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Critiques de Michel Tremblay (353)
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La grande mêlée

Toute la gang est réunie dans La grande mêlée et c'est ben l'fun ! Autrement dit, le roman choral de Michel Tremblay clôt en beauté la saga des Desrosiers et annonce une autre épopée, celle des Chroniques du plateau Mont-Royal parues il y a déjà quelques années. Pour s'y retrouver et reprendre les livres de façon chronologique, de 1910 à 2000, l'écrivain québecois propose d'ailleurs à la fin de l'ouvrage un index des romans qu'il a fait paraître depuis ses débuts. Revenons à La grande mêlée qui est du Tremblay pur jus avec sa galerie de personnages insensés, plongés dans le Montréal, l'Ottawa ou le Saskatchewan de 1922. Ils ne sont pas tous fréquentables, cachent des secrets inavouables, pratiquent la picole ou la prostitution mais il faut voir avec quelle tendresse Tremblay croque leurs défauts dans une empathie qui fait insensiblement monter les larmes aux yeux. Avec une petite touche de fantastique en plus, une nouveauté depuis le tome précédent de cette saga et un talent unique pour mélanger le drame et la comédie humaine. Cerise sur le gâteau : les dernières pages consacrées à une cérémonie de mariage qui atteignent des sommets de virtuosité. Grandiose ! Les Desrosiers sont devenus nos amis. A l'heure de les quitter définitivement, c'est une tristesse ineffable qui nous étreint. Il est rare d'abandonner un livre en caressant sa couverture avec un bon gros chagrin dans le coeur.
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La grosse femme d'à côté est enceinte

Le Plateau-Mont-Royal est maintenant un endroit branché, mais il était et reste encore un quartier populaire. Dans son roman « La Grosse Femme d’à côté est enceinte », Michel Tremblay raconte la journée du 2 mai 1942 dans la rue Fabre et ses alentours. La Grosse Femme est en effet enceinte de sept mois et elle doit rester alitée alors que le reste de sa belle-famille profite d’une des premières journées de printemps. Elle n’est pas la seule à attendre un enfant : on en compte sept dans la rue, peut-être parce que les pères de famille peuvent échapper à la conscription militaire. A cette époque, les Québécois n’étaient en effets pas très chauds à l’idée de défendre l’Angleterre, qui les as assujettis, et la France qui ne cesse de les prendre de haut.

Les voisins observent et jasent, les enfants jouent avec le chat Duplessis qui se fait attaquer par un chien. En ce samedi, les hommes boivent, les femmes magasinent et tous se retrouvent au Parc Lafontaine au coucher du soleil. Avant de se rassembler pour un dîner haut-en-couleurs. Le roman de Michel Tremblay est à la fois drôle et sensible, et offre une excellente introduction, grâce aux dialogues truculents, à la richesse du français tel qu’il se parle au Québec. C’est le premier tome des « Chroniques du Plateau-Mont-Royal ».


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La grosse femme d'à côté est enceinte

Tremblay est un de mes auteurs fétiches et cette introduction à la série “Les chroniques du plateau Mont-Royal” ne fait que confirmer mon attachement à son œuvre. Presque une trentaine de personnages sont introduit , un peu étourdissant à suivre, mais chacun a sa place dans l'histoire, surtout celle à venir. On y retrouve la joyeuse effervescence des trois familles qui cohabitent sur la rue Fabre auxquelles se greffent, avec plus ou moins de bonheur, d'autres habitants du quartier. Cela donne une mosaïque de préoccupations diverses : acclimatation à la ville, lutte contre la pauvreté, emprise de la religion, crise d'adolescence, tabou de la sexualité etc. Et tout au long, le statut de la femme québécoise de cette époque est intelligemment questionnée.



Tout est profondément humain dans ce récit et on sent que Tremblay aime viscéralement ses personnages. Il a l'art de nous faire comprendre leurs états d'âme, de lever le voile sur leur beauté intérieure malgré des apparences anodines. Les dialogues sont truculents à souhait, la langue utilisée peut être déconcertante pour un non québécois, mais personnellement je m'en délecte. Vivement la suite.
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Le coeur en bandoulière

