interagir. Myri, l’héroïne, possède ce don cependant, suite à un drame, elle a décidé de ne plus pratiquer… Évidemment, le destin va faire basculer ses certitudes en l’obligeant à employer sa magie pour sauver les siens. Sur le papier, le scénario tient en quelques lignes toutefois, sachez qu’il est bien plus complexe qu’il n’y paraît ! Attendez-vous à des complots, des thématiques fortes (injustice, survie, élitisme, écologie, pollution, maltraitance, tolérance, etc.) et une multitude de personnages gravitant autour de Myri. Le tout est accompagné d’un rythme maîtrisé et sans temps-morts. Honnêtement, il est difficile de jeter la pierre à cet ouvrage ! Et pourtant, je n’ai pas réussi à totalement rentrer dedans…



Le monde est riche. Il fut très agréable de découvrir les subtilités de cette ville à la dérive ainsi que les différentes classes sociales. Or, celles-ci vivent de manière bien différente et on sent clairement que l’élite est avantagée… Isolée dans la ville basse, avec une famille hors norme, Myri est une adolescente pauvre, mais elle est débrouillarde et avec le cœur sur la main. Il fut appréciable de découvrir sa forte personnalité, ses valeurs, son talent surnaturel ainsi que le passé qu’elle fuit… En outre, sa petite famille a su me toucher, que ce soit pour son côté hétéroclite ou pour le passé difficile de chacun ! J’ai particulièrement aimé les jumeaux ou une jeune muette. Hélas, j’ai estimé que l’on aurait pu davantage développer tout ce petit monde ! Certes, ils étaient nombreux (trop, à mon goût !) cependant, j’aurais peut-être eu moins de difficultés à les cerner si on s’était un peu plus attardé sur chacun d’entre eux.



Rapidement, le lecteur et Myri vont devoir faire face à des problèmes plus complexes qu’il n’y paraît. Lorsque l’un des siens est malade puis, quand l’un des camarades de l’héroïne disparaît, une pluie de rebondissements vont s’enchaîner ! Ce fut une aventure sans temps morts. Cette impression est renforcée par la brièveté des chapitres, par l’alternance rêves / réalité ainsi que par l’action qui ne manque pas. Peut-être que, parfois, cela va même un peu trop vite ? J’aurais volontiers prolongé certains moments de l’histoire néanmoins, j’ai bien conscience que ce choix aurait peut-être eu un impact sur le dynamisme du texte… Le choix d’aller à l’essentiel et de mettre en avant la jeune Arpenteuse et le lien qu’elle entretient avec ses amis est donc compréhensible… Mais, comme je l’ai expliqué, cela a joué sur mon impression générale. En effet, à la lecture de nombreux avis dithyrambiques, j’en attendais davantage, en particulier du côté des protagonistes auxquels j’avais espéré m’attacher et qui auraient mérité plus de consistance… Attention, malgré mes réserves, ce titre est plein de charme ! Si vous aimez l’aventure, la magie et les belles valeurs, alors n’hésitez pas à fermer les yeux et à partir dans le monde des songes…
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Les Seigneurs de Bohen

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans un récit de Fantasy épique, mais aussi intimiste des plus réussis. Le récit est porté de façon efficace par une narration multiple qui fait qu’on est rapidement happé par l’histoire. La tension monte ainsi au fil des pages pour aboutir à une conclusion qui n’a certes rien d’explosif mais s’avère percutante et réussie. Le gros point fort du roman vient clairement de la galerie de personnages que nous brosse l’auteur qui sont loin des héros en quête pour changer le monde. Ce sont des personnages qui ont leurs histoires, leurs envies, leurs faiblesses, leurs émotions et c’est ce maelström qui va les faire avancer et qui va les amener à faire des choix. L’auteur montre que la passion, les émotions font que parfois il faut se battre pour vivre sa vie. Au final des protagonistes attachants, touchants et entraînants. Les personnages secondaires sont eux aussi intéressants et certains auraient même mérité d’être un peu plus approfondi. L’univers peut paraître classique dans les grandes lignes et ce qu’il propose, mais c’est dans les petits détails et la touche personnel qu’apporte Estelle Faye qu’il gagne, selon moi, en intérêt. On découvre ainsi un monde dense, captivant, dépaysant, qui donne envie d’en apprendre plus. Alors, on pourrait reprocher que certains points sont traités trop rapidement, que certaines longueurs se font ressentir ou encore qu’un point de vue de l’Empire aurait pu apporter un contrepoids intéressant, mais franchement je chipote tant j’ai été happé du début à la fin par ce roman. La plume est toujours aussi soignée, vivante, poétique et prenante et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Un tremplin pour l'utopie

