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Critiques de Mahmoud Darwich (52)
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Plus rares sont les roses



Lire c'est errer dans un langage que nous connaissons trop bien. Écrire pour Mahmoud Darwich aussi. Nous entrons ici dans une poésie comme un long pèlerinage aux longues phrases qui lentement s'écoulent mais jamais ne nous conduit dans la patrie du poète, la Palestine, un pèlerinage pourtant dont Mahmoud Darwich doit à chaque pas inventer le tracé.

"Lorsque pour une fois

Nous nous habituons

Au départ

Tous les lieux deviennent

Ecume "



Nous déambulons alors nous aussi dans cette poésie de l'errance à la recherche du pays perdu qui pourtant n'a pas bougé.

"Nous marchons vers un pays qui n'est pas de notre chair. Ses marronniers ne sont pas de nos os."



La patrie est si lointaine comme à jamais absente mais vous colle à la peau... La parole du poète est organique; ainsi le sol, la terre qui s'animent comme les membres d'un grand corps mort plus que vivant.

" Prépare-moi la terre, que je me repose

Car je t'aime jusqu'à l'épuisement"



La patrie, la Palestine, cette femme aimée est elle aussi un voyage

"Nouvel automne pour la femme du feu : sois comme t'ont créée les légendes et les désirs. Sois trottoir pour mes roses qui s'éparpillent. Vents pour des marins qui ne veulent pas prendre la mer. Comme je te désire quand l'automne descend sur l'âme."



Une lecture exigeante, certes, qui nous interpelle à chaque vers, chaque mot, nous lecteurs qui avec le poète devenons expatriés de notre décor usuel pour tracer un langage aux mots simples qui pourtant exprime toute la nostalgie et l'absurde d'une vie en quête du lieu où vivre, où mourir.

N'est-ce pas essentiel en ces jours où la Palestine est dévastée de se souvenir que comme dans tout grand pays avec sa grande culture, il y a des géants d'écriture à (re)découvrir.
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Anthologie poétique

C'est au travers d'une très belle anthologie publiée en 2009 aux Éditions Actes Sud que je retrouve la poésie de Mahmoud Darwich.

Les textes choisis par Farouk Mardam-Bey et traduits par Elias Sanbar sont extraits de quelques-uns des plus beaux recueils du poète palestinien, parus de 1992 à 2005 : Onze astres, Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?, Dans le lit de l'étrangère, Murale, État de siège, Ne t'excuse pas et Comme les fleurs d'amandiers ou plus loin.



Dès les premiers vers du recueil, je retrouve la sensibilité, la mise en équilibre poétique de la parole et des images. Au fil des pages, les thèmes chers à Mahmoud Darwich réapparaissent : l'enfance, l'exil, l'amour, la présence de la femme aimée, le langage, l'histoire, le pays perdu, le souvenir, la maladie, la mort.



Son écriture est une recherche de l'identification de soi, de la reconnaissance d'un peuple. Dans tous ses poèmes, tout semble être le récit d'un exil intérieur, d'une errance subie mais fertile, un envers et contre tout poétique. Ce sentiment d'exil s'étend aussi chez les autres, individu abstrait mais lié à la communauté.



« Nos tasses de café. Les oiseaux. Les arbres verts

Aux ombrages bleus et le soleil qui saute d'un

Mur à l'autre telle la gazelle...

L'eau des nuages aux formes infinies

Dans ce qui nous reste de ciel,

Et d'autres choses encore dont le souvenir est remis

à plus tard,

Montrent que ce matin est fort, resplendissant,

Et que nous sommes les hôtes de l'éternité. » *





Chez Mahmoud Darwich, les thèmes de l'absence et de la présence semblent se superposer, se confondre et teinter la réalité d'une nostalgie particulière. Cette nostalgie, c'est celle de la maison d’enfance détruite, du village natal rayé de la carte, celle de la terre palestinienne (réelle et métaphorique), de sa famille, de la femme aimée, mais c'est aussi celle de l’être-ensemble, de l’unité humaine, celle d'une altérité perdue.



Darwich est un humaniste, un poète de la terre, ce lieu de mémoire et de présent, deux notions du temps indépassables et liées, ce lieu des débuts et des fins où le cœur sans cesse bat.

C'est pour cela que la poésie de Mahmoud Darwich devient essentielle.