En France, le québécois Michel Tremblay est surtout connu pour ses sagas "historiques", Chroniques du plateau Mont-Royal et Les cahiers de Céline, notamment, au détriment de ses pièces de théâtre, pourtant nombreuses. Le cœur en bandoulière, affublé du sous-titre de "roman hybride", est donc à la croisée de deux genres, avec l'histoire d'un écrivain qui reprend, des années après, une pièce en hommage à Tchekhov, qu'il n'a jamais pu terminer. Entre deux réaménagements du texte initial, l'auteur se délecte des couchers de soleil de Key West, en Floride, se désolant de l'afflux de touristes qui a dénaturé les lieux. Tout Tremblay est contenu dans ce petit livre, entre drôlerie et amertume, vacheries et tendresse, avec ce langage fleuri qui fait toujours sourire. Pas loin de l'autofiction, Le cœur en bandoulière est aussi l'ouvrage d'un homme vieillissant, un brin nostalgique, et plus animé par la vision de la nature que par les interactions sociales. L'on ressent une tristesse et une sorte de renoncement au monde dans ce roman hybride, très personnel, certainement mineur dans une œuvre copieuse et bienveillante. Rien à voir donc avec les plus grands romans de Michel Tremblay mais pour ses admirateurs, c'est le signe qu'il a encore des choses à dire et à écrire, ici dans une lettre affectueuse à ses fidèles lecteurs, démontrant que s'il n'a peut-être plus l'ambition de se lancer dans une nouvelle épopée, il lui reste encore assez de lucidité pour nous égayer et nous émouvoir, au moins un peu.
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La duchesse et le roturier

Encore un grand Michel Tremblay !

Les deux critiques avant la mienne parle d'elles-même !!! Je me contenterai seulement de dire que lire Les Chroniques du Plateau Mont-Royal c'est lire l'histoire du Québec à travers le quotidien des personnages de Tremblay...

C'est vraiment une grande pièce de la littérature québécoise que ces chroniques !

À lire, à lire, à lire !!!!
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Le coeur découvert

En entamant ce roman d’amour, acheté en numérique, je ne savais pas à quoi m’attendre. J’étais donc surprise de découvrir sous ce titre de Michel Tremblay, une histoire d’amour homosexuelle. Sorti en 1986, le roman aborde dès le début, par le truchement d’une conversation dont le personnage principal est témoin, la problématique du SIDA. La maladie qui fait alors des ravages est mal connue et inquiète énormément. Appel à la prudence ou mise en situation ? Peut-être devrait-on rappeler aujourd’hui aussi que ce fléau tue toujours.



Jean-Marc, 39 ans, professeur de français au cégep, cherche, sans vraiment se l’avouer, une relation stable, différente. Copropriétaire d’un petit immeuble, il mène une vie bien rangée. Un soir, il rencontre Mathieu, un jeune homme de 24 ans. D’une manière inhabituelle, leur relation se construit lentement, sans rapport prématuré. Ils s’apprivoisent, se confient et très vite une grande complicité se noue entre eux. Mathieu chamboule la vie de Jean-Marc, célibataire blessé depuis une histoire qui a laissé des traces. Par sa jeunesse, sa personnalité, ses difficultés, il touche Jean-Marc qui se surprend à tomber amoureux. Mais Mathieu a un fils de 4 ans, Sébastien. Une vraie découverte pour cet homme qui ne s’attendait pas à devenir beau-père.



Avec beaucoup de tendresse et de sincérité, Michel Tremblay nous raconte cette histoire dès ses prémices et nous rend témoin de la construction progressive de ce couple. Confrontés dès le départ à des difficultés, chacun devra faire montre de patience, d’ouverture d’esprit, de confiance et d’amour. Une histoire d’amour banale en somme, retraçant les différentes étapes de la vie de couple mais qui par la magie de la plume de Michel Tremblay et ses touches d’humour émeut et tient en haleine. Malgré leur volonté de réussir cette belle histoire, parviendront-ils à surmonter les difficultés et le regard des autres ?



J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman d’amour, la narration de Michel Tremblay, sa façon d’aborder le couple homosexuel, l’homoparentalité, l’homophobie, la fidélité... à une époque encore moins tolérante que la nôtre et qui découvrait une situation nouvelle : l’homosexualité affirmée. La polyphonie permet aussi de connaitre les sentiments et perceptions de Jean-Marc comme de Mathieu et c’est une idée particulièrement pertinente ici.