Qui n'a jamais rêvé d'un monde parfait ? D'un endroit où les hommes pourraient vivre en paix avec eux-mêmes et avec leur environnement, sans que rien ne vienne gâcher cette perfection ? Le contexte dans lequel nous vivons aujourd'hui ne se prête guère à l'utopie, et c'est peut-être justement pour cette raison que ce petit ouvrage m'a à ce point charmé. Résultat d'un concours de nouvelles lancé en 2015, l'anthologie « Tremplin pour l'utopie » regroupe les textes des six lauréats encadrés de deux auteurs chevronnés : Estelle Faye et Christian Chavassieux. L'occasion pour le collectif des Indés de l'Imaginaire de mettre en avant la spécificité de leur création (trois maisons d'édition concurrentes qui s'associent, ce n'est effectivement pas courant...) et de fêter le cinquantième numéro de leur collection de poche partagée, Hélios. Honneur aux dames, c'est à Estelle Faye que revient la charge d'ouvrir l'anthologie avec « Les anges tièdes », un texte très réussi qui nous entraîne à la découverte d'une utopie... virtuelle. Créé au départ pour n'être qu'un « simple » jeu vidéo de fantasy, Arcadia Online s'est peu à peu développé pour devenir un véritable univers dans lequel les humains passent toute leur existence, bien à l'abri dans un caisson répondant à tous leurs besoins vitaux. Mais à trop vouloir rendre tout parfait, ne risque-t-on pas l'ennui ? « Aujourd'hui, pour s'occuper, les citoyens d'Arcadia jouent à pousser des jetons mauves et roses sur une marelle, ou à faire pousser les plus gros navets. Avant, ils avaient d'autres jeux. Ils combattaient des Hydres dans les marais d'Asclépios, ils bravaient les géants des neiges sur la barrière des monts Sabres. Les cyclopes de pierre du port d'Antérion s'animaient. Les sirènes aux ailes de nuit attaquaient les bateaux sur la mer Turquoise, et des djinns vengeurs se mêlaient aux vents du désert. » Une utopie, oui, mais en passe d'être compromise...



Le texte suivant est signé A. D. B. et allie cette fois utopie et uchronie, l'avenir des États-Unis et de l'Europe ayant basculé après l'émergence d'une nation amérindienne au XVIIIe siècle. L'idée ne manque pas d'originalité et est détaillée avec soin mais la narration maladroite empêche une véritable immersion de la part du lecteur. « Les premiers jours de mai » nous entraîne ensuite dans un monde post-apo à priori assez classique (à noter toutefois que la fin du monde n'est pas due à une prolifération de zombies mais à une étrange épidémie). Ce n'est cependant pas la catastrophe en elle-même qui intéresse David Chambost mais plutôt l'après : que se passe-t-il pour les survivants des années après la fin, quand vivre sur les restes de l'ancien monde ne suffit plus ? L'auteur met en scène une petite communauté renouant avec un mode de vie oublié, simple et sain, et signe de très beaux passages, à l'image de celui où l'on découvre les grands supermarchés d'autrefois réinvestis par la nature, ou encore celui dans lequel des voyageurs abreuvent la communauté de récits étonnants sur un monde redevenu mystérieux. La nouvelle suivante vaut elle aussi le détour et prend place après la prise de Nassau par le gouverneur anglais Rogers au XVIIIe, alors que les pirates des Caraïbes se retrouvent sans véritable pied-à-terre. Les navires des rebelles commencent alors à s'agréger sur la mer et en viennent peu à peu à former une véritable cité flottante régie selon une idée originale : le groupe qui aura le pouvoir de décider pour la communauté sera choisi en fonction de la brise qui soufflera sur le moment. Le pouvoir au vent : en voilà un beau programme ! Le contexte dans lequel se déroule la nouvelle ne manque pas d'attraits et la plume inspirée et plein de gouaille de Vincent Gaufreteau rajoute un charme supplémentaire à cette « Anémocratie ».



On plonge ensuite dans de la pure science-fiction avec « Le jour où Dieu m'a vue nue », une nouvelle habilement construite signée Ariel Holzl. La chute est plutôt inattendue et l'utopie dépeinte elle aussi assez originale : et si grâce au perfectionnement des nouvelles technologies on proposait à chaque citoyen de voter pour prendre des décisions ? (vous vous imaginez un peu voter pour choisir quel temps il fera demain... ?) Dans « Murmures lointains » Aurélie Léon imagine pour sa part un monde où les humains seraient tous connectés les uns avec les autres, tandis que Bruno Pochesci opte dans « Le moins pire des mondes » pour un système tout aussi inventif : et si un simple bracelet pouvait évaluer votre degré de bonheur et vous le communiquer sous la forme d'un pourcentage ? Face à cette révolution technique sans précédent, l'auteur a l'idée de tester les réactions de personnalités influentes partout dans le monde. Imaginez un peu un grand chef d'entreprise découvrir que rendre ses employés heureux fait également grimper son pourcentage ? Qu'en serait-il du président des États-Unis ? Et du pape ? (à qui on doit ici une scène particulièrement jouissive). « Les hommes sont toujours aussi friands de spiritualité mais rejettent désormais toute codification religieuse. Manger ceci, prier le cul tourné par-là, empapaouter madame comme ci plutôt que comme ça... Toutes ces simagrées n'ont plus lieu d'être. Tu cherches Dieu ? Mate les étoiles, comme tes ancêtres. Ou le roulis des fesses de ta douce, le sourire d'un môme, la frénésie d'un chaton aux prises avec une pelote de laine... » Christian Chavassieux clôt ce recueil avec « Nulle part, tout le temps », une petite nouvelle dans laquelle un homme chargé de contrôler la bonne tenue d'une expérience utopique se retrouve à y participer pour la sauver. De quoi refermer l'ouvrage sur un peu de douceur.



