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EAN : 9782956536130
160 pages
Monstrograph (21/02/2019)
4.06/5   166 notes
Résumé :
Et si la sexualité était à réinventer ?
Et si le corps était un territoire à redécouvrir ?
Et si pénétrer c'était passer à côté et fuir ?
Et si la sexualité n'était plus regardée comme un sport olympique ?
Et si on arrêtait de penser qu'il y a une seule manière de faire l'amour ?
Et si on envoyait balader les normes sexuelles ?
Et si les mecs se sentaient un peu méfiants d'être des mecs ?
Et si l'ONU décrétait un mora... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Voici typiquement le genre d'essais que j'achète de façon spontanée. La semaine du déconfinement (mon correcteur ne connaît pas ce mot), je suis allée chez mon bon libraire, et j'ai vu ce petit livre posé au milieu de la boutique. Comme la sexualité m'intéresse et que je n'avais pas donné d'argent au libraire depuis longtemps, j'ai pris cet ouvrage, avec quelques autres. C'est donc ainsi ma première rencontre avec Martin Page, l'auteur, également romancier et écrivain de littérature jeunesse.

Ce court essai d'environ 150 pages est divisé officiellement en 3 parties, mais moi j'en vois essentiellement deux : 1) la prise de position de Martin Page 2) des témoignages de personnes diverses et variées sur leur rapport à la pénétration.

Car oui, ici, il est question de pénétration, et essentiellement de pénétration dans le cadre de rapport hétérosexuel. Comme l'avait dit Pierre Bourdieu (et tant d'autres comme Virginie Despentes dans King Kong Théorie), la sexualité hétérosexuelle révèle sans nul doute de la domination masculine. Attention, l'auteur ne dit pas que ça ne plait pas à certains, il explique juste que tout le jeu sexuel est tourné pour et autour de l'homme.

Très concrètement, et crument : un rapport amoureux avec sexualité aujourd'hui ressemble grosso modo – dans l'immense majorité des cas – à une période de préliminaires (qui sont aussi des actes sexuels) plus ou moins courte, suivie d'une pénétration de la femme par l'homme, jusqu'à ce que l'homme éjacule et que tout s'arrête. C'est de ce constat sans appel que part l'auteur. Voici à peu de choses près la sexualité des couples, le tout répété à une fréquence relativement régulière mais le plus souvent étant le mieux d'après la norme sociale.

Or, il est de notoriété publique que si les femmes peuvent facilement avoir des orgasmes par stimulation clitoridienne (de façon quasi-systématique), moins de 25% d'entre elles ont des orgasmes par voie vaginale. Cela ne veut pas dire qu'elles ne sont pas contentes de ce qu'elles vivent… Mais enfin, retenons quand même qu'au mieux elles font plaisir à leur partenaire et en tirent une satisfaction, que généralement elles attendent tranquillement que cela passe, voire qu'elles simulent un peu pour accélérer l'affaire, et qu'au pire elles ont mal! Pourtant, les rapports avec pénétration représentent 98% du temps de sexualité des couples hétérosexuels.

98% de l'énergie accordés à une pratique qui n'est pas du tout la favorite des femmes, mais qui provoquent dans 9 cas sur 10 un orgasme aux hommes. Triste constat pour nous les femmes. Que dirait-on si la pratique principale plaisait à 90% des femmes mais à moins de 25% des hommes?

L'auteur d'ailleurs en remet une couche en précisant que d'après les grandes études sur la sexualité féminine (rapport Hite et autres), les femmes en relation homosexuelle ont 70% plus de plaisir que les femmes en relation hétérosexuelle… Même constat si l'on compare les relations entre hommes aux relations homme/femme : les hommes en relation homosexuelle ont plus de plaisir que leurs congénères hétéro… Il y a donc un couac quelque part, que l'auteur résume bien ainsi :

« On voit donc bien au fond que la sexualité n'est pas une affaire de plaisir, sinon les femmes seraient moins pénétrées et les hommes le seraient davantage » CQFD.

Martin Page présente donc sa position : il ne s'agit pas d'aller contre la pénétration, mais de la remettre à sa juste place. Une pratique comme une autre. Ni une finalité, ni la crème de la crème.

