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Critiques de Joann Sfar (2220)
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Le Chat du Rabbin, tome 1 : La Bar-Mitsva

Dans la maison du vieux rabbin il y a un bureau plein de livres dans lequel il s’enferme pour étudier les textes sacrés tandis que sa fille, belle comme une princesse d’un conte des mille et une nuits, rêvasse au piano ou caresse le chat en lui faisant des yeux langoureux. Seul le perroquet qui n’arrête pas de jacasser vient troubler la quiétude de cette petite famille. Une nuit le chat le croque et prend la parole….

Pour se sentir juif, le chat veut faire sa Bar-Mitsva, il veut étudier avec le rabbin les textes de la kabbale. Il pousse le rabbin dans ses retranchements, bouscule ses certitudes.

Alors c’est décidé, le rabbin va enseigner les textes au chat qui pourra retourner voir sa fille à la seule condition de ne jamais lui adresser la parole.

Joann Star porte un regard passionnant sur le judaïsme et « Le chat du Rabbin » est le narrateur malin, entêté et spirituel de cette BD pleine de malice. Dommage que les dessins très réussis de l’album soient hachurés à l'intérieur des parties colorées, ce merveilleux conte charme par son intelligence et ses questionnements profonds.

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La Synagogue

Club N°50 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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Où l'on voit que les extrémismes sont plus anciens et que la résurgence des années 90 n'est pas que le fait de jeunes.



VT

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Un séjour à l'hôpital permet à l'auteur, un retour sur son enfance et son adolescence avec la montée des extrémistes et d'autres thèmes qui lui sont chers.



Franck

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Le Chat du Rabbin, tome 3 : L'Exode

Troisième opus des aventures du chat et de son maître le rabbin qui, cette fois, vont visiter Paris.



La fille du rabbin algérien a épousé un Français. Elle va donc en voyage de noces à Paris pour rencontrer sa belle-famille. Le rabbin a décidé de les accompagner, mais il ronchonne continuellement sur les travers de la ville. Le chat est aussi du voyage et il n'hésite pas à commenter les contradictions des moeurs humaines.



Une BD pleine d’humour et de critique sociale dans un contexte religieux de la première partie du vingtième siècle.

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Petit Vampire, tome 5 :  Petit Vampire et l..

Je me rappelle que durant mes études supérieures, pour passer le temps à la bibliothèque universitaire et surtout pour me changer les idées, je lisais ce genre de bandes dessinées et vu qu'aujourd'hui, c'est le jeune public que je reçois en bibliothèque qui le lit, j'ai voulu me remémorer quelques souvenirs.



Certes, le titre de ce tome et les première pages sont un peu lourdes mais au final, une fois que l'on se plonge bien dans l'histoire et que l'on accepte l'humour un peu lourdingue de l'auteur, cela est plutôt plaisant à lire, d'autant plus que le graphisme est bien travaillé pour un public jeunesse.



Michel est un petit garçon, pas comme les autres, qui, ayant perdu sa mère, vit avec ses grands-parents. La nuit, ce qu'il préfère avant toute chose, au lieu de dormir comme tous les petits garçons de son âge, c'est aller rejoindre petit vampire et ses amis monstres dans leur manoir. Il faut dire aussi que Michel a un petit faible pour Pandora, la mère de Michel, ce qui est chaque fois source de taquineries avec l'époux de cette dernière, le capitaine (mort lui aussi il va sans dire) d'un ancien navire. Ici, ce sont tous les morts-vivants du cimetière d'à coté qui s'invitent au manoir pour prendre le thé pendant que Pandora est allé faire ses courses à l'hôpital pour ravitailler tout son petit monde (sauf Michel bien sûr) en sang frais. Comment Michel et ses amis vont-ils faire pour les satisfaire (eux qui ne ressentent d'ailleurs plus ni goût ni odorat étant donné que ce sont désormais que de simples squelettes) et les renvoyer dans leur tombe avant le retour de Pandora ?



Un ouvrage agréable à lire, sans prise de tête mais que je ne recommanderais pas forcément à mon très jeune public (quoique, après tout, c'est de leur âge) mais il y a néanmoins un double sens de lecture et c'est cela qui m'a plu ici ! A découvrir !
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Le chat du Rabbin, tome 10 : Rentrez chez v..