Une petite anthologie consacrée à des sociétés idéales qui regorge de bonnes idées pour réinventer le monde d'aujourd'hui et celui de demain. Et puisqu'on est dans l'utopie, sachez que l'ouvrage vous est offert pour l'achat de deux livres appartenant à la collection Hélios : une raison supplémentaire de ne pas vous priver de cette bienvenue touche d'optimisme !
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Les Seigneurs de Bohen

Avec Les Seigneurs de Bohen, Estelle Faye change à nouveau de genre avec cette fois un roman de fantasy adulte avec un univers original non marqué par un contexte historique. Le roman se situe dans le monde de Bohen dont une carte nous est fournie au début du livre. L’empire de Bohen a fondé sa richesse sur le lirium, un métal et règne depuis très longtemps et bien entendu pas dans la plus grande justice. Le roman va raconter la fin de cet empire au travers de plusieurs personnages: Sainte-Étoile, l’escrimeur torturé, Maëve, la sorcière et Wens, le clerc de notaire injustement condamné. D’autres personnages vont graviter autour de ces 3 personnages principaux et prendre énormément d’importance: Sorenz ab Abahaín, mercenaire révolutionnaire, Sigalit jeune couturière et Janosh un mage Essène. Tous ces protagonistes vont avoir un rôle dans la chute de l’empire à leur manière, même s’ils n’étaient pas destinés à devenir des héros. Les personnages d’Estelle Faye sont réalistes, humains, avec leurs défauts, leurs qualités et leurs désirs, simples et complexes à la fois comme l’est tout être humain et surtout extrêmement attachants. Ces personnages sont un des gros points forts de ce roman.



Pour raconter l’histoire de ces personnages et de la révolution au sein de l’empire de Bohen, Estelle Faye a choisi une narration éclatée, changeant de narrateurs parfois au sein d’un chapitre ou s’attardant un peu plus sur un des narrateurs pendant quelques chapitres. Cette narration correspond parfaitement au récit et donne un certain dynamisme à l’histoire. J’ai beaucoup aimé également les interludes présents entre quelques chapitres où l’on retrouve le personnage de Ioulia La Perdrix. Ils permettent de recentrer la trame générale du récit. Même si l’importance accordée à chaque personnage n’est pas la même dans le récit, les personnages sont tellement attachants qu’on prend plaisir à les retrouver et qu’on tourne les pages sans s’en rendre compte.



L’univers des Seigneurs de Bohen est aussi un des aspects à souligner de ce roman, il est très riche et original. On est dans de la fantasy mais l’auteure arrive à s’approprier le genre et à créer un univers nouveau et varié rempli de mystères: qui sont vraiment les Wurms, qui dirigent les vaisseaux noirs? Chaque région du monde a des croyances différentes et les noms des mythologies qui les régissent sont tous disparates, on trouve par exemple des vodianoïs dans les marécages. Ces créatures surnaturelles et les paysages dans lesquels elles évoluent prennent vie sous nos yeux grâce à la très belle plume de l’auteure à la fois visuelle, fluide et immersive. On sent qu’Estelle Faye a énormément travaillé l’univers qu’on aimerait retrouver à nouveau tellement il est regorge de splendeurs.



Le roman raconte l’histoire de la chute d’un empire mais pas seulement. C’est aussi un roman sur l’importance de l’humain et de nos choix qui peuvent influencer le destin d’un pays. Les personnages ne sont pas surpuissants, comme c’est parfois le cas en fantasy, ils sont simples et guidés par leurs instincts, leurs désirs. Tout cela au profit d’un récit et d’une intrigue parfaitement maîtrisée par l’auteure sans perte de rythme et qui monte en intensité. Le roman fait presque 600 pages et pourtant on ne s’ennuie pas une seconde, on est vite happé par cet univers et par le destin de ces personnages.



Estelle Faye a donc totalement réussi son essai en fantasy adulte. L’auteure change souvent de genre littéraire pour ces romans (post apocalyptique, conte asiatique, young adult) mais en gardant un style bien à elle et une patte très reconnaissable. Les premières pages du roman nous entrainent dans un univers incroyablement riche et envoutant avec des personnages attachants et un récit parfaitement maitrisé. Estelle Faye telle une sirène des temps modernes, nous séduit par ses mots à la place des chants, pour mieux nous ensorceler par la magie de sa plume à l’image de la très belle couverture du roman.
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Un éclat de givre

Un éclat de givre de l’auteure Estelle Faye est un roman de science-fiction vraiment très original et empreint d’une grande poésie. Estelle Faye est une auteure qui commence à se faire un vrai nom dans le milieu de la SFFF française et je la découvre avec ce roman.



Ce roman se situe dans un Paris post-apocalyptique. On découvre ce nouveau Paris à travers les yeux de Chet, jeune homme de 23 ans qui chante du jazz en se travestissant et qui complète ses maigres revenus avec des missions assez particulières. Personnage plein de contradiction, Chet nous fait visiter les différents lieux de la capitale en nous expliquant les différents groupes très cloisonnés qui ont pris possession des anciens bâtiments que l’on connaît (par exemple, la BNF accueille de jeunes enfants aux pouvoirs assez étranges). Finalement Chet est un des seuls habitants à ne faire partie d’aucun des groupes, ce qui en fait un personnage vraiment énigmatique et également attachant par ses nombreuses faiblesses. A travers la mission qui lui ai donné et qui enclenche toute l’intrigue, Chet nous fera donc visiter son Paris et nous dévoilera, toujours par des petits touches, son passé et sa personnalité. J’ai trouvé que la construction du roman était vraiment intelligente et malgré que le roman soit assez court, Estelle Faye nous offre un univers et des personnages (les personnages secondaires ne sont pas en reste) très complet.



