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Critiques de Michael Moorcock (568)
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Les Livres de Corum, tome 6 : Le Glaive et ..

Dernier tome du cycle de Corum. Je suis content d'en être venu à bout.



Cette conclusion reste dans le ton de la deuxième trilogie. Il bénéficie de l'agréable atmosphère celtique dessinée par les noms de lieux et de peuples, les artefacts magiques en relation avec la nature et leur sanctuaire de Craig Dôn qui ressemble à un grand Stonehenge.



Cependant j'ai le sentiment que Michael Moorcock a forcé le comportement de ses personnages de façon à ce que l'histoire aille dans le sens qu'il avait prévu. Leurs réactions sont exagérées. Par exemple Goffanon le nain Sidhi qui, parce que Corum décide de braver le danger en partant à la recherche d'éventuels alliés extrêmement dangereux, l'engueule et lui hurle qu'il n'est plus son ami. L'alternative était pourtant la défaite inéluctable des Mabdens (les humains quoi) devant les effroyables Fhoi Myore. Corum n'avait guère le choix alors que Goffanon recommandait seulement que les Mabdens meurent dans l'honneur.

Autre réaction forcée, celle de l'aimée de Corum, Medhbh, complètement énamourée, qui ne donne pas à Corum le bénéfice du doute alors qu'il explique que ce n'est pas lui, mais un double maléfique, qui a massacré leurs amis. Je ne m'explique pas non plus pourquoi elle agit comme elle le fait à la fin, qu'est-ce qui la persuade que c'est nécessaire.



Je suis de plus en plus en plus blasé et impatient devant les péripéties violentes qui parsèment les quêtes des héros moorcockiens, toujours à devoir affronter des animaux immondes ou des démons pour simplement avancer sur leur chemin. C'est encore le cas ici. Et ce n'est pas vraiment compensé par des scènes de discussion un peu philosophique, comme dans les deux tomes précédents. Corum ne se révèle pas un grand guerrier, souvent en difficulté ou maladroit, souvent sauvé de justesse par un ami ou par la chance.



De bons moments cependant, comme le superbe chant de Goffanon pour « bénir » le glaive de Corum qu'il vient de forger. Ou la scène de fin plutôt émouvante, si on laisse de côté son aspect « forcé » là aussi.



Malgré l'incontestable amélioration que représente la deuxième trilogie par rapport à la première – c'est mon sentiment en tout cas – Corum est loin de représenter mon incarnation préférée du Champion Éternel. Mon coeur balance entre Elric et Hawkmoon. Je suis cependant heureux de l'avoir lu car il attisait ma curiosité depuis longtemps, du fait de ses rares apparitions dans les autres cycles.

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Le Cycle d'Elric, Tome 7 : L'épée noire

Après le très décevant « la revanche de la rose », « l’épée noire » vient me réconcilier avec Elric mais pas totalement. Ce volume se compose de 4 histoires à part entières mais qui ont une certaine continuité.



La première histoire, « le voleur d’âmes » n’est pas mauvaise mais elle ne m’a pas emballée. Je l’ai trouvé assez plate, manquant d’un arc narratif fort. Un récit bien peu marquant dont je me souviens à peine 2 jours seulement après ma lecture.

« Les rois oubliés » en revanche m’a rappelé pourquoi j’aime le cycle d’Elric. Dans ce récit, Moorcock déploie tout son talent stylistique et narratif. L’intrigue est très bonne et l’auteur instaure une ambiance gothique très prenante. Un régal !

Vient juste après l’autre très bonne histoire du tome, « les porteurs de flamme ». C’est un récit épique et barbare qui réunit tout ce que j’aime dans cette saga : de la magie, des combats énormes, des méchants très cruels, une dose de poésie mélancolique. Un très bon texte.

Malheureusement « l’épée noire » se clôt sur une déception. L’épilogue, intitulé « Tanelorn », m’a profondément ennuyé. Cette histoire ne met même pas en scène Elric et l’intrigue est très terne.



Si je n’ai pas été complètement convaincue par ce tome, le dernier texte étant pire que « la revanche de la rose », les deux récits réussis de ce volume méritent à eux seuls la lecture de cette « épée noire ».



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Le Cycle d'Elric, Tome 6 : La revanche de l..

Pas mal de temps s’est écoulé depuis ma lecture de l’excellent « la sorcière dormante », 5ème tome du cycle d’Elric. C’est peut-être une des raisons qui explique que ce 6ème volet m’ait beaucoup moins enthousiasmée mais il me semble qu’on peut objectivement affirmer que « la revanche de la rose » n’est pas dans le haut du panier de la série consacrée au Prince de Ménilboné.



Tout n’est pas à jeter dans « la revanche de la rose ». Il y a de bonnes idées et la découverte de certains aspects de la lutte entre la Loi et le Chaos sont intéressants. Mais hélas, je me suis un peu ennuyée au cours de ma lecture. Ce 6ème tome manque d’action mais ça n’est pas forcément quelque chose qui me dérange, parfois j’aime assez les récits d’ambiance et je ne suis pas contre un côté contemplatif mais là ça n’est pas bien rendu. J’ai eu l’impression que Moorcock ne savait pas où il voulait emmener son récit. C’est assez confus, les bonnes idées semblent ne pas être exploitées dans tout leur potentiel, d’où une certaine frustration, d’autant plus que certains passages moins intéressants sont très étirés.



Cette petite déception ne va pas m’empêcher de poursuivre le cycle, je suis toujours fan de l’albinos. J’espère juste que « l’épée noire » sera meilleur.



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La Quête d'Erekosë, tome 3 : Le Dragon de l'Epée

Quel cycle ! Je crois même que pour le moment je le préfère à celui d’Elric (je dis pour le moment, car je n’ai pas fini le cycle d’Elric). Le 1er tome, « le champion éternel » était très très bon, le 2ème, « les guerriers d’argent » était moins réussi que le précédent mais tout de même très plaisant, « le dragon de l’épée » vient conclure la trilogie en apothéose. Cet ultime volet est excellent, pour l’instant le meilleur Moorcock que j’ai lu.



L’intrigue est parfaitement construite, les péripéties s’enchaînent les unes aux autres de façon fluide et cela à un rythme prenant sans être hystérique.

L’auteur créé un univers passionnant, riche et complexe. Le lecteur va de découverte en découverte tout au long du roman. Les descriptions sont formidables et rendent le récit très immersif. Lorsque Moorcock décrit l’embarcation d’Armiad, depuis son allure jusqu’aux odeurs qui l’imprègnent, c’est saisissant, on s’y croirait.