Dans ce roman, Michel Tremblay ne cherche pas à faire l’apologie du couple ou du bonheur. Il conte simplement la vie comme elle va. La présence de Sébastien fédère : chacun met beaucoup de bonne volonté afin qu’il soit heureux et ne souffre pas de cette situation inhabituelle pour l’époque. Ce n’est pas pour autant que tout est facile.



Un récit touchant et juste qui m’a beaucoup plu.

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Le coeur découvert

Le coeur découvert, c'est l'histoire d'amour entre Jean-Marc, professeur de français de 39 ans et Mathieu, un jeune acteur de 24 ans. Les deux hommes devront faire face aux jugements des autres sur leur orientation sexuelle et leur différence d'âge. Ils devront également s'adapter à une nouvelle vie familiale avec Sébastien, le fils de Mathieu.



Décidémment, Michel Tremblay me touche beaucoup! J'adore sa façon de raconter tout simplement la vie, la vraie de vraie qui est vécue par plein de gens. Une vie remplie d'intolérance, de lâcheté, mais aussi de désir et d'amour. L'histoire m'a tout de suite interpellée de par sa proximité avec ma propre réalité et aussi pour les personnages qui sont si attachants. Michel Tremblay les rend tout simplement vivants, on en vient à oublier qu'ils n'existent pas.
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Bonbons assortis

Le livre tient ses promesses. C’est une véritable boîte de bonbons que nous offre Michel Tremblay.



J’ai aimé lire à haute voix dans ma tête (si fait, je confirme) les discussions entre Michel enfant, sa mère, sa grand-mère et toute la smala (12 personnes !) qui habite un grand appartement à Montréal.



En plusieurs nouvelles, Michel Tremblay raconte son enfance dans cette famille où 3 générations cohabitent, où les engueulades, les rires, la chaleur humaine, la tendresse règnent.



Ah ! ces expressions canadiennes pur jus, un vrai régal. J’en connais quelques unes grâce à mes amis blogueurs canadiens et j’en raffole.



Les bonbons de Monsieur Tremblay sont acidulés, croquants, tendres, emplis de miel ou de citron, collants comme du caramel…. Ils ont le goût des souvenirs d’enfance, un petit goût de « r’venez-y ». Un délicieux moment de lecture que je continuerai en lisant d’autres livres de cet auteur canadien.




Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un ange cornu avec des ailes de tôle

L'auteur tout en nous contant son enfance, son adolescence, il nous communique sa passion du livre, je devrais dire son Amour de la lecture qui le confinait dans le vieux fauteuil en cuir rouge, qui alimentait son imagination.

J'ai beaucoup aimé les dialogues avec sa mère, des monuments de drôlerie qu'il raconte avec talent j'ai beaucoup ri .

Un auteur que je découvre et que je vais continuer à lire car j'aime bien sa façon d'écrire, c'est très jouissif.

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La grosse femme d'à côté est enceinte

Avant toute chose, je tiens à souligner la belle couverture du livre (édition Babel). Il s’agit d’une toile du grand peintre québécois Alfred Pellan intitulée « Jeune fille au collier vert » peinte en 1941. Ce livre constitue le premier tome de la série « Chroniques du Plateau Mont-Royal » chef-d’œuvre de Michel Tremblay. L’auteur nous plonge au cœur de la vie d’un quartier ouvrier francophone du Montréal des années 1942, date à laquelle s’ouvre cette histoire. Plus qu’un roman, cette œuvre foisonnante de vie et de personnages truculents constitue une remarquable analyse sociologique et politique de ces années de guerre et des terribles conditions de vie auxquelles les Québécois francophones peu instruits et confinés dans des emplois subalternes étaient assujettis. Les hommes jeunes et célibataires sont partis tandis que les pères de famille triment dur toute la semaine pour, durant la fin de semaine, se saouler à mort afin d’oublier leurs chagrins et leur misère. Les femmes enceintes foisonnent car mettre sa femme enceinte constitue une garantie contre le départ à la guerre. Les familles doivent partager leur logement car leur salaire est insuffisant pour leur permettre d’habiter chacun chez soi. La promiscuité est difficile à supporter mais comporte de bon moment particulièrement aux repas qui se passent la plupart du temps dans la joie et la bonne humeur. Car, afin de pouvoir supporter leur misère, les gens ont développé un remarquable sens de l’entraide et de l’économie. Les enfants pullulent et leur éducation laisse à désirer. L’éveil des sens se fait dans la plus parfaite ignorance et les expériences sexuelles se passent souvent très mal et sont décevantes. Le mariage n’apporte que bien rarement le bonheur espéré : les femmes se retrouvent prisonnières de leur logement bien souvent en compagnie d’un mari paresseux, porté sur la boisson.