« EN UN JOUR À CE JOUR PAREIL



En un jour à ce jour pareil,

dans la travée secrète de l'église,

en une splendeur toute féminine,

en l'année bissextile, dans la rencontre,

ce matin, du vert

éternel et du bleu marin,

de la forme et du contenu,

du tangible et du mystique,

sous une tonnelle débordante,

à l'ombre d'un moineau

qui aiguise l'image du sens,

en ce lieu sentimental,

je rencontrerai ma fin et mon commencement

et je dirai: Malheur à vous deux !

Emportez-moi et laissez

le cœur de la vérité, frais

pour les hyènes affamées.

Je dirai : je ne suis ni citoyen

ni réfugié.

Je désire une seule chose, nulle autre,

une seule chose,

une mort simple, paisible,

en un jour à ce jour pareil,

dans l'allée secrète des sambacs,

une mort qui me consolera,

un peu ou largement,

d'une vie que je recensais

en minutes

ou migrations.

Je désire une mort en ce jardin

ni plus ni moins ! » **





(*) extrait de « État de siège ».

(**) extrait de « Ne t'excuse pas ».



.
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Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

De la poésie, c’est viscéral la poésie, ça parle aux tripes, au cœur, à l’âme.

Pourquoi, comment décrypter les sensations qu’elle fait naître ? Que dire ? Peu importe qu’elle évoque l’amour, la vieillesse, la liberté, les fruits, les feuilles, les fleurs ou les branches, ce qui importe, c’est qu’elle nous touche, nous émeuve.



Je commence ce recueil, je n’adhère pas au texte, je le trouve plat, je m’ennuie. Et puis, je vais écouter l’auteur lire, dire, faire vivre sa parole, re créer le texte. Je ne comprends pas un mot d’arabe, mais peu me chaut, l’émotion arrive et me submerge.

Ce n’est pas un problème de traduction, je n’ai juste pas pu saisir la musicalité du texte sans la voix chaude et lente de Mahmoud Darwich.

Pas de note, la poésie, ça ne se note pas non plus.

Pour écouter le poète

https://www.dailymotion.com/video/x6eb5q

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État de siège

Dès le début de ce sublime recueil, on sait que l'on entre dans quelque chose de grandiose. Car plus que les poèmes d'un auteur, on ressent tout de suite le chant d'un peuple, celui des Palestiniens sans état, en exil, ballottés d'une terre à une autre, déplacés sur leur propre sol. Les vers sont à la fois direct, personnel et un peu plus loin indirect et impersonnel, s'adressant à divers interlocuteurs, acteurs du drame qui dure depuis plus de 70 ans. L'auteur, le grand poète palestinien Mahmoud Darwich interpelle les soldats, les gardiens de prison, les enquêteurs israéliens au fil de ce recueil, mais aussi Dieu, ainsi que les mères palestiniennes qui pleurent leurs fils morts au combat. Oscillant entre la constatation implacable et l'espoir qui peut toujours surgir, le poète n'est jamais haineux, plutôt rempli d'une colère froide, essayant par des appels poétiques forts à faire prendre conscience de l'inanité de la situation, cette terre, sa terre au même titre qu'elle est celle du peuple juif, doit être une contrée de paix, de partage, de compréhension mutuelle. D'ailleurs, certains israéliens l'ont bien compris, demandant jusqu'à que les poèmes de l'auteur palestinien, soient inscrits au programme des élèves israéliens, chose qui fut bêtement refusée par le Premier Ministre de gauche israélien de l'époque, un comble ! En lisant ce livre émouvant, agrémenté de magnifiques photos de la Palestine, on lit et on voit avec une justesse bouleversante, la souffrance injustifiée de ce peuple victime de l'histoire, comme le fut hélas le peuple juif avec la tragédie de la shoah, malheurs des temps obligeant les hommes de bonne volonté à entendre le message poétique de Mahmoud Darwich et surtout à comprendre que seul deux états vivants en bonne intelligence côte à côte, reste l'unique solution pour sortir de cette impasse mortifère à long terme pour les deux peuples.
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Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

Ce recueil de poèmes sera une étape de plus dans mon « tour du monde ».

J’ai d’abord été séduite par le titre, « Comme des fleurs d’amandier ou plus loin », qui est un poème en lui-même.