Les personnages sont l’autre point fort du « dragon de l’épée ». En premier lieu, le personnage du champion éternel est très réussi. Plus mélancolique que jamais, de plus en plus tourmenté par ses diverses personnalités, c’est dans ce tome qu’il se montre paradoxalement à la fois le plus humain et le plus héroïque. Son acolyte, Von Bek, est un superbe sidekick, un des meilleurs que j’ai croisé dans ma vie de lectrice. Sympathique, charismatique, courageux, pertinent dans ses réflexions, il ne se contente pas de jouer les faire-valoir, il a une vraie épaisseur. Le fait qu’il vienne du même monde que John Daker, l’incarnation la plus « normale » du héros, apporte une dimension intéressante et permet d’humaniser encore d’avantage le champion éternel.

On peut dire qu’un sidekick est vraiment réussi lorsque ce personnage aurait pu être le personnage principal d’un livre. C’est totalement le cas ici. D’ailleurs, Von Bek est le héros d’un autre cycle de Moorcock (apparemment pas édité en entier en France).



Le champion et Von Bek ne sont pas les seuls personnages réussis. Tous les personnages secondaires sont très bien campés et prennent vie sous la plume de l’auteur. Alisard est à la fois attachante et impressionnante par sa combativité, les princes ursins sont magnifiques, les méchants, Armiad et Sharadim en tête, sont détestables à souhait.



Avec ses formidables personnages, des aventures trépidantes dans des paysages variés, des passages inattendus, Moorcock fait vivre plein de belles émotions au lecteur jusqu’à une fin que j’ai trouvé particulièrement intelligente.

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La Quête d'Erekosë, tome 1 : Le Champion éternel

Je ne voulais pas me lancer dans un autre cycle de Moorcock avant d'avoir fini celui d'Elric. Finalement, le destin (et une lecture commune) en ont décidé autrement et me voilà lancée dans le cycle d'Erekose.



Erekose étant une autre incarnation du champion éternel, il est impossible de ne pas faire de comparaison avec Elric. Je pense que globalement, je préfère le personnage d'Elric à celui d'Erekose. Elric me semble plus profond, plus complexe qu'Erekose, plus réfléchi aussi et son côté mélancolique me séduit pas mal. Mais Erekose est tout de même un personnage passionnant. Sa caractéristique la plus intéressante est qu'il a conscience de ses autres personnalités, ce qui lui donne un côté schizophrène assez fascinant.

Un peu comme Elric, il répugne à se battre malgré son statut de guerrier ultime et éternel (et ce même s'il semble prendre plaisir pendant le combat lui-même). Le voir confronté à des questionnements sur la légitimité d'une extermination ou sur la valeur de la parole donnée donne au roman une dimension profonde et une richesse qui vont au delà du simple divertissement.



Ceci dit, l'aspect divertissement est bien là. Et c'est tant mieux. Je crois que c'est le Moorcock que j'ai lu le plus vite. L'écriture est simple et vive. On y trouve moins le côté poétique et lyrique qui faisait d'Elric une lecture à la musicalité très particulière.

Les scènes de batailles sont nombreuses et épiques à souhait. Le roman est vraiment très prenant.



Comme j'ai beaucoup aimé ce "champion éternel", me voici donc avec un nouveau cycle sur le dos... pour mon plus grand plaisir.



Challenge ABC 2017-2018 - 6/26
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Le Cycle d'Elric, Tome 4 : Elric le Nécromanc..

Par ordre de parution la saga d'Elric de Melniboné débute en avec 1961 avec "The Dreaming City" / "La Cité qui Rêve"… (qui ne va pas rêver longtemps de sa splendeur, d'où le parenté avec le "Dune" de Frank Herbert qui lui aussi avec un magnifique sens of wonder nous a offert un univers fabuleux juste avant de le détruire !)

Et cela me navre au plus au point de devoir passer par la case mise au point…

En Angleterre, elle est considéré comme un fleuron de la « literacy fantasy », ces œuvres appartenant aux genres de l'imaginaire qui du point de vue de leur qualité d'écriture n'ont absolument pas à rougir de la comparaison avec les classiques ; en France, elle est encore souvent décriée comme de la sous-littérature située quelque part entre le roman de gare et le catalogue des poncifs du genre… Qui a raison et qui a tord ? Et bien il suffit de comparer la vitalité de la littérature et du marché du livre dans ces deux pays pour comprendre que la France continue de s'enfoncer lentement mais sûrement dans les sables mouvants de l'élitisme sans élites…

Après je ne vais pas vous mentir, il y a aussi à boire et à manger dans cette saga débutée il y maintenant plus d'un demi-siècle et qui comprend des chefs-d'oeuvre, des ratés, des préquels, des séquels, des spin-off, des crossovers et ses propres et pastiches… Et puis, le pessimisme du personnage et la noirceur de l'ambiance peuvent lasser aussi…





Dans l'univers des Jeunes Royaumes, Elric VIII est le 428e souverain de Melniboné, empire sorcier mourant héritier de milliers d'année de magies impies. Albinos, chétif et mélancolique, il ne doit la vie qu'aux expédients que chaque jour il prend, et il est dès le départ Foutu Au Berceau car matricide et parricide involontaire, puisqu'en naissant il a pris la vie de sa mère, avant de prendre celle de son père Sadric LXXXVI mort de chagrin avec le temps… Bibliophile contre son gré puisque cloîtré par nécessité, il est l'homme le plus cultivé de son temps et entend bien mener les réformes nécessaires à la survie de son peuple… (en cela Elric de Melniboné est un peu le Gary Stu de Michael Moorcock ^^)

Sa rivalité avec son cousin Yrkoon, l'homme qu'il aurait dû être n'y était marqué dans sa chair, va provoquer sa chute, celle de son pays et celle du monde tout entier, car pour sauver sa bien-aimée Cymoril il va ouvrir une brèche entre les dimensions aux Dieux du Chaos autrefois bannis par les Seigneurs de la loi et qui vont se jouer de lui… Nous assistons donc à sa chute graduelle et terrible, l'empereur devenu vagabond ne cessant de faire le mal en voulant faire le bien puisque chacune de ses victoires profite à ceux qui sont responsables de sa triste condition, tandis que se jouent un à un les actes d'une tragédie eschatologique qui va embraser le monde entier et amener le crépuscule des dieux tout comme la fin de l'humanité…

Elric est maudit à plus d'un titre donc fait très bonne figure aux côtés d'Hamlet, d'Othello, du Roi Lear ou de MacBeth, tandis que l'ombre tutélaire d'autres figures shakespearienne plane sur les personnages de cette saga Dark Fantasy qu'on pourrait qualifier de réappropriation grimdark des oeuvres du légendaire dramaturge anglais.