Force est des reconnaître que la domination masculine est toujours grandement présente. Acquise. Insidieuse. Et que tout le monde en est complice : les femmes par acquisition inconsciente d'un asservissement au plaisir de l'homme, les hommes par facilité et confort d'être dans la position dominante. Martin Page invite donc les hommes à prendre conscience de leur domination et à se positionner différemment :

« Je m'étonne que les hommes hétérosexuels ne soient pas plus curieux à propos de la sexualité, qu'ils soient massivement pour la reproduction des mêmes gestes et des mêmes attitudes […] La catégorie sociale qui connaît le moins bien la sexualité, qui en a la vision la plus caricaturale, est celle qui domine toutes les autres. Et c'est cette simplification qui lui permet d'asseoir son pouvoir en contrôlant les corps, en empêchant l'expression de la complexité et de la liberté ».


Pour l'écrivain, cette domination est liée et accentuée par le libéralisme économique et le capitalisme :

« Tout est lié : la question de la pénétration, du clitoris, des hommes hétérosexuels, comme celle du temps de travail qui empiète sur nos vies affectives, des salaires moins élevés des femmes, de leur plus grande précarité, de nos difficultés d'existence matérielle, du congé paternité encore bien maigre et facultatif, des réunions organisées le soir, du capitalisme, du réchauffement climatique et du règne de la compétition et de la comparaison. Nos histoires de verge et de vagin sont intimement liées à l'histoire des structures politiques dans lesquelles nous vivons et on ne changera pas l'une sans l'autre ».

Jetée en pâture ainsi, cette phrase peut sembler un amalgame de beaucoup de choses, mais je trouve la réflexion intéressante. Et il est vrai que la toute-puissance de la pénétration peut y être rattachée :

« La pénétration est un mode adapté au capitalisme, à nos journées volées par le travail, par les angoisses et la compétition. Comme il y a peu de temps pour penser l'amour, le pénis dans le vagin est pratique, on tient un certain temps, c'est calibré, il y a un début et une fin bien précis, on accomplit son devoir sans penser et sans imaginer. La société applaudit ».

Mais, plus largement, le propos de l'auteur n'est pas de fustiger la pénétration mais, d'une part, de la remettre à son simple rang, et d'autre part, d'ouvrir le champ des possibles de la sexualité. Avoir une sexualité à deux, ce n'est pas forcément jouer à touche-pipi. Se prendre la main, s'embrasser, dormir contre l'autre, faire une balade très agréable, avoir un fou rire, sont autant de sources de plaisir à deux qui rapprochent et libèrent. Des caresses, des baisers, des mots doux, de la présence, des gratouillis dans le dos ou dans les cheveux sont autant de façon de partager une intimité sérieuse. Martin Page suggère qu'on pourrait parvenir à penser les choses différemment, en se disant que tout cela est une façon de faire l'amour. D'ailleurs, il existe des baisers bien plus torrides que de la pénétration. Des baisers qui donnent plus le sentiment d'avoir fait l'amour.

Personne n'est forcé à rien. La sexualité n'est pas figée, et encore moins dans une seule pratique!
A méditer…


Jo la Frite

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Quelle chance d'être tombée sur ce livre qu'une personne a sans aucun doute désiré partager!
Le hasard a voulu - mais peut-être le titre avait-il déjà cheminé en moi - que quelques semaines plus tôt, j'ai eu une discussion, en voiture, avec mon fils ado qui est à l'aube de ses premières relations sexuelles. Ignorant une seconde plus tôt que j'allais dire ça, j'ai insisté sur le fait que la pénétration n'était absolument pas une fin en soi, que l'acte sexuel passait aussi bien par les caresses et les baisers, et que de toute manière, il fallait bien sûr demander à l'autre personne si elle en avait envie ou non.
Pourtant, je n'avais jusque là jamais clairement réfléchi à cet acte de pénétration qui est sensé marquer le début de sa vie sexuelle, sans lequel on est encore considéré vierge malgré les heures de "préliminaires" qu'il y ait pu avoir (et dont Martin Page remet en cause le nom donné à ce qui est un acte sexuel à part entière) et qui dans l'esprit de la plupart des couples est l'aboutissement de tout acte sexuel, réussi ou non (même si notre fierté en prend un coup si ce n'est pas le cas).
Beaucoup de choses sont écrites dans cet essai sur lesquelles je ne m'étais jamais arrêtée, même si elles étaient là en sourdine.
L'auteur n'est pas contre la pénétration, mais plutôt contre cette obligation tacite de la pratiquer dont il voudrait se délivrer car derrière cet acte se cache un besoin / sentiment de domination, encore une fois, de l'homme sur la femme, mais aussi parce qu'il est mal vécu par nombre de femmes qui le subissent plus qu'autre chose.
Son propos est de s'ouvrir aux alternatives, à l'exploration des corps et par là même à une plus grande égalité et un meilleur partage dans le couple.
"Je vois déjà les campagnes d'affichage: "Et si vous ne pénétriez plus pendant un mois?" Ca serait beau, drôle et joyeux. Ca produirait de la pensée et des débats, du rire et des disputes, ça pousserait à l'invention".
Son essai est suivi de témoignages très intéressants montrant la diversité des relations sexuelles et amoureuses. Un homme au moins avouait ressentir de l'angoisse juste avant l'acte de pénétrer. D'autres aiment l'acte, mais pas tout le temps. D'autres enfin ont une vie sexuelle épanouie sans forcément passer par cette étape.
Je terminerai par un témoignage qui m'a touchée:
"Faire l'amour n'est pas une nécessité ni pour l'homme, ni pour la femme, ni pour personne. Je crois en revanche que c'en est une pour le couple. Pas parce que c'est bon, pas parce que c'est conforme à une norme, mais parce que c'est au creux de nos lits que nous montrons à l'autre la capacité à lui faire confiance, à nous abandonner à lui, à elle. Dans le fond, ce que j'aime dans le sexe à deux, c'est précisément ressentir cet état d'abandon auprès de celle qui partage ma vie".
Un essai à méditer!
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[Chronique complète sur mon blog]