Estelle Faye a vraiment une plume particulière et qui ajoute un aspect autant poétique qu’étrange au roman et qui sait nous mettre mal à l’aise par certains côtés. L’ambiance à la lecture est assez particulière et c’était une expérience assez sympathique à vivre, c’est le réel point fort de ce roman pour moi. L’intrigue est assez lente et je me suis ennuyée par moments mais le roman reste malgré tout extrêmement bon et c’est donc avec plaisir que je continuerai ma découverte de l’auteure, d’autant plus qu’elle écrit dans des genres et des styles plutôt différents !
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Dragons

Avec cette anthologie « Dragons », les éditions Calmann-lévy proposent de nous faire découvrir pas moins de dix-huit textes nés de la fertile imagination aussi bien d'auteurs confirmés comme Thomas Day, U. Bellagamba ou encore Charlotte Bousquet, que d'auteurs moins connus... et qui le resteront malheureusement pour moi puisqu'on ne trouve aucune présentation, même succincte, des différents participants. De même, il est un peu dommage de démarrer l'ouvrage abruptement par la première nouvelle sans qu'il n'y ait de préface nous présentant en quelques mots le sujet et la ligne principale de cette anthologie (la présence de belles illustrations en noir et blanc au début de chaque nouvelle est cependant très appréciable). Tour à tour bêtes malfaisantes faisant la ruine d'une ville ou d'un peuple, monstres incompris et persécutés, divinités aériennes à la beauté majestueuse, légendes inlassablement recherchées mais toujours insaisissables et rarement comprises..., les auteurs explorent ici différentes facettes de cette créature mythique et désormais emblématique du genre de la fantasy. Le résultat est mitigé, la première partie de l'anthologie étant assez difficile à digérer et manquant trop souvent d'originalité, tandis que la seconde se relève de très grande qualité.



Impossible dès qu'il s'agit de critiquer un ouvrage de ce type de parler de tous les textes, surtout lorsque ceux-ci sont aussi nombreux qu'ici. Je me contenterais donc de citer ceux vers qui penche ma préférence, même si certains non mentionnés méritent également le coup d’œil. Commençons par la nouvelle de Philippe Guillaut qui signe avec « Quelques bêtes de feu et d'effroi » le plus beau texte de cette anthologie et nous entraîne au cœur de l'époque tourmentée des Diadoques où un soldat et un poète se lancent en quête des légendaires créatures du dieu de la guerre Arès. Le style y est extrêmement travaillé et d'une grande poésie, de même que l'intrigue par laquelle on se laisse aisément embarquer. Estelle Faye réussit également son coup avec « Suriedad », nouvelle mettant en scène un dragon des mers et un marin destiné à purger le monde. De même pour Johan Héliot qui nous fait vivre avec « L'huile et le feu » l'enquête d'un shérif d'une bourgade insignifiante des États-Unis du XIXe où se mêle trafic de femmes chinoises, complot organisé par une secte à la Ku Kux Klan, et évidemment saurien de taille gigantesque. Thomas Day, enfin, signe comme toujours un texte captivant comprenant son lot de personnages attachants et un univers intéressant et que l'on devine d'une grande richesse.



Au final, si l'ouvrage souffre de quelques défauts, notamment dans sa première partie, il serait toutefois dommage de passer à côté de certaines nouvelles qui valent franchement. le détour. « Dragons » est donc un bel hommage à ces créatures légendaires qui ne cessent de titiller notre imagination depuis des siècles et qui prennent ici vie le temps de quelques pages.
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Widjigo

1793. Un jeune lieutenant est envoyé avec son régiment pour arrêter Justinien de Salers, un noble reclus dans une tour en bord de mer. Après un coup de feu de sommation, le vieux comte invite le lieutenant à le rejoindre et lui raconte sa vie. 40 ans plus tôt, de l'autre côté de l'Atlantique, il a participé à une expédition qui a mal tourné.

Estelle Faye plonge le lecteur dans une ambiance glaçante. Que ce soit en Basse-Bretagne, où Jean Verdier écoute le récit du vieil homme, où à Terre-Neuve, où l'expédition tourne au drame, le temps est décidément contre Justinien de Salers, avec sa pluie omniprésente, qui plombe autant le moral des personnages que celui des lecteurs en imposant une atmosphère pesante.

L'histoire en elle-même s'appuie sur les légendes locales, où tous croient aux monstres. Les membres de l'expédition comprennent rapidement qu'ils sont la cible d'un tueur que certains pensent surnaturels. Un widjigo est parmi eux. Et l'on suit avec une horreur teintée de fascination le petit groupe en quête de civilisation au cœur d'une forêt épaisse aussi menaçante que le tueur qui les traque. La suspicion les guette et chacun soupçonne un autre d'être le coupable.

Fourmillant de détails et écornant au passage, tant les exactions coloniales que révolutionnaires, l'autrice plonge le lecteur dans un récit pesant autant que captivant, où elle lève uns à uns les mystères de cette expédition dont les membres ne sont finalement pas là par hasard et certainement pas aussi innocents qu'on pourrait le croire.

J'ai écouté ce roman, narré par l'autrice elle-même qui offre une agréable interprétation de son texte.

Widjigo est une réussite, un roman glaçant, avec ses personnages fouillés et porté par une écriture immersive.



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Widjigo

Avis bizarroïde... !