Il y aurait tant à dire sur ce roman. Le génie de Michel Tremblay s’y déploie en toute liberté et comme toujours avec lui, les sentiments dominent malgré le fait qu’à cette époque, le clergé condamnait toute manifestation de tendresse en public. Mais ce qui est remarquable de la part de cet écrivain québécois dont le talent ne cesse de m’éblouir, c’est d’avoir su intégrer à son récit un côté surnaturel. Il a aussi intégré à ses personnages un chat et nous connaissons toutes les pensées et les réflexions du félin. C’est savoureux !



Un chef d’œuvre absolu, un roman remarquable, un cri d’amour d’un écrivain aimant ses personnages à la folie et décrivant leur milieu de vie avec une justesse poignante qui laisse le cœur en miettes.



« « Des fois, tu penses avoir oublié tes malheurs, pis la chienne de vie vient toujours te les rappeler en les multipliant par cent huit. » « Vous parlez tu-seule, à c’t’heure ? » Rose se tenait dans la porte, la bouilloire à la main. « J’ai toujours parlé tu-seule parce que j’ai jamais rencontré parsonne d’assez intéressant pour y parler vraiment. » »



« Et maintenant, cette porte close entre sa solitude qu’elle n’avait jamais réussi à combler, mal mariée qu’elle était, mal baisée, vite écoeurée d’un mari malhabile et égoïste, et le bonheur de son frère qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver grotesque, cette porte close sur des rires enfantins et des soupirs complices l’insultait comme une injure cuisante. »
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La grosse femme d'à côté est enceinte

C'est ce roman qui m'a fait découvrir et aimer Michel Tremblay. Pourtant, je ne peux pas dire que le titre ou le résumé m'attiraient énormément. J'ai eu la surprise d'être séduite par le style de l'auteur, par la vérité criante de ses personnages qu'il sait rendre attachants et presque vivants. Même le chat (qui livre ses pensées et ses émotions par rapport à sa relation avec un petit garçon) est un personnage qui m'a émue jusqu'aux larmes! C'est tout dire! Michel Tremblay a le don d'attirer le lecteur dans une spirale d'émotions, d'en faire le témoins empathique de plusieurs drames humains et de l'intéresser par ses dialogues qui sont tout sauf futiles.
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La diaspora des Desrosiers

Ce Thésaurus regroupe neuf romans :



La Traversée du continent

La Traversée de la ville

La Traversée des sentiments

Le Passage obligé

La Grande Mêlée

Au hasard la chance

Les Clefs du Paradise

Survivre ! Survivre !

La Traversée du malheur



On y suit deux familles, de 1913 à 1941. Celle de Rhéauna Desrosiers, dite Nana ou La Grosse Femme dans les Chroniques du plateau Mont-Royal, et celle de Gabriel, son mari. Comment vous dire… Michel Tremblay n’a jamais écrit autre chose que l’histoire de sa famille, dans son oeuvre tout se rejoint, tout se recoupe, sans jamais se répéter. Tout au contraire, passer d’un roman à un autre renforce les liens qui se sont établis très naturellement avec chacun des personnages et nous donne l’impression d’approfondir, toujours avec beaucoup d’acuité et de sensibilité, ce qui donne à chacun son individualité. Rencontrer Nana alors qu’elle a à peine douze ans, en Saskatchewan, et la quitter à Montréal alors qu’elle vient tout juste de décider de donner naissance à l’auteur est autant une joie intense qu’un déchirement : comment quitter cet univers ? Comment continuer à vivre, à lire autre chose, quand tout ce qu’on voudrait c’est que ça ne finisse jamais ? J’ai arrêté de compter les fois où j’ai bloqué les sanglots dans ma gorge, et j’aimerais être capable d’expliquer avec précision ce qui me touche autant dans la prose de Michel Tremblay. Ca a quelque chose à voir avec l’épiphanie éprouvée par Edouard, quand il se rend compte que le quotidien pendant la seconde guerre mondiale colore ce qui a été sa vie jusqu’à présent d’une sévère couche de superficialité. Au travers d’anecdotes qui déclinent la gamme des émotions humaines, Michel Tremblay atteint la simplicité extrême, celle qui est indépassable car parfaitement nue. C’est la vie. La Vie. Notre vie, qu’il raconte. Et il n’y a rien de plus fort. Bouleversant et hautement chérissable.
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Des nouvelles d'Édouard

Des nouvelles d'Edouard est le quatrième roman de la série des Chroniques du Plateau de Mont-Royal. Et c'est celui que j'ai préféré des quatre premiers.