Quand il s'agit de repenser sa sexualité, nombreuses sont les personnes (notamment les hommes cisgenre hétéros) à refuser ne serait-ce que d'y penser. Pourtant, Martin Page a décidé de s'intéresser au sujet. Il a reçu des témoignages de différentes personnages, aimant ou non la pénétration, qui racontent leur manière de vivre les rapports sexuels.

Martin Page explique pourquoi les hommes, femmes et personnes non-binaires devraient remettre en cause la pénétration, sans pour autant la décrier. Bien sûr, le but n'est pas d'avoir de nouvelles injonctions – ne pas pratiquer la pénétration –, mais de se laisser la possibilité de ne pas le faire, ou pas systématiquement. Remettre au centre le plaisir de l'autre, et le sien. Prendre vraiment en compte l'avis des femmes, qui n'ont pas toujours envie d'être pénétrées.

C'est un livre que nous pourrions qualifier d'essai, mais ce mot ne doit pas pour autant vous faire peur ou vous faire reculer. Il contient un peu plus de 150 pages, avec les remerciements, et le style d'écriture est totalement accessible, très parlé. de plus, pas mal de passages m'ont fait sourire, notamment grâce aux insultes recherchées employées çà et là par l'écrivain.
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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Enfin ! un essai sur un sujet si tabou. Ecrit par Martin Page, la clarté est au rendez-vous. Précis, plaisant, cet ouvrage « Au-delà de la pénétration » est loyal et courageux, il décortique ce que sous-tend le titre. Eh bien ! nous voici dans un sacré petit (grand) livre. Chaque adolescent (e) adulte devraient le lire et vite. de même que les soignants, les enseignants et les parents. Sociologique, empreint des Sciences-Humaines cet essai est bénéfique et casse les codes. « La rencontre de nos corps n'est pas isolée du reste de la vie sociale donc la question n'est pas : « La sexualité est -elle politique ? » Après tout je ne vois pas comment quelque chose pourrait ne pas être politique, mais plutôt : « La sexualité doit-elle être (aussi) le lieu d'une critique ou d'une invention ? » « de mon point de vue la réponse est non…. « Changer nos représentations demande du temps. » Il incite à la libération, à l'envolée de l'acte désiré. A la prise de conscience que la pénétration est néanmoins une expression de domination masculine actée et approuvée. Une prise de pouvoir sur l'autre. D'un conformisme avéré, la pénétration est comme inscrite dans le marbre de la normalité. C'est comme ça et pas autrement. Eh bien non ! Les normes changent dans l'épaisseur des chambres, dans les sous-bois du osez faire. « On peut tout imaginer et, enfin, quitter la maison en béton, pour en construire une en bois, vivante, évolutive, ouverte, une maison qu'on ne distinguerait pas d'un jardin, sorte de terreau où des graines seraient plantées pour donner de nouvelles formes à nos explorations et de nouveaux fruits à notre aventureuse gourmandise. » Deux parties distinctes composent « Au-delà de la pénétration » La première où Martin Page donne et ses convictions et un modèle à construire différent beaucoup plus sociologique et véritablement sincère. Il appuie là où ça fait mal et la gent masculine n'est pas épargnée. Mais attention pas de totalitarisme. Il incite juste, et apporte des preuves d'une éducation peut-être un peu trop floutée en non-dits et sans doute trop masculinisante. Cette partie est explicite, pragmatique et surtout elle reste d'équerre jusqu'au bout. On comprend les points de vue qui deviennent des vérités avérées. Dans la deuxième partie, la parole est donnée à un public anonyme qui parle en vérité et délivre ses peurs, craintes, façons d'agir, de comprendre l'autre. D'où peut provenir la vraie jouissance et comment oeuvrer pour gagner en liberté de faire le bien à l'autre et à soi-même. Sans pour autant pénétrer l'autre car ce n'est plus une fin en soi, une obligation, une preuve, une affirmation de puissance. Ou alors le champ est libre. Peut importe qui pénètre l'autre, l'espace est équité. J'ai beaucoup apprécié la lecture de cet essai et j'espère qu'il se trouvera vite dans tous les espaces où fuse la jeunesse. Dire aux filles que oui tout est possible et aux garçons que le féminin c'est classe aussi et c'est une façon hautement virile que de respecter l'autre. La délicatesse, l'altruisme, la cartographie des coeurs sont aussi des actes de pénétration . Publié par les majeures Editions Attila.