Les influences de l'auteur donnent le vertige : Edgar Rice Burroughs, Poul Anderson, Fletcher Pratt, Mervyn Peake, T.H. White, Jane Gaskell, mais aussi Bertolt Brecht, Jean-Paul Sartre et Albert Camus… Il réussit même l'exploit de marier le Kullervo du "Kalevala" finnois, et le Monsieur Zénith du pulp "Sexton Blake", le Kull de R.E. Howard (auteur qu'il a toujours adoré pour les raisons que l'on sait) et le Túrin Turambar de JRR Tolkien (auteur qu'il a toujours détesté pour les raison que l'on sait), et cherry on the cake, le tout sur fond de roman gothique à l'ancienne comme ceux de William Beckford et Matthew Gregory Lewis…



Sinon, non Elric n'est pas une antithèse de Conan le Barbare, mais un frère caché de Kull l'Atlante ! ^^

Deux souverains aimés de leur peuple respectif, détestés et haïs par une aristocratie mixophobe et hostile à tout changement, tous les deux cérébraux et torturés, se perdant dans leurs réflexions métaphysiques lors de leurs accès de mélancolie...

Sinon, non les Melnibonéens cruels et sadiques ne sont pas une antithèse des Elfes pacifistes et artistes de JRR Tolkien (même si pour le coup il s'est fait une joie de faire un bras d'honneur à celui qui incarnait tout ce qu'il ne supportait pas)… Melniboné n'est en fait qu'une allégorie du Royaume-Uni des années 1950 englués dans le délitement et le démembrement du Commonwealth avec des élites perdues dans leurs rêves d'empires coloniaux au lieu de faire face aux réalités du présent, d'où le singulier développement après la victoire contre le nazisme d'un courant ultranationaliste impérialiste et raciste…





1964, "Le Songe du Conte Aubec" : 4/5





1961, "La Cité qui Rêve" : 5/5





1961, "Tandis que rient les dieux" : 4/5





1967, "La Citadelle qui chante" : 3/5







Vous aurez noté que j'ai scrupuleusement évité de mentionner nommément une certaine épée runique buveuse d'âme qui apporte la tempête, car la nommer c'est prendre le risque de l'appeler… ^^
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Le Cycle d'Elric, tome 9 : Elric à la fin des..

Alors alors... Je pense être la seule dans ceux qui ont mis leur avis à avoir lu (et adoré) "les danseurs de la fin des temps"...

Grave erreur (pour les autres). Car pour apprécier la nouvelle "Elric à la fin des temps", et bien il faut avoir lu la trilogie. Et là, point n'est besoin de faire appel à l'imagination car Moorcock a fait un travail de description formidable dans cet opus. Qu'Elric confonde les habitants de ce monde en déliquescence avec des "seigneurs du chaos" est juste the cherry on the cake de l'humour moorcockien.



Pour ma part, c'est avec un plaisir immense que j'ai retrouvé les personnages et l'atmosphère déjantés de la Terre en fin de vie, les distorsions temporelles qui y sont liées et les délires créateurs de ces personnages si délicieusement futiles.

Rien que pour ce plaisir, je ne peux pas mettre une note en dessous de la moyenne, forcément.



La seconde et très courte nouvelle est juste, effectivement, pour le plaisir de retrouver Elric une dernière fois.



La troisième nouvelle est juste une horreur, à la fois d'écriture et de traduction (mais bon, le texte de base est mauvais, c'est un fait). Totalement incohérent, sans humour, on dirait un mauvais synopsis de roman ou de film d'action de série z. Ce qui m'a fait sourire c'est comment Moorcock se la pète dans son introduction datée de 1983. Je cite : "J'ai toujours éprouvé beaucoup de facilité avec la fantasy et je suppose qu'il est courant de faire peu de cas de ce qu'on l'on réalise sans peine".



Ben vu "Sojan" (écrit à 17 ans, certes, mais on peut se demander comment ça a pu être sélectionné pour être édité, franchement), je crois qu'il a quand même du bosser un brin avant d'arriver à un résultat comme Elric, et plus encore pour "les danseurs de la fin des temps", ses bouquins les plus aboutis à mon sens.

On a beau être doué, sans du travail autour, on peut écrire comme un pied.



La dernière nouvelle, j'ai bien aimé, sauf la fin, un comble, mdr !



Je vais quand même mettre 3 étoiles, mais entendons-nous bien, c'est juste pour Elric ! ;-)
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La légende de Hawkmoon - Intégrale, tome 1

Cette année les éditions Pocket ont eu la bonne idée de publier en intégrale la légende de Hawkmoon. Vingt ans après avoir lu le cycle d’Elric, il n’en fallait pas plus (mais pas moins) pour me lancer dans la découverte de ce nouvel avatar du champion éternel.



Cette intégrale regroupe les quatre premiers tomes qui forment un cycle complet. La suite (sortira-t-elle en intégrale 2 ? Mystère ! La politique éditoriale de Pocket en SFFF est indéchiffrable actuellement). L’univers construit par Moorcock est séduisant. Une Terre post-apocalyptique, un Ténébreux Empire de Granbretanne piétinant l’Europe de son pied cruel. Des guerriers granbretons innombrables, aussi expressifs que les stormtroopers, rangés en armées casquées de têtes de loup, chèvre, cochon, etc. Une résistance Kamargaise acharnée menée par une bande de héros attachants dont Hawkmoon est le porte-drapeau. Science symbolisant le Mal contre magie soutenant le Bien (soupir !). Frontières artificielles entre science-fiction et fantasy allègrement franchies.



Dans la pratique, le cycle révèle une écriture superficielle et manque de force. Nombreux sont les enchainements de péripéties sans conséquences où Hawkmoon tranche dans la chair d’une bestiole ou décapite des monstruosités humaines. Nombreux sont les dialogues poussifs et les phrases dignes de séries Z genre « sois maudit, je t’aurai un jour ! ». Le héros prisonnier du destin imposé par les forces de l’Ordre n’a aucun libre-arbitre. Les femmes ont un rôle très mineur ; on pourrait accuser l’époque si trente ans plus tôt R.E. Howard n’avait pas créé des personnages féminins d’un impressionnant charisme comme Valéria (Conan – « les clous rouges »).