Les albums du Chat du Rabbin sont souvent un peu ardus, mais dans ce dernier il va falloir s’accrocher. Culturellement d’abord : il est question de décret Crémieux, de déclaration Balfour, de juifs pratiquants la Kabale bonapartiste, d’Alya et de kibboutz socialiste tout de même ! Au niveau de la violence, ensuite : dans chaque tome on croise une kyrielle de gens traitant aussi mal les juifs que les animaux, mais ici ils sont bien chargés.



C’est l’album de l’épineuse question du retour en Israël. Du point de vue juif exclusivement s’entend, mais ça fait déjà bien assez de choses à dire. Dans le groupe des personnages, il se trouve que trois y sont déjà allés : le rabbin, le rabbin du rabbin, et Zlabya. Chacun d’entre eux raconte son aventure, et en quoi cela (ne) les motive (pas) à aller vivre là-bas. Des trois, c’est le récit de Zlabya le plus développé, et il a la particularité de faire suite directement au précédent tome. On retrouve donc une jeune fille déguisée en garçon, qui ne sait pas trop quoi faire de cette liberté nouvelle, et se laisse un peu balloter par les évènements.



Comme à chaque tome, on apprend une foule de choses sur le judaïsme. On croise aussi une galerie de personnages particulièrement pittoresques. Un album spécialement dense.

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Lieutenant Blueberry, tome 1 : Amertume apa..

Le Blueberry nouveau est arrivé!

Nous retrouvons le lieutenant au nez cassé, avec ses failles et ses fantômes, dans une affaire qui risque de dégénérer en vengeance sans fin.

Blueberry affronte des ados violeurs et assassin, pour qui l' Apache ne mérite aucun respect.

Sfar et Blain donnent une couleur différente aux aventures de Blueberry, comme l'avait fait William Vance...peut-être avec plus de noirceur. Avec plus

d'humour, aussi, tel ce lieutenant-colonel affrontant un automate aux échecs.

Et puis, ce vieux Jimmy Mac Clure est de la partie!

Amertume, un nom qui résonne comme une musique de désespoir de ces tribus amérindiennes massacrées, spoliées et parquées dans ce rêve américain qui tourne au cauchemar.

Et le lecteur qui appréciait le Blueberry des années soixante et soixante-dix, n'en est pas quitte avec Amertume et les autres, puis que la suite est annoncée.

Mais comment cela finira-t-il?
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L'éternel

Pour tout vous dire, j'étais assez intriguée par ce livre, non seulement par sa couverture, le fait que ce soit un premier roman et surtout en raison du thème qui y était abordé : celui des vampires...



Ayant lu des mauvaises critiques sur ce dernier sur des magazines, j'avais cependant un peu d'appréhension à me lancer dans cette lecture et ô combien, j'ai bien fait de ne pas me fier à ces dernières. Il faut dire que cet ouvrage est très déroutant et en en commençant le lecture, j'ai failli croire qu'ils avaient raison...mais non !

Il est découpé en deux grandes parties, la première débutant durant la Grande guerre, celle de 14-18. Ionas et son frère aîné Caïn, deux juifs partis au combat aux côtés des forces armés russes à Odessa, vont voir l'horreur de la guerre dans toute sa grandeur. Tandis que Caïn est avide de femmes et de sexe notamment avec la plantureuse Haydée qu'il a mise enceinte, Ionas, lui, se réserve pour sa fiancée Hiéléna qui l'attend à Odessa...A-t-il tord de se priver ainsi des plaisirs de la chair ? Ne sait-il pas s'il reviendra-t-il un jour vivant de cette guerre ?



Dans la seconde partie, le lecteur fait la rencontre de Rebecka Streisand, jeune veuve du chanteur pop Mendel Broke, et psychanalyste de métier. Autant vous dire que cette seconde partie de l'histoire se déroule cent ans plus tard et que l'on retrouve encore Ionas et Haydée. Comment, pourquoi ?

Ne seraient-ils pas revenus d'outre-tombe puisqu'une mission les retient sur terre pour une certaine durée, qui pourrait bien être l'éternité...



Une histoire très crue autant du point de vue de la violence (normal, cause à la guerre) que du point de vue du sexe (là, j'avoue que j'ai eu un peu plus de mal à m'y faire mais après tout, n'oublions pas que nous ne sommes pas dans un conte mais dans une histoire de vampires et où les hommes, autant que les femmes, alors, pourquoi pas ?).