Ensuite, ces poèmes en prose sont parfois… poétiques, parfois hermétiques. J’en ai aimé certains, qui m’ont touchée ; je suis passée à côté d’autres, que je n’ai ni compris ni sentis.

Perdue dans la « métonymie » (je n’avais jamais autant rencontré ce mot). Manque de certaines références, que j’irai rechercher (le « Collier du pigeon » par exemple).

A découvrir, pour se faire sa propre idée selon son ressenti.
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Anthologie poétique

Avant de commencer, je tiens à préciser que je ne souhaite pas prendre parti quant au conflit israélo-palestinien, je ne donne ici que mon avis d'humble lecteur qui souhaite partager une de ses découvertes littéraires ;-).



Mahmoud Darwich est un auteur que j'ai découvert bien malgré moi durant mes années d'étudiant, sur les bancs de l'école. Je ne connaissais alors pour ainsi dire rien de la littérature ou de la poésie du Moyen-Orient. Ce livre reste d'ailleurs à ce jour l'une de mes seules expériences dans le domaine, je dois l'admettre à ma grande honte. Mais tout d'abord un petit cours d'histoire s'impose afin de mieux comprendre l'auteur.



Mahmoud Darwich nait en Palestine en 1941. Lors de la fondation d'Israël en 1948, sa famille fuit au Liban avant de rentrer. Mahmoud Darwich s'aperçoit alors qu'il n'a plus de maison. Il est donc contraint de trouver un nouvel habitat. Le jeune palestinien devient par la suite un opposant au régime israélien. Ses engagements et ses textes lui valent plusieurs emprisonnements, une assignation à résidence et plusieurs exils (entre autres).



Maintenant que nous connaissons un peu mieux l'homme, je propose de découvrir son œuvre. Mahmoud Darwich se fait ici le poète de l'exil. Il reprend parfois l'histoire de la dépossession des territoires palestiniens par Israël, mais aussi de la manière dont les primo-américains se sont fait dérober leurs terres par les colons. Il reprend également la thématique religieuse à plusieurs reprises, comme pour indiquer le fait qu'il se fait déposséder de sa religion même. Ces poèmes se basent également sur une forme de quête identitaire. Qui sommes-nous lorsque nous sommes dépossédé de notre identité?



D'un point de vue purement esthétique, ces poèmes (bien que traduits d'une autre langue) sont particulièrement bien écrits, ils véhiculent avec brio les émotions du poète. Le vocable est peu complexe, direct, pour un rendu des plus percutants. Un recueil de poèmes, en somme, que je ne peux que recommander.



PS: Si vous désirez en savoir plus sur Mahmoud Darwich, il existe un recueil d'entretiens, "La Palestine comme métaphore", qui devrait vous permettre de mieux comprendre son œuvre.
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Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

Qu'il m'est difficile de parler de ce recueil...



N'étant pas une grande lectrice de poésie, et l'auteur usant abusivement de métaphores et de "métonymie", terme qu'il semble particulièrement apprécié ;), ma lecture a été quelque peu fastidieuse.



Mahmoud Darwich est un virtuose de la langue, l'écriture est magnifique, et je sors de cette lecture avec la tête pleine d'images éthérées, mais... car il y a toujours un mais, dont le sens m'a complètement échappé. Je me sens frustrée de n'avoir pu apprécié ces poèmes à leur juste valeur. Comme devant une "toile" de Maître dont on admire la beauté sans comprendre ce qui retient notre attention.



La deuxième partie du recueil avec ses poèmes plus longs, m'a semblé beaucoup plus accessible.
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Ils ont enchaîné sa bouche avec des chaînes,

Et a attaché ses mains au rocher des morts.

Ils ont dit : tu es un meurtrier.

Ils ont pris sa nourriture, ses vêtements et ses bannières,

Et l'ont jeté dans le puits des morts.

Ils ont dit : tu es un voleur.

Ils l'ont chassé de tous les ports,

Et emporta sa jeune bien-aimée.

Et puis ils ont dit : tu es un réfugié.



Avec des poèmes des années 1960 comme celui-ci, Mahmoud Darwich a fait autant que n'importe qui pour forger une conscience nationale palestinienne. Ses poèmes ont été enseignés dans les écoles du monde arabe et mis en musique ; certaines de ses lignes sont devenues partie intégrante du tissu de la culture arabe moderne.