Au printemps 1947, Edouard, l'un des protagonistes de la série, homosexuel d'une trentaine d'année, décide d'utiliser le petit héritage qu'il vient d'avoir pour aller visiter Paris. Les étonnements du Montréalais durant la traversée, puis à son arrivée, sont hilarants. Ils nous parlent autant de Paris que de Montréal et sonnent juste.

En parallèle, le lecteur se laisse toucher par le héros, perclus de solitude pour son plus grand désarroi.

Petit bémol, le prélude et les intercalaires n'apporte pas grand chose à l'histoire et en cassent un peu la fraicheur (ce qui était peut-être bien l'intention de l'auteur).
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Offrandes musicales

Il en est de la musique comme de la littérature : on n’y vient prendre que ce que l’on cherche. A chacun son attente particulière. Celle de Michel Tremblay, c’est celle de l’émotion, mais pas la petite émotion bien élevée et pudique. Non, celle de l’émotion qui balaie tout sur son passage. Celle qui fait pleurer avec le public, tant elle tourneboule la sensibilité. Celle seule capable de libérer les sanglots d’un deuil. Celle aussi qui déclenche les fous-rires malvenus, quand l’exécution de l’œuvre est ratée.

J’ai préféré à toutes ces manifestations extrêmes, la prise de conscience admirative du travail fourni par une troupe d’amateurs, dont les résultats sont assez pitoyables, mais qui révèle une envie et une persévérance inestimables.

Soyons juste, j’ai aussi jubilé quand Michel Tremblay s’est rendu à Canossa, et à Barbara qu’il pensait détester !

Enfin, je me suis interrogée longuement sur la nature du « chum » avec lequel l’auteur sort, va au restaurant, au spectacle : imperméable, sac à dos, gourde d’eau fraiche ? Entre chou et chewing-gum : un en-cas ? Pas du tout. Le tendre ami ! C’est au Québec !

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Conversations avec un enfant curieux

L'écriture de Tremblay m'a toujours séduit. Et encore plus dans ses dialogues. Et comme ce petit livre ne contient que cela, j'ai été sous le charme tout au long de cette lecture dont j'ai savouré chaque aspect. Si jamais ce bouquin est le moindrement autobiographique, l'entourage du Michel enfant et pré-adolescent mérite une médaille car ce curieux, teigneux pourrait-on dire, sympathique doit leur avoir fait gagner leur ciel! Tout est prétexte à questionnement incessant : la religion, le cinéma, le mariage, les mots et les livres etc. Il en résulte un livre aussi drôle qu'intelligent, un déluge de dialogues savoureux. On en redemande!
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Le peintre d'aquarelles

Le peintre d'aquarelles, c'est Marcel. Et Marcel, c'est un des plus beaux personnages des romans de Michel Tremblay. Un des plus attachants.

Il apparait dans plusieurs volumes des Chroniques du Plateau Mont-Royal : il a d'abord été "l'enfant-fou", qui vit dans son monde, qui parle avec le fantôme de son chat et qui apprend le piano avec d'autres fantômes : de belles dames qui tricotent... Mais sa mère a fini par le faire interner à 23 ans et il a passé sa vie à l'asile.

C'est un vieil homme que l'on retrouve dans le peintre d'aquarelles. Un vieil homme qui peint les montagnes qui lui ont d'abord fait si peur et la mer qu'il n'a jamais vue. Il discute toujours avec des fantômes : celui de sa mère, avec ses cheveux qui flambent, et toujours celui de son chat, Duplessis. Et puis il a des lunettes de soleil, pour se rendre invisible.

Et il décide de tenir son journal. Un journal pour "se faire du bien"... pour "le travail du soulagement".

Le peintre d'aquarelles est donc un récit à la 1ère personne, c'est Marcel qui parle, avec le langage savoureux du Québec que l'on retrouve dans tous les romans de Michel Tremblay. C'est un journal un peu particulier, sans dates (sauf une, pour l'un des derniers chapitres), qui lui sert aussi bien à raconter son quotidien, qu'à parler de peinture, à évoquer des souvenirs ou à s'interroger sur l'effet de ses médicaments. Et à parler de ses fantômes.