Un livre très bien écrit, avec des chapitres relativement courts, une écriture fluide et qui donne à chaque page envie de tourner la suivante (en tous cas, pour moi !) tant on a envie de savoir le dénouement de l'histoire !



Armée fantôme, mandragore, loup-garou, chêne vivant, un auteur vieux de plus de cent ans également et que je suis sûre que vous connaissez tous et toutes (Lovecraft)...voilà quelques excentricités que s'autorise l'auteur et j'avoue que par moments, il en fait un peu trop (c'est pourquoi je n'ai pas accordé la note maximum à cette ouvrage) mais pour un premier roman, je trouve tout de même que c'est une bonne surprise ! A découvrir !
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Le Chat du Rabbin, tome 1 : La Bar-Mitsva

Il y a un moment déjà que je voulais lire les aventures du Chat du Rabbin. L'adaptation cinématographique n'avait fait qu'attiser cette envie.



Et bien voilà, c'est chose faite ! Et franchement je n'ai pas été déçue!

Comme ça j'ai pu profiter des passages coupés dans le film.



C'est frais, c'est drôle et plein de tendresse pour les êtres humains.



Bien sûr, le sujet principal est la religion, mais je trouve ça formidable, dans un contexte comme le nôtre, de lire des auteurs qui savent rire de la religion et de ses contradictions. Et tout cela avec respect.
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Le chat du rabbin, tome 6 : Tu n'auras pas ..

C'est avec un peu moins d'entrain que pour le précédent que j'ai terminé le sixième volume de cette saga. Dans cette histoire, le chat apprend que sa maîtresse, Zlabya, est enceinte et il devient incroyablement jaloux. En effet, il aimerait être le "père de ses enfants" et craint d'être délaissé une fois l'enfant arrivé...



Alors, le chat se plaint beaucoup dans ce livre, ce qui finissait par être agaçant, même si le voir (tenter de) revenir à sa condition animale était amusante. En revanche, j'ai trouvé que l'analyse du comportement humain était moins présente et moins pertinente que pour les autres volumes.



Le dialogue entre le chat et le rabbin - sur l'utilité de la prière - étaient néanmoins intéressants et j'ai passé un bon moment de lecture, mais ce n'est pas le meilleur tome de cette série. Cela fait seulement quelques jours que je l'ai lu, et mon souvenir est déjà un peu flou...



Cependant, c'est une chouette saga que j'ai hâte de poursuivre, d'autant plus je ne vais pas tarder à arriver à la fin...
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Le Chat du Rabbin, tome 8 : Petit panier au..

J'ai eu plaisir à retrouver ce Chat du Rabbin, toujours aussi impertinent (méchant, disent certains), et je signale aux amoureux des chats que le "modèle" qui a inspiré le Chat du Rabbin est en photo en début d'album.

J'ai préféré cet album aux 2 précédents, on retrouve un peu plus de souffle, et toujours une critique amusée, distanciée, du judaïsme et de ses rites.

Dans ce tome, un couple d'amoureux qui va se marier, lui est juif, elle est catholique, mais elle se sent prête à se convertir au judaïsme par amour.

Ils vont donc trouver le rabbin (le mari de Zlabya) mais ...

Je vous laisse découvrir la suite !
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Aspirine, tome 1

Elle me faisait bien envie cette BD, mais une fois lue, quel ennui !

Une vampire qui souffre depuis 300 ans d’être enfermée dans le corps d’une ado de 17 ans, voila toute l’histoire. Les dessins ne me plaisaient pas du tout mais je pensais l’intrigue suffisamment attirante pour me passionner, c’est raté.

Je me suis rapidement lassée de cette ado attardée qui suit vaguement des cours de philo, dévore les amants de sa sœur Josacine et ne sait pas quoi faire de ses jours et de ses nuits.

Elle rencontre alors un garçon, serait-ce le début de quelque chose ?

Bah, non, pas vraiment, du moins, rien de palpitant.

Deux prénoms originaux « Aspirine » et « Josacine » ne suffisent pas à faire une histoire captivante.

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Chagall en Russie, tome 1

J'ai voulu lire cette bande dessinée parce que j'aime Chagall, et la Russie, et je me demandais comment Joann Sfar allait s'en sortir avec ce sujet.