Encore écolier, grâce à des traductions en hébreu, il a découvert l'œuvre de Federico García Lorca et de Pablo Neruda. Il a été également influencé par la littérature juive de la Torah au poète Yehuda Amichai.



Il a écrit sur les oliveraies et les vergers, les rochers et les plantes, le basilic et le thym. Ses premiers poèmes ont un effet saccadé, comme des grenades à main verbales. Malgré une apparente simplicité, ses courts poèmes ont plusieurs niveaux de sens. Il y a un sentiment de colère, d'indignation et d'injustice, notamment dans la célèbre carte d'identité, dans la voix d'un homme arabe donnant son numéro d'identité :



Je ne déteste pas les gens.

Je ne vole personne.

Cependant

Si j'ai faim

Je mangerai la chair de mon usurpateur.

Méfiez-vous de ma faim

Et de ma colère.



Son œuvre littéraire évolue. Contre toute attente Il y a souvent de l' optimisme dans ses œuvres des années 1980 :



Les rues nous encerclent

Alors que nous marchons parmi les bombes.

Êtes-vous habitué à la mort ?

Je suis habitué à la vie et au désir sans fin.

Connaissez-vous les morts ?

Je connais les amoureux.



Ses travaux ultérieurs sont devenus plus mystiques et moins concernés par la Palestine. Préoccupé par la mortalité humaine, il était négligent pour lui'même (crises cardiaques en 1984 et au début de 1998.)



Darwish a démissionné du comité exécutif de l'OLP suite aux accords d'Oslo de 1993 entre Israël et l'OLP, qu'il considérait comme un "accord risqué". Il a pu retourner en Israël pour voir sa mère âgée en 1995. Les autorités israéliennes lui ont également accordé une autorisation de séjour illimité dans les parties autonomes de la Cisjordanie palestinienne, et il a passé ses dernières années à Ramallah et à Amman, la capitale de la Jordanie.



En 2000, le ministère israélien de l'éducation a proposé d'introduire ses œuvres dans le programme scolaire, mais a rencontré une forte opposition de la part des manifestants de droite. Le Premier ministre de l'époque, Ehud Barak, a déclaré que le pays n'était pas prêt.



L'œuvre de Darwich a été traduite en hébreu et, en juillet 2007, il est retourné en Israël pour une visite et a donné une lecture de sa poésie devant 2 000 personnes à Haïfa. Il a déploré la victoire du Hamas à Gaza le mois précédent. « Nous avons triomphé », a-t-il observé avec une sombre ironie. « Gaza a gagné son indépendance vis-à-vis de la Cisjordanie. Un peuple a maintenant deux États, deux prisons qui ne se saluent pas. Nous sommes vêtus d'habits de bourreaux."



On écoutera les belles interprétations avec lesquelles Rodolphe Burger accompagne ses vers. D'autant plus que dans la même session, il y a une très belle mise en musique du Cantique des cantiques.







Je veux ajouter quelques mots plus personnels;

les hasards de l'existence m'ont permis de rencontrer Mahmoud Darwich et (plus souvent) le chef de la délégation Israélienne lors des négociations entre les Palestiniens et les Israéliens. (Darwich faisait partie de la délégation Palestinienne) Tous deux m'ont fait le même compte-rendu: les négociateurs s'étaient mis d'accord et ils fêtaient cela ensemble quand est arrivée la décision des politiques refusant l'accord. Ils ont alors pleuré dans les bras les uns des autres....
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Le Lanceur de dés et Autres poèmes

Ce beau recueil, traduit par Elias Sanbar et illustré de photographies (par Ernest Pignon-Ernest) de murs portant le portrait de Darwich, parle de nostalgie et de mémoire, du pays qui a été perdu, et de ce qui en subsiste et reste à transmettre.

C'est une poésie très riche mais aussi très, très opaque. Beaucoup de références sont nécessaires pour comprendre tous ses symboles. Mais la beauté de ses mots, souvent, se suffit à elle-même.

Allez lire quelques citations (et même le recueil), cela vaudra mieux que de lire ce modeste avis...

Challenge Poévie

Challenge Globe-trotter (Palestine)
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

"Et la terre se transmet comme la langue". Ces quelques mots qui sont le titre d'un poème, résument peut-être à eux seuls tout le travail d'écriture du très grand poète palestinien Mahmoud Darwich.

