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Abdellatif Laâbi (Traducteur)
EAN : 9782707312839
94 pages
Editions de Minuit (01/04/1989)
4.46/5   12 notes
Résumé :
« Composée de poèmes en prose ou de vers fondés sur des mètres libres, cette œuvre déroule des aquarelles poétiques nées de l'exil et de l'errance : souvenirs pétrifiés de l'aéroport d'Athènes, fascinations périlleuses de Beyrouth, plaintes minérales de Damas, routes hallucinogènes d'Aden. L'écho des luttes politiques du peuple palestinien se retrouve ainsi dans une toponymie épique où surgissent les évocations mythiques de La Mecque, de Cordoue, de Sumer et de Baby... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Lire c'est errer dans un langage que nous connaissons trop bien. Écrire pour Mahmoud Darwich aussi. Nous entrons ici dans une poésie comme un long pèlerinage aux longues phrases qui lentement s'écoulent mais jamais ne nous conduit dans la patrie du poète, la Palestine, un pèlerinage pourtant dont Mahmoud Darwich doit à chaque pas inventer le tracé.
"Lorsque pour une fois
Nous nous habituons
Au départ
Tous les lieux deviennent
Ecume "

Nous déambulons alors nous aussi dans cette poésie de l'errance à la recherche du pays perdu qui pourtant n'a pas bougé.
"Nous marchons vers un pays qui n'est pas de notre chair. Ses marronniers ne sont pas de nos os."

La patrie est si lointaine comme à jamais absente mais vous colle à la peau... La parole du poète est organique; ainsi le sol, la terre qui s'animent comme les membres d'un grand corps mort plus que vivant.
" Prépare-moi la terre, que je me repose
Car je t'aime jusqu'à l'épuisement"

La patrie, la Palestine, cette femme aimée est elle aussi un voyage
"Nouvel automne pour la femme du feu : sois comme t'ont créée les légendes et les désirs. Sois trottoir pour mes roses qui s'éparpillent. Vents pour des marins qui ne veulent pas prendre la mer. Comme je te désire quand l'automne descend sur l'âme."

Une lecture exigeante, certes, qui nous interpelle à chaque vers, chaque mot, nous lecteurs qui avec le poète devenons expatriés de notre décor usuel pour tracer un langage aux mots simples qui pourtant exprime toute la nostalgie et l'absurde d'une vie en quête du lieu où vivre, où mourir.
N'est-ce pas essentiel en ces jours où la Palestine est dévastée de se souvenir que comme dans tout grand pays avec sa grande culture, il y a des géants d'écriture à (re)découvrir.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
S'envolent les colombes
Se posent les colombes

Prépare-moi la terre, que je me repose
Car je t'aime jusqu'à l'épuisement
Ton matin est un fruit offert aux chansons
Et ce soir est d'or
Nous nous appartenons lorsque l'ombre rejoint son ombre dans le marbre
Je ressemble à moi-même lorsque je me suspends
Au cou qui ne sabandonne qu'aux étreintes des nuages
Tu es l'air se dénudant devant moi comme les larmes du raisin
L'origine de l'espèce des vagues quand elles s'agrippent au rivage
Et s'expatrient
Je t'aime, toi le commencement de mon âme, toi la fin
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Lorsque pour une fois
Nous nous habituons
Au départ
Tous les lieux deviennent
Ecume
Sur laquelle nous flottons
Et vacillons
Chaque fois que le vent
Nous fait vaciller
Et nous nous habituons aux pleurs des chevaux
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Et nous, nous aimons la vie autant que possible.
Nous dansons entre deux martyrs. Entre eux, nous érigeons
pour les violettes un minaret ou des palmiers.

Nous aimons la vie autant que possible.

Nous volons un fil au ver à soie pour tisser notre ciel et clôturer cet exode.
Nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin inonde les routes comme une belle journée.

Nous aimons la vie autant que possible.

Là où nous résidons, nous semons des plantes luxuriantes et nous récoltons des tués.
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Ici s'achève la migration des oiseaux, notre migration, la migration des mots.
Et après nous, un horizon pour les nouveaux oiseaux; après nous, un horizon pour les oiseaux nouveaux.
Et nous qui battons le cuivre du ciel, nous battons le ciel pour qu'il creuse des routes après nous.
Nous nous sommes concilié nos noms au versant des lointains nuages, les nuages lointains.
Nous descendrons bientôt comme des veuves dans la place des souvenirs
Et nous dresserons notre tente pour les ultimes vents : soufflez, soufflez, que vive le poème
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Je dis je parcourrai cette longue route, cette longue route jusqu'au bout, jusqu'au bout de moi-même...
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Videos de Mahmoud Darwich (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mahmoud Darwich
Le 07 octobre 2007, le poète palestinien Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش) lisait son poème “Pour décrire les fleurs d'amandier” au Théâtre de l'Odéon (Odéon - Théâtre de l'Europe). Traduction de l'arabe vers le français : Elias Sanbar. Lecture de la traduction française : Didier Sandre. Peinture : Vincent Van Gogh, “Amandier en fleurs”, 1890. “Pour décrire les fleurs d'amandier” :
Pour décrire les fleurs d'amandier, l'encyclopédie des fleurs et le dictionnaire ne me sont d'aucune aide... Les mots m'emporteront vers les ficelles de la rhétorique et la rhétorique blesse le sens puis flatte sa blessure, comme le mâle dictant à la femelle ses sentiments. Comment les fleurs d'amandier resplendiraient-elles dans ma langue, moi l'écho ? Transparentes comme un rire aquatique, elles perlent de la pudeur de la rosée sur les branches... Légères, telle une phrase blanche mélodieuse... Fragiles, telle une pensée fugace ouverte sur nos doigts et que nous consignons pour rien... Denses, tel un vers que les lettres ne peuvent transcrire. Pour décrire les fleurs d'amandier, j'ai besoin de visites à l'inconscient qui me guident aux noms d'un sentiment suspendu aux arbres. Comment s'appellent-elles ? Quel est le nom de cette chose dans la poétique du rien ? Pour ressentir la légèreté des mots, j'ai besoin de traverser la pesanteur et les mots lorsqu'ils deviennent ombre murmurante, que je deviens eux et que, transparents blancs, ils deviennent moi. Ni patrie ni exil que les mots, mais la passion du blanc pour la description des fleurs d'amandier. Ni neige ni coton. Qui sont-elles donc dans leur dédain des choses et des noms ? Si quelqu'un parvenait à une brève description des fleurs d'amandier, la brume se rétracterait des collines et un peuple dirait à l'unisson : Les voici, les paroles de notre hymne national !
Source : France Culture
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