En fait je crois que j’attends trop de Moorcock. Si l’on attaque le cycle en se disant « c’est du pulp post-apo sans prétention, juste pour se détendre », ça passe très bien. J’ai adopté cette vision sur les deux derniers tomes : pas de prise de tête, comme quand j’ai lu « La guerre de la faille » de Raymond Feist. Même si Hawkmoon lui-même manque de charisme, certains seconds rôles comme le comte Airain et surtout Huillam D’Averc, qui évolue de l’ombre vers la lumière, tirent leur épingle du jeu. De plus on s’amuse à essayer de retrouver dans les noms de lieux les références contemporaines. Le cycle fourmille d’ailleurs de références au XXème siècle transformées en légendes à l’époque du récit.



Avec ce récit, Moorcock perd quelques places dans la liste de mes auteurs fantasy préférés. Mais je considère encore qu’il vaut la peine d’être lu.



PS : Un grand merci à Alfaric à qui j’ai emprunté sans le lui demander l’expression « pulp post-apo ». Tu me diras combien je te dois. ^^

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Les danseurs de la fin des temps, tome 1 : ..

De Moorcock, je n'avais pour l'instant expérimenté que « Glorianna ou la reine inassouvie », excellent roman consacré à l'Angleterre élisabéthaine et baignant dans une ambiance onirique très particulière qui m'avait aussitôt séduite. On retrouve plus ou moins le même climat dans ce premier volume des « Danseurs de la fin des temps », tétralogie dans laquelle l'auteur met en scène notre monde dans un lointain futur, alors qu'il s'apprête à toucher à sa fin. L'occasion pour le lecteur de plonger dans un univers baroque et décadent où la magie règne en maître, et de faire connaissance avec des personnages hauts-en-couleur, immortels ne connaissant aucun tabou ou limite, esthètes, collectionneurs, créateurs et destructeurs de monde. Malgré cette flamboyance qui les anime, tous ont cependant oublié l'existence des véritables sentiments : n'existent que le plaisir, le divertissement, et des mots tels qu' « amour », « vertu » ou « morale » n'ont pour eux qu'une vague signification, fort éloignée de celle que nous connaissons. Aussi quel coup d'éclat, lorsque l'un d'eux se déclara épris de la ravissante Amélia, jeune anglaise respectable arrivée tout droit du XIXe siècle!



On le sait, Moorcock n'a pas son pareil pour mettre en scène des univers exubérants et n'hésite pas à bousculer tous les repères et les certitudes de ses lecteurs. De ce point de vue là, « Une chaleur venue d'ailleurs » se révèle être une vraie réussite, tant grâce à l'originalité du monde et des personnages que grâce au style même de l'auteur qui manie sa plume de façon très inspirée et poétique. Mais là où le roman se distingue véritablement, c'est en la palette de sentiments très variés qu'il fait naître chez le lecteur qui ne cesse d'osciller tout au long du récit entre amusement et mélancolie, sans pouvoir vraiment opter pour l'un ou l'autre. L'humour tient en effet une place non négligeable dans le roman qui fourmille de références complètement erronées ou déformées à notre passé. On se rend cela dit vite compte que rien ni personne n'est vraiment ce qu'il paraît être et que, sous leur façade de libertins vides de toutes émotions, chaque personnage cache en réalité quelque chose de beaucoup plus profond.



« Une chaleur venue d'ailleurs » s'apparente en quelque sorte à un ovni littéraire, mêlant habilement science-fiction, fantasy, romance et humour. Moorcock y met en scène un monde flamboyant et des personnages pleins d'ardeur dont on suit avec intérêt l'apprentissage de ce qu'est la condition humaine, avec toutes les joies et les peines que cela implique.
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Le Cycle d'Elric, Tome 2 : La forteresse de..

"La Forteresse de la Perle" est le deuxième tome des aventures d'Elric mais il fut écrit ultérieurement au cycle originel par Moorcock (j'entends par là l'ensemble des ouvrages parus dans les années 60-70, bien que ces termes pourraient avoir une définition plus restreinte), en 1989, au même titre que "la Revanche de la Rose" (1991).



Elric a décidé de voyager, laissant le trône de Melniboné à Yrkoon, son ambitieux cousin. Il abandonne aussi Cymoril, sa bien-aimée, lui promettant de revenir au bout d'une année. Il est en quête de lui-même et d'un monde où la justice serait une réalité. Ayant poussé plus loin que les Jeunes Royaumes, il s'est aventuré dans le Désert des Soupirs, qu'il ne connait pas. Bientôt affaibli par le manque de vivres et des remèdes indispensables à sa survie, il finit néanmoins par rejoindre l'antique cité de Quarzhasaat, qui était, autrefois, à la tête d'un empire rival de celui de Melniboné. Là un noble sans scrupules lui propose un ignoble marché, dont l'enjeu est la Perle au Coeur du Monde...



J'ai beaucoup apprécié les premiers chapitres de ce roman (en gros jusqu'à ce qu'Elric arrive à l'oasis Fleur d'Argent) : l'ambiance orientale, un effort certain d'écriture, notamment dans les dialogues (hélas mis à mal par une traduction au rabais, du genre "Elric était insincère dans ses déclarations")...Et puis on sent l'effort de Moorcock pour donner davantage d'épaisseur à son héros fétiche. Par contre j'attendais beaucoup (trop ?) des pérégrinations d'Elric au pays des Songes (ou se situe la Forteresse de la Perle) mais une certaine paresse dans les descriptions (qui auraient franchement pu avoir une autre gueule vu le contexte), des embûches vite expédiées, bref des aventures "en solde" ont fait naître une certaine frustration. Heureusement que Moorcock nous gratifie d'un personnage féminin assez marquant (Oone, la voleuse de songes), à la fois alter ego et antithèse d'Elric.



Je ne peux d'ailleurs m'empêcher de songer, même si je n'ai pas souvenir d'en avoir vu beaucoup dans les autres romans ou nouvelles d'Elric, que l'auteur s'en sert pour affirmer ses convictions féministes. Il ne faut jamais oublier que l'albinos est un enfant du swinging London. Ainsi, bien que cela soit léger et qu'il ne faille pas voir dans ce roman davantage qu'un divertissement, la guerre, le colonialisme et le racisme sont explicitement ou implicitement dénoncés, parfois de façon un peu naïve, mais à l'évidence sincère.