On retrouve l'humour made in Sfar typique, qui se moque de la religion mais est plein de tendresse pour ses personnages.

Il évoque le quotidien des petits villages ashkénazes avec des images - comme Issac Bashevis Singer le fait avec des mots - et pour donner une impression d'authenticité, Sfar utilise quelques mots en yiddish dans les dialogues.

Après avoir mis en avant la musique dans la série Klezmer, ici c'est la peinture qui devrait être mise en avant. Mais dans ce premier tome Marc Chagall est surtout un jeune homme rêver qui rêve de peinture et de sa belle. Seulement voilà, le père de la jeune fille veut un gendre qui ait un "vrai métier".



Sfar a utilisé dans ce tome deux jeux de couleurs distinctes : des couleurs primaires qui donnent un ton joyeux aux scènes de rêveries du peintre, et des couleurs plus sombres pour les scènes de guerre avec les cosaques. Celles du voyages se situent un peu entre les deux.

Pas désagréable à regarder, en revanche on peut reprocher au scénario de ne pas être très travaillé.
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Le Petit Prince (BD)

Ça faisait longtemps que j'avais envie d'ajouter une critique à ce roman. Mais je ne savais pas quoi rajouter tellement tout le monde avait tout dit et tellement ce roman est inqualifiable et impossible à critiquer . C'est l'un des rares livres qu'il faut lire et relire, l'un des rares auquel on peut trouver des interprétations différentes. Qu'on soit enfant ou adulte, Le Petit Prince ne laisse personne d'indifférent. Il est tellement simple et profond, riche et étonnant. C'est mon roman préféré. Dans la poésie de ses mots, Antoine de Saint-Exupéry me fait ressentir des choses que je n'avais jamais ressenti dans d'autres œuvres. Et comme il le dit magnifiquement ... "On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux." Superbe.
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Le chat du rabbin, tome 11 : La bible pour ..

J'étais contente de pouvoir retrouver le chat, mais il va falloir désormais attendre la sortie d'un autre tome, puisque j'ai rattrapé mon "retard".



Toujours est-il que ce onzième tome amène le chat à essayer de téléphoner à Dieu après avoir soi-disant trouvé le numéro de téléphone de celui-ci. En effet, le chat étudie la Bible et le prophète Elie, afin de prouver à Zlabya - qui est enceinte et inquiète - qu'il peut réellement communiquer avec Dieu, afin de rassurer sa maîtresse.



Une fois encore, Joann Sfar nous livre un album à la fois tendre et drôle, avec un chat toujours aussi impertinent mais attachant. Ce onzième volume permet de s'interroger sur la question des miracles, la foi et la prière. C'était intéressant !
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Le dernier juif d'Europe

« Sales juifs, nous ne sommes pas antisémites ! »

« Sales juifs, nous ne sommes pas antisémites ! »

« Sales juifs, nous ne sommes pas antisémites ! »

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« Je n'ai rien contre les juifs mais… »

« Vous nous faites chier avec la shoah »

« Les Israéliens font exactement pareil que les nazis »

« Fais pas ton juif »

« Parce que tu es sioniste toi ? »

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Bon, même en les recopiant directement à partir de ce livre c'est un peu troublant ces paroles antisémites. Je n'ose développer, je pourrais être condamné. Mince, même ce propos est peut-être antisémite. Changeons de sujet.

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Les pages 238 à 245 nous proposent une analyse à la fois très caustique et virulente des gilets jaunes. Ils sont décrits comme de parfaits abrutis, agressifs, manipulés et haineux en plus d'être antisémites. Ils sont aussi complotistes et incroyablement facile à manipuler. Cela dit ce qui prédomine dans cette lecture est le sentiment qu'ils sont aussi incultes qu'incroyablement stupides.

Voilà qui fait un bien fou ! C'est si vrai ! En plus je peux l'écrire sans risquer de me faire attaquer par des ligues de défense ou de me faire couper la tête comme avec d'autres extrémistes religieux. Certes ils sont violents mais ils se battent surtout entre eux. Ici quelques Babeliotes en font partie, ce qui est une évidence mais je n'aurai qu'à les blacklister. de toute façon je ne vais quand même pas frayer avec cette engeance !