La terre, ce lieu de mémoire mais aussi d'un présent tous deux indépassables, ce lieu des débuts et des fins, ce lieu où sans cesse se confrontent les souvenirs intimes, personnels et ceux partagés d'un peuple, de la famille, de l'ami, de l'aimée.



La poésie de Mahmoud Darwich est politiquement engagée, libertaire, profondément humaniste. Poésie apatride et de l'exil, tout en elle prend sa source dans les origines, dans la mémoire de ses ancêtres, de sa terre natale, la Galilée. Cette terre d'absence, cette terre en guerre, cette terre d'affrontements se fait omniprésente dans les poèmes de Darwich.



"Je nomme la tourbe, prolongement de mon âme.

Je nomme mes mains, trottoir des plaies.

Je nomme les gravats, ailes.

Je nomme les oiseaux, amandes et figues.

Je nomme mes côtes, arbres.

Et du figuier de la poitrine, je détache une branche.

Je la lance telle une pierre

Et je détruis le char des conquérants."



Tout au long de ses vers, comme dans une douce et longue élégie, le poète cherche à maintenir l'accord possible entre le désespoir et l'apaisement, à mettre en lumière cet équilibre précaire et fécond, ce lien entre les choses et les êtres. Cette écriture devient un acte de lutte, un acte de foi. Incandescente et lyrique, la poésie de Mahmoud Darwich est l'unique et souveraine résonance de souvenirs, d'une histoire en perpétuel mouvement, celle des débuts, des fins... et des recommencements.



"Comme si je m'en revenais à ce qui est passé,

Comme si j'allais par-devant moi,

Entre le Palais et le consentement,

Je retrouve ma cohésion.

Je suis l'enfant des mots simples,

Le martyr de la cartographie,

La fleur familiale de l'abricot.

Vous qui tenez le fil de l'impossible,

Du commencement jusqu'à la Galilée,

Rendez-moi mes mains,

Restituez-moi l'identité !"











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Le Lit de l'étrangère

Une poésie raffinée, sensuelle qui voit l'homme et la femme comme deux territoires.



Un chant, un cri, une rencontre comme un ailleurs qui se construit entre deux individus, un no man's land, l'envol d'une tourterelle sur un ciel rosé.

Les mots et les vers de Mahmoud Darwich déroulent leur fil d'Ariane de corps à âmes ; ils m'ont ravie et fait rêver, leur douceur longtemps ressentirai comme une caresse.
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La Palestine comme métaphore

Il est assez contradictoire de découvrir un poète par le biais d'entretiens au cours desquels il tente, avec son interlocuteur, d'expliciter son univers poétique, avant même d'avoir lu ne serait-ce qu'un seul de ses poèmes...



Et pourtant ! Mahmoud Darwich est passionnant, et empli de subtilité lorsqu'il s'agit de déjouer les questions pièges. La Palestine comme métaphore est une mine d'or pour quiconque s'intéresse à la poésie et à ses formes, et en particulier à la poésie arabe. Ces échanges "techniques" sont complétés par des réflexions sur les thèmes récurrents du poète : l'exil, le rapport à la terre, la définition de réfugié ou d'étranger, la perception de l'autre, qui peut aussi être l'autre soi...Et si ces thématiques pourraient sembler "classiques" pour tout poète un peu déprimé, elles s'inscrivent sous le prisme d'une analyse particulière du fait de la question palestinienne ; on comprend au fil des pages combien Mahmoud Darwich souffre de n'être considéré "que" comme un poète d'une cause politique, et non pour son art en tant que tel. La tyrannie du lectorat et des critiques n'est pas loin...



La relation entre le poète et ses lecteurs est en effet évoquée plusieurs fois ; mais c'est surtout le rapport qu'entretient Mahmoud Darwich à Israël et à la langue hébraïque qui est intéressant, et que l'on perçoit le mieux dans son entretien avec la poétesse israélienne Helit Yeshurun.



Finalement, en sus des explications poétiques édifiantes, c'est la subtile description du peuple palestinien chassé de son pays et sommé d'en trouver un autre, et comment il s'inscrit dans la géopolitique régionale qui m'a le plus intéressée, n'en déplaise à l'auteur !