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C'est une réflexion intéressante sur les rapports sexuels entre hommes et femmes d'abord, avec comme point de départ la pénétration de la femme par l'homme qui est considérée comme la finalité de l'acte sexuel, comme la norme alors que ce n'est pas forcément du plaisir partagé.
Martin Page s'interroge et nous invite également à le faire avec lui, sur d'autres façons de faire l'amour, en explorant le corps, dans le but de plus de plaisir, de respect et d'égalité entre les partenaires.
L'auteur considère la pénétration comme une marque de la domination de l'homme sur la femme et de sa volonté de la soumettre. D'où l'importance d'écouter la voix des femmes qui semblent trop se conformer à la norme au dépend de leur propre plaisir.
Des témoignages viennent compléter la réflexion, hommes et femmes parlent sans tabous de leurs plaisirs hétérosexuels ou homosexuels.

J'ai regretté l'absence d'un minimum de structure, quelques chapitres ou paragraphes auraient été les bienvenus pour se repérer dans cette réflexion jetée en vrac dans ces quelques pages.
J'ai regretté aussi que l'on n'y parle ni du désir ni de l'amour qui me semblent apporter une autre dimension aux relations sexuelles. Tout n'est pas que technique !
Une amie m'a rappelé que nous lisions - à notre époque (lol) - des livres sur le tantra ou le tao de l'art d'aimer... Alors ? Il faut encore réinventer... Tout refaire...
Il serait temps que l'on revoit l'éducation sexuelle pour les jeunes, qui s'orienterait vers l'amour, le respect et l'égalité. On en est loin ?
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La pénétration a tout pour plaire, cet emboîtement bien pratique rappelle les jeux de construction. C'est tellement évident. L'être humain aime l'ordre, il range, on l'a éduqué à ça, après tout il a fait des puzzles depuis qu'il a dix-huit mois. Et quel plaisir, n'est-ce pas ? Du plaisir pour celui qui pénètre ? La plupart du temps. Du plaisir pour celle qui est pénétrée ? Moins souvent.
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La sexualité est ce moment de la vie sociale qui semble pouvoir se passer de dialogue. Les hommes veulent entrer dans le corps de l'autre à tout prix, ils s'en servent comme d'un objet au service de leur jouissance et souvent le plaisir de leur partenaire est accessoire. Ils disent qu'ils font l'amour mais en fait ils se masturbent dans le corps des femmes.
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Néanmoins c'est un fait établi : la jouissance par pénétration est bien plus rare qu'avec le cunnilingus. En cela la pénétration vaginale est une pratique symptomatique du génie humain : ça marche mal, ce n'est pas la meilleure manière d'avoir du plaisir, et pourtant c'est la norme.
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J'ai le sentiment qu'on pénètre pour cacher les sexes, ne pas les voir, comme si c'était une honte. C'est un aveuglement. On croit être libéré en pénétrant, en fait on se manque et on dissimule la sexualité.
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Il y a une verge, il y a un vagin, l'être humain est logique, il décide de les emboiter. Il voit un clou : il tape dessus avec un marteau.
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