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Le livre s'en prend aussi à différents présidents de la république, mais c'est devenu tellement banal que je ne vais même pas développer plus. Les politiques sont tous à mettre dans le même sac de toute façon ! Il y a en outre quelques piques savoureuses contre un comique noir qui serait devenu violemment antisémite, mais je n'irai pas Mbala, pardon, par-là, non plus.

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Non, revenons plutôt au sujet de fond. Je vais commencer par remercier Albin-Michel pour m'avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Cela dit, et c'est la première fois, alors même que le livre est déjà en librairie, je l'ai reçu sous la forme d'épreuves non corrigées. du moins c'est la version officielle. Je n'ai pas eu l'illustration et la quatrième de couverture indique juste « Ne peut être vendu ». Comme si je revendais les livres reçus ! Ils me prennent pour qui ?! C'est à se demander si le directeur de cette maison d'édition n'est pas un juif. D'ailleurs, j'ai vérifié, cet éditeur a subi une sérieuse enquête sous Vichy, on ne me la fait pas !

Mais je m'égare sans doute un peu, emporté par l'élan donné par cette lecture (J'y reviendrai, sans divaguer cette fois).

*

Faut-il parler du Monster World ? Faut-il se demander pourquoi Emmanuel Macron a ressuscité Johnny Hallyday pour calmer les gilets jaunes ? Faut-il, avec l'auteur, s'interroger sur le fait que le vampire est exactement l'inverse d'un juif puisque le judaïsme consiste, je cite, « à vous farcir l'existence de règles et d'interdits pour tracer une ligne infranchissable entre l'humain et la bête. Pourquoi on vous ordonne de ne pas mélanger le lait et la viande, d'éviter le pain levé pour Pâques, de ne pas manger pour Kippour ? Pourquoi on vous colle 613 commandements ? Tout le judaïsme tient là-dedans : ne pas faire couler le sang. Ou le moins possible. » Au final, est-ce que Sfar ne fait pas preuve d'un sectarisme voire d'une forme de racisme par rapport aux vampires ? Voilà une question troublante !

***

J'ose espérer que ce qui précède ne vous aura pas convaincu que je suis un raciste/antisémite lourdement atteint sur le plan psychiatrique. Je me méfie de certaines lectures au premier degré. Je tente naturellement d'exprimer la tonalité de ce que j'ai ressenti en lisant ce livre, entre amusement parfois, délire permanent et sentiment fréquent de gêne. Résumer l'ouvrage de façon objective est beaucoup plus facile. J'emprunte ici à Electre la version la plus condensée : « Paris aujourd'hui. Ionas, vampire, Rebecka, psychanalyste pour monstres, François, vétérinaire homosexuel. Ils sont tous juifs. Ils vont devoir s'unir pour lutter ensemble contre une montée d'antisémitisme sans pareille, et un pogrom géant dans le Marais. Un texte sur la différence et la part du monstre en chacun de nous ».

*

Mon ressenti par rapport à ce roman est assez ambivalent. J'adore Sfar comme dessinateur et chacun des croquis illustrant un nouveau chapitre est absolument splendide. J'ai vraiment retrouvé l'auteur talentueux pour lequel j'ai une grande admiration. Ajoutons que j'aime au moins autant son film « Gainsbourg vie héroïque » y compris pour les aspects fantastiques de ce dernier. En revanche ici, et même si j'ai bien compris ce que l'auteur cherchait à faire, je dois reconnaître qu'il m'a moins convaincu. le côté surréaliste d'un récit ne me dérange pas, j'adore tant le fantastique que Kafka ou Gogol, mais ici j'ai trouvé que l'exercice n'était pas parfaitement abouti. La dénonciation parodique des travers de notre société, si elle n'est pas toujours inintéressante, m'a semblé manquer de profondeur et être par ailleurs vue à travers un prisme fort réducteur. En dehors de la thématique de l'antisémitisme et de quelques magnifiques illustrations, ce livre n'offre pas grand-chose il me semble. L'histoire est à la fois absolument farfelue et au final banale (un groupe d'individus dissemblables combat un monstre de fin de plateau). L'écriture n'a rien de marquant par ailleurs. Je me suis globalement ennuyé.

