Fanny est la 6 ème enfant , et dernière , de la fratrie. Elle est arrivée bien après les autres , dans cette famille bourgeoise et catholique dont le père est un ancien poilu , médecin vénéré . Malgré toute sa bonne volonté, elle n'arrive pas à attirer les regards sur elle. Aujourd'hui, au chevet de son père centenaire, elle se souvient.
Magnifique court roman , où chaque mot compte, où la sensibilité de l'auteur explose. On plonge dans le milieu bourgeois des centres villes, celui où le paraitre prend toute son importance .
Fanny , c'est la sixième, mais elle a été toute seule , trop jeune , trop loin des intérêts de ses frères et soeurs dans sa jeunesse , trop peu en phase avec ses parents sexagénaires à son adolescence.
Pourtant, ce livre nous montre à quel point l'amour filial peut être fort , comment la vie peut amener des gens "disjoints" à se retrouver.
Il y a de magnifiques scènes dans ce livre , portées par le devoir d'une fille .
Il y a aussi un monde périmé, décrit à travers le père, cet ancien poilu dont les lettres nous émeuvent, mais dont la vision du colonialisme peut choquer. Ce père dont la morale peut l'amener à abandonner ses enfants.
Très beau tour de force , d'une sensibilité rare , en une petite centaine de pages.
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Un récit qui paraît un peu décousu au début mais qu'on ne tarde pas à s'approprier.
Fanny est la petite dernière d'une famille de six enfants, née dix ans après son frère.
Milieu catholique et conventionnel, père médecin, Fanny souffre un peu de sa situation, différente de ses frères et soeurs, l'aîné a 20 ans de plus qu'elle. Mais elle voue une adoration sans faille à son père. Père centenaire qu'elle choit et bichonne.
C'est un roman très court mais intense, récit sensible de l'amour filial et critique de la bourgeoisie bien-pensante à laquelle Fanny accorde toutes les excuses.
J'ai beaucoup aimé Fanny tant quand elle était petite que quand elle a cinquante ans.
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Ce texte, très court et fort beau, est la chanson d'amour d'une fille à son père.
Petite dernière d'une fratrie de six enfants, elle est celle qu'on attendait pas. Pendant son enfance elle ne parvient pas à se faire une place dans le coeur de son père qui n'aime que son épouse. Après le décès de celle-ci, la fille devenue adulte espère enfin pouvoir occuper la place laissée vacante auprès de celui quelle considère encore comme l'homme de sa vie.
Texte très touchant même s'il met en scène un milieu et un type d'homme que je n'apprécie guère. La sensibilité et la simplicité des paroles de Véronique Olmi ont su suffisamment me séduire pour m'aider à dépasser cet écueil.
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Sais-tu qui tu attends?Agathe, moi, ta femme, ta mère? L'absence nous réunit, les vivantes et les mortes, ce qui te manque c'est un visage aimé, mais qui aimes-tu? Souvent tu me demandes où est maman, tu me forces à répéter l'histoire de sa mort: " Maman est morte, il y a dix ans à Noël, papa." Tu le sais mais tu ne t'y fais pas, tu demandes confirmation, tu dis : " C'est terrible... terrible..." et tu me regardes, ahuri, étonné.
Est-ce que je vais passer ma vie à annoncer la mort de ma mère?
On ne fait que croiser ses parents. On partage un temps de vie avec eux, on s en va, puis on se souvient. Et on les rappelle.
C est un privilège de te voir vieillir. Une souffrance et un privilège. C est ça aussi, la vie, ce qui s'amenuise, ce qui s en va, doucement, douloureusement.
Je suis arrivée trop tard dans ta vie, mais j y serai jusqu'au bout.
Fanny refuse de me prêter ses chaussures. Tu me dis: "Tu marcheras pieds nus !". Je l'ai fait. J'ai marché pieds nus trois heures durant. Je n'ai pas eu mal. J'ai eu honte. Je n'ai pas offert cette honte à la Vierge. Plus je marchais, plus je me libérais d'elle, j'avais envie d'écraser les pierres avec mes orteils. Plus je marchais, plus j'étais forte, et ce jour-là j'en ai fini avec la religion.
La dernier fois que nous avons dîné chez Jacques... Tout ce monde! Sa femme, ses trois enfants, ses huit petits-enfants, Agathe, moi... et toi. Fatigué et silencieux. Désorienté. Triste de l'être.
Nous étions en visite. Tout le monde s'étaient réuni autour de toi, personne ne t'adressait la parole. On parlait de toi comme si tu avais été absent. On évoquait des souvenirs que tu ne saisissais pas, on rappelait des scènes d'anthologie familiale qui se racontent de génération en génération et n'intéressent plus personne.
Tu as tenu tout le repas. Dans cet entrain superficiel, ces rires forcés. A la fin, tu as reculé ta chaise, tu as pris appui sur la table d'une main mal assurée, les petits-enfants de Jacques se sont écriés: "Une chanson! Une chanson!" en frappant la table de leurs fourchettes. On avait dû leur raconter que grand-père chantait "Faust" à la fin des repas. Ils étaient polis. De la main tu leur as fait signe de se taire, un petit geste tremblant, fatigué. Seule Agathe a compris. Elle est allé à toi, t'a soutenu. Tu lui as dit: "Je veux aller me coucher" et la femme de Jacques s'est écriée: "dans la chambre bleue! Au premier!" comme si Agathe était sourde. En soupirant elle a rajouté: "J'ai mis une alèse en plastique."
Le seul de mes frères avec qui j'ai eu une relation c'était Christophe. Il avait dix ans de plus que moi et grâce à moi, il avait lâché la place du petit dernier.
Souvent le soir, orteils à nus je quitte mon lit et je vais m'endormir dans le sien. Il fait ses devoirs.Il y a la lumière allumée et la radio aussi. J'adore ça. Adamo. Je regarde le dos de Christophe penché sur ses cahiers. Je ne cafte pas. Je l'aime bien. Une tendresse discrête, douce. Ainsi chaque soir, sans rien nous dire, nous sommes intimes. Il aime que je chauffe son lit.
Lecture de Véronique Olmi tiré du livre Figures d'écrivains, dirigé par Étienne de Montety.
Découvrez un portrait inédit de la littérature française. La visage, la plume et la voix de 70 grandes figures des lettres réunies pour un cadavre exquis historique.
Pour en savoir plus : https://www.albin-michel.fr/figures-decrivains-9782226436351