C'est à Médan que j'ai eu vraiment envie de connaître Alexandrine qui a laissé son empreinte dans la Maison de Zola et cette biographie de 475 pages est tout à fait passionnante et détaillée.
La vie d'Alexandrine Meley commence comme un roman de Zola
Elle vit dans le quartier des Halles que Zola décrit dans le Ventre de Paris, Comme Nana elle sera fleuriste, comme Gervaise, lingère...Grisette, elle devient Gabrielle et pose pour les peintres. Cézanne la présente à Zola son ami aixois. Dans la biographie de Evelyne Bloch-Dano, il me semble retrouver l'Œuvre et la bande d'artistes impressionnistes, les parties de canotage à Bennecourt
"Gabrielle les connaît presque tous, les peintres qui refont le monde chez le Père Suisse, dans la fumée des pipes et l'odeur de térébenthine : Claude Monet, Édouard Manet, Camille Pissarro, Empéraire l'étrange nain, Oller y Cestero l'Espagnol et tant d'autres."
J'ai énormément de plaisir à trouver les correspondances avec les différentes œuvres des Rougon-Macquart que n'ai lues récemment.
C'est avec l'Assommoir que les Zola achètent Médan et le décorent. Je me régale des commentaires de certains de leurs amis Daudet et Goncourt (quelle langue de vipère que ce dernier).
"la vraie naissance d'Alexandrine a lieu le 31 mai 1870, le jour de son mariage : ce jour-là, Alexandrine Zola
vient enfin au monde."
Après 5 ans de vie commune le mariage va donner une nouvelle identité à Alexandrine qui ne sera plus Gabrielle mais Madame Zola
"On voit comment les rôles se répartiront entre Alexandrine et Zola, sur le modèle du couple bourgeois : un mari productif qui assure par son travail la subsistance de la famille, une épouse qui prend en charge le foyer."
Et, comme souvent, dans les couples bourgeois, le mari trompe son épouse. Zola ne fait pas exception. Il mène un existence bigame, Madame Zola, officiellement récolte les honneurs et les invitations, Jeanne et ses deux enfants mènent une existence discrète dans l'ombre. La colère d'Alexandrine sera violente, puis elle accepte la situation. Tant que Zola travaille à la maison, y prend ses repas, et ne retire rien de leur vie commune, elle lui laissera les après-midi, les goûters. Le grand regret d'Alexandrine est de n'avoir pas pu donner d'héritier à Zola. Elle va donc "adopter" les enfants en leur faisant des cadeaux, des visites, ayant même un droit de regard sur leurs études. A la mort de Zola, les deux veuves établiront des rapports encore plus étroits. Alexandrine versera une rente à sa rivale, et finalement les adoptera officiellement si bien qu'ils porteront le nom Emile-Zola son décès.
Madame Zola sera reçue officiellement en voyage, en compagnie de son mari, puis souvent seule. Elle voyage des mois entiers en Italie à sa guise.
Tout au long de l'Affaire, Alexandrine sera l'alter ego de Zola, sa correspondante de guerre, son témoin numéro
1.
Compagne mais aussi collaboratrice, elle jouera un rôle important pendant l'Affaire Dreyfus notamment quand Zola sera contraint de fuir en Angleterre.
Puis après le décès de l'écrivain, elle mènera un travail important pour mettre de l'ordre dans l'œuvre de son mari. Editions, adaptations au théâtre, il lui faudra gérer les entrées d'argent. Les procès, la fuite en Angleterre ont tari les rentrées d'argent. Et enfin la panthéonisation qu'elle accepte mal.
Zola n'est pas mort puisqu'elle est Alexandrine Émile Zola.
Une belle personnalité! Et une biographie passionnante qui retrace aussi bien la vie d'Alexandrine que celle de son époux.
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