Ce que je peux dire, c'est d'Estelle Faye qu'elle est douée ! Parce que c'est vraiment tout ce que je déteste en littérature (le fantastique et le gore, l'angoissant, le beurk). Si je lui avais demandé d'écrire un livre en y mettant tout ce qui me repousse en littérature, elle aurait écrit celui-là. Et pourtant, il m'a assez emballé. Disons que j'ai quand même eu envie d'avancer (mais parfois en lisant de côté^^). Donc, elle doit être sacrément talentueuse pour avoir réussi ce tour de force ;)



J'ai détesté l'atmosphère : le froid, l'océan et l'humidité, l'angoisse des voix qu'on entend, des morts qui surgissent... En plus, c'est gore ! Au secours ! Et pour couronner le tout, des histoires de sorcières ! Je ne sais pas pourquoi mais cela m'a fait penser aux ambiance de ces histoires qui font peur que l'on se raconte ado dans le noir !



C'est comme une revisite de "Dix petits nègres", version plus trash et malaisante. Mais avec une fin que je n'ai pas du tout vu venir également et qui fut une bonne surprise. Il aurait été bien dommage finalement de ne pas aller au bout.



A ceux qui aiment le genre, cela devrait bien plaire !



~ Challenge ABC 2021-2022 : F
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Brouillard sur la baie

Je ne note plus les livres de cette maison d'édition suite aux attaques contre la libre critique dont je m'estime victime. Je dis ce que je veux d'un livre, c'est le principe et c'est ma personnalité. Je ne me laisserai jamais dicter ma conduite. Et tant pis si je mets en lumière des réalités qui ne plaisent pas.



Estelle Faye a l'air d'être une excellente autrice.



On entre dans ce livre par le brouillard pour profiter d'une atmosphère glaçante. Tout cela va crescendo dans une dérive parfaitement orchestrée, même si le thème de base a été traité des milliers de fois. Le renouvellement est suffisant pour nous offrir le plaisir des situations et des postures d'esprit des protagonistes. Un doux mélange du bal des vampires de Polanski et de Entretien avec un vampire de Ann Rice.



Ce recueil de deux nouvelles sert de promotion et c'est une bonne entrée en matière pour connaître cette autrice de talent. Le dénominateur commun des deux nouvelles est San Francisco (SF pour les intimes), ville magnifique.



La deuxième nouvelle est cyberpunk et décoiffe. Le thème passionnant du métavers y est abordé. Pour ceux qui ne suivent pas l'actualité, il s'agit de ces univers "online" ou parallèles. Le thème est intéressant parce qu'il y a un beau parallèle entre le monde parti à vau-l'eau d'une apocalypse et le métavers qui a muté et, lui aussi, été délaissé pour la vraie vie.
Lien : https://patricedefreminville..
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Le drakkar éternel

Quel chouette ouvrage pour faire découvrir la mythologie nordique aux jeunes ados ! J’ai passé un bon moment de lecture aux côtés de Maël et de son amie Astrid. Bien que le rythme soit parfois trop rapide, j’ai adoré le développement de cette histoire, les différents rebondissements ainsi que le dénouement qui sort des sentiers battus ! Le début était pourtant assez classique avec l’idée de harcèlement scolaire ou de héros ne trouvant pas leur place. Toutefois, les choses ont brusquement changé lorsque les deux amis bretons sont partis en mer, puis ont été transportés dans un autre monde/siècle ! Ce voyage étrange les propulsera aux côtés de vikings, sur un drakkar maudit (ou plutôt d’un « langskip » grognerait Hrolf !). Or, pour espérer rentrer chez eux, le duo devra tenter de lever la malédiction en naviguant d’île en île, en affrontant des ennemis terribles et en faisant preuve de courage, de ruse et de surpassement de soi.



Même si leur caractère aurait pu être développé davantage, j’ai pris plaisir à découvrir le binôme dont l’amitié fait chaud au cœur. Les deux ados ont une relation touchante, sincère, complice, sans ambiguïté et puissante. Astrid est celle qui m’a fait la meilleure impression, en particulier en raison de son quotidien difficile, mais surtout de son tempérament explosif, sa force, sa détermination et sa loyauté. Contrairement aux récits habituels, elle est bien plus combattive que le narrateur. En effet, le jeune homme est plutôt sensible, craintif et observateur. Il n’aime pas se battre. D’ailleurs, dans son monde, il était victime de moqueries et de coups bas de la part de ses camarades… L’imaginer se battre aux côtés de guerriers nordiques était donc improbable. Cela dit, le jeune Maël a rapidement montré d’autres qualités : il est quelqu’un de malin, cultivé, intelligent, dévoué et protecteur. Il sera le puits de savoir permettant à ses alliés de comprendre ce qu’il se trame ou pour connaître les faiblesses des antagonistes. C’est grâce à lui qu’Estelle Faye va distiller quelques informations sur cette culture fascinante. D’ailleurs, je tiens à féliciter l’auteure : elle permet d’apprendre des éléments, sans que cela soit pénible, rébarbatif ou ennuyeux. On a là une bonne mise en bouche qui donnera, je l’espère, envie aux jeunes lecteurs de faire des recherches sur le sujet. De façon générale, elle a abordé la mythologie avec originalité, simplicité et pédagogie.