Au final, un Elric plustôt sympathique, pas le meilleur mais il se laisse lire. Pour terminer quelqu'un peut-il m'indiquer, SVP, s'il existe une traduction CORRECTE d'Elric, parce que là franchement...



PS : les ultimes lignes nous ménagent une sacré révélation, je ne sais si elle fut exploitée ultérieurement par Moorcock.



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Les Livres de Corum, tome 5 : Le Chêne et le ..

Cette suite de la seconde trilogie de Corum est tout à plaisante, malgré un ou deux détails qui m’ont un peu gêné.



C’est plaisant par le décor qui, comme plusieurs critiques l’ont rappelé, est d’ambiance celtique, peut-être même plutôt irlandaise (je ne suis pas assez calé, là). Les noms de peuples et de lieux ont énormément de saveur : Tuha-na-Manannan, Caer Mahlod… ça localise pas mal. Les objets magiques, sujets de quêtes, s’inspirent de la nature : Chêne d’or, Bélier d’argent. Même les ennemis, qui engloutissent de froid tous les lieux où ils passent, ont un nom qui rappellent un peuple de la mythologie irlandaise (Fhoi Myore fait penser à Fomoires).



C’est plaisant aussi du fait de la présence de personnage plus désinvoltes et joviaux que le sombre Corum. Je pense surtout aux Sidhis : le nain Goffanon – nain mais aussi grand que Corum – et le géant de l’Océan Ilbrec – Goffanon est donc un nain comparé à la taille normale des Sidhis. Leur humeur est toujours joyeuse, et lorsque tout semble perdu, ils accueillent la fin avec un haussement d’épaules et des coups de haches.

Mais la jovialité n’empêche pas les moments sombres. Les Fhoi Myore se révèlent des adversaires implacables du monde mabden (les hommes de ce plan d’existence). Soldat, femmes et enfants morts gelés et villes fantômes rappellent l’intensité du danger sans compromission.



Quelques éléments m’ont cependant gêné. Par exemple le fait que Corum traverse l’Océan rapidement dans un petite barque, qui m’a fait penser que cet océan a la taille d’une flaque d’eau. La chance insigne dont bénéficient les héros pour se sortir des ornières aussi. Le dieu Michael Moorcock intervient pour leur sauver la mise.



Il me reste un tome pour finir le cycle. Si j’en crois les prophéties et l’attitude plus qu’inquiète de Corum à la fin de ce tome-ci, il risque d’être un poil plus douloureux. Mais je ne crois pas que, dans le genre, l’auteur puisse dépasser la fin du cycle d’Elric.

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Le Pacte de Von Bek : La Cité des étoiles d'aut..

Après avoir découvert Moorcock avec Le Chien De Guerre, je poursuis la lecture de cet auteur via ce second volet du Pacte de Von Bek, en espérant conforter la très bonne impression qu'il m'avait fait.



Plus d'un siècle après la rencontre entre Ulrich Von Bek, son aïeul, avec Lucifer, nous voilà donc au côté de Manfred, révolutionnaire dans le Paris de 1793, se demandant comment conserver sa tête accrochée à son cou le plus longtemps possible, dans cette période un peu bordélique de l'histoire.

A l'instar du premier opus, Moorcock prend pour appui une période historique précise et conforme avant d'y développer son univers fantastique, ses intrigues et ses mystérieux personnages.



D'emblée, je suis de nouveau séduit par son style, sa plume raffinée et son humour grinçant. Je me rends compte également assez vite que la trame du récit est identitique au premier livre de cette saga.

Bon, il s'est pas trop foulé, mais si le contenu est soigné, je ne lui en tiendrai pas rigueur, promis.

Sauf que voilà, il n'y a pas que le côté réchauffé qui m'a déçu dans ce bouquin.

En premier lieu, il faut s'armer de patience avant qu'il ne se passe quoi que ce soit de concret. L'auteur se fait un malin plaisir à développer de riches dialogues et des pensées fournies sur la révolution et toutes les conséquences qu'elle a pu avoir sur Von Bek, les acteurs politiques ou encore le peuple, tout simplement.

Là où, dans Le Chien De Guerre, les digressions tournaient principalement autour des croyances religieuses et occultes, ce qui n'était pas pour me déplaire, ici, on cause politique. Et ça cause beaucoup...

En soi, ca ne me dérange pas. Au contraire, j'apprécie les histoires aux contextes historiques détaillés, mais là, on perd souvent le fil.



Passons, ca va démarrer et je pourrais ravaler mes quelques critiques, il peut pas mettre 150 pages à démarrer, et nous servir une pâle copie du premier volet!

Et pourtant...

La poursuite du Graal, une femme mystérieuse et envoûtante, un ennemi détestable et tenace, Lucifer... Honnêtement, c'est quasiment un copié/collé, d'une facture bien moindre, et faisant le double de pages sans raisons apparentes.



C'est dommage, la sauce n'a pas pris. Des personnages un peu trop caricaturaux, une intrigue qui part un peu dans tous les sens, et des longueurs... reprendre la recette d'origine n'aura pas suffit à masquer ces lacunes.

J'ai déniché une vieille édition d'Hawkmoon cet été sur un marché, espérons grâce à elle repartir sur de bonnes bases avec cet écrivain.
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La Quête d'Erekosë, tome 3 : Le Dragon de l'Epée

Et voilà, la quête d’Erekosë s’arrête ici, avec ce roman écrit 17 ans après les deux précédents (qui sont de 1970) et qui est aussi long que ces deux réunis. Un tome dont j’ai trouvé certains éléments excellents et d’autres moins réussis que dans les deux premiers.



Il faut saluer l’effort que Michael Moorcock a porté sur le décor ; il se révèle aussi riche de ceux de Jack Vance. L’auteur développe l’action dans un ensemble de royaumes plus ou moins liés qui n’est pas sans évoquer les neufs mondes d’Yggdrasil de la mythologie scandinave, allant jusqu’à les nommer par des noms sonnant mi-néerlandais, mi-allemand (Maaschanheem, Rootsenheem, etc.).

L’auteur habite ses mondes de sociétés originales, même s’il n’a pas le temps de développer pleinement le potentiel de chacune. Les coques en particulier, ces immenses villes de bois qui se déplacent comme des transatlantiques, m’ont beaucoup plu, me rappelant la ville sur rail du Monde Inverti de Christopher Priest (la comparaison s’arrête là). Les très beaux princes Ursins sont aussi hors norme.