*

Plus dérangeant sans doute pour moi, mais conforme à ce que souhaitait Sfar d'après une de ses interviews, la dénonciation de l'antisémitisme se veut ici plus féroce. L'auteur, à ce que j'ai pu lire assez affecté voire désespéré par la montée de l'antisémitisme en Europe, quitte au moins pour partie le registre éducatif et souriant qu'il a fréquemment pour tenter parfois de rendre coup pour coup face à certains groupes (« Gilets jaunes », certain comique, qui est antisioniste, qui participerait à une hypocrisie ambiante largement partagée..). Et, simultanément, il cherche à rester drôle, alchimie complexe et qui m'a peu convaincu.

*

Surtout je crains que ce registre ne soit pas le plus adapté. Je trouve Sfar bien plus inspiré lorsqu'il combat la haine et la bêtise par l'humour, l'intelligence et la pédagogie. Certes cela ne saurait fonctionner avec tous mais est ce que le registre adopté ici sera plus efficace ? J'en doute largement car tenir un discours de tolérance en brocardant violemment certaines personnes est un exercice qui pourra facilement sembler paradoxal à certains. Je crois plus à la réponse du chat du Rabin ou celle de Boorman dans l'exorciste 2 : ne pas nourrir le monstre en répondant à la haine et à la provocation sur un registre sinon similaire du moins voisin. Bien entendu l'intelligence et la bonté, le rire et le savoir ne suffisent pas toujours face à la bêtise et à la fureur ; face au refus de l'altérité et à la recherche de boucs-émissaires… mais nous savons alors que ce ne sont pas les livres qui offrent le dernier rempart : ils brûlent trop facilement.

***

Je conseillerais éventuellement ce livre à qui souffre de l'antisémitisme en particulier et/ou des racismes, de la stupidité, des absurdités de notre monde et qui a envie de tenter, dans un registre « déjanté », d'en rire. Pour autant je crois/crains que ce roman ne déroute bien des lecteurs de Sfar sans séduire pour autant bon nombre de ceux qui qui adhèrent à ses convictions. Et je ne crois pas une seconde qu'il puisse combattre chez quiconque l'antisémitisme, je crains même qu'il puisse produire l'effet contraire chez certains de ceux qui sont sensibles aux discours de haine. Si je ne me trompe pas c'est fort dommage et il me semble qu'ici ce dessinateur talentueux, cet humaniste sympathique et fin, rate largement sa cible.

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Le dernier juif d'Europe

C'est mon premier roman de Joann Sfar... et je me faisais une joie de le lire.

J'avais en effet eu l'attention attirée sur cet auteur par la vidéo de la rentrée littéraire 2016 des éditions Albin-Michel. Cette année-là sortait "Comment tu parles de ton père".

On est ici dans un autre registre.

Il est question de blagues juives, d'antisémitisme, mais aussi de toutes les questions qui font l'actualité politique et sociale de la France, le tout dans un méli-mélo dans lequel je ne suis pas parvenue à me retrouver. Entre les personnages du monde réel et les morts-vivants qui ont des apparences monstrueuses, quelle est l'histoire qui est racontée ? L'histoire est le prétexte à faire passer un message qui est, je trouve, complètement noyé dans l'histoire délirante qui nous est livrée.

A côté de cela, j'ai trouvé que l'auteur avait un regard critique sur la société actuelle, beaucoup d'humour, ... J'ai beaucoup apprécié les illustrations qui nous permettent de nous y retrouver facilement parmi les personnages. J'ai envie de dire que c'est la seule chose limpide pour moi dans tout ce roman.

Bref, ma lecture a été pénible.

Je remercie néanmoins bien sûr les éditions Albin-Michel et Babelio de m'avoir sélectionnée pour découvrir ce roman en avant-première.
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Le Chat du Rabbin, tome 3 : L'Exode

J’ai trouvé cet album moins drôle que les précédents, moins léger, en tout cas.



Il est vrai que le thème est plus triste : le Rabbin est grognon, a du mal à trouver sa place maintenant que sa fille est mariée, alors il décide d’accompagner le couple à Paris, tant pis pour leur intimité, sous prétexte de rencontre la famille de son gendre. On a vraiment l’impression que le voyage sera sans retour.



On quitte Alger sous le soleil, et l’arrivée à Paris se fait sous la pluie, donc les planches deviennent plus sombres, notre Rabbin qui s’est habillé en hiver dès son arrivée à Marseille sue à grosses gouttes et s’enrhume.