Je me suis régalée à imaginer les deux amis rencontrant des dieux emblématiques ou des êtres de la mythologie scandinave (Odin, Loki, les Valkyries, Fenrir, Hel, les nains, etc.) ! D’autant plus que, durant cette épopée, on n’a jamais le temps de s’ennuyer ! Non seulement l’action est constante, mais il y a également beaucoup de rencontres, de batailles, de magie et de mystère. De plus, les chapitres sont relativement courts et toujours avec une fin percutante, ce qui donne envie au jeune lecteur de tourner les pages. Hélas, ce dynamisme se fait peut-être aux dépens du reste… Cela dépendra des lecteurs cependant, je pense que l’on aurait pu davantage détailler certaines scènes d’action un peu trop rapides, voire expéditives. Il aurait également été sympathique de creuser l’entourage des héros, finalement peu exploité, me donnant même l’impression de n’avoir affaire qu’à des personnages de passage, des figurants ou des pions à un moment donné du scénario… Ce qui est dommage, car certains individus avaient du potentiel ! Cela dit, je pense que cela reste une bonne lecture jeunesse-ado pour ceux qui apprécient les aventures fluides et rythmées, avec une ambiance mythologique (autre que la gréco-romaine).
Lien : https://lespagesquitournent...
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Un éclat de givre

A l'apocalypse, la fin du monde, seule Paris a survécu, s'est reconstruite comme elle le pouvait. Et dans ses bars minables de Montmartre chante Chet. Des airs de jazz oubliés qui lui permettent d'avoir sa petite mansarde miteuse sans eau courante. Mais cette vie va bientôt basculer car dans les rues circulent une nouvelle drogue, dangereuse pour l'équilibre fragile de la ville.



Nous sommes donc là dans un récit post apocalyptique mais pas pour autant dans un récit de survie. Paris s'est reconstruite et forme un univers à elle toute seule. Un décors des plus fabuleux car la vie y est bien différente, et les créature qui la peuple tout autant. Organismes génétiquement modifié, hybride, sirène, enfants aux pouvoirs psy... nous avons là tout une nouvelle faune et flore a explorer. Cet univers est vraiment le point fort du livre et j'aurais parfois aimé un livre plus conséquent pour en avoir un encore meilleur développement.

Chet est notre personnage principal, c'est lui qui raconte sa ville, ses sentiments et ses secrets inavouables. Autour de lui gravite tout un tas de personnages secondaires tout aussi intéressant.

J'aime beaucoup le style d'Estelle Faye que j'avais pu découvrir dans Porcelaine. Une plume au vocabulaire riche, et contenant une certaine poésie qui fait naître des images incroyables de ces mondes dans lequel elle nous emporte.

L'histoire de Chet et de ce Paris post-apocalyptique est à découvrir. Le tout est dynamique, alterne entre action et moment d'introspection de notre héros. Et amène surement à une petite réflexion écologique.

Je trouve malgré tout quelques faiblesses au scénario. Oh, pas grand chose mais quelques liaisons un peu floues entre les événements ou un manque d'explication parfois. Rien qui gâche la lecture, mais il manque ces petits quelques choses pour que ça soit vraiment parfait!
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La voie des oracles, tome 2 : Enoch

En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec le second tome de ce cycle, qui nous offre un rythme plus lent que le tome précédent, mais vient complexifier l’intrigue et surtout dévoiler un peu plus l’importance de Thya que ce soit dans le jeu des machinations humaines comme divines, le tout agrémenté de quelques scènes épiques réussies. L’univers antique continue lui aussi à se densifier nous offrant un empire en pleine chute, ainsi que l’apparition de plus en plus importante du fantastique avec les anciens dieux qui se battent pour continuer à exister. Les personnages ne sont pas en reste, surtout qu’ils vont devoir affronter des épreuves terribles, qui ne vont pas les laisser indemnes et vont les forcer à devoir faire des choix pas toujours simples, à devoir évoluer et d’une certaine façon grandir. Les personnages secondaires sont aussi intéressants à découvrir et apportent leurs pierres à l’intrigue. Mon seul regret vient que ce second tome est plus complexe dans le même nombre de page que le premier, ce qui fait que certains passages et certaines émotions sont traités avec un peu de facilité et de simplicité, mais rien de non plus bloquant ou frustrant. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi riche, fluide et entrainante aboutissant à une conclusion qui donne clairement envie de lire rapidement la suite.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Widjigo

J'ai découvert Estelle Faye avec son roman Éclat de givre. J'avais beaucoup apprécié sa plume et, lorsque j'ai appris la sortie de Widjigo, j'ai été séduite par le résumé. En effet, l'intrigue change des habitudes d'Estelle. Ici, elle donne à son roman un côté historique assez marqué, qu'elle mélange avec une touche de fantastique. Le résultat est très intéressant.



Tout commence avec Jean Verdier, soldat de la République, chargé d'arrêter un vieux marquis pour le conduire à la guillotine. Mais le bonhomme s'est réfugié dans un donjon en bord de mer, et une tempête menace... Jean se retrouve donc obligé de céder aux exigences du marquis pour que lui et ses hommes soient à l'abri pendant que les éléments se déchaînent sur le donjon. Mais que veut-il ? Raconter son histoire, tout simplement.



La suite sur mon blog :
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Brouillard sur la baie

Le plus grand risque en lisant ce Brouillard sur la baie est d'avoir en tête ce San Francisco de Maxime Le Forestier pendant quelques jours.

Mais c'est en prenant des risques que, parfois, on découvre une pépite.



Je déplore régulièrement que les éditeurs de romans grand format soient très frileux dans le fait d'y ajouter du contenu supplémentaire : entretins, paratexte, nouvelles. Albi Michel Imaginaire ne déroge pas à la règle, mais propose de temps en temps de petits fascicules disponibles gratuitement en format numérique pour accompagner la sortie d'un nouveau roman, ici Widjigo. Brouillard sur la baie comporte deux nouvelles, dont l'une est exceptionnelle.Vous pouvez télécharger ce titre dans votre boutique habituelle.