Erekosë est aujourd’hui incarné dans la personne du prince Flamadin qui doit empêcher sa sœur jumelle Sharadim de s’emparer des Six Royaumes au nom du Chaos. Au début, on retrouve tout ce qui fait la spécificité de cette version du Champion Éternel qui se souvient de toutes ses incarnations, parfois au point de le rendre dingue, harassé et épuisé par son destin qui l’invite à combattre sans fin, et obnubilé par l’idée de retrouver sa bien-aimée Ermizhad. C’est une personnalité tragique comme je les aime. Mais durant les aventures, le personnage se lisse, devient plus commun. Il laisse de la place pour développer son compagnon von Bek, l’un des membres d’une famille importante du multivers de Moorcock et la belle Xénane Alissard qui ressemble étonnamment à Ermizhad. A travers Flamadin, j’ai surtout eu l’impression de voir John Daker, l’incarnation originelle d’Erekosë qui est contemporain de Moorcock (voire Moorcock lui-même selon la conjecture d’Alfaric), un personnage moins tiraillé, plus fade.

Ce milieu d’aventure m’a parfois un peu ennuyé je l’avoue, dès qu’il s‘agissait avant tout de faire avancer l’histoire aux dépends des personnages. Heureusement, l’apparition de personnages fascinants – les princes Ursins déjà mentionnés et l’épatante, magnifique et vénéneuse Sharadim si talentueuse pour manipuler son monde – ont maintenu mon intérêt.



Le dernier quart du roman est très riche et plaisant ; Moorcock sait comment terminer ses romans. Après un petit tour dans un endroit évoquant irrésistiblement l’Allemagne nazie mystique d’Indiana Jones – reprise dans la Tétralogie des Origines de Stéphane Przybylski que je compte bien commencer l’année prochaine – nous avons droit à un affrontement ultime que j’imagine très bien sur grand écran, filmé au ralenti avec la musique de l’Anneau du Nibelung de Wagner à fond dans les oreilles. C’est tout simplement superbe.

Et enfin se terminent les errances de John Daker / Erekosë… Vraiment ? Pas sûr car le héros se retrouve dans le dernier tome de la Légende d’Hawkmoon, ou une autre fin, alternative ou parallèle, est proposée. Le multivers de Michael Moorcock est décidément complexe.



J’ai mené cette quête avec mes compagnes de LC Foxfire et Tatooa, puis Monsieur LokiPg qui nous a rejoint. Je vous invite à aller lire leurs critiques également car ils ont je crois un peu plus apprécié ce dernier tome que moi.

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Mother London

Considéré comme LE chef d’œuvre de Michael Moorcock (auteur pourtant davantage réputé pour son célèbre « Cycle d'Elric »), « Mother London » est un roman incontestablement ambitieux puisqu'à travers le récit de la vie de trois personnages, l'auteur entreprend de nous livrer un véritable portrait de la ville de Londres des années 1940 à 1980. Le lecteur est donc invité à suivre la route de Mary Gasalee, David Mummery et Josef Kiss, trois protagonistes atypiques souffrants de troubles psychologiques qui se manifestent par des voix inconnues résonnant sans arrêt dans leur tête. Mais sont-ils vraiment fous ? Et si ces voix n'étaient pas le fruit de leur imagination mais les échos de la ville elle-même et des habitants qui la peuplent ? Dès les toutes premières pages, Moorcock déstabilise son lecteur qui a bien conscience qu'il va devoir redoubler d'attention et de patience pour bien comprendre là où veut nous emmener l'auteur. Et pourtant, même ces efforts ne suffisent parfois pas. Car si j'ai effectivement apprécié cette lecture, j'ai parfaitement conscience d'être passée à côté de la majorité du roman. Moorcock y tisse en effet une toile incroyablement complexe dans laquelle les personnages ne cessent de se croiser et de se recroiser, souvent sans qu'on ne s'y attendent, parfois sans qu'on y ait prêté attention avant qu'un détail ne vienne ne nous le rappeler. Il faut dire aussi que l'auteur accentue la difficulté en optant pour une construction complètement décousue chronologiquement qui rend les personnages souvent difficiles à suivre. Les références à l'histoire et à la géographie de la ville de Londres sont quant à elles trop nombreuses, trop pointues et seul un lecteur qui connaîtrait la capitale anglaise comme sa poche pour l'avoir arpentée depuis des années serait, à mon sens, à même de bien saisir la profondeur et l'ingéniosité du tableau que nous peint ici Moorcock.



Car il s'agit incontestablement d'un magnifique portrait qui est ici brossé de la ville de Londres que l'on regarde changer et évoluer bien davantage que les protagonistes eux-mêmes. L'auteur souligne notamment l'importance des conséquences du Blitz, non seulement les destructions matérielles mais aussi le traumatisme psychologique qu'il a entraîné chez la plupart des Londoniens après la fin de la guerre. Les chapitres consacrés à cette période sont d'ailleurs ceux qui m'ont le plus captivée, sans doute parce que je n'ai pu m'empêcher de penser alors aux romans de Connie Willis consacrés eux aussi à cette période spécifique de l'histoire de l'Angleterre. J'ai également été particulièrement sensible aux passages dédiés aux méthodes avec lesquelles nos trois protagonistes ont pu être traités tout au long de leur vie pour leur « folie ». Fonctionnement des asiles, médicaments prescrits et leurs effets parfois dramatiques, condescendance des médecins envers leurs patients, expérimentations douteuses envisagées..., les détails dont fourmillent l'ouvrage témoignent là encore du colossal travail de recherche qu'a du entreprendre l'auteur afin de donner pleinement vie à sa création. Car au-delà des sujets déjà évoqués, l'auteur aborde également avec une minutie incroyable la question de l'évolution des styles musicaux dans les années 60-70, l'immigration et le racisme lattant dans certains quartiers, mais aussi la place des femmes ou encore les rapports entretenus entre les Londoniens et leurs souverains. Mais ce sont surtout des lieux que l'on découvre, des rues, des quartiers, des édifices et surtout des pubs qui possèdent chacun leur propre personnalité et dans lesquels Moorcock nous entraîne en fonction de l'humeur des personnages ou de l'importance de la scène qui va se jouer.