On assiste à des rencontres improbables, à la recherche d’un lointain cousin artiste, notamment un chien qui va devenir ami.



Ce matou me plaît toujours autant, surtout quand il tente de perturber la nuit de noces de Zlabya, avec ses démonstrations de jalousie effrénée et que sa maîtresse le laisse dehors.



On retrouve les interrogations sur la religion, les règles du Shabbat, les possibilités de dérive, si on prend tout au pied de la lettre.



Deux situations m’ont plu : le Rabbin et son chat qui dorment dans une église, car il pleut et il n’a pas d’argent. Et le dialogue qu’il a avec le père de son gendre athée.



Encore une belle leçon sur la sagesse, les doutes, la tolérance et une très jolie préface de Georges Moustaki.



Note : 8/10




Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Le Chat du Rabbin, tome 2 : Le Malka des Li..

J'ai trouvé ce deuxième tome de la série du Chat du Rabbin encore mieux que le premier !



Celui-ci est, plus travaillé en ce qui concerne l'histoire.



Ici, Joann Sfar décrit des us et coutumes de la vie des juifs algériens de la première moitié du 20ème siècle. Dans ce tome, il met les projecteurs sur la mort et les rituels qui l'entourent, avec derrière tout ça, toute une réflexion sur le temps qui passent et le cours de la vie qui n'est pas toujours du goût de tous. Et ce n'est pas le chat qui dira le contraire !!



Si l'oeuvre m'a paru plus travaillée, c'est aussi parce qu'elle parle des rapports entre les différentes communautés : les Juifs avec les musulmans, et les Français face aux Algériens colonisés.



(oui, détail qui a son importance pour moi étant donné mes origines : il y a des Arabes musulmans, des Arabes juifs et des Arabes chrétiens au Maghreb et dans les pays du Moyen Orient ! voilà pour la note lexicale du jour)



L'analyse de ces rencontres est d'une justesse épatante et bien sûr pleine d'humour et de tendresse.

(sauf avec les Français, mais c'est bien normal ! là, une fois de plus, le chat pointe de la patte certaines absurdités coloniales)





Pour finir cette critique, je pense qu'il n'y a pas mieux que les mots du très controversé Fellag qui a écrit la préface de ce tome et résume très bien l'esprit du personnage de son "compatriote" :



"Ce chat iconoclaste a une conscience des problèmes humains qui dépassent de loin celle des humains eux-mêmes. Est-ce parce qu'ils n'ont pas la distance qu'il a, lui, pour juger leurs actes et leurs pensées ? Par son analyse des situations alambiquées, par sa révolte contre les intolérances, sa remise en question de l'absurdité de certains dogmes qui sont de véritables étouffe-monothéistes, ce chat nous apprend à regarder la vie avec humour et philosophie. (...)"
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Riviera

Club N°52 : BD non sélectionnée

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Je m'attendais à un vrai polar, au final il s'agit des réflexions d'un vieux délinquant qui sert de prétexte à Sfar pour parler de sa façon de voir la vie, la religion judaïque,...



Même pour Sfar, le dessin est en service minimum.



Certains passages sont très sympas mais ils sont noyés dans un ensemble vraiment trop long.



Gilles

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Joann Sfar propose un récit ancré dans l'univers du polar.



Le récit est plutôt bien mené mais le dessin ne parvient pas à restituer l'atmosphère souhaitée



Yann

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Le Chat du Rabbin, tome 4 : Le Paradis terr..

Quatrième opus des aventures du chat et de son maître le rabbin, on se promène dans le désert avec le Malka pendant que le rabbin est parti égorger des poulets.



Difficile de rédiger un commentaire quand on aborde un album d’une série déjà appréciée. J’ai juste envie de dire que celui-ci est à la hauteur des autres. Un mélange d’humour, d’ironie face aux religions, dans le dépaysement de l’Algérie de la première partie du XXe siècle.



Le dessin, c’est toujours un rabbin rebondi et le chat famélique. L’animal n’est vraiment pas beau avec sa face de rat, mais il a un grand pouvoir de réflexion, car il observe les choses de l’extérieur. Quant au Malka, c’est un homme aux yeux magnifiques, qui plait aux femmes et parcourt le monde tel un pèlerin, mais avec plus d’une ruse dans sa besace.



Une BD qui n’amène pas au paradis, mais une lecture qui réjouit l’esprit.

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