Les anges tièdes

Cette nouvelle était ma première plongée dans l'univers d'Estelle Faye, une réussite. La nouvelle suit les pas d'une jeune fille pour qui le monde parfait manque un peu de saveurs. Je rajouterai, sans en déflorer plus, que le récit se situe à San Francisco.

La force de ce texte est d'avoir dilué les informations sur l'univers peu à peu, le lecteur découvrant les tenants de l'histoire au fur et à mesure, jusqu'à la chute, je devrais dire les chutes car il y a plusieurs paliers dans la révélation finale.



Nous sommes dans un univers de science-fiction où la quincaillerie ne l'emporte pas sur l'histoire. Certains pourront donc reprocher à Estelle Faye quelques facilités, quelques ellipses opportunes, je préfère y voir sa volonté de se concentrer sur les émotions et l'histoire de la jeune fille. C'est la SF que j'aime, où le personnage importe plus que le contexte, nous permet de nous mettre à la place de (et ici, je pense que ma décision serait identique à la jeune fille). La morale de l'histoire pourrait se résumer à : On a les utopies qu'on peut ! Les anges tièdes, c'est aussi un texte dont les images surgissent du texte. Un must.

Quelques fulgurances dans l'écriture, comme ce "velours de pénombre", quelques légèretés humoristique, tel ce "concours du plus gros navet", ou cette "trottinette déambulateur" !



J'avais rencontré ce texte grâce à l'expérience Coliopod, un podcast dont le texte avait été lu par l'autrice elle-même, un choix judicieux. Elle réussit à transmettre toutes les intonations voulues à son texte, un ton parfois naïf, ironique ou légèrement désabusé, ponctué de silences ou au contraire d'une rapidité dans la lecture. Le podcast est toujours écoutable.

La nouvelle a remporté le prix Rosny Ainé 2017.



Bal de brume



"C'est une maison bleue

Adossée à la colline

On y vient à pied

On ne frappe pas

Ceux qui vivent là

Ont jeté la clé "



Gaël Ferrier a quitté la France sur un coup de tête pour poursuivre ses études cinématographiques à Los Angeles. Il y fait quelques connaissances et est invité par un vieillard excentrique dans sa villa perdu dans le fog. L'autrice prend son temps pour nous peindre sa galerie de portraits et la ville où ils se trouvent. Un quotidien banal jusqu'au moment où...

Lu sans savoir de quoi parlait le texte, la plume Estelle Faye m'a emporté avec elle pour m'emmener où je ne pensais pas aller. Même si je ne suis pas très fan de cette thématique, dont je tairai le nom, qu'il me manque sûrement certaines références pour savourer les clins d'œil qui doivent y être, j'ai bien apprécié me perdre dans ce brouillard et son pouvoir étrange. J'ai même eu un goût de trop peu, j'aurais aimé y flâner un peu plus.
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Imaginales 2017 : Anthologie Destinations

Pour la neuvième année consécutive, les éditions Mnémos publient à l'occasion du festival des Imaginales d'Epinal une anthologie dont l'objectif est de rendre compte de la qualité et de la diversité de la fantasy francophone. Après s'être effacée en 2012 au profit de Lionel Davoust et Sylvie Miller (remplacés à leur tour par Jean-Claude Dunyach, puis Jean-Claude Vantroyen), Stéphanie Nicot reprend ici les rênes de l'anthologie qui subit ses premières transformations depuis sa création. C'est d'abord la fin de l'opposition traditionnelle entre deux figures phares de la fantasy. « Rois et capitaines », « Magiciennes et sorciers », « Reines et dragons »... : il est vrai qu'en huit ans les auteurs ont eu l'occasion de faire le tour d'à peu près tous les personnages et créatures emblématiques du genre. L'occasion pour Stéphanie Nicot d'initier un autre changement : l'ouverture à la science-fiction (et, probablement l'année suivante au fantastique...). L'intention est louable même si je ne peux m'empêcher d'être un peu déçue de voir la SF prendre si vite une part aussi importante dans cette anthologie créée avant tout pour faire la part belle à la fantasy (cette année se sont six textes sur quatorze qui relèvent de la SF...). Il faut tout de même avouer que l'intitulé de l'ouvrage s'y prêtait plutôt bien. Déclinée en trois thématiques faisant directement écho au festival et à l'affiche réalisée pour l'occasion par Julien Delval (destination / destin / nation), l'anthologie se découpe en trois parties bien distinctes privilégiant tour à tour l'une ou l'autre de ces approches. Seul élément immuable, le choix du sommaire qui se compose comme chaque fois d'auteurs à la carrière plus ou moins longue mais en tout cas expérimentés.