La Palestine comme métaphore peut servir de belle introduction au conflit israélo-palestinien, sous un prisme très humain.



Une belle découverte, je lirai sans nul doute les poèmes de Mahmoud Darwich, en espérant que la traduction française soit à la hauteur de ce que laissent présager les belles explications sur la poésie arabe !
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Une mémoire pour l'oubli : Le temps : Beyrout..

En lisant ce roman j'ai longuement hésité sur mon ressenti, naviguant entre l'ennui et un profond intérêt. Le sujet est extrêmement sensible et nous sommes immédiatement plongé dans le quotidien des palestiniens à Beyrouth. J'ai aimé l'amour de l'auteur pour cette ville, qui transpire de ce roman et cette ambiance si particulière de Beyrouth dans les années 80. Ce conflit, vu de l'intérieur et en dehors de toute considération géopolitique était un vrai atout. En revanche, j'ai largement décroché à certains passages notamment en raison de l'absence d'identification des protagonistes. L'auteur n'évoquait les personnages que par lettre et je me suis parfois perdu. Cette confusion a eu raison de moi sur la fin, que j'ai lu un peu rapidement. Alors au final, j'ai trouvé l'oeuvre sensible mais le style ne m'a absolument pas embarqué.
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Palestine, mon pays

Passants parmi les paroles passagères, poème de Mahmoud Darwich, provoqua un tollé en Israël en 1988, quatre mois après le déclenchement de la « Révolution des pierres » dans les territoires occupés. Les autorités, la presse et jusqu’aux « intellectuels libéraux » israéliens s’en saisirent, parfois dans des traductions malhonnêtes, pour dénoncer le prétendu appel à leur extermination qu’ils y lisaient, et nier au peuple palestinien le droit de revendiquer son indépendance.

(...)

L’ensemble de ces documents permet de comprendre les ressorts de cette « affaire du poème » et plus largement de saisir les comportements et les discours qui entravent toute tentative de dialogue.



Article complet sur le blog :
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Comme des fleurs d'amandier ou plus loin

Deux parties distinctes composent selon moi ce recueil de poèmes. La première est formée de quatre parties (toi, lui, moi, elle) à l’intérieur desquelles on trouve plusieurs poèmes brefs qui abordent des thèmes variés et universels tels que l’amour, la solitude, l’imagination. La deuxième partie de ce recueil est composée de quatre longs poèmes intitulés chacun exil 1, 2, 3 et 4. Comme leur nom l’indique, ils évoquent plus spécifiquement les sentiments du poète en exil loin de sa terre. Tous ces poèmes sont emprunts de métaphores et d’une beauté de la langue que la traduction n’a pas altérée pour le plus grand plaisir du lecteur. Je me suis laissée emportée par le tourbillon d’images qu’à su faire naître en moi la poésie de cet auteur que je ne connaissais pas mais qui apparaît incontestablement comme un des poètes majeurs du XXème siècle.

J’ai particulièrement apprécié le poème “pense aux autres” si simple mais si juste.
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Anthologie poétique

Corps du poète



La poésie de Mahmoud Darwich regorge de sensualité et de tendresse humaine. Et cette merveilleuse anthologie, composée de poèmes s’étalant de 1992 à 2005, en porte le vibrant témoignage. Au cœur d’un siècle troublé et d’une existence soumise à des déracinements successifs, le poète palestinien a chanté l’exil et ses douleurs, la bêtise des guerres et cette eau-de-vie qu’est l’amour pour les femmes : mères, sœurs, amantes ; chacune avec la beauté et la plénitude de son mystère propre. La véritable patrie de Darwich fut la poésie, et "les fleurs d’amandier les paroles de son hymne national". Sa poésie est une pluie de roses et d’étoiles, un chant de l’âme pour couvrir le bruit meurtrier des balles.



© Thibault Marconnet

le 14 décembre 2015
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Rien qu'une autre année. Anthologie poétique 19..