Ce qu'il raconte est quelquefois touchant, quelquefois terrible.

J'ai découvert les romans de Michel Tremblay avec le peintre d'aquarelles. Autant dire que j'ai commencé par la fin. Au travers des souvenirs de Marcel, ce qu'on saisit de son enfance, de son internement aussi (sur lequel il ne s'appesantit pas) donne de lui une image tellement émouvante, qu'en refermant le livre je n'avais plus qu'une envie : trouver tous les autres volumes des Chroniques du Plateau Mont-Royal qui parlent de lui. Ce que j'ai fait. Et j'ai relu le peintre d'aquarelles ensuite.

L'histoire de Marcel, c'est celle d'un être pas comme les autres, d'un enfant à la fois aimé et rejeté par sa mère, qui se réfugie dans son monde et qui n'en sortira plus. Dans le peintre d'aquarelles, il a 76 ans. Il peint depuis des années, il expose même ses tableaux dans la galerie d'une femme qui s'est prise d'amitié pour lui. Et désormais il écrit. Au travers de la peinture et de l'écriture, il cherche à déposer ce qui le trouble et à revenir sur l'histoire de sa vie.

Ça donne une succession de très courts chapitres, des récits dans lesquels Marcel écrit comme il parle, mais aussi des dialogues truffés d'expressions en joual, le parler québécois.

Seul bémol pour moi dans ce livre : le dernier chapitre, le "postlude", qui casse pour moi le récit en apportant ce que j'ai vu comme une tentative de le rationnaliser. Mais ce ne sont que les deux dernières pages... quant à moi, j'ai choisi de les oublier...



Les autres romans de Michel Tremblay qui parlent de Marcel :

La grosse femme d'à côté est enceinte. (qui se passe en 1942)

Thérèse et Pierrette à l'école des Saints-Anges. (en 1942)

Le premier quartier de la lune. (en 1952)

Un objet de beauté. (en 1963)

Le peintre d'aquarelles. (en 2016)



J'en oublie peut-être... ;-)
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Le peintre d'aquarelles

Le Peintre d’aquarelles se présente comme un roman totalement indépendant et les références au passé du personnage principal sont toujours assez explicites pour que le lecteur les comprenne, mais ce Marcel, on le connaît déjà ! C’est le fils d’Albertine, le petit frère de Thérèse, un des protagonistes des Chroniques du Plateau Mont-Royal, particulièrement présent, enfant, dans Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges. Marcel, désespéré, mal aimé par sa mère, rejeté par l’école qui le considère comme fou, visité par les fées et accompagné par Duplessis, son chat imaginaire, ce Marcel-là a maintenant soixante-seize ans…



Ce journal d’un peintre est composé comme une œuvre musicale en quatre parties : prélude, fugue, variations et postlude. Il est vrai que Marcel a toujours eu des dons artistiques : plus jeune, il jouait du piano, aujourd’hui, il peint des aquarelles. Pour la suite, il faut garder à l’esprit la polysémie de ces termes musicaux. En « Prélude », Marcel parle de sa technique de peinture, de la visite de sa mère dont les cheveux flambent encore et encore, du fait que Duplessis, le chat imaginaire, l’accompagne, et des signes annonciateurs d’une crise d’épilepsie... Dans les deux parties suivantes, Marcel explique son impérieux besoin d’écrire après cette crise et sa décision de commencer un journal. Il tente de répondre à ses propres questions, réfléchit sur sa vie, et parle de son quotidien passé et présent : sa peinture, l’écriture de ce journal, sa maladie, les escapades avec Thérèse, Mercedes et le Coconut Inn, les relations avec sa mère, les motifs de son enfermement, son séjour à l’hôpital psychiatrique, les frères Mets-ta-main, son placement comme journalier chez des paysans exploiteurs, puis la vieillesse. Il revient sur la chance qu’il a de posséder un toit à lui et confie comment c’est arrivé… On appréciera avec lui la bienveillance de Colette Dieudonné, la galeriste, qui vend les aquarelles que Marcel produit, ce qui lui rapporte assez d’argent pour vivre, avec quelques périodes fastes. On comprendra aussi pourquoi ses visions et les crises d’épilepsie dont il n’avait pas souffert depuis longtemps ont recommencé. Une seule entrée datée dans ce journal : le 20 juillet 2016 ; Marcel a fait un rêve qui l’a bouleversé et qui donne des clés pour comprendre ce qu’il vit aujourd’hui. Et le « Postlude » vient bousculer en à peine plus d’une page tout ce que le lecteur croyait avoir compris de ce vieux monsieur…