Michael Moorcock rend avec « Mother London » un magnifique hommage à cette ville de Londres qui, de décor, en vient à assumer le rôle de véritable protagoniste du roman. Difficile cela dit de toujours bien suivre l'auteur qui nous entraîne dans une toile complexe que je n'ai, pour ma part, pas toujours réussie à bien comprendre. Une lecture exigeante. Peut-être un peu trop...
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Le Pacte de Von Bek : Le chien de guerre et..

Ulrich Von Beck, guerrier mercenaire, sans foi ni lois, dénué de tous sentiments, est au cœur des conflits armés qui déchirent l'Europe au XVIIè siècle



Dans cette ambiance de fin du monde, de désolation, de terreur, les hommes mènent des croisades cruelles, des chasses aux hérétiques et aux sorcières.



Ulrich von Beck ne se fait plus d'illusions sur ces carnages, où le bien et le mal se confondent, où des prêtres ordonnent des massacres sous couvert de la religion.

Au fil de ses aventures il va tomber sous le charme de la belle Sabrina. Ainsi piégé, il va conclure un pacte avec Lucifer qui l’obligera à mener une quête périlleuse en des lieux fantastiques, démoniaques, combattant des êtres damnés et puissants.

Cet homme qui a commis les pires violences, propres à l'époque et aux circonstances, est cependant très lucide quant à la nature de l'orgueil, de la cruauté, de la sottise de l'humanité. C'est pour sa clairvoyance, son courage et son honnêteté, qu'il a été choisi par le prince des ténèbres.



Quelle est sa quête? L' homme finira-t-il par vivre en harmonie, entre le bien et le mal, à l'aube d'une nouvelle ère de recherche et d'analyse. Pourra-t-il être son propre maître, s'affranchir de sa dépendance envers Dieu et Lucifer, mener son chemin vers l'âge de la raison?



Roman qui nous fait voyager entre fantastique et réalité, où les Dieux et Lucifer mènent leur propre guerre, ne se souciant pas toujours du sort de l'humanité.

Ulrich von Beck est attachant, malgré sa violence. Au fil de l'histoire, il va mûrir. Il est le symbole de son monde en mutation, vers un monde peut-être un peu plus humain. Le chemin est long vers cette quête de l'harmonie, de la sagesse et de la raison. Pour y aboutir il faudra passer par un apprentissage dont les épreuves et les erreurs sont inévitables et nécessaires.



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Les Livres de Corum, tome 4 : La Lance et l..

Aah ben voilà qui est nettement mieux !



Michael Moorcock a bien fait de laisser reposer quelques temps et de repartir sur une nouvelle trilogie qui montre peu de rapports avec la première. Il montre qu’il peut faire de la qualité sur le même nombre de pages.

Le personnage de Corum est nettement plus exploité dans son monde intérieur. Après une ellipse de vie heureuse avec sa belle malheureusement mortelle vient pour lui le temps de l’amertume de voir les gens mourir autour de lui alors que le temps l’affecte si peu. Un effet Highlander en quelque sorte. Le voilà qui s’isole, qui perd le goût de tout, entrainé dans un cercle vicieux qui ressemble aux premiers stades de la maladie d’Alzheimer. Il faudra le retour de son ami Jhary et d’étranges invocations vues en rêve, réclamant son aide.



Et le voilà projeté dans un futur très éloigné, un décor très celtique dont il reconnait certain éléments vieillis de son propre temps. Les hommes qui l’ont appelé sont menacés par des êtres issus d’entre les Dimensions, qui sont accompagnés par l’hiver et par une troupe d’animaux et d’espèces de zombies. La présentation de leur arrivée, cachés dans une brume glaciale qui se déplace avec eux, apporte une note angoissante. Je me suis demandé si G.R.R. Martin avait lu Corum et s’en était inspiré.

Évidemment l’auteur ne renonce pas à sa marotte : la quête d’artefacts magiques qui vont aider le héros à affronter ses ennemis censément invincibles. Mais l’action est dominée par les discussions et les marchandages avec les personnages rencontrés par le héros. Lui-même, sa réticence à céder une fois encore à un amour éphémère, ses moments de résignation, est bien plus riche qu’avant.



Qu’on se rassure quand même : la grande bataille, toujours originale avec Moorcock, est bien là.

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La Quête d'Erekosë, tome 2 : Les Guerriers d'ar..

J'avais été emballée par le 1er tome de la trilogie Erekose et c'est donc avec enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de ce 2ème volet.

Le bilan, s'il est moins positif que pour le 1er , reste quand même bon. "Les guerriers d'argent" a bien des défauts mais aussi de belles qualités qui en font une lecture plaisante.



Une des principales réussites de ce 2ème volet est la cohérence qu'il entretient avec le précédent malgré un changement complet de décor et un changement d'incarnation pour le héros. Même si le personnage prend un autre nom et un autre visage, il y a une vraie continuité. On a vraiment l'impression qu'il s'agit du même personnage. Et c'est quelque chose qui me plait car j'aime ce personnage, je le trouve à la fois intéressant et attachant.



L'univers dépeint est plaisant à parcourir. Les paysages et la faune, très bien décrits, composent un monde crédible et original.



Mais ce 2ème tome est tout de même moins bon que le 1er. Si l'intrigue reste agréable, elle est moins prenante que dans "le champion éternel". Les doutes et les questionnements du héros paraissent moins importants. Il faut dire qu'Urlik est confronté à un dilemme moins cruel qu'Erekose.



"Les guerriers d'argent" est également un peu moins bien mené que "le champion éternel". Moorcock passe trop de temps sur certains épisodes et se contente d'esquisser certains aspects qui auraient été passionnants. A ce titre, le traitement des personnages est très symptomatique.

Bladrak et le seigneur temporel sont clairement sous-exploités. Bladrak, qui avait tout pour être le side-kick parfait, attachant tout en étant héroïque, est relégué au second plan et n'accompagne même pas Urlik lors du climax. Quant au seigneur temporel, il n'apporte finalement pas grand chose et vient simplement faire le contre-point de Belphig qui lui est, par contre, plutôt bien brossé.



En bref, ce tome, s'il est moins enthousiasmant" que "le champion éternel", invite tout de même à lire le dernier volet de cette trilogie.

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Le Cycle d'Elric, Tome 5 : La sorcière dormante

J'avais tellement aimé le 4ème tome du cycle d'Elric que j'ai attendu plus de 6 mois pour me lancer dans la lecture du volume suivant. J'avais peur d'être déçue, que cet épisode ne soit pas à la hauteur du précédent. Il n'en est rien. Au contraire, "la sorcière dormante" est au moins aussi bon que "Elric le nécromancien".