«Tes yeux, une épine me déchirant le coeur et que j´adore protège des intempéries enfouies sous la nuit et les souffrances Sa blessure ravive la clarté des lampes. Son lendemain me fait chérir le présent

Plus que mon âme et j´oublie tout aussitôt, dans la rencontre des yeux Que nous étions une fois, tout deux, derrière la porte!» écrit Mahmoud Darwich dans Un amoureux de Palestine, In Rien qu´une autre année, une anthologie poétique composée de poèmes écrits entre 1966 et 1982 et traduits de l´arabe par Abdellatif Laâbi, laquelle a été éditée récemment par les Editions Barzakh. «Mahmoud Darwich a deux métiers: la poésie et le souvenir. Parfois les deux se rejoignent Avec le poème, le souvenir devient miroir, échelle pour le temps et défaite du sommeil et de l´oubli. Célèbre dans le monde arabe, il n´est pas pour autant ce qu´on appellerait un "poète militant". Son engagement est dans l´écriture, dans la poésie; il est loyal envers l´imaginaire de son peuple, de tout peuple voué à l´errance. Rien à voir avec cette poésie qui brandit les slogans et ruine la beauté et l´émotion. Darwich est un poète épique», écrit Tahar Ben Jelloun sur le dos de la couverture du recueil. L´ouvrage se compose de 7 parties poétiques regroupant plusieurs poèmes. On cite Un amoureux de la Palestine, Fin de la nuit (1967), Les Oiseaux meurent en Galilée (1970). Ma bien-aimée se réveille (1970), T´aimer ou ne pas t´aimer (1972, Essai numéro 7 (1972) et Noces (1977).

Les premiers poèmes de Mahmoud Darwich traduisent un lyrisme amoureux dans lequel l´attachement au pays natal se confond avec le sentiment amoureux. Symbole de la patrie, la terre est célébrée comme la «première mère». Au fur et mesure l´engagement politique se révèle franchement. L´écriture s´érige plus complexe en s´intéressant aux mythes et aux symboles. Enfin, dans sa période la plus mûre, cette écriture tend vers une ouverture. Elle voyage, traverse les mers. De la Méditerranée à New York, la problématique identitaire de la Palestine reste posée. Le souffle puissant et épique de Mahmoud Darwich écrit dans La chanson et le sultan: «Allez dire au sultan. Le vent ne saurait être blessé par un coup d´épée. Et les nuages d´été ne peuvent arroser l´herbe. Qui croit sur ses murailles. Mais des millions d´arbres. Verdoient dans le giron du poème.»

Chez Mahmoud Darwich, la poésie naît du sentiment d´exil, de déracinement et de l´appel de l´autre, sa terre, «sa passion» matérialisée dans cet arbre ou encore Rira la bien-aimée, lui, ce soldat du vers libre et du rythme dramatique, cet étranger dans une ville lointaine...Qu´il soit social, familial, amoureux, l´exil est le thème dominant, celui qui appelle la poésie et auquel celle-ci doit répondre.

L´exil est au coeur, la source puissante de la poésie de Mahmoud Darwich. D´Athènes à Galilée, de Babylone à Jérusalem, la poésie de Darwich est faite d´un «pays dépourvu de pays». Elle est confiscation, éloignement, impatience qui est «fleur de jasmin», tremblement, l´appel d´une allégresse de deux corps en fête, un «hymne guerrier», «souvenir d´une première jouissance», égarement et blessures, une corde brisée. Mieux, un passeport, un désir, la voix perdue dans les solitudes...Que de beauté, mélancolie mêlée à du chagrin. Darwich agonise parfois, pleure mais ne rend jamais les armes. Dans Chroniques de la douleur palestinienne le poète écrit à juste titre: «Mon pays est une épopée. Jy tenais le rôle d´interprète. Me voici devenu.

Une des cordes de l´instrument.» Bouleversante poésie de Darwich, cette anthologie met à nu 16 années d´écriture intenses...Impossible de restituer tout le génie artistique de l´écriture de Darwich. A découvrir absolument!
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Et la mort sur ton corps prend

Le visage du pardon.

Et je souhaite mourir

Au cœur du plaisir,ô ma pomme,

Ma femme brisée,

Et je souhaite mourir...