J’ai beaucoup aimé ce bref roman de Michel Tremblay (154 pages). J'ai l’impression qu’il ressemble aux quatre aquarelles de l’auteur, cinq si on inclut celle de la couverture, dont il est illustré : des teintes pastel, encore adoucies par la technique picturale choisie. En ressortent une grande douceur et une infinie délicatesse. La pirouette narrative de la fin m’a mis les larmes aux yeux en ce qu’elle suppose de souffrance étouffée et de rêves perdus…

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Vingt-trois secrets bien gardés

Michel Tremblay, Vingt-trois secrets bien gardés - 2018



Du bon Tremblay encore une fois sur le mode intime. Le « Je » est absent au profit d’un « il » qui ne trompe personne et qui n’enlève rien à la chaleur des courts récits jetés pêle-mêle dans les ans. On va de l’enfance à l’âge adulte sans problème, les âges se chevauchant et s’éclairant l’un l’autre.



C’est avec une grande simplicité que l’auteur raconte ses petites déconvenues, celles que l’on préfère taire la plupart du temps mais qui, ici, nous rejoignent et nous attendrissent plus souvent qu’autrement. Peut-être se livre-t-il ici comme jamais peu soucieux de préserver son image et c’est bien pour cela qu’une fois encore on trouve l’homme si attachant.



J’ai aimé mais j’ai encore un souvenir plus doux de son œuvre précédente intitulée Conversation avec un enfant curieux, récits d’enfance que j’ai savourés pleinement.

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Les vues animées

En complément de "Un ange cornu avec des ailes de tôle" où Tremblay évoquait ses découvertes de lecture quand il était enfant, "Les vues animées" nous parle avec fantaisie et humour des films qui l'ont particulièrement marqué.



"Orphée" avec Jean Marais ; "Cendrillon" qui est l'occasion d'aller à l'autre bout de Montréal et de rester à trois séances d'affilée ; "Blanche-Neige" qui lui fait beaucoup moins peur que sa cousine quand elle imite la sorcière ; "La parade des soldats de bois" où il prend réellement conscience pour la première fois qu'il est amoureux du héros et non pas de l'héroïne ; et "20 000 lieux sous les mers" ; et "Mister Joe", son premier film d'horreur" ; et surtout "Les visiteurs du soir".



Toute une mythologie cinématographique qui, à l'instar de la littérature, nourriront son imagination enfantine et seront les fondations de son œuvre littéraire. Et toute une époque, les années cinquante et la vie quotidienne d'un petit garçon du Plateau du Mont-Royal à Montréal.
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La cité dans l'oeuf

Une chose que je savais depuis quelque temps, mais qu'ignorent peut-être une partie de ses fervents lecteurs est que Michel Tremblay, à ses débuts, a donné un peu dans le fantastique. J'ai enfin assouvi ma curiosité en lisant ce court roman, daté de 1969.



Une surprise m'attendait : l'influence plus que manifeste, évidente, et indéniable de Lovecraft. Et plus particulièrement de ses écrits oniriques, de sa ''période Lord Dunsany'' comme il la nommait lui-même. Cela saute littéralement aux yeux : cette espèce de quête onirique d'une cité merveilleuse, l'élaboration d'un panthéon de dieux exubérants (cela se voit également dans les noms choisis), et l'évocation d'une vague horreur cosmique...



Ce que j'ai préféré, ce sont les prémices de l'histoire, ce qui arrive et ce qu'éprouve le personnage avant son entrée dans le monde parallèle de l'oeuf. Son parcours dans l'oeuf ne m'a pas vraiment emballé, mais le rythme s'accélère rapidement et plusieurs brêves révélations viennent rendre ce monde, qui semblait étranger au départ, partie prenante d'une plus vaste réalité qui s'avère délirante.



En conclusion, je trouve juste ''crissement cool'' qu'un tel ovni, si Lovecraftien, si Dunsanien, se retrouve dans la bibliographie de cet auteur québécois respecté et que Montréal, une ville qui m'est bien familière, serve de cadre partiel à cette histoire.
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