Ils sont six à avoir choisi de se pencher sur la question du destin, un thème très (trop ?) vague qui fait de cette première partie sans doute la plus faible de l'anthologie, quant bien même la plupart des textes reste de qualité. Aurélie Wellenstein (coup de cœur des Imaginales 2017) reprend dans « Bucéphale au cœur des ombres » l'un de ses animaux de prédilection (le cheval). La réutilisation d'une créature méconnue du folklore médiéval est intéressante, mais la dénonciation du fanatisme religieux pas suffisamment approfondie. G. D. Arthur met ensuite en scène la rencontre entre une jeune plongeuse et une créature des abysses dans « Ivresses et profondeurs », un texte auquel je ne suis malheureusement parvenue à adhérer ni au fond ni à la forme. Grégory Da Rosa profite quant à lui de l'occasion pour nous en apprendre un peu plus sur la création de l'univers dans lequel se déroule son premier roman (« Sénéchal »). On reste aussi dans la fantasy avec Charlotte Bousquet qui nous conte dans « La voix des renards pâles » le destin tragique d'un chamane trop orgueilleux. Un texte qui, pour une raison que je ne saurais expliquer, ne m'a guère passionné et dont la chute se révèle un peu décevante. Fort heureusement, Victor Dixen nous offre avec « La Source » un très beau texte mettant en scène la passion d'un homme pour les territoires inexplorés et dont il faut surtout saluer l'habile narration faite d'une succession de témoignages émanant de proches de l'aventurier. On termine cette partie consacrée au destin avec « L'Aiguillon de l'amour », première nouvelle de SF signée François Rouiller : une nouvelle réussie et au fort potentiel comique (même si j'ai du mal à la rattacher à la thématique...) dans laquelle un homme parvient, grâce aux nouvelles technologies, à piloter des animaux/caméra pour espionner sa voisine bronzant en tenue d’Ève dans son jardin...



La seconde partie consacrée à la thématique « nation » a manifestement moins séduit puisqu'elle ne comporte que trois textes. On poursuit dans la science-fiction avec « Chakrouar III » de Jean-François Tomas qui met en scène l'arrivée sur une planète (apparemment revenue à un niveau de développement proche de celui du Moyen-Age) d'une mission diplomatique cherchant de nouveaux alliés. Un texte efficace qui séduit surtout par l'alternance de points de vue et le ton employé, même si la chute (bien qu'inattendue) est un peu difficile à avaler. Adrien Tomas nous livre pour sa part un véritable plaidoyer pour l'écologie et imagine un futur pas si lointain dans lequel le Japon aurait complètement disparu, englouti par l'océan (« La voix des profondeurs »). Une nouvelle touchante dans laquelle la Terre reprend ses droits et qui nous interroge sur notre rapport à la nature. On doit à Stephan Platteau l'une des deux nouvelles les plus longues de l'anthologie (une trentaine de pages) mais aussi l'une des meilleures. Se déroulant mille ans avant « Manesh », « Le roi cornu » nous narre le sort du peuple des Firwanes, obligés d'entreprendre un voyage périlleux sur la mer pour échapper à la guerre. On fait évidemment très vite le rapprochement avec le contexte mondial actuel et ses millions de migrants disparus en Méditerranée après avoir été forcés de quitter leur pays. On retrouve également l'un des thèmes chers à l'auteur et déjà exploité dans « Dévoreur », à savoir l'influence faste ou néfaste des astres sur le comportement humain. Ajoutez à cela un combat spectaculaire opposant deux prétendants au trône, des créatures marines extraordinaires et un voyage sur une île peuplée de dangereuses créatures, et vous obtenez un récit captivant porté par une plume toujours aussi habile.



Dernier volet de cette trilogie, « Destinations » regroupe les nouvelles des cinq auteurs restant qui mettent l'accent sur le voyage et l'exploration. Les deux héros de Pierre Bordage n'hésitent pas, par exemple, à embarquer sur un vaisseau spatial faisant route vers l'inconnu (« Sans destination »). Un texte sympathique mais un peu court qui illustre bien que l'important n'est pas tant la destination que le voyage lui-même. Loïc Henry imagine quant à lui une Terre progressivement vidée de ses habitants, envoyés par grappe vers une planète supposément moins abîmée que la notre (« Essaimage »). L'auteur opte pour une nouvelle à chute et l'ensemble est plutôt réussi. Les personnages d'Estelle Faye ont eux aussi l'espoir d'un futur plus radieux sur une autre planète (« Hoorn »), et tant pis si le voyage se révèle plus long que prévu... L'auteur parvient comme d'habitude à donner vie à des personnages touchants (mention spéciale à Alex, sexagénaire fan de métal et de chansons de pirates) et multiplie les référence au milieu maritime, chose qui personnellement me plaît beaucoup. Avec sa nouvelle consacrée à « Jehan de Mandeville », Fabien Cerutti revient quant à lui à son univers du « Bâtard de Kosigan » et nous entraîne dans un Moyen Age fantasmé peuplé de créatures surnaturelles. L'action prend place en 1351 alors que Jehan de Maneville entreprend un périlleux voyage à la demande de la comtesse de Champagne afin d'aller délivrer un message aux Elfes de jade résidant dans les forêts d'Orient. Au programme : une traversée mouvementée de l'Europe et de l'Asie, des combats, des trahisons et surtout des rencontres avec des créatures étonnantes. Une vraie merveille ! Pari également réussi pour Lionel Davoust qui signe avec « Une forme de démence » une très jolie nouvelle s'interrogeant sur le rapport entre un auteur de fantasy et son univers sur fond de paysage islandais. Touchant et surprenant jusqu'à la fin.



Cette neuvième anthologie des Imaginales fait incontestablement partie des bons crus et permet de faire plus ample connaissance avec la plume et les univers de quatorze auteurs plus ou moins inspirés par la thématique certes très vaste de cette année. Si j'ai personnellement été plus sensible aux nouvelles de Victor Dixen, Stephan Platteau, Fabien Cerutti et Lionel Davoust, tous les textes valent le coup d’œil, qu'ils mettent à l'honneur la fantasy ou la science-fiction. Rendez-vous l'année prochaine !
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