Pour ne pas oublier Mahmoud Darwich, poète torturé par la spoliation, l'exil et la nostalgie de son pays La Palestine.
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La Terre nous est étroite et autres poèmes

Cela fait quelques années que j'ai ce livre de poèmes rassemblés par Darwich lui-même et que souvent j'y reviens pour en lire quelques uns. Je sais que ce poète mort en 2008 est le poète emblématique de ce peuple sans véritable patrie et dont le malheur, la souffrance durent depuis si longtemps sans, il faut bien le dire, que l'on voie une issue à son pénible destin. Mais, sa poésie n'est pas violence, n'est pas haine, rien de tout ça, même si certains textes sont saisissants. Personnellement, j'y trouve tant d'amour pour sa patrie perdue, pour les siens, pour les femmes. Et le thème de l'exil, du bonheur perdu, mais aussi de l'espoir. Et pour moi qui ai l'habitude de la poésie "occidentale", je suis absolument ébloui par le rythme des poèmes, les répétitions souvent changeantes qui sont comme des vagues qui déferlent. La biobibliographie à la fin du livre nous explique les différents périodes de la création poétique de Darwich, révolutionnaire, révolutionnaire et patriotique, lyrique etc... C'est à la fois utile pour comprendre le contexte et, en même temps, on peut tout à fait lire les textes sans trop s'attacher à ce classement. Il y a tant de poèmes que je trouve magnifiques que je ne pourrais les citer tous. Quelques uns quand même: à ma mère, mon père, le mort n°18, descente de la lune, psaumes, la descente du karmil, musique arabe, sur cette terre, la terre nous est étroite, onze astres sur l'épisode andalou, et tous les poèmes de la dernière période dont dispositions poétiques, et nuit qui déborde du corps et l'art d'aimer, ces deux derniers des pures merveilles.
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Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?

"Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?" Voilà la question innocente et poignante que posa un petit garçon à son père qui le traînait loin de leur maison fuyant l'occupant. Ce recueil est un témoignage émouvant que nous rend le grand poète palestinien Mahmoud Darwich. C'est une sorte d'autobiographie poétique.



Cette fois, Darwich trouve son inspiration dans la mythologie qu'elle soit grecque, latine ou ougaritique (Hélène, Anat, Ulysse, Narcisse…); mais aussi dans le Coran (Caïn et le Corbeau, Sourate al Rahman…). Il étend ses ressources vers l'Histoire ancienne aussi et l'on trouve de nombreuses références ; il mentionne même les noms d'écrivains comme Brecht, Homère, Imrou'l Qays ou encore Abou Firas al-Hamdani. Darwich construit son recueil autour d'un mélange symboliste où toutes ces sources hétérogènes cohabitent pour décrire sa situation et l'aident à créer son poème. On retrouve aussi son univers de symboles comme le cheval, l'hirondelle, le papillon, la lune entre autres.



Divisé en six sections, le recueil s'ouvre sur un poème en guise d'introduction qui nous informe sur la veine de cette oeuvre : le poète « ainsi qu'une fenêtre, [qui] ouvre sur ce qu'[elle] veu[t] » ; le poète s'inspire de sources diverses (que j'avais citées plus haut). Dans la première section, il y a des poèmes très célèbres comme ce déchirant dialogue entre le père et son fils alors qu'ils fuient l'ennemi laissant leur maison et leurs biens mais surtout leur passé, leurs souvenirs, leur identité (L'Éternité du Figuier de barbarie). La vie ne sera plus la même ; le sablier du temps s'arrête sans lendemain. Il y a aussi ce poème (La Nuit du Hibou) où le poète décrit le départ douloureux vers l'inconnu. Dans la quatrième section, il y a ce poème sur un dialogue entre deux voyageurs où le poète cherche son identité dans son exil et une expression dans le poème. La pièce suivante dans la même partie (Rime pour les Mu'âllaqat) est un défi par la langue, l'écriture contre l'absence. Enfin, il y a ce poème qui clôt le recueil sur un constat bouleversant ; que la maison délaissée est habitée par l'ennemi.



A travers le recueil, se répètent des questions comme « qui suis-je ? » ; question logique après la perte de son identité et de sa terre natale. D'ailleurs, ici sur Babelio la nationalité de Mahmoud Darwich était longtemps marquée : « à définir » puisque la Palestine ne faisait pas partie de la base de données du site. Heureusement qu'on a dernièrement corrigé cela et ainsi notre cher poète a retrouvé son identité sur ce site, onze ans après sa disparition.



Certains poèmes comme "Je passe par ton nom" et "Le train a passé" ont été mis en musique par le compositeur et chanteur Marcel Khalifé.



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