Cet épisode fait la part belle à l'action et aux combats. Elric, armé de Stormbringer plus assoiffée d'âmes que jamais, affrontera chimères, créatures reptiliennes, sorciers, dieux et démons dans des luttes sanglantes et intenses.

Le lecteur accompagnera Elric dans des paysages variés, que ce soient des déserts hostiles ou la mythique Tanelorn. Les descriptions de Moorcock sont toujours aussi évocatrices. La palme revient aux passages dans la cité des mendiants du roi Urisch, ville décadente et pestilentielle à l'allure de cour des miracles puissance 1000.



S'il est dans ce volume un guerrier particulièrement redoutable qui taille en pièces ses adversaires, Elric reste en proie à des questionnements existentiels quant à son destin de combattant au service d'Arioch. Il est de plus en plus tiraillé entre la Loi et le Chaos.



On retrouve avec bonheur les éléments si caractéristiques qui font le sel de l’œuvre de Moorcock. Le multivers prend encore plus d'ampleur et se révèle toujours aussi complexe, riche et passionnant. Erekose et Corum s'invitent également dans le récit et remettent au cœur du roman le concept de champion éternel. On trouve aussi des liens vers d'autres cycles de Moorcock, l'évocation de Hawkmoon, qui rappellent qu'il n'est pas le créateur d'un seul personnage et surtout qu'il est à l'origine d'un univers très vaste. Je ne connais pas les autres œuvres de l'auteur mais après le cycle d'Elric, je ne manquerai pas de m'y frotter.



Après ce tome trépidant, enthousiasmant, je ne vais certainement pas attendre 6 mois avant de lire la suite.



Challenge Multi-défis 2016 - 41 (un roman d'aventures)

Challenge Petits plaisirs 2016 - 34

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La Légende de Hawkmoon, tome 7 : La Quête de Ta..

La fin du cycle d’Hawkmoon a vraiment tout pour me plaire.



Le final du sort de Hawkmoon et de ses amis constitue en fait la portion congrue de ce roman. La conclusion est plutôt à l’avantage du héros : même s’il a dû se battre ardemment pour la gagner, la fin de son histoire est celle qui, parmi les avatars du Champion Éternel, se rapproche le plus d’une fin de conte de fées.



Non, le principal intérêt du livre, pour un amateur de comics cosmiques comme moi, c’est le crossover qu’il représente entre tous les avatars du Champion qui ont leur propre cycle : Hawkmoon, Elric, Corum et Erekosë. Moorcock met en jeu la structure même du multivers qu’il a construit, avec ses multiples plans d’existence. Les concepts de Justice, de Bien et de Mal qu’il a incarnés dans la Balance Cosmique, le Bâton Runique et L’Épée Noire sont malmenés et secoués comme dans un tambour de machine à laver. Une transformation radicale du multivers, un reboot pourrait-on dire, est à l’œuvre ici. On est très proche des récits de DC tels que « Crisis on Infinite Earths » ou de ceux des New Avengers actuels chez Marvel.

En dehors du maniement assez difficile et parfois confus des concepts incarnés, la relation que Moorcock initie entre les différentes versions de son Champion est l’un des attraits principaux du roman. Hawkmoon m’a paru être celui dont la personnalité était finalement la plus faible, alors qu’Elric est celui qui est le plus réfractaire à l’idée de n’être qu’un « exemplaire » du Champion Éternel. L’auteur n’a pas eu la place d’aller trop loin dans cette relation naissante en si peu de pages, et c’est bien dommage.



Au-delà même de la conclusion du cycle de Hawkmoon et de la conclusion de l’ensemble des romans lié au Champion Éternel (je crois qu’on va ici plus loin qu’à la fin d’Elric, de Corum ou d’Erekosë), j’ai trouvé épatant que Moorcock apporte enfin sans fioriture des informations sur sa propre philosophie de l’existence. Cette philosophie est profondément humaniste et antireligieuse. Il faut croire en soi, s’aimer et se respecter, et surtout éviter de léguer son sort à une entité extérieure d’ordre divin. Les dieux n’ont un pouvoir sur les hommes que parce que les hommes le permettent. L’anéantissement des autorités cosmiques qui manipulent le destin des hommes dans le roman n’a pas d’autre but que de hurler ce message.

Alors que le religieux emploie à nouveau de nos jours la violence pour justifier de son importance et de son autorité, ce message résonne chez moi comme un baume salutaire. Ne jamais retomber sous la coupe des interprètes des dieux, le final de Hawkmoon me le rappelle.

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Le Cycle d'Elric, Tome 4 : Elric le Nécromanc..

Si "Elric le nécromancien" est le 4ème tome dans l'ordre chronologique des aventures du prince albinos, il fut le premier écrit par Moorcock. Pour autant, il ne fait pas penser à un tome d'exposition. Il n'en a pas la pesanteur ni le manque d'action. Au contraire, "Elric le nécromancien" se révèle, à ce stade de mon avancée dans le cycle, le plus divertissant, le plus plaisant à lire.



Les péripéties fourmillent et l'amateur de fantasy est comblé : combats sur terre et sur mer, créatures monstrueuses, magie... Cette aventure d'Elric est vraiment épique. Ce déluge d'action n'est pas là au détriment de la psychologie d'Elric qui est fouillée et qui fait le sel particulier de cette saga. Sa quête métaphysique est évoquée avec subtilité et pertinence et est véritablement la moelle épinière du récit. Le dosage entre action débridée et considérations existentielles est idéal.



Si Elric est un personnage profond et marquant, les personnages secondaires ne sont pas en reste. Ils existent, ne sont pas éclipsés par le héros. Voilà le tour de force de Moorcock, avoir créé à la fois un héros omniprésent et unique et des personnages secondaires vivants. Difficile de résister au charisme sympathique de Tristelune ou au magnétisme sensuel de Yishana.



Quant à l'écriture, elle est toujours aussi agréable et soignée. La plume de Moorcock conjugue à merveille poésie, dynamisme et philosophie.



A la lecture de ce tome, on imagine sans peine la forte impression qu'a pu faire Elric sur les lecteurs qui le découvraient. Ce volume permet aussi de mesurer la qualité des préquelles écrites par la suite et surtout donne furieusement envie de poursuivre la saga du prince albinos qui est décidément un must de la fantasy.



Challenge Petits plaisirs 46
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